UNIVERSITE DE PROVENCE UFR PSYCHOLOGIE, SCIENCES DE L’EDUCATION 29 avenue Robert Schuman 13621 Aix-en-Provence CENTRE DE FORMATION DES CONSEILLERS D’ORIENTATION-PSYCHOLOGUES Dominance sociale, modèles professionnels et sentiment de compétence Travail d’Etude et de Recherche Sous la direction de Corinne MANGARD, Maître de Conférence MARIANNE REBUFFAT & MAGALI VILLATE Juin 2008 TABLES DES MATIERES Introduction ………………………………………………………………....…...…… 3 Les stéréotypes de genre 3 La théorie de la dominance sociale 5 Le sentiment de compétence 8 L’influence des modèles 11 Problématique et hypothèses 13 Méthode ………………………………………………………………………………... 14 Participants 14 Matériel et procédure 14 Résultats ………………………………………………………………………………... 17 Description des données 17 Modèles professionnels 18 Sentiments de compétences scolaires et stéréotypes de genre 20 Orientation de dominance sociale Sexe des participants, environnements professionnels et sentiment de compétence 21 Discussion ………..……………………………………………………………………... 22 23 Conclusion ………..…………………………………………………………………....... 30 Bibliographie ………..………………………………………………………………….. 32 Annexes ………..…………………………………………………………………........... Annexe I : moyennes et comparaisons des souhaits d’orientation, d’ODS, des sentiments de compétence et de l’adhésion aux stéréotypes selon le sexe des participants Annexe II : Questionnaires 36 37 Condition 1 – Contre-stéréotypique 38 Condition 2 – Stéréotypique 44 Condition 3 – Contrôle 50 2 INTRODUCTION Malgré une égalisation formelle des chances scolaires, les filles et les garçons ne sont pas égaux dans leurs trajectoires scolaires, et par la suite professionnelles. L’éducation et l’ouverture au monde professionnel ont été les grandes conquêtes féminines du XXème siècle. Néanmoins, les parcours restent encore fortement différenciés. Pour l’année 2006-07, les filières universitaires de langues étaient constituées pour 75 % de filles, alors que les sciences fondamentales et appliquées étaient composées pour 73 % de garçons (DEPP, 2007). À quinze ans, 17 % des garçons souhaitent devenir ingénieur ou informaticien, contre seulement 4 % des filles (source OCDE-DDP, enquête PISA, 2001, cité par Djider, Murat, & Robin, 2003). Parmi les bacheliers généraux, 17,6 % des garçons s’inscrivent en classes préparatoires contre seulement 9,9 % des filles (INSEE, 2001-02). Qu’est-ce qui détermine les choix d’orientation des élèves ? Définir un choix d’orientation scolaire est une décision fondamentale susceptible d’influencer, voire de conditionner l’avenir de l’élève. S’il existe peu de décisions aussi importantes que les choix d’orientation pour les élèves, on sait pour autant que ces choix ne reflètent pas des décisions raisonnées qui suivraient la logique implacable de la réussite scolaire (Chatard, 2004). Au brevet des collèges et au baccalauréat, les filles sont meilleures que les garçons. Leurs performances devancent désormais celles des garçons dans toutes les disciplines et notamment en sciences et en mathématiques. A la session 2006, 90,6% des filles inscrites au baccalauréat scientifique l’ont eu contre 88 % des garçons inscrits (source INSEE, 2007 ; cet écart va jusqu’à 6 points selon spécialité suivie). Pourtant les filles sont toujours infiniment moins nombreuses à s’orienter vers les prestigieuses écoles d’ingénieurs (elles représentaient seulement 25,6% des effectifs à la rentrée 2006-07, source DEPP, 2007). Comment expliquer ce paradoxe ? Comment expliquer que les choix d’orientation ne soient pas motivés et déterminés par la seule logique de la réussite scolaire ? LES STEREOTYPES DE GENRE Une tentative d’explication est l’existence de stéréotypes de genre. De nombreuses recherches montrent qu’il existe dans diverses cultures des différences significatives dans la façon dont sont perçus les hommes et les femmes sur un certain nombre de caractéristiques (Best & Williams, 1990), reliées à la personnalité mais également aux capacités dans les matières scolaires (Guimond & Roussel, 2002). Dès le collège, les filles et les garçons associent plus fortement certains traits de personnalité et certaines matières scolaires à un 3 genre en particulier (Baudelot & Establet, 2007 ; Dafflon-Novelle, 2006). Ces résultats sont tout à fait récurrents dans les recherches sur les stéréotypes. En fait, la catégorisation en genre masculin et féminin affecte chaque aspect de notre vie quotidienne. Les choix d’orientation notamment reflètent très largement cette catégorisation. Certains sont empreints de masculinité (e.g. les sciences, les technologies, l’informatique), d’autres d’une connotation plus féminine (e.g. les lettres, les langues, les sciences médico-sociales). Des modèles ont été proposés pour justifier des différences d’orientation entre les garçons et les filles en termes de congruence (Gottfredson, 1981, citée par Guichard & Huteau, 2006). A l’appui de ces modèles, les recherches ont montré que la congruence entre l’image de soi et la représentation du domaine d’étude et/ou de la profession (plutôt masculine ou féminine) était déterminante non seulement des choix d’orientation, mais aussi des choix professionnels (Guichard & Huteau, 2006 ; Matlin, 2007). Les stéréotypes, ensemble de croyances socialement partagées relatives aux caractéristiques personnelles propres à un groupe de personnes (Leyens, Yzerbyt, & Schadron, 1996), constituent un principe organisateur des différences de sexe. Ils ont pour fonction de décrire et simplifier l’environnement. L’essentiel des stéréotypes de genre repose sur l’idée que toutes les inégalités qu’on observe entre filles et garçons, femmes et hommes, s’expliquent et se justifient par des différences de nature, d’origine biologique (Baudelot & Establet, 2007). Ainsi, les stéréotypes ne sont pas seulement des croyances concernant des groupes, mais des théories permettant d’expliquer comment et pourquoi certaines caractéristiques vont ensemble (Hilton & von Hippel, 1996). Pourtant, les chercheurs en sciences sociales ont mis en évidence le caractère socialement construit des différences entre le masculin et le féminin. Même au niveau cérébral, la neurobiologiste Catherine Vidal affirme que « le cerveau n’a pas de sexe » (Vidal & Benoit-Browaeys, 2005). Ainsi, d’une manière générale, les thèses qui se basent sur des explications biologiques pour rendre compte des différences biologiques ignorent les travaux qui montrent l’extraordinaire variabilité des comportements selon les contextes (Bonnot, 2006). Malgré cette remise en question, les stéréotypes résistent à l’épreuve des faits (Prentice & Carranza, 2004). Au-delà de leur aspect cognitif, simplificateur de l’environnement, les stéréotypes ont une fonction de justification et de légitimation des inégalités (Jost & Banaji, 1994). La justification du système est ainsi définie comme « un processus psychologique par lequel un individu perçoit, comprend et explique une situation ou un arrangement existant et dont le résultat est le maintien de la situation ou de l’arrangement » (Jost & Banaji, 1994, p. 10, notre traduction). 4 LA THEORIE DE LA DOMINANCE SOCIALE La théorie de la dominance sociale vise à intégrer la dimension de justification des inégalités en montrant comment les hiérarchies sociales tendent à se maintenir. Les auteurs de cette théorie parlent de mythes légitimateurs (Sidanius & Pratto, 1999), en se référant au principe organisateur de la reproduction des inégalités sociales. Ces mythes légitimateurs hiérarchiques correspondent à des valeurs et des croyances qui procurent une justification aux pratiques sociales des individus. Selon cette théorie, les sociétés sont établies sur un système arbitrairement hiérarchique, composées d’au moins un groupe dominant et un groupe dominé. Les auteurs identifient trois systèmes de stratification organisant la hiérarchie : (a) un système d’âge, dans lequel les adultes et les personnes d’âge moyen ont disproportionnellement plus de pouvoir social que les enfants et les jeunes adultes ; (b) un système basé sur le genre, dans lequel les hommes ont disproportionnellement plus de pouvoir social et politique comparés aux femmes (i.e. système patriarcal) ; et (c) un système dit « arbitraire », dépendant du contexte situationnel, dans lequel certaines caractéristiques telles que le clan, l’ethnie, la caste, la classe sociale, la nation ou encore la religion d’appartenance peuvent conduire à distinguer des groupes dominants et dominés. À l’exception de l’âge, la position de chaque individu dans la hiérarchie sociale tend à être relativement fixée tout au long de la vie, plus irrémédiablement au regard du système de genre. Au sein de la hiérarchie, les inégalités sociales confèrent au statu quo sa stabilité et le rendent résistant au changement. Les stéréotypes, mais également le sexisme, le racisme, l’homophobie, le nationalisme, le principe méritocratique, la croyance au don naturel et en la sélection naturelle, le capitalisme, le conservatisme, le déni de la discrimination passée, la croyance en l’intelligence fixe, les attributions internes, la croyance en un monde juste, l’opposition aux politiques de discrimination positive, etc. : tous ces concepts renvoient à des idéologies qui définissent un même idéal culturel à partir duquel se décline une hiérarchie sociale ordonnant les individus et surtout les groupes sociaux les uns par rapport aux autres (Sidanius & Pratto, 1999 ; Chatard, 2005). Ces idéologies, dites idéologies renforçatrices de la hiérarchie existante, justifient et légitiment la domination par l’individu appartenant au groupe dominant. Mais il existe également des idéologies qui visent à atténuer les inégalités sociales (i.e. droits de l’homme, féminisme, socialisme, solidarité...). Sidanius et Pratto (1999) soulignent que les effets du premier type d’idéologies sont modérés par les effets des idéologies atténuatrices. Ce rapport de force entre idéologies aggravantes et atténuantes des inégalités reste néanmoins relativement stable et tourne à l’avantage des premières. Ces mythes qui « fournissent un appui moral et intellectuel aux pratiques sociales » (Sidanius & Pratto, 1999, p.45, notre traduction) peuvent être acceptés par tout le monde, même si ces 5 idéologies sont défavorables à la position de la personne. Par exemple, les femmes peuvent adhérer à des croyances qui leur sont défavorables, tels les stéréotypes de genre. Afin d’expliquer, au niveau psychologique, la disposition individuelle à adhérer à certains mythes atténuateurs ou renforçateurs de la hiérarchie sociale, Sidanius et Pratto (1999) proposent une variable appelée Orientation à la Dominance Sociale (ODS). Une échelle permettant de capter cette mesure d’ODS (Pratto, Sidanius, Stallworth, & Malle, 1994) permet de distinguer les personnes ayant un fort niveau d’ODS des personnes dont le niveau est relativement faible. L’ODS exprime « une préférence individuelle généralisée pour le maintien de rapports hiérarchiques entre les groupes sociaux et la domination des groupes ‘inférieurs’ par les groupes ‘supérieurs’ » (Sidanius & Pratto, 1999, p. 48, notre traduction). Ainsi, un score élevé sur cette mesure indique une préférence pour des relations intergroupes hiérarchiques et inégalitaires alors qu’un score faible indique au contraire une préférence générale pour l’égalité sociale. De nombreuses recherches ont montré notamment que l’ODS est un des principaux prédicteurs des attitudes et comportements discriminatoires. Une version française de cet instrument a été validée par Duarte, Dambrun et Guimond (2004). Des recherches dans le domaine de l’éducation ont montré un lien entre le niveau d’ODS des individus et la filière universitaire suivie. En effet, Duarte et al. (2004) ont mis en évidence que les étudiants de droit, domaine soutenant la hiérarchie sociale, possèdent un niveau d’ODS significativement plus élevé que les étudiants de psychologie, et ce, à plusieurs niveaux du cursus. En amont des études post-bac, Chazal et Guimond (2003) ont examiné le rôle de la dominance sociale dans l’explication des choix d’orientation scolaire au lycée. Leurs résultats montrent que, comparativement à l’origine socioprofessionnelle, l’ODS possède un lien plus important avec les choix d’orientation scientifique et littéraire. Plus les élèves ont une attitude favorable envers les rapports hiérarchiques de dominance, plus ils manifestent l’intention de s’orienter en filière scientifique. Ce lien apparaît de manière inverse pour les lycéens qui veulent aller en première littéraire et économique et sociale. Les auteurs expliquent ce phénomène par le fait que les études scientifiques sont fortement valorisées par l’institution, parce qu’elles reflètent l’excellence et représentent des débouchés professionnels prestigieux et bien rémunérés, tels médecin ou ingénieur. Dans un premier temps, nous cherchons à reproduire ces résultats selon lesquels le niveau d’ODS est relié aux intentions d’orientation au lycée. Nous nous attendons à ce que les élèves de seconde possédant un fort score d’ODS souhaitent davantage s’orienter en filière S que ceux qui possèdent un faible score de ODS. La théorie de la dominance sociale, de même qu'elle distingue des mythes atténuateurs et des mythes renforçateurs de la hiérarchie, classifie les institutions sociales et les rôles 6 sociaux assumés par les individus dans la société, qui amènent à accentuer ou réduire la hiérarchie existant entre les groupes sociaux. Les institutions et rôles sociaux renforçateurs de hiérarchie (Hierarchy-Enhancing, HE), sont ceux qui tendent à faciliter l’attribution disproportionnée de valeur sociale positive (e.g. hauts revenus, professions prestigieuses, éducation de haut niveau, bons logements, bonne santé) aux membres des groupes sociaux dominants, et à allouer des valeurs sociales négatives (e.g. peines de prison, torture, peine capitale, emplois peu rémunérés, éducation inférieure, logements pauvres, mauvaise santé) aux membres des groupes subordonnés. Les institutions et rôles sociaux atténuateurs de hiérarchie (Hierarchy-Attenuating, HA), ont en commun leur tendance à aider la création de niveaux égalitaires entre les groupes dominants et dominés (Van Laar, Sidanius, Rabinowitz, & Sinclair, 1999). Ainsi, les rôles sociaux renforçateurs sont ceux qui tendent à accroître l'inégalité sociale, en favorisant les groupes dominants par rapport aux groupes dominés, les rôles atténuateurs correspondant à ceux qui permettent de défendre les intérêts des groupes dominés. Les rôles sociaux se traduisent notamment par les professions exercées par les individus. Par exemple, selon Pratto, Stallworth, Sidanius et Siers (1997), ce qui a trait à la gestion, aux finances, aux affaires juridiques liées au droit d’entreprise ou aux poursuites judiciaires (droit pénal), à l’application de la loi (officier de police, gardien de prison) et aux forces armées est catégorisé comme renforçateur de la hiérarchie. Le domaine juridique en tant que défenseur des intérêts publics, les services sociaux (travailleur social, conseiller), l’éducation (enseignement, administration), les soins des enfants ou des seniors, les soins infirmiers et médicaux sont considérés comme des secteurs de professions atténuant la hiérarchie. D’autres domaines professionnels sont catégorisés à l’intermédiaire : l’industrie, le service aux personnes, la vente, l’agriculture, la science, la médecine, les arts, l’architecture... La théorie de la dominance sociale établit le postulat selon lequel le degré d'adhésion aux mythes légitimateurs précédemment décrits est relié à l'exercice de certains rôles sociaux : les individus avec un haut niveau d'ODS endosseraient plus facilement des fonctions sociales renforçatrices de hiérarchie (HE), tandis que les individus à faible niveau d'ODS préféreraient des fonctions atténuatrices de hiérarchie (HA). Par exemple, plus un poste professionnel donne du pouvoir à celui qui l’occupe, plus il est probable que ce poste soit occupé une personne « dominante ». Des recherches ont validé empiriquement cette hypothèse d’un lien entre le degré d’accord avec la dominance sociale et le choix de carrière. Sidanius, Liu, Pratto et Shaw (1994) ont mis en évidence que les policiers de Los Angeles (i.e. individus occupant un rôle social HE) avaient des niveaux d’ODS significativement plus élevés que les individus toutvenants, tandis que les membres d’un organisme de défense public (i.e. HA) avaient un niveau 7 d’ODS significativement plus faible que la population en général, même après avoir contrôlé un certain nombre de facteurs démographiques (e.g. genre, âge, niveau d’éducation, classe sociale). Certaines recherches menées dans le secteur de l’éducation ont mis en évidence la relation entre l’idéologie anti-égalitariste et le choix de filières d’études et de carrières professionnelles tendant à accentuer ou à atténuer la hiérarchie (Sidanius, Van Laar, Levin, & Sinclair, 2003). Les étudiants possédant de fortes convictions anti-égalitaristes ont plus tendance à faire des choix de filières et de carrières accentuant la hiérarchie, tandis que les étudiants possédant de faibles convictions anti-égalitaristes ont plus tendance à choisir des domaines d’études et des carrières atténuant la hiérarchie. Dans une autre étude, Sidanius, Pratto, Sinclair et Van Laar (1996) se sont attachés à mettre en évidence le lien entre l’ODS et l’attractivité perçue des carrières HE et HA chez des étudiants en droit. Les auteurs soulignent que dans un même domaine d’études, ici le droit, on peut distinguer une orientation de carrière HE/HA différente. Par exemple, des études en droit peuvent mener à des professions de type renforçatrices de hiérarchie telles qu’agent de police, de procureur, ou d’agent du FBI, mais également à des professions atténuatrices, telles qu’avocat des droits de l’homme, des droits civiques, du droit public. Leurs résultats montrent que plus les étudiants ont un niveau d’ODS élevé, plus il sont attirés par des carrières HE, et moins ils sont attirés par des carrières HA, même après avoir contrôlé l’effet du statut socio-économique. Ainsi, un même domaine d’étude, comme le droit, peut mener à différents types de carrières qu’on peut positionner sur un continuum bipolaire HE/HA et qui dès lors paraissent plus ou moins attractives aux étudiants en fonction de leur niveau de dominance sociale. La nature de cette dimension bipolaire reproduit la distinction attendue entre rôles sociaux atténuateurs et renforçateurs. Au-delà d’un domaine professionnel, une même activité professionnelle peut être exercée dans des environnements hiérarchiques distincts. Par exemple, un conseiller juridique qui aide les personnes défavorisées à rembourser leurs dettes, exerce son métier sur un versant atténuateur de hiérarchie, tandis qu’un conseiller juridique dont l’activité est d’aider les entreprises à poursuivre en justice les employés trop souvent absents exerce sur un versant renforçateur de hiérarchie (Pratto et al., 1997 ; Chazal & Guimond, 2003). LE SENTIMENT DE COMPETENCE Nous avons vu précédemment que le niveau d’ODS des individus influençait leurs choix d’études. Une fois ce choix d’étude effectué, l’adhésion à la dominance sociale a également un impact sur la réussite et les attentes de succès des étudiants (Sidanius et al., 2003). En effet, les étudiants « congruents » (i.e. les étudiants à fort niveau d’anti-égalitarisme engagés dans une filière accentuatrice et les étudiants à faible niveau d’anti-égalitarisme 8 engagés dans une filière atténuatrice de hiérarchie) connaissent plus de succès scolaire, plus d’attentes de succès que les étudiants « non congruents » (i.e. étudiants à fort niveau d’antiégalitarisme engagés dans une filière atténuatrice et les étudiants à faible niveau d’antiégalitarisme engagés dans une filière accentuatrice de hiérarchie). Mais plutôt qu'analyser les choix de domaines scolaires et professionnels comme dépendant des attentes de succès qui leur sont associées par les individus, un grand nombre de recherches s'appuient sur la théorie sociale cognitive de Bandura (1986), et semblent montrer que c'est le sentiment de compétence relatif à ces domaines, développé par chacun, qui détermine davantage ces choix. Ces deux concepts, attente de résultat et compétence perçue, sont liés, dans la mesure où ils font partie du même processus unissant le comportement de la personne et le résultat de ce comportement. L'attente de résultat correspond à un jugement sur les conséquences, les récompenses probables d'un comportement, d'une performance, tandis que le sentiment de compétence reflète le jugement de l'individu sur ses aptitudes à organiser et exécuter cette performance (Bandura, 2003). Il s'exprime grâce à des assertions du type : « je me sens capable de réussir dans ce domaine ». Ainsi le sentiment de compétence influe davantage sur le comportement que la réussite ou l'attente de résultat. Hackett et Betz (1989) ont montré que le sentiment de compétence des élèves en mathématiques était plus significativement déterminant des choix d'études et de carrière nécessitant des compétences mathématiques que le niveau d'aptitude et la réussite antérieure en mathématiques. De multiples recherches soulignent que le sentiment de compétence joue un rôle majeur en matière d'éducation et d'orientation, notamment dans le choix d'une carrière. Plus la compétence perçue à répondre aux exigences scolaires et aux fonctions du travail est importante, plus l'éventail des professions que les individus envisagent sérieusement de choisir est large, et plus l'intérêt manifesté à leur égard est grand (Betz & Hackett, 1981 ; Lent, Brown, & Larkin, 1986 ; Matsui, Ikeda, & Ohnishi, 1989). Le sentiment de compétence contribue donc au choix d'une carrière, car il détermine l'intérêt qu'on lui porte. Parmi les récentes études établissant un lien entre sentiment de compétence et intérêt, celle de Cosnefroy (2007), portant sur les déterminants de l'intérêt pour les disciplines scolaires, montre que la compétence perçue est significativement plus déterminante que le genre ou la réussite scolaire réelle pour expliquer l'intérêt porté à une matière, quelle qu'elle soit. Les croyances relatives aux compétences influencent directement le choix d'une carrière, et ont un effet indirect encore plus marqué, via l'intérêt pour la profession (Lent, Lopez, Bieschke, & Socall, 1991). La réussite et l'attente de résultat sont fortement corrélées avec le sentiment de compétence, qui prédit avec encore plus de force les décisions d'orientation scolaire et professionnelle. Plus particulièrement, le sentiment de compétence prédit, plus que l'attente de 9 résultat, le choix de l'environnement culturel dans lequel l'individu choisit d'exercer son métier (Singer, 1993) : le fait que des élèves asiatiques poursuivant une scolarité en Occident souhaitent retourner dans leur pays d'origine ou rester dans le pays d'accueil pour démarrer leur carrière est déterminé plus fortement par leurs croyances en leurs compétences à réussir dans chacun de ces milieux que par la réussite qu'ils en attendent. Or, comme nous l'avons vu plus haut, les individus qui effectuent un choix de carrière ou d'études en congruence avec leur degré d'adhésion aux idéologies antiégalitaristes réussissent mieux et ont davantage d'attentes de succès que ceux qui choisissent une filière d'étude ou exercent une profession non congruente avec leur idéologie (Sidanius et al., 2003). Par conséquent, nous souhaitons examiner si l'adhésion aux idéologies atténuatrices ou accentuatrices de hiérarchie est reliée au sentiment de compétence pour des professions exercées dans un environnement induisant un rôle social atténuateur ou renforçateur de hiérarchie. Nous nous attendons à ce que les individus avec un fort score d'ODS se sentent davantage capables de réussir dans les environnement professionnels renforçateurs que dans les environnement atténuateurs de hiérarchie; et inversement, à ce que les individus à faible niveau d'ODS se sentent plus compétents dans les environnements atténuateurs que renforçateurs. Le sentiment de compétence se construit en partie grâce aux expériences retirées des activités vécues. Or, ces différentes activités se déroulent dans des contextes déterminés. Ces contextes offrent aux individus des possibilités différenciées d’effectuer certaines expériences d’apprentissage, pouvant avoir des impacts notables en termes de sentiment de compétence. Par exemple, de nombreuses études montrent que, compte-tenu d’attentes sociales différentes en fonction du genre, les parents et les enseignants tendent à traiter différemment les garçons et les filles (ils n’encouragent pas les mêmes activités, ils n’expriment pas les mêmes attentes, ils ne réagissent pas de la même manière à des résultats identiques etc., Dafflon-Novelle, 2006). Les conséquences de ces socialisations différenciées se traduisent finalement par des sentiments d’efficacité eux-mêmes différenciés : les filles ont tendance à développer des sentiments de compétence positifs pour des activités « féminines » (s’occuper d’enfants, décorer, etc.) alors que les garçons font de même mais pour des activités « masculines » (les sciences, les techniques, etc.). Ainsi les effets de genre sur les intérêts scolaires, professionnels et les choix de carrières semblent partiellement médiatisés par les expériences différenciées d’apprentissage et par les conséquences qui en résultent en termes de sentiment de compétence (Lent, Brown, & Hackett, 1994). La recherche de Blanchard et Vrignaud (1994) illustre que les intérêts professionnels et les sentiments de compétence des lycéens pour différents types de professions et de formations sont assez fortement reliés au sexe et à la 10 section de terminale fréquentée. Bien que les filles des sections scientifiques développent des sentiments de compétence pour le domaine scientifique et technique beaucoup plus forts que ceux des garçons et des filles des sections littéraires, elles ont en moyenne des sentiments de compétence pour ce domaine un peu moins élevés que ceux des garçons de filière S. Dans cette étude, nous souhaitons examiner si le sentiment de compétence, construit différemment chez les garçons et les filles, peut être affecté par la connotation renforçatrice ou atténuatrice de hiérarchie d’une même profession. Des travaux ont déjà mis en évidence que l’attrait pour les rôles sociaux dominants, ou HE, est positivement associé à l’identité des groupes avantagés socialement (e.g. les hommes) et négativement associé à l’identité des groupes relativement désavantagés (e.g. les femmes). En effet, les membres de groupes relativement avantagés – les hommes, les riches, les personnes natives du pays – acceptent davantage les inégalités et la dominance sociale que les membres de groupe comparativement désavantagés – les femmes, les pauvres, les personnes immigrées (Sidanius & Pratto, 1999). Cependant, à notre connaissance, aucune étude ne s’est intéressée aux sentiments de compétence des hommes et des femmes dans des environnements professionnels qualifiés de renforçateur ou d’atténuateur de hiérarchie sociale. Ainsi, nous nous attendons à ce que le genre soit relié au sentiment de compétence en fonction de l’environnement professionnel. Plus précisément, nous nous attendons à ce que les filles se sentent plus capables de réussir dans les environnements atténuant la hiérarchie, que dans ceux qui la renforcent, et inversement, nous nous attendons à ce que les garçons aient un sentiment de compétence plus fort dans les environnements professionnels renforçant la hiérarchie que dans ceux qui l’atténuent. L’INFLUENCE DES MODELES Le sentiment de compétence se développe dans différents domaines à partir de trois sources principales de stimulation : le soutien social, l'expérience de la réussite et l'expérience vicariante. Le soutien social joue un rôle important dans cette construction : ce sont les feedbacks positifs, les encouragements répétés dispensés par des personnes importantes de l'entourage, notamment les parents et les enseignants. Pour être consolidé, le sentiment de compétence induit de cette manière doit être renforcé par l'expérience de la réussite. On entend par expérience de la réussite le jugement porté par l'individu sur ses propres performances, qui prend par conséquent en compte le niveau réel des performances, mais aussi les normes personnelles relatives à l'activité considérée. C'est ainsi davantage la perception du résultat que le résultat objectif qui importe. La troisième source majeure d'influence du sentiment de compétence est l'expérience vicariante, qui correspond à 11 l'apprentissage par observation développé par Bandura (2003) dans le cadre de sa théorie sociale cognitive. Pour obtenir des indices sur leurs propres capacités, les individus ne peuvent pas toujours se baser uniquement sur leur expérience personnelle. Pour un grand nombre d'activités, un individu ne peut pas juger de sa performance s'il ne connaît pas celle des autres. Dans ces cas, la comparaison sociale est primordiale dans l'auto-évaluation de ses capacités. Ainsi, les expériences réalisées par des autres considérés comme similaires à soi (des modèles dont on pense pouvoir reproduire les performances), sont appréhendées comme des diagnostics, des indicateurs de ses propres capacités. Les performances des individus similaires à soi permettent de modeler ses propres croyances de compétences. Les auto-évaluations de compétences sont donc souvent basées sur la similitude avec des modèles. Mais les caractéristiques des modèles sur lesquelles se fonde le jugement de similitude ne sont pas forcément celles qui déterminent réellement les performances considérées. Les individus développent des préconceptions de compétences liées à l'âge, au sexe, au niveau socio-économique, à l'appartenance ethnique (Bandura, 2003). En particulier, les modèles de genre identique sont considérés comme plus crédibles et suscitent des croyances de compétence et des intentions de comportement plus fortes que ne le font des modèles de genre différent, même si l'appartenance de genre ne détermine en rien le comportement en question (Bandura, 2003). Or, nous l'avons vu, dans certaines filières scolaires et par voie de conséquence dans certains domaines professionnels prestigieux, les femmes sont très peu présentes. Des études montrent que dans ces domaines traditionnellement masculins, comme les mathématiques, les sciences physiques, l'ingénierie, à performances équivalentes, les filles s'auto-évaluent moins compétentes que les garçons (Bandura, 2003 ; Marro & Vouillot, 1991). Quel est donc l'impact de ce manque de modèles sur le sentiment de compétence des filles dans ces professions? Diverses expériences utilisant la présentation de modèles allant à l'encontre des stéréotypes de genre ont été réalisées. L'une d'elles (Guégnard, 2002) présente l'organisation d'une représentation théâtrale destinée à des élèves de troisième, qui met en scène un modèle féminin contre-stéréotypique. Les élèves exposés à cette pièce de théâtre modifient leurs représentations : ils manifestent un rejet des stéréotypes sexuels des métiers, et une prise de conscience des discriminations sexuelles existant dans la société. Et déjà en 1978, Ashby et Wittmaier avaient étudié l'effet de la présentation de modèles contre-stéréotypiques. Des histoires présentant des femmes dans des rôles traditionnels et non-traditionnels ont été lues par des filles de 9-10 ans, qui ont ensuite répondu à divers types de questions permettant de connaître leurs préférences entre des activités non traditionnellement féminines ou des 12 activités stéréotypiquement féminines. Les résultats montrent que les filles ayant été exposées aux histoires non traditionnelles choisissent davantage des activités non stéréotypiques que les filles ayant été exposées aux histoires traditionnelles. Dès lors, la présentation de personnages féminins dans des activités diversifiées permettrait d’élargir l’éventail des choix que les filles pourraient considérer comme appropriés pour leur avenir professionnel. À la suite de ces travaux, nous émettons l'hypothèse que la présentation de modèles contre-stéréotypiques améliore le sentiment de compétence dans les domaines contrestéréotypiques. Les filles exposées à des modèles de femmes dans des métiers traditionnellement masculins se sentent plus capables de réussir dans ces domaines que les filles exposées à des modèles stéréotypiques et les filles non exposées, tandis que les garçons exposés à des modèles d’hommes dans des métiers traditionnellement féminins se sentent plus capables de réussir dans ces domaines que ceux exposés à des modèles stéréotypiques et ceux non exposés à des modèles. Dans la même veine, nous souhaitons examiner si la présentation de modèles stéréotypiques ou contre-stéréotypes peut avoir un impact sur l’adhésion exprimée envers les stéréotypes de genre. Nous posons comme hypothèse que l’exposition à des modèles professionnels contre-stéréotypiques conduit à modérer son adhésion aux stéréotypes de genre concernant les compétences scolaires. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES Notre recherche comporte ainsi deux aspects. D’une part, elle examine l’influence des idéologies légitimantes, via l’orientation de dominance sociale, sur les souhaits d’orientation et le sentiment de compétence scolaire et professionnel. D’autre part, elle vise à tester l’effet des modèles professionnels sur une série de variables comprenant le sentiment de compétence scolaire et professionnel, et l’adhésion aux stéréotypes. Les effets susceptibles d’être observés sont-ils modulés par le genre des individus ? En résumé, nous formulons les hypothèses suivantes : (1) Les élèves de seconde possédant un fort score d’ODS souhaitent davantage s’orienter en filière S que ceux qui possèdent un faible score de ODS. (2) Les individus possédant un fort score d'ODS se sentent davantage capables de réussir dans les environnement professionnels renforçateurs que dans les environnement atténuateurs de hiérarchie; et inversement, les individus à faible niveau d'ODS se sentent plus compétents dans les environnements atténuateurs plutôt que renforçateurs. (3) Les filles ont un sentiment de compétence plus fort dans les environnements atténuant la hiérarchie, que dans ceux qui la renforcent, et inversement, les garçons ont un sentiment de compétence plus fort dans les environnements professionnels renforçant 13 la hiérarchie que dans ceux qui l’atténuent. (4) Les filles exposées à des modèles de femmes dans des métiers traditionnellement masculins ont un sentiment de compétence plus fort dans ces domaines que les filles exposées à des modèles stéréotypiques et les filles non exposées, tandis que les garçons exposés à des modèles d’hommes dans des métiers traditionnellement féminins ont un sentiment de compétence plus fort dans ces domaines que ceux exposés à des modèles stéréotypiques et ceux non exposés à des modèles (5) Les élèves exposés à des modèles professionnels contre-stéréotypiques adhèrent moins que les autres aux stéréotypes de genre concernant les compétences scolaires. METHODE PARTICIPANTS Les participants de cette étude sont 126 élèves volontaires dont 46 filles et 78 garçons (2 personnes n’ont pas indiqué leur sexe). Leur âge moyen est de 15.65 ans (ET = .95). Tous sont scolarisés en classe de seconde dans un lycée général de Marseille. MATERIEL ET PROCEDURE Les participants ont rempli un questionnaire dans leur salle de classe, en début de cours avec leur professeur principal et une expérimentatrice. Chaque élève a reçu un questionnaire aléatoirement attribué parmi les trois créés, variant au niveau de la présentation des modèles professionnels. Le questionnaire correspondant à la première condition expérimentale, décrit en deuxième page le témoignage d’une femme ingénieure et d’un homme éducateur de jeunes enfants. Dans une deuxième condition, l’appariement sexe et profession est inversé. Le questionnaire de la troisième condition ne présente aucun témoignage (condition contrôle). Le reste du questionnaire est identique. Les élèves doivent répondre aux questions dans l’ordre, et le plus sincèrement possible. Les différentes sections du questionnaire et les variables sont présentées ci-dessous. Modèles professionnels Le type de modèles professionnels présentés aux élèves constitue la variable provoquée de notre recherche. Les élèves découvraient en 2ème page du questionnaire le témoignage de deux professionnels exerçant pour le premier le métier d’ingénieur 14 (stéréotypiquement masculin) et pour le second d’éducateur de jeunes enfants (stéréotypiquement féminin). En intervertissant le sexe du professionnel associé au métier sexuellement typé, nous avons ainsi crée une condition de présentation de modèles non conformes aux stéréotypes de genre (condition 1), une condition de présentation de modèles conformes aux stéréotypes de genre (condition 2) et enfin dans une condition neutre, aucun témoignage n’a été présenté (condition contrôle). À la suite de ces témoignages, les participants doivent indiquer celui qu’ils trouvent le plus clair. Cette question est destinée à encourager les participants à lire avec attention les modèles présentés, mais n’a pas comme finalité d’être analysée. Sentiment de compétence professionnel Pour mesurer le sentiment de compétence professionnel, nous avons repris et adapté une tâche développée par Pratto, Stallworth, Sidanius et Siers (1997) et prolongée par Chazal et Guimond (2003). La tâche initiale évaluait les préférences pour certains rôles professionnels en demandant aux participants de faire un choix entre deux descriptions de métiers. Plus précisément, une série de métiers offrant pour chacun le même statut et le même salaire étaient proposés. Les participants devaient sélectionner un des deux profils décrits, en considérant qu’ils étaient qualifiés pour chacune des professions. Chaque métier était ainsi décliné sous deux profils, différant sur l’impact qu’ils ont sur l’élite ou les groupes opprimés : un profil qualifié de « hiérarchiquement renforçateur » et un autre « hiérarchiquement atténuateur ». Le participant devait, dans la tâche initialement proposée par Pratto et al. (1997), faire un choix binaire. Dans notre recherche, nous nous intéressons au sentiment de compétence professionnel. Dès lors, nous avons substitué à ce choix binaire une échelle de sentiment de compétence dans chacun des profils. Le choix des participants n’est alors plus forcé, et notre mesure devient plus sensible. Les participants doivent indiquer à quel point ils se sentent capables de réussir dans chaque profil des dix métiers présentés (i.e. publicitaire, investisseur financier, conseiller(ère) juridique, policier(ère), agent immobilier, libraire, avocat(e), médecin, concepteur(trice) internet, ingénieur(e) agronome), sur une échelle en 7 points allant de (1) pas du tout capable de réussir à (7) tout à fait capable de réussir dans ce métier. Nous calculons un score moyen du sentiment de compétence perçu pour chaque type d’environnement professionnel, renforçateur et atténuateur. Sentiment de compétence scolaire Quatre items sont destinés à évaluer l’auto-perception des élèves concernant leurs capacités en mathématiques, en sciences, en français et en langues vivantes. Les élèves 15 doivent estimer pour chacun à quel point il se sentent doués dans le domaine indiqué, sur une échelle de type Likert, allant de (1) pas du tout doué à (7) tout à fait doué. Orientation vers la Dominance Sociale (ODS) Dans une partie intitulée « questions de société », les participants sont invités à répondre aux dix items composant l’échelle d’Orientation vers la Dominance Sociale (Pratto, Sidanius, Stallworthn & Malle, 1994 ; Sidanius & Pratto, 1999), validée en français par Duarte, Dambrun et Guimond (2004). Les élèves indiquent leur degré d’accord avec des items tels que « les groupes inférieurs devraient rester à leur place », « certains groupes de personnes sont tout simplement inférieurs aux autres groupes », ou encore « l’égalité entre les groupes devrait être notre idéal »(codé en sens inverse) sur une échelle de (1) pas du tout d’accord à (7) tout à fait d’accord. Cinq items de l’échelle sont favorables à des rapports de dominance et de subordination entre les groupes (items 1, 3, 5, 7 et 9). Les cinq autres affirmations sont en faveur de relations égalitaires entre les groupes (items 2, 4, 6, 8 et 10) et sont par la suite recodées. L’Alpha de Cronbach de l’échelle est de .84. Ainsi, la cohérance interne de l’outil est bonne et permet le calcul d’un score composite en procédant à la moyenne des 10 réponses. En conséquent, un fort score renvoie à l’approbation du participant à une inégalité de pouvoir entre les groupes. Adhésion aux stéréotypes de genre Pour mesurer l’adhésion aux stéréotypes de genre reliés aux domaines scolaires, les élèves évaluent successivement à quel point la série de domaines proposés convient aux hommes et aux femmes (i.e. lettres, latin, philosophie, arts, langues, mathématiques, sciences physiques, chimie, biologie, informatique). Les réponses à ces items permettent d’obtenir un score d’attribution des domaines scientifiques aux femmes, qui, soustrait au score attribué aux domaines scientifiques pour les hommes, indique le degré d’accord avec le stéréotype selon lequel les hommes seraient plus doués que les femmes dans les domaines scientifiques. Une démarche identique nous fournit un score d’accord avec le stéréotype selon lequel les femmes seraient plus douées que les hommes en ce qui concerne le domaine littéraire. La moyenne de ces deux scores composites correspond au degré d’accord avec le stéréotype de genre général. Ainsi, si un score proche de 0 indique une absence de stéréotype (e.g. les mathématiques conviennent tout autant aux hommes qu’aux femmes), un score positif reflète l’adhésion aux stéréotypes de genre (e.g. les mathématiques conviennent davantage aux hommes qu’aux femmes), et un score négatif signifie au contraire des croyances contraires aux stéréotypes dominants (e.g. les mathématiques conviennent davantage aux femmes qu’aux hommes). Les 16 quatre derniers items de cette section (e.g. « A ton avis, est-ce que le fait d’être doué en mathématiques caractérise... les femmes ? les hommes ?) font directement écho aux quatre items présents plus en aval dans le questionnaire, qui étaient destinés à évaluer le sentiment de compétence scolaire des participants. La corrélation deux à deux de ces items permettra d’évaluer dans quelle mesure les participants s’auto-évaluent en accord avec les stéréotypes de genre. Ces quatre items ont une visée plus exploratoire par rapport au reste de notre recherche. Intention d’orientation En fin de questionnaire, les participants informent de leur souhait d’orientation respectivement en 1ère L, ES et S, sur une échelle de type Likert de (1) pas du tout à (7) tout à fait. RESULTATS Les données ont été traitées sous SPSS . DESCRIPTION DES DONNEES Un tableau résumant ces données est présenté en annexe. Souhaits d’orientation – Une ANOVA genre * filière d’orientation (littéraire vs économique et sociale vs scientifique), avec le dernier facteur en mesures répétées, a été menée. La majorité des élèves souhaite poursuivre leur cursus dans la voie scientifique (M = 5.28), comparativement à la voie économique et sociale (M = 3.84) et à la voie littéraire (M = 2.14), F (2,116) = 49.96, p < .001. Cependant, ces souhaits sont modulés en fonction du sexe des élèves, F (2,116) = 4.41, p < .05. Les garçons font un choix plus tranché pour aller en filière scientifique (M = 5.61) que les filles (M = 4.91), par rapport aux autres filières générales. Ces dernières rejettent moins que les garçons des filières générales alternatives, notamment la filière littéraire (M = 2.76 vs M = 1.72), t (70.9)1 = 2.73, p < .01. 1 Le T-test présente un degré de liberté corrigé, le test de Levene rejetant l’homogénéité des variances. 17 Orientation de Dominance Sociale – Les participants ont en moyenne un score de 2.72 sur l’échelle d’Orientation de Dominance Sociale (ET = 1.23), ce qui les situent dans la moitié inférieurs de l’échelle. Toutefois, le niveau d’ODS est significativement affecté par le genre des élèves : les garçons (M = 2.91, ET = 1.22) sont plus favorables que les filles (M = 2.38, ET = 1.14) à une inégalité entre les groupes sociaux. Adhésion aux stéréotypes de genre – Les deux tiers des participants manifestent des croyances stéréotypées, en associant les domaines littéraires aux femmes et les domaines scientifiques aux hommes. Vingt-trois pourcent des élèves n’expriment aucun lien entre le genre et le domaine scolaire. Enfin, 10% expriment des croyances contraires aux stéréotypes. Le score moyen d’adhésion aux stéréotypes de genre concernant des domaines scolaires est de 0.56 (ET = .86). Ce score est significativement différent de 0 (i.e. absence de stéréotype), t (125) = 7.36, p < .001. En d’autres termes, en moyenne, les élèves ont des croyances concernant les domaines scolaires et le genre des individus en accord avec les stéréotypes dominants. De plus, ces croyances sont autant partagées par les filles que les garçons, t (122) = .28, ns. MODELES PROFESSIONNELS Modèles professionnels et sentiment de compétence professionnel – Nous avons examiné l’influence du type de modèles professionnels sur le sentiment de compétence professionnel en environnement atténuant la hiérarchie et en environnement accentuant la hiérarchie. Nous avions comme hypothèse que la présentation de modèles contre-stéréotypiques améliorent le sentiment de compétence des filles dans les environnements renforçateurs de hiérarchie, par rapport aux environnements atténuateurs, et qu’elle améliore le sentiment de compétence des garçons dans les environnements atténuateurs. En d’autres termes, nous nous attendions à un effet d’interaction double entre les variables « modèles professionnels », sexe des participants et environnements professionnels sur le sentiment de compétence perçu. Une ANOVA 3 (modèles professionnels) * 2 (sexe des participants) * 2 (sentiment de compétence en environnement atténuant ou renforçant la hiérarchie), avec le dernier facteur en mesures répétées révèle uniquement un effet d’interaction simple2 entre le genre et le sentiment de compétence, F (1,118) = 7.47, p < .01. Cependant aucun effet des modèles professionnels présentés sur le sentiment de compétence des élèves n’est mis en évidence. L’hypothèse testée ici n’est donc pas validée. Ainsi, puisque les modalités expérimentales n’ont pas d’impact significatif sur le sentiment de compétence des participants, nous proposons de conserver l’ensemble de l’échantillon pour la suite de nos analyses, et dès lors augmenter la puissance 2 Ce résultat répondant à une autre hypothèse, il sera développé dans une section ad hoc. 18 statistique de nos tests, au lieu de nous limiter à l’analyse des données des participants de la modalité contrôle. Modèles professionnels et sentiment de compétence scolaire – Nous avons testé l’hypothèse selon laquelle la présentation de modèles contre-stéréotypiques améliore le sentiment de compétence scolaire dans des domaines contre-stéréotypiques par rapport à la présentation de modèles conformes aux stéréotypes. Nous nous attendions à un effet d’interaction entre le type de modèles présentés et le sexe des élèves sur les différents domaines scolaires stéréotypés. Une MANOVA 3 (modèles professionnels) * 2 (sexe des participants) sur le sentiment de compétence en mathématiques, en sciences, en français et en langues vivantes ne révèle aucun effet d’interaction significatif. Notre hypothèse n’est pas validée. Cependant, on note un effet principal du sexe sur le sentiment de compétence en mathématiques, F (1,116) = 8.66, p < .01. Les garçons (M = 5.12) ont un sentiment de compétence en mathématiques significativement supérieur à celui des filles (M = 4.0). Le tableau 1 rapporte les sentiments de compétence moyens par matière et par genre. Tableau 1 Moyennes et écart-types (entre parenthèses) des sentiments de compétence en fonction de la matière et du genre des élèves. Sentiment de compétence Filles Garçons Mathématiques 4.00 (2.03) N = 46 5.12 (1.76) N = 78 Sciences 4.39 (2.10) N = 46 5.16 (2.01) N = 77 Français 3.78 (1.83) N = 46 3.45 (1.70) N = 78 Langues vivantes 5.13 (1.82) N = 46 4.47 (1.89) N = 77 Modèles professionnels et adhésion aux stéréotypes de genre scolaires – Nous avions comme hypothèse que la présentation de modèles contre-stéréotypiques modère l’adhésion aux stéréotypes de genre scolaire selon lesquels les filles seraient plus compétentes dans les domaines littéraires et les garçons plus compétents dans les domaines scientifiques. Nous attendions alors un effet des modèles sur le score d’adhésion aux stéréotypes. L’ANOVA n’a révélé aucun effet des modèles sur l’adhésion aux stéréotypes, F < 1, ns. 19 SENTIMENTS DE COMPETENCE SCOLAIRES ET STEREOTYPES DE GENRE Afin d’examiner si les participants sont influencés par leur adhésion aux stéréotypes de genre pour définir leurs sentiments de compétence dans différents domaines scolaires, nous avons appariés les items de sentiments de compétence en mathématiques, sciences, français, langues vivantes avec leurs croyances stéréotypées correspondantes, selon lesquelles les hommes seraient plus doués que les femmes en mathématiques et en sciences, et les femmes plus douées que les hommes en français et langues vivantes (e.g. différence des scores attribués aux hommes et aux femmes pour les items « à ton avis, le fait d’être doué en mathématiques caractérise... les femmes ? les hommes ? »). Comme la série d’auto-évaluation est estimée sur une échelle en 7 points alors que la seconde série de score correspond à une différence de score, nous avons transformé chaque série en forme centrée et réduite (M = 0, ET = 1) pour être en mesure de les comparer à l’aide de T-test pour échantillons appariés. Comme le montre le tableau 2, le sentiment de compétence des filles et les garçons dans les différentes matières évaluées n’est pas significativement différent du stéréotype exprimé. Ainsi, à la fois les filles et les garçons semblent s’auto-évaluer en français, en mathématiques, en langues vivantes et sciences en accord avec leur croyance concernant le stéréotype (i.e. en accord ou en désaccord). Néanmoins, seul le sentiment de compétence en langues est corrélé au degré d’adhésion au stéréotype, pour les garçons r (68) = - .25, p < .05, et tendanciellement pour les filles r (29) = .32, p < .10. Plus les garçons adhèrent au stéréotype, moins ils s’estiment compétents en langues, tandis qu’on observe la tendance inverse pour les filles. Tableau 2 Comparaison (T-tests) et corrélation du sentiment de compétence avec le degré d’adhésion au stéréotype de genre en fonction de la matière et du genre des élèves. Filles Garçons T-Test Corrélation T-Test Corrélation Mathématiques t (43) = - 1.05 ns r (44) = .20 ns t (77) = .88 ns r (78) = .12 ns Sciences t (44) = - .24 ns r (45) = - .04 ns t (76) = -.23 ns r (77) = .01 ns Français t (44) = - .24 ns r (45) = .23 ns t (76) = - .261 ns r (77) = - .04 ns Langues vivantes t (28) = - .44 ns r (29) = .32+ p = .088 t (67) = - .73 ns r (68) = - .25* p = .040 * p < .05 ; + p <.10 20 ORIENTATION DE DOMINANCE SOCIALE ODS et orientation scolaire – Pour tester l’hypothèse selon laquelle les élèves ayant un fort score d’ODS souhaitent plus s’orienter en S que ceux qui ont un faible score d’ODS, nous avons mené une analyse de régression linéaire3, en régressant le souhait de s’orienter en filière scientifique sur le score de dominance sociale. L’analyse ne révèle aucun effet de l’orientation de dominance sociale sur le désir de se rendre en filière S, β = -.023, t (122) = 0.254, ns. Les élèves souhaitent s’orienter en S indépendamment de leur degré de soutien à la hiérarchie existante. Notre hypothèse d’un lien entre ODS et orientation en filière scientifique n’est pas validée. Les statistiques descriptives sont présentées en annexe. ODS, environnement professionnel et sentiment de compétence professionnel – Nous avons examiné le lien entre le degré de dominance sociale et le sentiment de compétence professionnel selon que le métier est exercé sous un profil atténuateur vs renforçateur de la hiérarchie. Nous nous attendions à un effet d’interaction entre le niveau d’ODS des élèves et l’environnement professionnel sur le sentiment de compétence perçu. Pour tester l’effet de l’ODS, qui est une variable continue, sur les deux sentiments de compétence, nous effectuons une analyse de régression à partir d’un score de différence entre le sentiment de compétence éprouvé dans un environnement professionnel renforçateur de hiérarchie et à celui éprouvé dans un environnement atténuateur de hiérarchie. Cette différence correspond à notre variable intra-participant. Si le score tend à être positif, l’individu se sent plus compétent dans un profil accentuateur de hiérarchie plutôt qu’atténuateur. Inversement, si ce score est négatif, l’individu se sent plus compétant dans un environnement professionnel atténuateur de hiérarchie comparativement à un environnement professionnel renforçateur. Nous avons ensuite régressé cette variable sur le score d’orientation de dominance sociale des participants. L’analyse de régression nous indique un effet du score d’ODS sur la variable de différence de sentiment de compétence entre les deux profils professionnels, β = .249, t (124) = 2.87, p <.01. En d’autres termes, plus l’individu possède un score élevé d’ODS, c’est-à-dire plus il soutient des rapports inégalitaires entres les groupes, plus il se sent capable de réussir dans un profil de métier renforçateur de hiérarchie (figure 1). Les données sont donc en accord avec notre hypothèse. 3 Une analyse de variance (ANOVA) ne peut être effectuée sur des VI continues, nous avons donc recours à une analyse de régression. 21 Sentiment de competence (renforcateur - attenuateur) 4 2 0 -2 -4 1 2 3 4 5 6 7 Orientation de Domina nce Sociale Figure 1. Score de différence entre le sentiment de compétence ressenti dans un profil professionnel renforçateur à celui ressenti dans un profil atténuateur, en fonction du degré d’orientation de dominance sociale. SEXE DES PARTICIPANTS, ENVIRONNEMENT PROFESSIONNEL ET SENTIMENT DE COMPETENCE Nous avons examiné le lien entre le sexe des participants et le sentiment de compétence professionnel selon que le métier est exercé sous un profil atténuateur vs renforçateur de la hiérarchie. Nous nous attendions à un effet d’interaction entre le sexe des participants et l’environnement professionnel que le sentiment de compétence : le sentiment de compétence des filles serait plus important dans les environnements atténuant la hiérarchie, que dans ceux qui la renforcent, et inversement, les garçons posséderaient un sentiment de compétence plus fort dans les environnements professionnels renforçant la hiérarchie que dans ceux qui l’atténuent. Nous avons effectué une ANOVA 2 (Sexe des participants) * 2 (sentiment de compétence en environnement atténuant ou renforçant la hiérarchie), avec le dernier facteur en mesures répétées. L’analyse nous révèle un effet du sexe des sujets sur les sentiments de compétence des deux profils professionnels, F (1,122) = 8.46, p < .01. Comme l’indique la figure 2, les filles se sentent plus compétentes dans un profil professionnel atténuateur (M = 4.10) plutôt que renforçateur de hiérarchie (M = 3.70, t (45) = - 2.97, p < .01) , alors que cette différence est nulle chez les garçons (respectivement M = 3.69 et M = 3.78, t (77) = .90, ns). Ceci corrobore en partie notre hypothèse. 22 Sentim ent de competence professionnel 4 ,5 4 ,0 3 ,5 Prof il profe ssionne l Atté nuateur Re nforç ateur 3 ,0 Filles Garç ons Sexe de s pa rticipants Figure 2. Sentiment de compétence en fonction du profil professionnel et du sexe. Il est important de noter que même en contrôlant le niveau d’ODS des participants, l’analyse de régression révèle que l’effet d’interaction du sexe et de l’environnement professionnel HE/HA sur le sentiment de compétence reste significatif, β = .217, t (121) = 2.45, p < .05. DISCUSSION Cette recherche comportait un double objectif : d’abord, tester l’impact de l’exposition à des modèles professionnels contre-stéréotypiques sur le sentiment de compétence de jeunes lycéens et sur leur adhésion aux stéréotypes de genre scolaires ; ensuite, mettre en évidence un lien entre d’une part, l’adhésion à des idéologies légitimant la dominance sociale et d’autre part l’orientation scolaire et le sentiment de compétence professionnel. Si les hypothèses concernant la première partie de ce travail n’ont pas été validées, cette recherche apporte néanmoins des éléments en faveur de notre seconde série de prédictions. Notre recherche a révélé un résultat novateur, à notre connaissance jamais établi dans la littérature, en mettant en évidence que l’orientation vers la dominance sociale est 23 significativement reliée au sentiment de compétence. Conformément à notre hypothèse, plus les élèves soutiennent l’existence de hiérarchie entre les groupes, plus ils se sentent compétents pour exercer un métier dans un environnement accentuant la hiérarchie. Jusqu’à présent, les travaux sur le sentiment de compétence ont établi des sources d’influence internes (expériences antérieures de réussite ou d’échec, comparaisons temporelles intrapersonnelles) et externes (apprentissage vicariant, comparaisons interpersonnelles, soutien social : parents, enseignants, pairs) concourrant à la construction du sentiment de compétence. Cette étude apporte un nouvel élément de compréhension du développement du sentiment de compétence, avec l’orientation vers la dominance sociale. Ainsi, les idéologies auxquelles adhèrent les individus peuvent contribuer au choix de carrières, tels que des profils professionnels induisant des rôles sociaux tendant à accroître l’inégalité sociale ou au contraire induisant des rôles permettant de défendre les intérêts des groupes dominés. Par ailleurs, nous reproduisons des résultats conformes à la théorie de la dominance sociale (Sidanius & Pratto, 1999) : les garçons ont un score d’ODS plus élevés que les filles. Ce type de résultat est classique dans les recherches (Sidanius & Pratto, 1999). Par exemple, dans une étude longitudinale, Sidanius, Sinclair et Pratto (2006) montrent que pendant tout leur cursus universitaire, les hommes font preuve d’un plus haut niveau d’orientation de dominance sociale que les femmes. Les théoriciens de la dominance sociale proposent ce qu’ils appellent l’hypothèse d’invariance pour rendre compte de certaines différences entre les femmes et les hommes, notamment au niveau des attitudes socio-politiques (Sidanius & Pratto, 1999). Cette hypothèse prédit que les hommes sont plus favorables que les femmes aux rapports de dominance intergroupes, et que cette différence demeure stable et invariante au travers des contextes sociaux et culturels. Cependant, il convient de rester prudent avec une telle hypothèse reposant sur des bases purement biologiques. En effet, ces études ne font pas de distinction entre le sexe et le genre. Rappelons que le sexe est une donnée biologique alors que le genre est une construction sociale culturelle. Le concept de genre ne se substitue pas à celui de sexe, mais vise à rendre compte du degré d’adhésion aux rôles de sexe masculins et féminins dont témoignent les individus, c’est-à-dire du degré d’adhésion aux normes et aux prescriptions sociales de masculinité et de féminité (Marro, 1999). Dambrun, Duarte et Guimond (2004) montrent qu’il existe des fluctuations des différences de sexe sur l’échelle de dominance sociale en fonction du degré d’identification au genre des participants. Ainsi, c’est l’identification au genre qui déterminerait le niveau d’orientation de dominance sociale, et non le sexe en tant que tel. Foels et Pappas (2004) montrent également que l’effet du sexe sur le niveau d’ODS est médiatisé par la socialisation de genre. D’autre part, le niveau d’ODS exprimé par les élèves se situe dans la partie inférieure 24 de l’échelle (M = 2.91 chez les garçons et M = 2.38 chez les filles). Ce résultat semble conforme à la théorie de la dominance sociale. En effet, selon Sidanius et Pratto (1999), la société est organisée autour d’une hiérarchie trimorphique. Un des systèmes organisateurs est l’âge : les individus plus âgés ont plus de pouvoir dans la société que les enfants et les jeunes adultes. Or, les individus les mieux placés dans la hiérarchie sont ceux qui ont le plus à gagner du maintien de la hiérarchie. C’est donc chez ce type d’individus que l’on trouvera les plus hauts niveaux d’ODS. Au contraire, les individus possédant moins de pouvoir social, les subordonnés, recherchent moins que les autres le statu quo de la hiérarchie existante, et dès lors possèdent des idéologies modérant la dominance sociale. Nos participants, de par leur âge, font partie de cette dernière catégorie. Leurs scores faibles d’ODS semble être confortés par la théorie. Les niveaux d’ODS relevés dans d’autres études avec de jeunes participants étudiants sont du même ordre. Une étude française (Dambrun, Duarte, & Guimond, 2004) révèle par exemple parmi des étudiants de psychologie des scores d’ODS de 2.59 pour les garçons et de 2.22 pour les filles. Aux Etats-Unis, Pratto et al. (1997) observent un score moyen de 2.71 pour les étudiants (filière et âge moyen non précisés) et 2.22 pour les étudiantes. Toutefois, il faut rester prudent dans les comparaisons inter-études. Des travaux ont largement mis en évidence l’influence du domaine d’études, accentuant ou atténuant la hiérarchie (Dambrun, Duarte, & Guimond, 2004 ; Dambrun, Guimond, & Duarte, 2002 ; Sidanius, Sinclair & Pratto, 2006), et de la culture (Chatard, Guimond, Lorenzi-Cioldi, & Désert, 2005). Contrairement à ce qu’ont observé Chazal et Guimond (2004), nos résultats ne reproduisent pas l’effet de l’ODS sur les vœux d’orientation. Une piste de compréhension réside sans doute dans un biais d’échantillonnage. Le hasard de l’organisation a fait que les quatre classes participantes à l’étude étaient des classes dont les enseignements de détermination (EDD) majoritaires étaient clairement d’orientation scientifique (initiation aux sciences de l’ingénieur et mesures physiques et informatique). Trois éléments découlent de cette constatation. Premièrement, les élèves constituant ces classes étaient dès lors préorientés en filière scientifique de par leur choix d’EDD. Deuxièment, conformément aux statistiques nationales, ces classes font état d’une forte proportion de garçons. En 2006, seulement 10,8 % des filles en seconde générale et technologique ont choisi l’option de détermination « mesures physiques et informatique + options générales », alors que 16,9 % des garçons ont fait ce choix. En ce qui concerne le couple « initiation aux sciences de l’ingénieur + options générales », seulement 3,6% des filles contre 13,7% des garçons le choisissent (DEPP, 2008). Enfin, et en conséquence de cette pré-orientation, l’échantillon 25 participant est trop homogène et ne reflète pas la variabilité des élèves de seconde. Ainsi, si nos participants, filles et garçons, ne mentionnent pas de différence dans leurs souhaits d’orientation en ce qui concerne la filière scientifique, ce résultat ne nous paraît pas surprenant. Les élèves ayant tous opté pour des enseignements de détermination scientifiques, ils dévoilent une volonté claire de s’orienter en S. La seule différence porte sur la filière littéraire. Les garçons excluent quasiment cette possibilité, tandis que les filles l’écartent moins systématiquement. Cette différence peut être éclairée à la lumière des stéréotypes. Les filles ont déjà fait le choix d’une filière scientifique, en choisissant les EDD adéquats. Néanmoins, elles restent influencées par le contenu du stéréotype selon lequel les filles sont plus « faites » pour les domaines littéraires que les garçons. Dès lors, le stéréotype transparaît dans les souhaits de 2ème ordre. Une seconde conséquence de cette présélection apparaît en termes de ce que Sidanius (et al., 2003) nomme la congruence. Les élèves de ces classes à EDD scientifiques sont fortement engagés pour s’orienter dans cette filière que nous avons définie précédemment comme accentuatrice de hiérarchie. Parmi eux, ceux qui ont les plus forts scores d’ODS sont qualifiés de congruents : d’une part, ils tendent à soutenir davantage la hiérarchie existante que les autres et d’autre part, ils sont prédestinés à suivre une filière du même type. Ce sont justement ces élèves qui se jugent plus compétents dans un avenir professionnel HE. Ces résultats sont à rapprocher de ce que l’étude de Sidanius (et al., 2003) a pu mettre en évidence. Les étudiants congruents connaissent plus d’attentes de succès dans leur domaine que les non congruents. Notre étude permet ainsi d’étendre ce type de résultat au profil des professions, atténuateur vs accentuateur de hiérarchie. D’autre part, nous observons que les filles se sentent plus compétentes dans les environnements professionnels atténuant la hiérarchie comparativement aux environnements l’accentuant. Cependant, alors que nous attendions le pendant de cet effet chez les garçons dans l’environnement accentuateur de hiérarchie (i.e. les garçons se sentent plus compétents dans les profils HE que HA), les garçons se perçoivent tout autant compétents dans chacun de ces environnements. Avant tout, nous écartons une critique consistant à avancer que cet effet du sexe masquerait en fait un effet du niveau d’ODS. Les filles, montrant un niveau d’ODS plus faible que les garçons, se sentiraient dès lors plus compétentes dans des profils conformes à ces niveaux faibles de dominance sociale. Cependant, en contrôlant statistiquement l’effet de l’ODS sur le sentiment de compétence, l’effet de genre perdure. Ainsi, le phénomène observé chez les filles n’est pas uniquement dû à leur faible niveau d’ODS, mais s’explique également en partie par quelque chose relié à leur appartenance au genre féminin. Les filles manifestent un plus fort sentiment de compétence dans les domaines 26 où elles sont censées exceller (HA). Cet effet peut être lu à la lumière des stéréotypes. Bien qu’elles aient fait le choix d’une filière connotée masculine, ces filles peuvent rester sous l’emprise des stéréotypes. Ce qui semble le plus surprenant dans ce résultat est que ce phénomène se traduise, chez les filles, par un sentiment de compétence plus fort dans le domaine perçu comme leur domaine de prédilection et non par un sentiment de compétence plus faible dans les domaines renforçant la hiérarchie, perçus comme masculins. pourquoi leur sentiment de compétence HE n’est-il pas plus faible que celui des garçons ? Rappelons que ces participantes souhaitent s’engager dans la voie scientifique, voie accentuatrice de hiérarchie. Dès lors, nous pouvons présumer que ces lycéennes ne rejettent pas ce type de domaine. Alors pourquoi le sentiment de compétence des filles en HA est-il plus fort que celui des garçons ? Les femmes se perçoivent et sont perçues comme ayant des compétences dans ce domaine. A contrario, les hommes sont perçus comme moins adaptés. La littérature fournit des résultats similaires dans d’autres contextes. En se comparant avec un groupe dévalorisé, les individus peuvent ressentir une amélioration de leur auto-évaluation de compétence (Bandura, 1986), qui peut à son tour améliorer les performances. Walton et Cohen (2003) avancent l’idée que « lorsqu’un stéréotype négatif conteste la capacité ou les valeurs d’un exogroupe, les individus peuvent vivre un stereotype lift – une performance accrue qui apparaît quand des comparaisons descendantes sont faites avec un exogroupe » (p. 456). Les membres de groupes qui ne sont pas victimes de stéréotypes négatifs obtiennent de meilleures performances quand un stéréotype négatif touche un exogroupe . Cependant, dans le cas présent, le groupe « victime » du stéréotype (i.e. les filles) bénéficie d’un stéréotype positif. Une étude réalisée par Shih, Pittinsky, et Ambady (1999) montre que l'on peut améliorer les performances des individus en rendant saillante une identité particulière associée à un stéréotype connoté positivement. Shih et ses collaborateurs appellent cet effet « susceptibilité au stéréotype ». Ce pattern de résultats se retrouvent aussi bien chez les adultes que chez les enfants (Ambady, Shih, Kim, & Pittinsky, 2001). D’autres recherches, telles que celles de Chatard, Guimond et Selimbegovic (2007) et Guimond et Roussel (2002), montrent que, sous certaines conditions, les individus peuvent être amenés à réécrire leurs compétences en les rendant plus conformes aux stéréotypes de genre. Par exemple, Guimond et Roussel (2002) montrent que lorsque les stéréotypes de genre sont saillants, les étudiants qui supportent un stéréotype négatif sousestiment les notes qu’ils rapportent avoir obtenu dans le passé, et également, ce qui nous intéresse plus particulièrement ici, les étudiants qui bénéficient d’un stéréotype positif surestiment ces mêmes notes. 27 Nos résultats soulignent une fois de plus que les stéréotypes sont partagés autant par les filles que par les garçons, que ces stéréotypes soient en leur faveur ou non (Williams & Best, 1990). En effet, les recherches dans ce domaine montrent que malgré les évolutions de la société, le contenu des stéréotypes ne varie pas ou peu, et restent extrêmement résistants au changement (Prentice & Carranza, 2003). Ainsi, comme dans les études de Guimond et Roussel (2002), les filles et les garçons partagent dans la même mesure les stéréotypes scolaires associant un domaine à un sexe. Pourtant dans les items spécifiques aux compétences (e.g. « A ton avis, est-ce que le fait d’être doué en mathématiques caractérise ...les femmes ? ...les hommes ? »), les garçons ont tendance à partager plus que les filles le fait que les garçons sont meilleurs en mathématiques. Cet effet peut représenter une tentative de se valoriser. En effet, selon la Théorie de l’Identité Sociale (Tajfel, 1972), les individus tendent à obtenir et à maintenir une identité sociale positive. Défendre l’idée que les garçons sont plus doués en mathématiques que les filles, conformément à ce qu’affirme le stéréotype, permet aux garçons de se différencier positivement du groupe des filles qui souhaitent s’orienter en S et dès lors menacent le territoire stéréotypiquement associé aux hommes. Notons que nous n’observons pas l’effet inverse (i.e. les filles se valorisant sur l’item « français »), les filles ne pouvant se valoriser sur les items littéraires puisqu’elles sont déjà pratiquement engagées dans la filière scientifique. Le programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA, 2006) révèle que les garçons ont un sentiment de compétence dans le domaine scientifique supérieur à celui déclaré par les filles, et cet écart est un peu plus prononcé en France que l’écart moyen des pays de l’OCDE (Bourny & Brun, 2007) Notre recherche réplique ce constat, qui correspond à des résultats classiques dans la littérature. Comme le rappelle la théorie de Bandura (2002), les filles présentent un sentiment de compétence en mathématiques significativement inférieur à celui des garçons. Selon cette théorie, le sentiment de compétence se construit à partir des expériences personnelles (e.g. la réussite scolaire, la perception positive de l’activité), dans les expériences réalisées par d’autres personnes, et le soutien social. Or, il est établi que les filles bénéficient moins que les garçons de renforcements positifs, à divers niveaux, dans les domaines scientifiques (Bandura, 2002 ; Dafflon-Novelle, 2006 ; Jarlégan, 1999). Dans la majorité des études récentes, le sentiment de compétence est appréhendé en tant que variable indépendante. Par exemple, des études montrent que le sentiment de compétence dans un domaine est un déterminant du niveau de performance des individus, ou encore qu’il prédit des choix de carrière. Pourtant, notre recherche s’est attachée à étudier le 28 sentiment de compétence en tant que variable dépendante. Ainsi, nous avons pu mettre en évidence des éléments en faveur d’une implication de l’orientation de dominance sociale dans la construction du sentiment de compétence spécifiquement étudié dans ce travail, c’est-à-dire celui concernant les professions entraînant ou non une dominance entre les groupes. Toutefois, nous avons conscience des limites de cette recherche, notamment que les effets montrés sont uniquement corrélationnels. Dans une perspective plus appliquée, cette étude testait l’hypothèse selon laquelle la présentation de professionnels exerçant des métiers contre-stéréotypiques de leur genre serait bénéfique sur les perceptions de compétence, à un niveau purement scolaire mais aussi à niveau professionnel (i.e. dans le cadre d’une projection dans l’avenir) dans les matières et domaines traditionnellement perçus comme masculins ou féminins. Des travaux établissent clairement que les filles expriment un sentiment de compétence plus élevé pour les métiers connotés féminins, alors que les garçons ont un sentiment de compétence plus élevé pour les métiers traditionnellement masculins (Post-Kammer & Smith, 1985). Une explication à ce phénomène peut être apportée en termes de modèles disponibles dans la société, et particulièrement un manque de modèles exerçant des métiers contre-stéréotypiques. Cependant, la présentation de modèles contre-stéréotypiques n’a pas fourni l’effet escompté. L’adhésion aux stéréotypes de genre n’a pas non plus été influencée par cette exposition à des professionnels exerçant des rôles non conformes aux stéréotypes de genre. La non-validation de cette hypothèse peut néanmoins être attribuée à une exposition trop courte et isolée, voire à un traitement trop superficiel de l’information. Une présentation à un moment t peut sembler largement insuffisant, en particulier lorsque l’on sait que les stéréotypes sont stables et résistants au changement et que les individus ont tendance à minimiser la fréquence de violation des stéréotypes et leur impact (Prentice & Carranza, 2004). En France, depuis le milieu des années quatre-vingt, plusieurs actions, appuyées par des politiques ministérielles et des conventions, ont été organisées afin de favoriser l’accès des filles à des filières non traditionnelles. Des initiatives et des actions se sont développées dans les établissements scolaires. Les études portant sur les programmes de sensibilisations des filles aux métiers techniques et scientifiques mènent à conclure que ces programmes ont peu d’impact sur les représentations stéréotypées des filles. Les résultats de ces études ont montré que l’exposition des filles aux modèles de femmes qui exercent un métier scientifique ou technique ne change pas leur perception des métiers sur la dimension masculinité/féminité. L’étude de Brooks, Holahan et Galligan (1985) sur les effets d’un programme d’initiation aux modèles non traditionnels de carrière en vue de modifier les préférences professionnelles des 29 adolescentes, a montré que ce programme d’initiation n’a pas d’effet sur les modèles stéréotypés de préférences professionnelles ou sur le métier envisagé par les filles. Les filles continuent à préférer les métiers traditionnellement féminins. Les résultats de Guégnard et al. (2002) sur les actions menées auprès des collégiennes et lycéennes à l’aide d’une méthode de théâtre forum (la pièce met en scène une jeune fille, élève de troisième, qui souhaite devenir électrotechnicienne, face aux préjugés de différents personnages, frère, enseignante, employeur potentiel) ont également montré que ces programmes ont peu d’effets sur la dimension masculinité/féminité de la représentation stéréotypée des métiers : esthéticienne est toujours un métier de femme et mécanicien, un métier d’homme. Et les filles comme les garçons continuent à avoir des projets professionnels stéréotypés. Néanmoins, certaines croyances bougent : ces programmes ont eu quand même un impact sur quelques appréciations des lycéennes. Les filles contestent l’idée que la technologie n’intéresse pas les filles et s’opposent à l’idée que les métiers technologiques et scientifiques sont réservés aux hommes. Ce résultat semble tout de même réjouissant avec un tel changement d’opinion après seulement deux heures de théâtre. N’oublions pas que les individus sont soumis à une influence sociale multiple et omnisciente, la société leur délivrant des images normées qu’il convient de respecter sous peine de rejet social. Pour autant, connaître les expériences de femmes ayant réussi des carrières prestigieuses peut conduire les filles à penser qu’elles seront elles aussi capable de réaliser la même tâche après un entraînement approprié ou en suivant la même voie que la personne modèle. Downing, Crosby & Blake-Beard (2005) ont mené une étude sur les femmes suivant des études scientifiques. Ces auteurs ont montré que les mentors et autres modèles féminins aident les étudiantes à poursuivre leur cursus scientifique. Pour que les adolescents et les adultes arrivent à remettre en question les stéréotypes, il faudrait une longue suite d’expériences contraires aux stéréotypes. Ceci passerait par la multiplication des présentations contre-stéréotypiques, l’augmentation de la durée et de la nature et de la qualité d’exposition. CONCLUSION Reprenant un des objectifs évoqués en 2007, la circulaire de préparation de la rentrée scolaire 2008 de l’Education Nationale exprime une certaine volonté à promouvoir l’égalité des filles et des garçons dans le système éducatif, en donnant aux filles et aux garçons une 30 égale ambition scolaire. « L’école doit offrir à tous les enfants des chances égales et une intégration réussie dans la société. Sa mission est donc aussi de promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes, de permettre une prise de conscience des discriminations, de faire disparaître les préjugés, de changer les mentalités et les pratiques. » Circulaire de rentrée 2008, p. 8. L’objectif poursuivi est principalement d’encourager l’accès des filles aux filières et carrières scientifiques. Or, le sentiment de compétence est un élément incontournable dans l’explication de la formation des préférences individuelles. Plus particulièrement, le sentiment de compétence a un rôle important dans les choix d’orientation scolaire. Dans le domaine spécifique des sciences et des mathématiques, le sentiment de compétence des filles et des garçons diffère. Cette étude apporte des éléments nouveaux de compréhension et d’analyse des déterminants de ce sentiment de compétence, avec une nouvelle approche en termes de dominance sociale. Nous avons testé un moyen d’agrandir l’éventail des possibles chez les jeunes, en dépassant les stéréotypes sexués des métiers. Malgré une expérience peu concluante, nous pensons qu’il faut poursuivre en ce sens, en améliorant dans le temps et en qualité les modalités d’opérationnalisation, et plus largement les actions conduites sur le terrain. Enfin, cette recherche apporte de nouveaux aspects que le conseiller d’orientationpsychologue peut valoriser lors de ses entretiens avec les élèves. En effet, certains élèves sont plus tournés vers des domaines d’études et des professions atténuatrices ou accentuatrices de hiérarchie, et dès lors peuvent faire de l’auto-sélection en excluant systématiquement certains types de métiers. Un des prolongements que l’on peut tirer de cette recherche est d’inciter les élèves à ne pas se fermer de portes sur certaines catégories de métiers. Même si certaines filières d’études tendent à asseoir des relations inégalitaires entre les groupes, chaque métier peut être exercé selon un profil HE ou HA. La majorité des professions peuvent s’exercer sur l’un ou l’autre versant. Dans le but d’agrandir l’éventail des possibles, le rôle du COP est de faire prendre conscience aux élèves de la variété des milieux d’exercice. 31 BIBLIOGRAPHIE Ambady, N., Shih, M., Kim, A., & Pittinsky, T. L. (2001). 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Filles Garçons T-Test Souhait d’orientation en filière Littéraire 2.76 (2.24) 1.72 (1.58) t (70.9) = 2.73** Souhait d’orientation en filière Économique et Social 4.29 (2.24) 3.58 (2.04) t (119) = 1,79+ Souhait d’orientation en filière Scientifique 4.91 (2.54) 5.61 (1.98) t (75.7) = - 1.57 ODS 2.38 (1.14) 2.91 (1.22) t (122) = - 2.38* Sentiment de compétence professionnel HE 3.70 (1.01) 3.78 (0.94) t (122) = - .45 Sentiment de compétence professionnel HA 4.10 (1.04) 3.69 (1.03) t (122) = 2.18* Adhésion au stéréotype général 0.60 (0.61) 0.56 (0.97) t (122) = .28 Adhésion au stéréotype de compétence en mathématiques 0.39 (0.84) 0.77 (1.81) t (11.7) = -1.59 Adhésion au stéréotype de compétence en sciences 0.22 (0.74) 0.64 (1.74) t (113.2) = -1.86+ Adhésion au stéréotype de compétence en français 0.89 (1.19) 0.61 (2.10) t (119,9) = .93 Adhésion au stéréotype de compétence en langues vivantes 0.52 (0.87) 0.19 (1.71) t (96) = .98 ** p < .01 ; * p < .05 ; + p <.10 Les degrés de liberté sont corrigés pour certains T-Tests, le test de Levene rejetant l’homogénéité des variances. 36 ANNEXE II Questionnaires Condition 1 : contre-stéréotypique 38 Condition 2 : stéréotypique 44 Condition 3 : contrôle 50 37 Condition contre-stéréotypique ORIENTATION SCOLAIRE ET PROFESSIONNELLE & PERCEPTIONS SOCIALES Nous souhaitons recueillir ton avis personnel, ainsi nous te demandons de répondre le plus sincèrement possible. Il n’y a pas de bonnes ou mauvaises réponses. La meilleure réponse est ce que tu penses vraiment. Nous t’assurons que tes réponses seront anonymes. Attention, le questionnaire est recto verso ! 38 PROFESSIONS : des témoignages Marie G. est ingénieure aéronautique à Airbus. Marie G. travaille pour le service de recherche d'Airbus France: « Je travaille en collaboration avec des concepteurs d’avions. J’effectue les calculs pour vérifier la résistance des matériaux de construction des avions. Ce métier demande une grande maîtrise des logiciels informatiques, mais plus encore, le goût des sciences physiques ! » La meilleure formation pour faire ce métier selon elle, c'est celle qui donne de bonnes connaissances scientifiques de base. C’est sur le terrain que ces connaissances de base se spécialisent au domaine aéronautique. Après le bac › Ecole d’ingénieur ou master professionnel à l’université Benoît R. est éducateur de jeunes enfants dans une crèche familiale. « Bien sûr, aimer les enfants est indispensable pour exercer cette profession. Mais cela ne suffit pas : le métier est difficile nerveusement et éprouvant physiquement ». Benoît R. ajoute que travailler en crèche demande un bon équilibre psychologique et une grande résistance à la fatigue. En effet, la crèche accueille des enfants parfois turbulents. L’éducateur doit se montrer patient et disponible. Il doit également faire preuve d'un bon sens de l'observation afin de mesurer les progrès des enfants et de détecter d'éventuels problèmes. Après le bac › formation de deux ans en école spécialisée. Selon toi, qui a donné le témoignage le plus clair sur son métier ? _____________________ Y a t’il des éléments importants qui semblent manquer ? 39 PROFESSIONS ET REUSSITE Nous te proposons ici une série de professions. Imagine que tu as les diplômes nécessaires pour exercer toutes ces professions, et que chacune offre un salaire identique. Pour chaque profession, deux profils de postes sont proposés. Tu dois dire à chaque fois à quel point tu penses réussir dans ce métier. Pour cela, entoure le chiffre correspondant à ta réponse comme dans l’exemple suivant : Enseignant(e) Je ne me sens pas du tout capable de réussir dans ce métier • • • • 1 2 3 4 5 6 7 Je me sens tout à fait capable de réussir dans ce métier Par exemple, entoure le chiffre 1 si tu penses que tu n’es pas du tout capable de réussir dans le métier d’enseignant. Au contraire, entoure le chiffre 7 si tu penses que tu es tout à fait capable de réussir dans ce métier. Si tu penses que tu n’es ni capable, ni incapable de réussi dans ce métier, entoure le chiffre 4. Utilise les autres chiffres pour nuancer ta réponse. 1) Publicitaire dans une entreprise qui cherche à se faire dans une association caritative qui fait des connaître pour développer ses exportations à clips de soutien aux plus démunis l’étranger pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 2) Investisseur financier dans une maison de courtage boursier pour dans une société qui aide les minorités grâce gérer le patrimoine des particuliers à des fonds publics pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 3) Conseiller (ère) juridique dans un cabinet destiné à aider les personnes dans un cabinet destiné à aider les entreprises défavorisées à rembourser leurs dettes à poursuivre en justice des employés trop souvent absents pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 4) Policier (ère) engagé(e) dans un programme exploratoire engagé(e) dans un programme anti-drogue de chargé de réduire les discriminations répression envers ces minorités policières envers les minorités raciales pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 40 5) Agent immobilier dans le développement des logements et qui vend des logements réhabilités pour les constructions pour créer des emplois dans les classes moyennes dans des banlieues banlieues défavorisées défavorisées pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 6) Libraire d’un grand magasin de vente libre ou par dans un bibliobus avec des chômeurs ou des correspondance personnes illettrées pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 7) Avocat(e) qui défend les causes d’une entreprise qui qui défend les causes de consommateurs qui veut réduire ses taxes en délocalisant sa se plaignent de discriminations sexuelles et production à l’étranger raciales subies dans leur emploi pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 1 2 3 4 5 6 7 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 8) Médecin d’une organisation chargée d’acheminer des vaccins vers les pays pauvres d’un laboratoire pour l’élaboration de nouveaux brevets pharmaceutiques pas du tout capable pas du tout capable tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 9) Concepteur(trice) internet élaborant des sites de vente en ligne de élaborant des sites permettant d’échanger des produits informatiques services entre particuliers pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 10) Ingénieur(e) agronome dans une ferme pour évaluer la qualité de dans une grande exploitation pour contrôler l’environnement dans un élevage de poulet la quantité de nourriture fournie aux poulets pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable Maintenant, quelques questions sur toi… A – Je me sens capable de réussir dans le domaine des mathématiques … pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait B – Je me sens capable de réussir dans le domaine des sciences … pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait C – Je me sens capable de réussir dans le domaine du français… pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait D – Je me sens capable de réussir dans le domaine des langues vivantes… pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait 41 QUESTIONS DE SOCIETE Voici une série d’affirmations. Pour chacune d’entre elles, indique à quel point tu es d’accord ou non. Réponds le plus sincèrement possible, en cochant le chiffre correspondant à ta réponse. Nous te rappelons qu’il n’y a pas de bonnes ou mauvaises réponses. 1- Certains groupes de personnes sont tout simplement inférieurs aux autres groupes pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait d’accord 5 6 7 tout à fait d’accord 2- L’égalité des groupes devrait être notre idéal. pas du tout d’accord 1 2 3 4 3- Il est normal que certains groupes de personnes aient plus de chances dans la vie que d’autres. pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait d’accord 4- Dans la mesure du possible, nous devons agir pour que les conditions des différents groupes soient égales. pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait d’accord 5- Pour aller de l’avant dans la vie, il est parfois nécessaire d’écraser d’autres groupes pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait d’accord 2 3 4 5 6 7 tout à fait d’accord 6- Améliorons l’égalité sociale. pas du tout d’accord 1 7- C’est probablement une bonne chose qu’il y ait certains groupes au sommet et d’autres groupes au plus bas niveau. pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait d’accord 8- Il y aurait moins de problème si on traitait les gens de façon plus égalitaire. pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait d’accord 6 7 tout à fait d’accord 6 7 tout à fait d’accord 9- Les groupes inférieurs devraient rester à leur place. pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 10- Aucun groupe ne devrait dominer dans la société. pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 ------------------------------- Maintenant, indique dans quelle mesure tu penses que les domaines suivants conviennent aux hommes et aux femmes. 1 – Le domaine de l’informatique convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 2 – Le domaine des lettres convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 3 – Le domaine des sciences physiques convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 42 4 - Le domaine du latin convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 5 - Le domaine de la biologie convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 6 - Le domaine des mathématiques convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 7 - Le domaine de la philosophie convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 8 - Le domaine des arts convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 9 - Le domaine des langues convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 10 - Le domaine de la chimie convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 11 – A ton avis, est-ce que le fait d’être doué en mathématiques caractérise… Les femmes ? Les hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 12 - A ton avis, est-ce que le fait d’être doué en sciences caractérise… Les femmes ? Les hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 13 - A ton avis, est-ce que le fait d’être doué en français caractérise… Les femmes ? Les hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 14 - A ton avis, est-ce que le fait d’être doué en langues vivantes caractérise… Les femmes ? Les hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pour finir, quelques renseignements… Dans quelle mesure souhaites-tu t’orienter dans les filières suivantes en 1ère ? En L : Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait En ES : Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait En S : Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Autre (précise ____________________) Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait - ton âge : ____________ - ton sexe : Féminin ٱ Masculin ٱ Merci de ta participation ! 43 Condition stéréotypique ORIENTATION SCOLAIRE ET PROFESSIONNELLE & PERCEPTIONS SOCIALES Nous souhaitons recueillir ton avis personnel, ainsi nous te demandons de répondre le plus sincèrement possible. Il n’y a pas de bonnes ou mauvaises réponses. La meilleure réponse est ce que tu penses vraiment. Nous t’assurons que tes réponses seront anonymes. Attention, le questionnaire est recto verso ! 44 PROFESSIONS : des témoignages Benoît R. est ingénieur aéronautique à Airbus. Benoît R. travaille pour le service de recherche d'Airbus France: « Je travaille en collaboration avec des concepteurs d’avions. J’effectue les calculs pour vérifier la résistance des matériaux de construction des avions. Ce métier demande une grande maîtrise des logiciels informatiques, mais plus encore, le goût des sciences physiques ! » La meilleure formation pour faire ce métier selon lui, c'est celle qui donne de bonnes connaissances scientifiques de base. C’est sur le terrain que ces connaissances de base se spécialisent au domaine aéronautique. Après le bac › Ecole d’ingénieur ou master professionnel à l’université Marie G. est éducatrice de jeunes enfants dans une crèche familiale. « Bien sûr, aimer les enfants est indispensable pour exercer cette profession. Mais cela ne suffit pas : le métier est difficile nerveusement et éprouvant physiquement ». Marie G. ajoute que travailler en crèche demande un bon équilibre psychologique et une grande résistance à la fatigue. En effet, la crèche accueille des enfants parfois turbulents. L’éducatrice doit se montrer patiente et disponible. Elle doit également faire preuve d'un bon sens de l'observation afin de mesurer les progrès des enfants et de détecter d'éventuels problèmes. Après le bac › formation de deux ans en école spécialisée. Selon toi, qui a donné le témoignage le plus clair sur son métier ? _____________________ Y a t’il des éléments importants qui semblent manquer ? 45 PROFESSIONS ET REUSSITE Nous te proposons ici une série de professions. Imagine que tu as les diplômes nécessaires pour exercer toutes ces professions, et que chacune offre un salaire identique. Pour chaque profession, deux profils de postes sont proposés. Tu dois dire à chaque fois à quel point tu penses réussir dans ce métier. Pour cela, entoure le chiffre correspondant à ta réponse comme dans l’exemple suivant : Enseignant(e) Je ne me sens pas du tout capable de réussir dans ce métier • • • • 1 2 3 4 5 6 7 Je me sens tout à fait capable de réussir dans ce métier Par exemple, entoure le chiffre 1 si tu penses que tu n’es pas du tout capable de réussir dans le métier d’enseignant. Au contraire, entoure le chiffre 7 si tu penses que tu es tout à fait capable de réussir dans ce métier. Si tu penses que tu n’es ni capable, ni incapable de réussi dans ce métier, entoure le chiffre 4. Utilise les autres chiffres pour nuancer ta réponse. 1) Publicitaire dans une entreprise qui cherche à se faire dans une association caritative qui fait des connaître pour développer ses exportations à clips de soutien aux plus démunis l’étranger pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 2) Investisseur financier dans une maison de courtage boursier pour dans une société qui aide les minorités grâce gérer le patrimoine des particuliers à des fonds publics pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 3) Conseiller (ère) juridique dans un cabinet destiné à aider les personnes dans un cabinet destiné à aider les entreprises défavorisées à rembourser leurs dettes à poursuivre en justice des employés trop souvent absents pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 4) Policier (ère) engagé(e) dans un programme exploratoire engagé(e) dans un programme anti-drogue de chargé de réduire les discriminations répression envers ces minorités policières envers les minorités raciales pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 46 5) Agent immobilier dans le développement des logements et qui vend des logements réhabilités pour les constructions pour créer des emplois dans les classes moyennes dans des banlieues banlieues défavorisées défavorisées pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 6) Libraire d’un grand magasin de vente libre ou par dans un bibliobus avec des chômeurs ou des correspondance personnes illettrées pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 7) Avocat(e) qui défend les causes d’une entreprise qui qui défend les causes de consommateurs qui veut réduire ses taxes en délocalisant sa se plaignent de discriminations sexuelles et production à l’étranger raciales subies dans leur emploi pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 1 2 3 4 5 6 7 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 8) Médecin d’une organisation chargée d’acheminer des vaccins vers les pays pauvres d’un laboratoire pour l’élaboration de nouveaux brevets pharmaceutiques pas du tout capable pas du tout capable tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 9) Concepteur(trice) internet élaborant des sites de vente en ligne de élaborant des sites permettant d’échanger des produits informatiques services entre particuliers pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 10) Ingénieur(e) agronome dans une ferme pour évaluer la qualité de dans une grande exploitation pour contrôler l’environnement dans un élevage de poulet la quantité de nourriture fournie aux poulets pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable Maintenant, quelques questions sur toi… A – Je me sens capable de réussir dans le domaine des mathématiques … pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait B – Je me sens capable de réussir dans le domaine des sciences … pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait C – Je me sens capable de réussir dans le domaine du français… pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait D – Je me sens capable de réussir dans le domaine des langues vivantes… pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait 47 QUESTIONS DE SOCIETE Voici une série d’affirmations. Pour chacune d’entre elles, indique à quel point tu es d’accord ou non. Réponds le plus sincèrement possible, en cochant le chiffre correspondant à ta réponse. Nous te rappelons qu’il n’y a pas de bonnes ou mauvaises réponses. 11- Certains groupes de personnes sont tout simplement inférieurs aux autres groupes pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait d’accord 5 6 7 tout à fait d’accord 12- L’égalité des groupes devrait être notre idéal. pas du tout d’accord 1 2 3 4 13- Il est normal que certains groupes de personnes aient plus de chances dans la vie que d’autres. pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait d’accord 14- Dans la mesure du possible, nous devons agir pour que les conditions des différents groupes soient égales. pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait d’accord 15- Pour aller de l’avant dans la vie, il est parfois nécessaire d’écraser d’autres groupes pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait d’accord 2 3 4 5 6 7 tout à fait d’accord 16- Améliorons l’égalité sociale. pas du tout d’accord 1 17- C’est probablement une bonne chose qu’il y ait certains groupes au sommet et d’autres groupes au plus bas niveau. pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait d’accord 18- Il y aurait moins de problème si on traitait les gens de façon plus égalitaire. pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait d’accord 6 7 tout à fait d’accord 6 7 tout à fait d’accord 19- Les groupes inférieurs devraient rester à leur place. pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 20- Aucun groupe ne devrait dominer dans la société. pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 ------------------------------- Maintenant, indique dans quelle mesure tu penses que les domaines suivants conviennent aux hommes et aux femmes. 1 – Le domaine de l’informatique convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 2 – Le domaine des lettres convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 3 – Le domaine des sciences physiques convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 48 4 - Le domaine du latin convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 5 - Le domaine de la biologie convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 6 - Le domaine des mathématiques convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 7 - Le domaine de la philosophie convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 8 - Le domaine des arts convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 9 - Le domaine des langues convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 10 - Le domaine de la chimie convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 11 – A ton avis, est-ce que le fait d’être doué en mathématiques caractérise… Les femmes ? Les hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 12 - A ton avis, est-ce que le fait d’être doué en sciences caractérise… Les femmes ? Les hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 13 - A ton avis, est-ce que le fait d’être doué en français caractérise… Les femmes ? Les hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 14 - A ton avis, est-ce que le fait d’être doué en langues vivantes caractérise… Les femmes ? Les hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pour finir, quelques renseignements… Dans quelle mesure souhaites-tu t’orienter dans les filières suivantes en 1ère ? En L : Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait En ES : Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait En S : Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Autre (précise ____________________) Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait - ton âge : ____________ - ton sexe : Féminin ٱ Masculin ٱ Merci de ta participation ! 49 Condition contrôle ORIENTATION SCOLAIRE ET PROFESSIONNELLE & PERCEPTIONS SOCIALES Nous souhaitons recueillir ton avis personnel, ainsi nous te demandons de répondre le plus sincèrement possible. Il n’y a pas de bonnes ou mauvaises réponses. La meilleure réponse est ce que tu penses vraiment. Nous t’assurons que tes réponses seront anonymes. Attention, le questionnaire est recto verso ! 50 PROFESSIONS ET REUSSITE Nous te proposons ici une série de professions. Imagine que tu as les diplômes nécessaires pour exercer toutes ces professions, et que chacune offre un salaire identique. Pour chaque profession, deux profils de postes sont proposés. Tu dois dire à chaque fois à quel point tu penses réussir dans ce métier. Pour cela, entoure le chiffre correspondant à ta réponse comme dans l’exemple suivant : Enseignant(e) Je ne me sens pas du tout capable de réussir dans ce métier • • • • 1 2 3 4 5 6 7 Je me sens tout à fait capable de réussir dans ce métier Par exemple, entoure le chiffre 1 si tu penses que tu n’es pas du tout capable de réussir dans le métier d’enseignant. Au contraire, entoure le chiffre 7 si tu penses que tu es tout à fait capable de réussir dans ce métier. Si tu penses que tu n’es ni capable, ni incapable de réussi dans ce métier, entoure le chiffre 4. Utilise les autres chiffres pour nuancer ta réponse. 1) Publicitaire dans une entreprise qui cherche à se faire dans une association caritative qui fait des connaître pour développer ses exportations à clips de soutien aux plus démunis l’étranger pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 2) Investisseur financier dans une maison de courtage boursier pour dans une société qui aide les minorités grâce gérer le patrimoine des particuliers à des fonds publics pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 3) Conseiller (ère) juridique dans un cabinet destiné à aider les personnes dans un cabinet destiné à aider les entreprises défavorisées à rembourser leurs dettes à poursuivre en justice des employés trop souvent absents pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 4) Policier (ère) engagé(e) dans un programme exploratoire engagé(e) dans un programme anti-drogue de chargé de réduire les discriminations répression envers ces minorités policières envers les minorités raciales pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 51 5) Agent immobilier dans le développement des logements et qui vend des logements réhabilités pour les constructions pour créer des emplois dans les classes moyennes dans des banlieues banlieues défavorisées défavorisées pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 6) Libraire d’un grand magasin de vente libre ou par dans un bibliobus avec des chômeurs ou des correspondance personnes illettrées pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 7) Avocat(e) qui défend les causes d’une entreprise qui qui défend les causes de consommateurs qui veut réduire ses taxes en délocalisant sa se plaignent de discriminations sexuelles et production à l’étranger raciales subies dans leur emploi pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 1 2 3 4 5 6 7 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 8) Médecin d’une organisation chargée d’acheminer des vaccins vers les pays pauvres d’un laboratoire pour l’élaboration de nouveaux brevets pharmaceutiques pas du tout capable pas du tout capable tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 9) Concepteur(trice) internet élaborant des sites de vente en ligne de élaborant des sites permettant d’échanger des produits informatiques services entre particuliers pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable 10) Ingénieur(e) agronome dans une ferme pour évaluer la qualité de dans une grande exploitation pour contrôler l’environnement dans un élevage de poulet la quantité de nourriture fournie aux poulets pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable pas du tout capable 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait capable Maintenant, quelques questions sur toi… A – Je me sens capable de réussir dans le domaine des mathématiques … pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait B – Je me sens capable de réussir dans le domaine des sciences … pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait C – Je me sens capable de réussir dans le domaine du français… pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait D – Je me sens capable de réussir dans le domaine des langues vivantes… pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait 52 QUESTIONS DE SOCIETE Voici une série d’affirmations. Pour chacune d’entre elles, indique à quel point tu es d’accord ou non. Réponds le plus sincèrement possible, en cochant le chiffre correspondant à ta réponse. Nous te rappelons qu’il n’y a pas de bonnes ou mauvaises réponses. 21- Certains groupes de personnes sont tout simplement inférieurs aux autres groupes pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait d’accord 5 6 7 tout à fait d’accord 22- L’égalité des groupes devrait être notre idéal. pas du tout d’accord 1 2 3 4 23- Il est normal que certains groupes de personnes aient plus de chances dans la vie que d’autres. pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait d’accord 24- Dans la mesure du possible, nous devons agir pour que les conditions des différents groupes soient égales. pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait d’accord 25- Pour aller de l’avant dans la vie, il est parfois nécessaire d’écraser d’autres groupes pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait d’accord 2 3 4 5 6 7 tout à fait d’accord 26- Améliorons l’égalité sociale. pas du tout d’accord 1 27- C’est probablement une bonne chose qu’il y ait certains groupes au sommet et d’autres groupes au plus bas niveau. pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait d’accord 28- Il y aurait moins de problème si on traitait les gens de façon plus égalitaire. pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 6 7 tout à fait d’accord 6 7 tout à fait d’accord 6 7 tout à fait d’accord 29- Les groupes inférieurs devraient rester à leur place. pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 30- Aucun groupe ne devrait dominer dans la société. pas du tout d’accord 1 2 3 4 5 ------------------------------- Maintenant, indique dans quelle mesure tu penses que les domaines suivants conviennent aux hommes et aux femmes. 1 – Le domaine de l’informatique convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 2 – Le domaine des lettres convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 3 – Le domaine des sciences physiques convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 53 4 - Le domaine du latin convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 5 - Le domaine de la biologie convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 6 - Le domaine des mathématiques convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 7 - Le domaine de la philosophie convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 8 - Le domaine des arts convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 9 - Le domaine des langues convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 10 - Le domaine de la chimie convient… Aux femmes ? Aux hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 11 – A ton avis, est-ce que le fait d’être doué en mathématiques caractérise… Les femmes ? Les hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 12 - A ton avis, est-ce que le fait d’être doué en sciences caractérise… Les femmes ? Les hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 13 - A ton avis, est-ce que le fait d’être doué en français caractérise… Les femmes ? Les hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait 14 - A ton avis, est-ce que le fait d’être doué en langues vivantes caractérise… Les femmes ? Les hommes ? Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Pour finir, quelques renseignements… Dans quelle mesure souhaites-tu t’orienter dans les filières suivantes en 1ère ? En L : Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait En ES : Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait En S : Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait Autre (précise ____________________) Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait - ton âge : ____________ - ton sexe : Féminin ٱ Masculin ٱ Merci de ta participation ! 54 RESUME Les garçons adoptent des choix d’orientation scolaires, et par la suite professionnels, plus scientifiques que les filles, alors que celles-ci réussissent au moins aussi bien que les garçons dans ce domaine. Parmi les filières d’études et les professions, la théorie de la dominance sociale distingue celles qui atténuent de celles qui accentuent la hiérarchie sociale. Cette recherche poursuit un double objectif : d’abord, examiner le lien entre les idéologies légitimantes de la hiérarchie sociale d’élèves de seconde, opérationnalisées par l’Orientation de Dominance Sociale (ODS), et leurs souhaits d’orientation d’élèves de seconde, ainsi que leur sentiment de compétence scolaire et professionnel. Ensuite cette recherche vise à tester l’impact de l’exposition à des modèles professionnels contre-stéréotypiques sur le sentiment de compétence et l’adhésion aux stéréotypes de genre scolaires. Nos résultats révèlent que l’ODS est reliée au sentiment de compétence professionnel, mais pas aux choix d’orientation scolaires. Les individus soutenant des rapports intergroupes inégalitaires sont plus attirés par des profils professionnels accentuateurs de hiérarchie plutôt qu’atténuateurs, alors que l’on observe l’effet inverse chez les individus soutenant des rapports égalitaires entre les groupes. D’autre part, les filles se sentent plus capables de réussir dans des environnements professionnels tendant à atténuer la hiérarchie plutôt que dans des environnements l’accentuant, alors que cette différence est nulle chez les garçons. Contrairement à nos hypothèses, la présentation de modèles professionnels contre-stéréotypiques n’influence pas le sentiment de compétence des élèves ni leur adhésion aux stéréotypes. Les résultats sont discutés. Mots-clé : orientation de dominance sociale, sentiment de compétence, stéréotypes de genre, modèles professionnels.