genre en particulier (Baudelot & Establet, 2007 ; Dafflon-Novelle, 2006). Ces résultats sont
tout à fait récurrents dans les recherches sur les stéréotypes. En fait, la catégorisation en genre
masculin et féminin affecte chaque aspect de notre vie quotidienne. Les choix d’orientation
notamment reflètent très largement cette catégorisation. Certains sont empreints de
masculinité (e.g. les sciences, les technologies, l’informatique), d’autres d’une connotation
plus féminine (e.g. les lettres, les langues, les sciences médico-sociales). Des modèles ont été
proposés pour justifier des différences d’orientation entre les garçons et les filles en termes de
congruence (Gottfredson, 1981, citée par Guichard & Huteau, 2006). A l’appui de ces
modèles, les recherches ont montré que la congruence entre l’image de soi et la représentation
du domaine d’étude et/ou de la profession (plutôt masculine ou féminine) était déterminante
non seulement des choix d’orientation, mais aussi des choix professionnels (Guichard &
Huteau, 2006 ; Matlin, 2007).
Les stéréotypes, ensemble de croyances socialement partagées relatives aux
caractéristiques personnelles propres à un groupe de personnes (Leyens, Yzerbyt, &
Schadron, 1996), constituent un principe organisateur des différences de sexe. Ils ont pour
fonction de décrire et simplifier l’environnement. L’essentiel des stéréotypes de genre repose
sur l’idée que toutes les inégalités qu’on observe entre filles et garçons, femmes et hommes,
s’expliquent et se justifient par des différences de nature, d’origine biologique (Baudelot &
Establet, 2007). Ainsi, les stéréotypes ne sont pas seulement des croyances concernant des
groupes, mais des théories permettant d’expliquer comment et pourquoi certaines
caractéristiques vont ensemble (Hilton & von Hippel, 1996). Pourtant, les chercheurs en
sciences sociales ont mis en évidence le caractère socialement construit des différences entre
le masculin et le féminin. Même au niveau cérébral, la neurobiologiste Catherine Vidal
affirme que « le cerveau n’a pas de sexe » (Vidal & Benoit-Browaeys, 2005). Ainsi, d’une
manière générale, les thèses qui se basent sur des explications biologiques pour rendre compte
des différences biologiques ignorent les travaux qui montrent l’extraordinaire variabilité des
comportements selon les contextes (Bonnot, 2006). Malgré cette remise en question, les
stéréotypes résistent à l’épreuve des faits (Prentice & Carranza, 2004). Au-delà de leur aspect
cognitif, simplificateur de l’environnement, les stéréotypes ont une fonction de justification et
de légitimation des inégalités (Jost & Banaji, 1994). La justification du système est ainsi
définie comme « un processus psychologique par lequel un individu perçoit, comprend et
explique une situation ou un arrangement existant et dont le résultat est le maintien de la
situation ou de l’arrangement » (Jost & Banaji, 1994, p. 10, notre traduction).