UNIVERSITE DE PROVENCE
UFR PSYCHOLOGIE, SCIENCES DE LEDUCATION
29 avenue Robert Schuman
13621 Aix-en-Provence
CENTRE DE FORMATION DES CONSEILLERS DORIENTATION-PSYCHOLOGUES
Dominance sociale, modèles professionnels
et sentiment de compétence
Travail d’Etude et de Recherche
Sous la direction de Corinne MANGARD, Maître de Conférence
MARIANNE REBUFFAT
&
MAGALI VILLATE
Juin 2008
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TABLES DES MATIERES
Introduction ………………………………………………………………....…...……
3
Les stéréotypes de genre
3
La théorie de la dominance sociale
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Le sentiment de compétence
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L’influence des modèles
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Problématique et hypothèses
13
Méthode ………………………………………………………………………………...
14
Participants
14
Matériel et procédure
14
Résultats ………………………………………………………………………………...
17
Description des données
17
Modèles professionnels
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Sentiments de compétences scolaires et stéréotypes de genre
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Orientation de dominance sociale
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Sexe des participants, environnements professionnels et sentiment de
compétence
22
Discussion ………..……………………………………………………………………...
23
Conclusion ………..………………………………………………………………….......
30
Bibliographie ………..…………………………………………………………………..
32
Annexes ………..…………………………………………………………………...........
36
Annexe I : moyennes et comparaisons des souhaits d’orientation, d’ODS, des
sentiments de compétence et de l’adhésion aux stéréotypes selon le sexe des
participants
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Annexe II : Questionnaires
Condition 1 – Contre-stéréotypique
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Condition 2 – Stéréotypique
44
Condition 3 – Contrôle
50
3
INTRODUCTION
Malgré une égalisation formelle des chances scolaires, les filles et les garçons ne sont
pas égaux dans leurs trajectoires scolaires, et par la suite professionnelles. L’éducation et
l’ouverture au monde professionnel ont été les grandes conquêtes féminines du XXème siècle.
Néanmoins, les parcours restent encore fortement différenciés. Pour l’année 2006-07, les
filières universitaires de langues étaient constituées pour 75 % de filles, alors que les sciences
fondamentales et appliquées étaient composées pour 73 % de garçons (DEPP, 2007). À
quinze ans, 17 % des garçons souhaitent devenir ingénieur ou informaticien, contre seulement
4 % des filles (source OCDE-DDP, enquête PISA, 2001, cité par Djider, Murat, & Robin,
2003). Parmi les bacheliers généraux, 17,6 % des garçons s’inscrivent en classes préparatoires
contre seulement 9,9 % des filles (INSEE, 2001-02). Qu’est-ce qui détermine les choix
d’orientation des élèves ?
Définir un choix d’orientation scolaire est une décision fondamentale susceptible
d’influencer, voire de conditionner l’avenir de l’élève. S’il existe peu de décisions aussi
importantes que les choix d’orientation pour les élèves, on sait pour autant que ces choix ne
reflètent pas des cisions raisonnées qui suivraient la logique implacable de la réussite
scolaire (Chatard, 2004). Au brevet des collèges et au baccalauréat, les filles sont
meilleures que les garçons. Leurs performances devancent désormais celles des garçons dans
toutes les disciplines et notamment en sciences et en mathématiques. A la session 2006,
90,6% des filles inscrites au baccalauréat scientifique l’ont eu contre 88 % des garçons
inscrits (source INSEE, 2007 ; cet écart va jusqu’à 6 points selon spécialité suivie). Pourtant
les filles sont toujours infiniment moins nombreuses à s’orienter vers les prestigieuses écoles
d’ingénieurs (elles représentaient seulement 25,6% des effectifs à la rentrée 2006-07, source
DEPP, 2007). Comment expliquer ce paradoxe ? Comment expliquer que les choix
d’orientation ne soient pas motivés et déterminés par la seule logique de la réussite scolaire ?
LES STEREOTYPES DE GENRE
Une tentative d’explication est l’existence de stéréotypes de genre. De nombreuses
recherches montrent qu’il existe dans diverses cultures des différences significatives dans la
façon dont sont perçus les hommes et les femmes sur un certain nombre de caractéristiques
(Best & Williams, 1990), reliées à la personnalité mais également aux capacités dans les
matières scolaires (Guimond & Roussel, 2002). Dès le collège, les filles et les garçons
associent plus fortement certains traits de personnalité et certaines matières scolaires à un
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genre en particulier (Baudelot & Establet, 2007 ; Dafflon-Novelle, 2006). Ces résultats sont
tout à fait récurrents dans les recherches sur les stéréotypes. En fait, la catégorisation en genre
masculin et féminin affecte chaque aspect de notre vie quotidienne. Les choix d’orientation
notamment reflètent très largement cette catégorisation. Certains sont empreints de
masculinité (e.g. les sciences, les technologies, l’informatique), d’autres d’une connotation
plus féminine (e.g. les lettres, les langues, les sciences médico-sociales). Des modèles ont été
proposés pour justifier des différences d’orientation entre les garçons et les filles en termes de
congruence (Gottfredson, 1981, citée par Guichard & Huteau, 2006). A l’appui de ces
modèles, les recherches ont montré que la congruence entre l’image de soi et la représentation
du domaine d’étude et/ou de la profession (plutôt masculine ou féminine) était déterminante
non seulement des choix d’orientation, mais aussi des choix professionnels (Guichard &
Huteau, 2006 ; Matlin, 2007).
Les stéréotypes, ensemble de croyances socialement partagées relatives aux
caractéristiques personnelles propres à un groupe de personnes (Leyens, Yzerbyt, &
Schadron, 1996), constituent un principe organisateur des différences de sexe. Ils ont pour
fonction de décrire et simplifier l’environnement. L’essentiel des stéréotypes de genre repose
sur l’idée que toutes les inégalités qu’on observe entre filles et garçons, femmes et hommes,
s’expliquent et se justifient par des différences de nature, d’origine biologique (Baudelot &
Establet, 2007). Ainsi, les stéréotypes ne sont pas seulement des croyances concernant des
groupes, mais des théories permettant d’expliquer comment et pourquoi certaines
caractéristiques vont ensemble (Hilton & von Hippel, 1996). Pourtant, les chercheurs en
sciences sociales ont mis en évidence le caractère socialement construit des différences entre
le masculin et le féminin. Même au niveau cérébral, la neurobiologiste Catherine Vidal
affirme que « le cerveau n’a pas de sexe » (Vidal & Benoit-Browaeys, 2005). Ainsi, d’une
manière générale, les thèses qui se basent sur des explications biologiques pour rendre compte
des différences biologiques ignorent les travaux qui montrent l’extraordinaire variabilité des
comportements selon les contextes (Bonnot, 2006). Malgré cette remise en question, les
stéréotypes résistent à l’épreuve des faits (Prentice & Carranza, 2004). Au-delà de leur aspect
cognitif, simplificateur de l’environnement, les stéréotypes ont une fonction de justification et
de légitimation des inégalités (Jost & Banaji, 1994). La justification du système est ainsi
définie comme « un processus psychologique par lequel un individu perçoit, comprend et
explique une situation ou un arrangement existant et dont le résultat est le maintien de la
situation ou de l’arrangement » (Jost & Banaji, 1994, p. 10, notre traduction).
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