Intitulé de la thèse - Université de Rennes 1

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N° d’ordre :
ANNÉE 2016
THÈSE D'EXERCICE / UNIVERSITÉ DE RENNES 1
FACULTÉ DE PHARMACIE
sous le sceau de l’Université Européenne de Bretagne
THÈSE EN VUE DU
DIPLÔME D'ÉTAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE
présentée par
Claire Arnoult
né(e) le 13 novembre 1991 à Saint-Malo
________
Intitulé de la thèse :
Thèse soutenue à Rennes
le 27 janvier 2016
devant le jury composé de :
Suivi thérapeutique pharmacologique Anne GOUGEON
Professeur des Universités à l'UFR de pharmacie
du ganciclovir dans la prise en charge Rennes 1 et Praticien Hospitalier au CHU de Rennes /
Président
du cytomegalovirus : faut-il réévaluer Charlotte PRONIER
Docteur en pharmacie, assistante Hospitalola zone thérapeutique ?
universitaire au CHU de Rennes et à l'Université de
Résultats d'une étude préliminaire
Rennes 1/ Juge
Pierre FILLATRE
menée au CHU de Rennes.
Docteur en médecine, chef de clinique et assistant des
hôpitaux au CHU de Rennes / Juge
Florian LEMAITRE
Docteur en pharmacie, assistant Hospitalo-universitaire
au CHU de Rennes et à l'Université de Rennes 1 /
Directeur de thèse
2
UNIVERSITE DE RENNES 1
FACULTE DES SCIENCES PHARMACEUTIQUES ET BIOLOGIQUES
LISTES DES ENSEIGNANTS-CHERCHEURS ANNEE 2015-2016
PROFESSEURS
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
BOUSTIE
BURGOT
DONNIO
FAILI
FARDEL
FELDEN
GAMBAROTA
GOUGEON
LAGENTE
LE CORRE
LORANT (BOICHOT)
MOREL
SERGENT
SPARFEL-BERLIVET
TOMASI
URIAC
VAN DE WEGHE
VERNHET
Joël
Gwenola
Pierre Yves
Ahmad
Olivier
Brice
Giulio
Anne
Vincent
Pascal
Elisabeth
Isabelle
Odile
Lydie
Sophie
Philippe
Pierre
Laurent
PROFESSEURS ASSOCIES
1 BUREAU
2 DAVOUST
Loïc
Noëlle
PROFESSEURS EMERITES
1 CILLARD
Josiane
3
MAITRES DE CONFERENCE
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
ABASQ-PAOFAI
ANINAT
AUGAGNEUR
BEGRICHE
BOUSARGHIN
BRANDHONNEUR
BRUYERE
BUNETEL
CHOLLET-KRUGLER
COLLIN
CORBEL
DAVID
DELALANDE
DELMAIL
DION
DOLLO
GILOT
GOUAULT
HITTI
JEAN
LECUREUR
LE FERREC
LE PABIC
Marie-Laurence
Caroline
Yoann
Karima
Latifa
Nolwenn
Arnaud
Laurence
Marylène
Xavier
Jean-Charles
Michèle
Olivier
David
Sarah
Gilles
David
Nicolas
Eric
Mickaël
Valérie
Eric
Hélène
24 LEGOUIN-GARGADENNEC
Béatrice
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
Françoise
Corinne
Jacques
Liza
Fanny
Marie-Laure
Normand
Sophie
Jacques
Astrid
LOHEZIC-LE DEVEHAT
MARTIN-CHOULY
MINET
MOURET-PLEIBER
NOURY
PINEL-MARIE
PODECHARD
POTIN
RENAULT
ROUILLON
ASSISTANT HOSPITALO-UNIVERSITAIRE (AHU)
1 GICQUEL
Thomas
ATER
1 SMIDA
2 PASCREAU
3 SAVARY
Imen
Gaëtan
Camille
4
Remerciements
J'adresse mes remerciements les plus sincères,
A Madame le Professeur Anne Gougeon, pour avoir accepté de présider mon
jury et pour votre enseignement reçu à la faculté.
A Monsieur le Docteur Florian Lemaitre, Directeur de thèse, pour m'avoir
accueilli en stage hospitalo-universitaire au laboratoire de pharmacologie du
CHU de Rennes et pour m'avoir guidé dans la réalisation de ce travail. Votre
sympathie, vos conseils et votre soutien m'ont été précieux. Je vous suis
également reconnaissante pour le temps que vous m'avez accordé et pour votre
relecture méticuleuse.
A Madame le Docteur Charlotte Pronier, pour avoir accepté de participer à
mon jury de thèse, pour l'intérêt que vous avez porté à mon travail et pour votre
grande disponibilité.
A Monsieur le Docteur Pierre Fillatre, pour avoir accepté de participer à mon
jury de thèse et pour l'intérêt que vous avez porté à mon travail.
A Monsieur Cyril Leven, pour sa disponibilité, ses connaissances et son aide
précieuse dans la réalisation des parties statistiques de ce projet.
A l'ensemble de l'équipe du laboratoire de pharmacologie, pour m'avoir
accueilli dans leur service lors de mon stage hospitalo-universitaire de 5 ème
année de pharmacie et pour leur gentillesse.
5
Cette thèse représente l’aboutissement de mes études de pharmacie, c’est pourquoi
je tiens à adresser mes remerciements à toutes les personnes qui m’ont
accompagné tout au long de mon parcours.
A Madame le Docteur Anne GOUBIN et à l'ensemble de l'équipe officinale de
Saint Méloir des Ondes, Emmanuelle, Florence, Patricia, Lucille et
Yvonnick, pour m'avoir fait partager leurs connaissances et pour la confiance
qu'ils m'ont accordée. J'ai beaucoup appris à leurs côtés et ils m'ont donné le
goût de travailler dans le milieu officinal. Leur gentillesse, leur sympathie et leur
soutien pendant la réalisation de cette thèse et lors du stage de 6 ème année m'ont
été très précieux.
A mes parents, pour m'avoir permis de faire des études et pour m'avoir toujours
soutenu lors de ces six années.
A mon frère, pour sa participation à mes révisions, pour m'avoir soutenu et
changé les idées quand c'était nécessaire.
A Tatiana, pour son investissement, sa relecture méticuleuse et ses conseils très
précieux.
A l'ensemble de ma famille, grands-parents, oncles, tantes, cousins et
cousines, pour leur soutien, leurs encouragements et leur présence. J'ai
beaucoup de chance d'avoir une famille si unie autour de moi et je vous remercie
d'être là dans tous les moments importants.
Enfin, à mes amies Eloïse, Anne et Sarah pour tous les souvenirs partagés lors
de ces années d'études.
6
Table des matières
Remerciements ..................................................................................... 4
Liste des abréviations........................................................................... 9
Liste des figures et tableaux .............................................................. 13
Introduction ......................................................................................... 16
PARTIE 1: Généralités ........................................................................ 19
1.
Histoire naturelle du Cytomegalovirus ........................................................... 20
1.1.
Classification ......................................................................................... 20
1.2.
Structure générale ................................................................................ 21
1.3.
Génome viral......................................................................................... 24
1.4.
Cycle de multiplication .......................................................................... 26
1.4.1.
Tropisme et entrée du virus ............................................................ 26
1.4.2.
Cycle de réplication ........................................................................ 28
1.4.3.
Dissémination hématogène ............................................................ 31
1.4.4.
Latence........................................................................................... 32
1.4.5.
Réactivation.................................................................................... 32
1.5.
Epidémiologie ....................................................................................... 32
1.6.
Manifestations cliniques ........................................................................ 34
1.6.1.
Infection chez le patient immunocompétent ................................... 35
1.6.2.
Infection chez le patient immunodéprimé ....................................... 35
1.6.3.
Infection congénitale....................................................................... 37
1.6.4.
HCMV et cancer ............................................................................. 37
1.7.
1.7.1.
Mise en place de l'immunité innée et adaptative ............................ 38
1.7.2.
Echappement du HCMV au système immunitaire .......................... 40
1.8.
2.
Réponse immunitaire au HCMV............................................................ 38
Diagnostic ............................................................................................. 41
1.8.1.
Méthodes de diagnostic.................................................................. 41
1.8.2.
Stratégies diagnostiques ................................................................ 43
Prise en charge thérapeutique et suivi de la pathologie ................................. 45
2.1.
Molécules antivirales ............................................................................. 45
2.1.1.
Le ganciclovir (GCV) et le valganciclovir (VGCV) ........................... 46
7
2.1.2.
Le foscarnet (FOS) ou phosphonoformate (PFA) ........................... 50
2.1.3.
Le cidofovir (CDF) .......................................................................... 51
2.1.4.
L'aciclovir (ACV) et le valaciclovir (VACV) ...................................... 52
2.1.5.
Les immunoglobulines intraveineuses ............................................ 54
2.2.
Stratégies thérapeutiques ..................................................................... 55
2.2.1.
Traitement préventif........................................................................ 55
2.2.1.1. Le traitement prophylactique ....................................................... 55
2.2.1.2. Le traitement préemptif ............................................................... 57
2.2.1.3. Traitement prophylactique versus traitement préemptif .............. 58
2.2.1.4. Rôle du traitement immunosuppresseur post-greffe ................... 59
2.2.1.5. Prévention de l'infection materno-foetale .................................... 60
2.2.2.
Traitement curatif ........................................................................... 60
2.2.2.1. Prise en charge de l'infection materno-foetale ............................ 60
2.2.2.2. Prise en charge du patient infecté par le VIH .............................. 61
2.2.2.3. Prise en charge du patient transplanté ........................................ 63
2.3.
Suivi de la pathologie ............................................................................ 64
2.3.1.
Le suivi clinique .............................................................................. 64
2.3.2.
Le suivi virologique ......................................................................... 65
2.3.3.
Le suivi biologique .......................................................................... 65
2.3.4.
Le suivi immunologique .................................................................. 66
2.3.5.
Le suivi pharmacologique ............................................................... 67
2.4.
Résistance aux traitements ................................................................... 67
2.4.1.
Facteurs de risques ........................................................................ 68
2.4.2.
Mécanismes de résistance ............................................................. 68
2.4.3.
Diagnostic....................................................................................... 70
2.4.3.1. Méthodes phénotypiques ............................................................ 70
2.4.3.2. Méthodes génotypiques .............................................................. 71
2.4.4.
2.5.
Adaptation du traitement ................................................................ 72
Perspectives thérapeutiques ................................................................. 74
2.5.1.
Molécules en cours d'évaluation..................................................... 74
2.5.1.1. Maribavir ..................................................................................... 74
2.5.1.2. Letermovir ................................................................................... 75
2.5.1.3. Brincidofovir ................................................................................ 76
8
2.5.1.4. Leflunomide................................................................................. 77
2.5.1.5. Artesunate ................................................................................... 78
2.5.2.
3.
Vaccin anti-CMV ............................................................................. 78
Suivi thérapeutique pharmacologique (STP) ................................................. 81
3.1.
Définition ............................................................................................... 81
3.1.1.
Le STP : c'est quoi ? ...................................................................... 81
3.1.2.
Indications du STP ......................................................................... 83
3.1.3.
Les molécules éligibles au STP ..................................................... 84
3.1.4.
Précautions d'utilisation .................................................................. 85
3.1.5.
Intérêts et limites ............................................................................ 87
3.1.6.
Exemples d'utilisation ..................................................................... 88
3.2.
Suivi thérapeutique pharmacologique du ganciclovir ............................ 88
3.2.1.
Intérêt ............................................................................................. 88
3.2.2.
Indications ...................................................................................... 93
3.2.3.
Précautions d'utilisation .................................................................. 94
3.2.4.
Cibles thérapeutiques ..................................................................... 94
PARTIE 2 : Etude au CHU de Rennes ................................................ 96
Conclusion ........................................................................................ 108
Bibliographie ..................................................................................... 111
9
Liste des abréviations
ACV : Aciclovir
ADN : Acide DesoxyriboNucléique
AMM : Autorisation de Mise sur le Marché
AP-1 : Activator Protein-1
ATU : Autorisation Temporaire d'Utilisation
AUC : Area Under the Curve
CCMV : Cytomégalovirus du chimpanzé
CDF : Cidofovir
CHU : Centre Hospitalo-Universitaire
CI50 : Concentration Inhibitrice médiane
Cmin : Concentration résiduelle
CMH : Complexe Majeur d'Histocompatibilité
CMV : Cytomegalovirus
COX : Cyclo-Oxygenase
CPG : Chromatographie en Phase Gazeuse
CSH : Cellules Souches Hématopoïétiques
CV : Charge Virale
del : délétion
DFG : Débit de Filtration Glomérulaire
dGTP : DesoxyGuanosine Triphosphate
D+/R- : Donneur séropositif/Receveur séronégatif
D-/R- : Donneur séronégatif/Receveur séronégatif
D+/R+ : Donneur séropositif/Receveur séropositif
E (phase) : Early (phase précoce)
EBV : Epstein-Barr Virus
10
ECP : Effet CytoPathogène
EGFR : Epidermal Growth Factor Receptor
ELISA : Enzyme-Linked ImmunoSorbent Assay
ELISPOT : Enzyme-Linked ImmunoSpot
EMIT : Enzyme Multiplied Immunoassay Technique
FOS : Foscarnet
FPIA : Fluorescent Polarization ImmunoAssay
GCV : Ganciclovir
GFP : Green Fluorescent Protein
HAS : Haute Autorité de Santé
HCMV : Cytomegalovirus Humain
HE : High Exposure (Haute exposition)
HHV : Human Herpes Virus (Virus de l'Herpes Humain)
HPLC : High-Performance Liquide Chromatography
HSV : Herpes Simplex Virus
ICAM : Intercellular Adhesion Molecule
IE : Immediate Early (Très précoce)
Ig : Immunoglobuline
IL : Interleukine
INF : Interferon
IR : Indice de Résistance
IRL : Internal Repeat Long
IRS : Internal Repeat Short
IV : IntraVeineux
L (phase) : Late (phase tardive)
LCR : Liquide Céphalo-Rachidien
LE : Low Exposure (Faible exposition)
11
LFA : Leukocyte Function-Associated molecule
LT : Lymphocytes T
mCBP : Minor Capsid Binding Protein (Protéine mineure de capside)
mCP : Minor Capsid Protein (Protéine mineure de Capside)
MCP : Major Capsid Protein (Protéine Majeure de Capside)
MIEP : Major Immediate Early Promoter
NABM : Nomenclature des Actes de Biologie Médicale
NFĸB : Nuclear Factor-Kappa B
NFS : Numération Formule Sanguine
NK : Natural Killer
ORF : Open Reading Frame (cadre de lecture ouvert)
PCR : Polymerase Chain Reaction
PCR-RFLP : PCR-Restriction Fragment Length Polymorphism
PEPT-1 : Peptide Transporter 1
PFA : Acide PhosphonoFormique
PRA : Plaque Reduction Assay
QNAT : Quantitative Nuclear Acid Testing
RhCMV : Rhesus Cytomegalovirus
SCP : Smallest Capsid Protein
SIDA : Syndrome d'ImmunoDéficience Acquise
STP : Suivi Thérapeutique Pharmacologique
t1/2 : Temps de demi-vie
TAN : Temps Avant Négativation
TAP : Transport Antigen Protein (Protéine de Transport des Antigènes)
TDM : Therapeutic Drug Monitoring
TLR : Toll Like Receptor (Récepteur de type Toll)
TNFα : Tumor Necrosis Factor alpha
12
TRL : Terminal Repeat Long
TRS : Terminal Repeat Short
UL : Unique Long
US : Unique Short
VACV : Valaciclovir
VGCV : Valganciclovir
VIH : Virus de l'Immunodéficience Humaine
VO : Voie Orale
VZV : Varicella-Zoster Virus (virus varicelle-zona)
WHO : World Health Organization
13
Liste des figures et tableaux
Figure 1 : Structure d'un virion HCMV ..................................................................... 21
Figure 2 : Structure génomique simplifiée . ............................................................. 24
Figure 3 : Représentation schématique des quatre isoformes du génome viral de
HCMV ................................................................................................................ 24
Figure 4 : Carte du génome de HCMV. ................................................................... 25
Figure 5 : Physiopathologie de l'infection à CMV..................................................... 26
Figure 6 : Illustration de l'entrée du HCMV dans la cellule hôte .............................. 27
Figure 7 : Cycle de réplication du HCMV ................................................................ 28
Figure 8 : Dissémination hématogène du CMV au cours d'une infection active ...... 31
Figure 9 : Contrôle du HCMV par l'immunité innée et adaptative. ........................... 38
Figure 10 : Molécules antivirales approuvées dans le traitement du CMV: ganciclovir,
valganciclovir, foscarnet, cidofovir, et valaciclovir ............................................. 45
Figure 11 : Absorption et bioactivation du valganciclovir. ........................................ 47
Figure 12 : Stratégie proposée en cas de suspicion de résistance virologique au
traitement .......................................................................................................... 72
Figure 13 : Algorithme proposé pour la gestion des résistances suspectées aux
antiviraux et basé sur le consensus des opinions d'experts.. ............................ 73
Figure 14 : Définition de l'intervalle thérapeutique. .................................................. 81
Figure 15 : Paramètres pharmacocinétiques et pharmacodynamiques contribuant à
la variabilité interindividuelle entre posologie prescrite, concentration sanguine et
effet clinique obtenu. ......................................................................................... 82
Figure 16 : Algorithme de décision proposé pour le suivi pharmacocinétique ......... 84
Figure 17 : Courbe concentration-temps en administration discontinue. ................. 85
Figure 18 : Profil pharmacocinétique type du ganciclovir après administration de 900
mg de valganciclovir chez un patient de 80 kg et présentant un débit de filtration
glomérulaire de 80 mL/min ................................................................................ 90
Figure 19 : Répartition et caractéristiques cliniques des patients. ......................... 101
Figure 20 : Courbes de Kaplan Meyer. Probabilité d'obtenir une charge virale
détectable en fonction du temps : comparaison des groupes HE et LE. ......... 104
14
Tableau 1 : Classification des betaherpesvirus ........................................................ 20
Tableau 2 : Rôles des différentes interactions protéines d'enveloppe et cellule hôte
.......................................................................................................................... 28
Tableau 3 : Résumé des manifestations cliniques de l'infection à CMV .................. 37
Tableau 4 : Récapitulatif des caractéristiques des inhibiteurs de l'ADN polymérase
virale utilisés dans le traitement de l'infection à HCMV ..................................... 53
Tableau 5 : Recommandations internationales sur les molécules à utiliser en
prophylaxie de l'infection à CMV chez les patients transplantés d'organes solides
(en fonction du type de greffe). .......................................................................... 56
Tableau 6 : Durées recommandées pour le traitement prophylactique du CMV chez
les transplantés d'organes solides en fonction du type de greffe et du statut
donneur/receveur .............................................................................................. 57
Tableau 7 : Avantages et inconvénients des traitements prophylactiques et
préemptifs à CMV .............................................................................................. 58
Tableau 8 : Posologies du ganciclovir, valganciclovir, foscarnet, cidofovir et
fomivirsen dans le traitement des rétinites à CMV............................................. 63
Tableau 9 : Posologies recommandées pour le ganciclovir, le valganciclovir et le
valaciclovir chez les patients adultes transplantés présentant une altération de
la fonction rénale (en utilisant la formule de Cockcroft-Gault) ........................... 64
Tableau 10 : Niveaux de résistances au ganciclovir en fonction des génotypes UL97
.......................................................................................................................... 69
Tableau 11 : Exemples de mutations affectant UL54 et entrainant des résistances au
ganciclovir ......................................................................................................... 69
Tableau 12 : Récapitulatif des candidats pour la vaccination au HCMV .................. 80
Tableau 13 : Médicaments dont le suivi thérapeutique pharmacologique (STP) est
proposé par les Sociétés Savantes internationales de Pharmacologie. ............ 88
Tableau 14 : Récapitulatif des différentes données pharmacologiques de la
littérature. .......................................................................................................... 95
Tableau 15 : Grades de toxicité hématologique utilisés pour l'étude. ...................... 99
Tableau 16 : Classification des stades d'évolution de la maladie rénale chronique.
........................................................................................................................ 100
Tableau 17 : Caractéristiques démographiques, biologiques et virales des patients
HE et LE. ......................................................................................................... 102
15
Tableau 18 : Comparaison du temps avant négativation et du nombre de mutations
observés entre les groupes faible et forte exposition....................................... 103
Tableau 19 : Comparaison des toxicités hématologiques observées dans les
groupes HE et LE. ........................................................................................... 105
16
Introduction
17
Agent infectieux largement répandu au niveau mondial, le cytomegalovirus
(CMV) affecte toutes les populations. Membre de la famille des herpesviridae dont il
partage des caractéristiques communes (structure, cycle de réplication, capacité à
induire une infection latente...), il se distingue par son important génome. Sans
conséquence clinique chez la plupart des individus sains, il profite d'un système
immunitaire affaibli pour se développer. Patients infectés par le VIH (Virus de
l'Immunodéficience Acquise) et patients transplantés sous immunodépresseurs sont
ses principales victimes. L'infection est responsable d'une fièvre persistante et peut
se propager à différents organes à l'origine de pneumonies, colites, rétinites,
hépatites, encéphalites ... Chez le patient transplanté, le rejet de greffe est l'effet
indirect de l'infection le plus redouté. Le CMV peut également se transmettre au
foetus via le placenta pendant la grossesse et représente la première cause
d'infection congénitale virale.
La prise en charge de l'infection par le CMV repose sur l'utilisation de
molécules antivirales comme le ganciclovir, le cidofovir, le foscarnet ou encore le
valaciclovir. L'ADN polymérase virale, indispensable à la réplication du virus,
représente leur cible commune. Compte tenu du risque, un traitement préventif avec
deux stratégies possibles est recommandé chez les patients transplantés. On
distingue le traitement prophylactique commencé dans les premiers jours posttransplantation et le traitement préemptif qui attend la détection d'une charge virale
CMV pour être débuter. Le ganciclovir (GCV) ou sa prodrogue, le valganciclovir
représentent les molécules de choix aussi bien en traitement curatif que préventif.
L'augmentation de l'incidence des mutations de résistance au ganciclovir et aux
autres molécules antivirales rende dans certains cas le traitement inadapté. Pour
pallier à ce problème, de nouvelles molécules comme le maribavir, le letermovir ou le
brincidofovir sont en cours de développement.
18
Le suivi clinique, biologique et virologique du patient est indispensable au
cours du traitement de l'infection. Toujours dans un but d'améliorer la prise en
charge, un suivi pharmacologique peut également s'inscrire dans cette démarche
pour maximiser les chances de réussite du traitement et minimiser le risque fréquent
sous ganciclovir, d'effets indésirables. Ce suivi est proposé au CHU (Centre
Hospitalo-Universitaire) de Rennes. La mesure des concentrations plasmatiques en
ganciclovir peut être demandée et, après comparaison avec des valeurs cibles, elle
peut aboutir à la modification des posologies.
L'expérience clinique au laboratoire rennais de pharmacologie a parfois
montré que des concentrations plasmatiques en ganciclovir supérieures à celles
attendues permettaient une bonne amélioration du patient. La zone thérapeutique
aujourd'hui utilisée pour les concentrations résiduelles plasmatiques de ganciclovir
s'étend entre 1 et 2 µg/ml. Les difficultés rencontrées dans la prise en charge du
CMV (résistances aux traitements, effets indésirables hématologiques...) montrent
que des améliorations sont à apporter. Dans cette démarche, la révision des
concentrations thérapeutiques cibles pourraient peut-être être envisagée. Une étude
préliminaire rétrospective a ainsi été menée pour évaluer l'impact de l'exposition au
ganciclovir sur l'efficacité et la toxicité du traitement. Des concentrations résiduelles
supérieures à la zone thérapeutique utilisée aujourd'hui ne seraient-elles pas
associées à une meilleure et plus rapide éradication du virus ?
19
PARTIE 1: Généralités
20
Avant de présenter l'étude réalisée au CHU de Rennes, il semble important de
prendre connaissance des données actuelles sur le cytomegalovirus lui-même, sur
les traitements, le suivi thérapeutique et sur les études déjà réalisées sur le sujet.
1. Histoire naturelle du Cytomegalovirus
C'est en 1904 que la maladie des inclusions cytomégaliques a été mise en
évidence suite à l'examen de produits d'avortements et de viscères d'enfants mortnés par Ribbert, Jesionek et Kiolemenoglou. Il faudra attendre 1956 pour que Smith
et Rowe isolent le virus responsable de cette maladie et 1960 pour que Weller et al.
propose le terme "cytomegalovirus". (1) (2) (3)
1.1.
Classification
Avec les virus herpès simplex (HSV), le VZV (virus de la varicelle et du zona)
ou encore l'EBV (Epstein Barr Virus), le cytomégalovirus humain appartient à la
famille des Herpesviridae. Virus ubiquitaire, son important génome le classe dans la
sous famille des βherpesvirinae aux côtés des Muromegalovirus et des Roseolovirus.
Tableau 1: Classification des betaherpesvirus (4)
Virus
Genre
Virus humains
HHV 5 ou cytomegalovirus humain
HHV 6A
HHV 6B
HHV 7B
Cytomegalovirus
Roseolovirus
Roseolovirus
Roseolovirus
Virus primates non humains
Cytomegalovirus du chimpanzé
Cytomegalovirus rhesus
Cytomegalovirus
Cytomegalovirus
Virus des rongeurs
Cytomegalovirus de la souris
Cytomegalovirus du rat
Muromegalovirus
Muromegalovirus
21
Le genre cytomegalovirus regroupe le HCMV (cytomegalovirus humain), le
CCMV (cytomegalovirus du chimpanzé) et le RhCMV (rhesus cytomegalovirus). (4)
Nous nous intéresserons ici seulement au cytomegalovirus humain HCMV connu
également sous le nom de HHV-5 (Human Herpes Virus 5).
Le HCMV appartient au groupe 2 des agents biologiques pathogènes (5)
définis comme des agents biologiques pouvant provoquer une maladie chez l'homme
et constituer un danger pour les travailleurs et dont la propagation dans la collectivité
est peu probable ; il existe généralement une prophylaxie ou un traitement efficace.
1.2.
Structure générale
Le CMV présente les caractères structuraux de sa famille Herpesviridae (4) :
un ADN bicaténaire linéaire de grande taille contenu dans une capside icosaédrique.
L'ensemble est entouré d'une enveloppe. Une structure protéique appelée tégument
est retrouvé entre la capside et la membrane
Figure 1: Structure d'un virion HCMV. Schéma réalisé par "the human cytomegalovirus study group" et Dr. Marko
Reschke à Marburg, Germany.
D'un point de vue taille, la capside mesure entre 115 et 130 nm de diamètre et
le virion complet autour de 150 à 200 nm de diamètre.
22
Le caractère de virus enveloppé du CMV lui confère une grande fragilité. Sa
survie dans le milieu extérieur est très limitée. Il est détruit par l'ébullition, l'eau de
javel diluée, les agents chimiques de désinfection usuels et le savon. (6)
L'analyse du protéome très complexe du HCMV à partir de la souche
référence de laboratoire AD169, a permis de mettre en évidence quelques protéines
structurales (7) :
 Protéines de capside :
La capside icosaédrique est composée de 12 pentons et 150 exons.
Pour rappel, les pentons et hexons sont des protomères qui s'associent par liaisons non
covalentes pour former des capsomères, unités de base des capsides icosaédriques virales.
Les pentons forment les extrémités de l'icosaèdre tandis que les exons occupent les arêtes
et faces triangulaires.
Au moins 5 protéines de capside ont pu être mises en évidence :

La protéine majeure de capside (ou MCP pour "Major Capsid
Protein") codée par le gène UL86 est la plus abondante, elle forme les
pentons et hexons de la capside.

La protéine mineure de liaison à la capside (ou mCBP pour "minor
capsid binding protein") codée par le gène UL46 est localisée sur la
face interne de la capside et est liée à l'ADN viral.
Ces deux protéines s'organisent autour d'une "pré-capside" qui lie les pentons
et exons entre eux. Sont retrouvés :

des fragments de la protéine d'assemblage, codée par UL80.

la protéine mineure de la capside (ou mCP pour Minor Capsid
Protein) codée par le gène UL85.
Enfin, la SCP pour Smallest Capsid Protein codée par le gène UL48-49
possède un rôle dans l'assemblage de la particule infectieuse.
23
 Protéines du tégument :
Le tégument peut être défini comme un revêtement amorphe de capside qui
maintient l'association entre l'enveloppe et la capside du virion. Il se forme par
additions séquentielles de protéines d'abord dans le noyau puis dans le cytoplasme.
Une trentaine de protéines du tégument sont retrouvées. Elles possèdent des
rôles divers et sont utiles aussi bien dans les premières étapes de l'infection juste
après l'entrée du virus, que dans les stades plus tardifs comme l'assemblage du
virion. Certaines de ces protéines peuvent également modifier la réponse de la
cellule hôte à l'infection par le CMV.
La ppUL83 ou pp65 est une des protéines clés du tégument car elle est recherchée
pour le diagnostic. Elle est la plus abondante et constitue environ 95% du tégument.
 Glycoprotéines d'enveloppe :
L'enveloppe est composée d'un double feuillet lipidique externe dérivant de la
membrane nucléaire de la cellule hôte et comportant des glycoprotéines virales de
surface conditionnant le caractère infectieux du virus.
Il existe une quarantaine de protéines d'enveloppe mais seulement une
dizaine ont été caractérisées pour le moment.
Les glycoprotéines communes à d'autres herpesvirus sont retrouvées dans les
proportions suivantes : gM et gN > gB (UL55) > gH (UL75), gL (UL115), gO (UL74).
Ces complexes protéiques jouent un rôle certain dans l'entrée des herpesvirus dans
les cellules hôtes. Par exemple, gB et gH conditionnent l'adhésion du virus à la
cellule cible et la fusion des enveloppes cellulaires et virales.
24
1.3.
Génome viral
Le HCMV présente un génome d'environ 235 000 paires de bases. Il est le
plus long et le plus complexe de tous les génomes des Herpesviridae.
Son organisation est dite de classe E (4). Il est composé de deux domaines :
un segment long (L) de 115.106 daltons et un segment court (S) de 36.106 daltons.
Chaque segment est composé d'une région centrale unique : UL et Us. On retrouve
des séquences répétées : séquences a, TRL et TRS aux extrémités du génome
complet et IRL et IRS à l'intersection des domaines courts et longs.
Figure 2: Structure génomique simplifiée. Kotenko et al. PNAS February 15.
Nomenclature: UL – Unique long; US – Unique short; TRL – Terminal repeat long; IRL – Internal repeat long;
inverted repeat of TRL; TRS –Terminal repeat short; IRS – Internal repeat short; inverted repeat of TRS
Au cours de la réplication, il apparaît 4 isoformes différentes du génome viral
selon l’orientation des séquences UL et US.
Figure 3: Représentation schématique des quatre isoformes du génome viral de HCMV (8)
De façon générale, le segment UL contient les gènes viraux conservés entre
les différentes espèces de βherpesvirus et quelques protéines jouant un rôle dans la
distribution cellulaire et tissulaire du virus. D'autre part, le segment US présente des
gènes dont la fonction est spécifique au βherpesvirus concerné (ex: rôle dans la
restriction d'hôte du CMV). (7)
25
Le génome présente plus de 200 cadres de lecture ouverte.
Figure 4: Carte du génome de HCMV. En vert sont annotées les ORFs (Open Reading Frames) capables de
coder pour de vrais polypeptides; en rouge les ORFs ne pouvant coder des peptides et en bleus des ORFs
encore non reconnues mais dont on suppose fortement qu'elles codent pour des protéines. Chaque marque sur
la séquence représente 1000 paires de base. Murphy et al. PNAS November 11, 2003 vol 100 no 23
Les études montrent que le génome des différentes souches de HCMV est
homologue à 95%. (9) Cependant, il faut noter que certaines souches cliniques
contiennent des différences génotypiques qui pourraient être à l'origine de variations
sur le tropisme tissulaire, la virulence ou encore le "potentiel pathogénique" de
l'infection par HCMV.
26
D'un point de vue pratique, ces différences sont à prendre en compte
notamment lors du choix des régions cibles pour les techniques de biologie
moléculaire. Il faut utiliser les régions hautement conservées pour le diagnostic et les
régions variables plutôt pour un typage épidémiologique. Ce polymorphisme
génétique peut également être à l'origine de résistances aux traitements spécifiques
ciblant une protéine particulière du HCMV. Par exemple, pour la protéase HCMV une
mutation au niveau du gène UL80 peut entraîner une non efficacité du traitement qui
ne reconnaît pas la protéase. Enfin, certaines études cherchent à montrer la
corrélation entre génotype et développement clinique de la maladie mais les résultats
restent pour le moment non significatifs.
1.4.
Cycle de multiplication
Chez les herpesviridae 3 stades sont retrouvés : l'infection lytique (primoinfection et réinfection), l'état de latence et la réactivation après latence.
Figure 5: Physiopathologie de l'infection à CMV
1.4.1. Tropisme et entrée du virus
Le HCMV est strictement humain, aucune lignée d'origine animale ne permet
sa réplication. In vivo, il peut infecter un grand nombre de types cellulaires :
monocytes, macrophages, cellules endothéliales, cellules épithéliales, cellules
27
musculaires lisses, fibroblastes, cellules intestinales, neutrophiles, hépatocytes et
neurones. Il présente donc un très large tropisme tissulaire. In vitro, il est beaucoup
plus difficile d'obtenir sa réplication, les souches de fibroblastes embryonnaires
humains sont celles essentiellement utilisées. La liaison du HCMV à des récepteurs
de type héparane sulfate retrouvés sur la plupart des types cellulaires semble donc
indispensable mais non suffisante.
Figure 6: Illustration de l'entrée du HCMV dans la cellule hôte (10)
L'attachement et l'entrée du virus est décrit par Teresa Compton. (10) Pour
commencer, les glycoprotéines d'enveloppe virale gM/gN et gB interagissent par
liaisons de faible affinité avec des protéoglycanes de type héparane-sulfate au
niveau de la cellule hôte. L'attachement et l'internalisation du virion nécessitent des
interactions secondaires avec d'autres récepteurs et corécepteurs.
L'interaction cellule/virus induit de nombreux signaux cellulaires : perturbation
de l'homéostasie calcique, activation des phospholipases C et A2, libération d'acide
arachidonique, activation de facteurs de transcription, NFKB, MAP kinases ...
L'entrée du virus se fait ensuite soit par fusion entre l'enveloppe virale et la
membrane cellulaire grâce à gH, soit par endocytose (en fonction du type cellulaire).
La nucléocapside et le tégument sont alors libérés dans le cytoplasme. Rapidement,
les protéines structurales de la capside sont dégradées et l'ADN est amené vers le
noyau. Une fixation aux TLR (Toll Like Receptor) est aussi décrite et permettrait
l'activation de la réponse immunitaire innée.
28
Le tableau suivant résume les interactions entre protéines d'enveloppe et
cellule hôte ainsi que leur rôle:
Tableau 2: Rôles des différentes interactions protéines d'enveloppe et cellule hôte selon Teresa Compton 2004
Enveloppe
Cellule hôte
Rôle de l'intéraction
gM/gN
Glycoprotéines héparane sulfate
Attachement
gB
EGFR (Epidemal Growth Factor Receptor)
Amarrage et signal
Intégrines β
Fusion, internalisation, signal
TLR2
Activation immunité innée
??
Fusion
gH/gL/gO
1.4.2. Cycle de réplication
Dans le cas d'une infection active, comme les βherpesviridae, le cycle est lent
(environ 72h) (1) (11). Cependant, il est peu productif, ce qui le différencie des HSV
(Herpes Simplex Virus). L'infection commence donc par la fixation du virus sur la
membrane cellulaire puis l'entrée du virus dans la cellule par fusion des membranes
ou endocytose. La capside est rapidement dégradée et l'ADN est transloqué dans le
noyau.
Figure 7: Cycle de réplication du HCMV (12)
29
Au niveau nucléaire commence alors la transcription en 3 phases :

La phase très précoce IE (Immediate Early)
Elle commence environ 1h après l'infection et elle concerne la transcription de
gènes codant essentiellement pour des protéines de régulation de la réplication
virale.
Deux protéines majeures sont retrouvées : IE1 et IE2 codées respectivement
par les gènes UL122 et UL123. Elles sont sous le contrôle d'un même promoteur
majeur le MIEP (Major Immediate Early Promoter) qui intéragit avec différents
facteurs de transcription de la cellule hôte comme le NFĸB, AP1, St1 ...
IE1 est une phosphoprotéine nucléaire indispensable à l'infection débutante
avec un seul virion. Elle contrôle la réplication.
IE2 est un polypeptide nucléaire phosphorylé indispensable à la réplication
virale car il régule la transition entre les phases de transcription en activant les
promoteurs E (Early) et L (Late).
D'autres gènes très précoces (UL36/38, UL115-119, IRS1, TRS1, US3...)
codent pour des protéines auxiliaires dont les rôles sont variés : échappement au
système immunitaire, propriétés anti-apoptotiques ...

La phase précoce E (Early)
Elle commence environ 4h après l'infection et elle concerne la transcription de
gènes codant pour des protéines non structurales comme des facteurs de réplication
de l'ADN viral, des enzymes de réparation, des protéines impliquées dans
l'échappement au système immunitaire ...
Sont transcrits:
-
UL54 qui code pour l'ADN polymérase et UL44 sa protéine accessoire
indispensable à l'avancée de l'enzyme sur le brin matriciel.
30
-
UL83 codant pour la pp65 qui phosphoryle les protéines IE empêchant leur
présentation au CMH I.
-
UL97 protéine kinase intervenant dans la première phosphorylation du
ganciclovir et de l'aciclovir utilisés en thérapeutique.
-
US2 et US11 qui transportent et ramènent le CMH I dans le cytosol pour qu'il
soit détruit par le protéasome.
-
US27 et US28 codant pour des récepteurs aux chimiokines.
-
....

La phase tardive L (Late)
Cette phase regroupe la réplication de l'ADN viral dans le noyau et la
transcription des gènes codant pour les protéines structurales (protéines de capside,
d'assemblage, d'enveloppe...).
La réplication de l'ADN viral commence dans le noyau 16h après l'infection.
C'est une synthèse bidirectionnelle à partir d'une seule origine de réplication. Elle suit
le modèle du cercle tournant. Il y a formation de concatémères qui sont ensuite clivés
au niveau des séquences répétitives a et empaquetés dans des précapsides.
La transcription des gènes L commence plus de 24h après l'infection et fait
suite à la réplication de l'ADN. Sont transcrites :
-
UL46, 86 (mCBP et MCP), protéines de capside.
-
UL80 protéine d'assemblage.
-
UL55, 75 (gB et gH) glycoprotéines d'enveloppe ...
Il y a ensuite assemblage des protéines de capside et de l'ADN néosynthétisé
dans le noyau puis l'ensemble s'enveloppe du feuillet interne de la membrane
nucléaire et migre dans le réticulum endoplasmique. Là, il y a perte de l'enveloppe,
acquisition du tégument puis de l'enveloppe virale définitive à partir de l'endosome.
Les particules mâtures sont retenues dans des vésicules et transportées à la surface
via l'appareil de Golgi. Le virion est ensuite libéré par endocytose et peut infecter
d'autres cellules.
31
Remarque: La phase cytoplasmique est caractérisée par une inclusion cytoplasmique
caractéristique de l'infection par HCMV ("maladie des inclusions cytomégaliques"). Elle est
constituée de virions mâtures et de corps denses (protéines du tégument dans une
enveloppe dérivée de la membrane cytoplasmique).
1.4.3. Dissémination hématogène
Les cellules endothéliales sont permissives au HCMV et pourraient contribuer
à la dissémination hématogène du cytomégalovirus en infectant les monocytes et les
polynucléaires. (13)
Une cellule endothéliale infectée par le HCMV sécrète en réponse de l'IL8 et
exprime le complexe ICAM-1. Les polynucléaires présentant à leur surface LFA-1,
ligand de ICAM-1, peuvent donc se fixer à la cellule endothéliale infectée. Par
migration transendothéliale et contact avec les cellules déjà infectées, les
polynucléaires s'infectent. A leur tour, les polynucléaires peuvent infecter d'autres
cellules permissives au HCMV.
Figure 8: Dissémination hématogène du CMV au cours d'une infection active selon (13)
32
1.4.4. Latence
Après la primo-infection, comme tous les βherpesviridae, le HCMV persiste
toute la vie de l'hôte sous forme latente. (14) L'état de latence correspond à la
persistance du génome viral sans production de virions infectieux tout en sachant
que la réactivation du génome est possible suite à différents stimuli.
Tout d'abord le HCMV a été trouvé sous forme latente au niveau des monocytes
CD14+. Puis, sa présence au niveau des cellules progénitrices de la moelle osseuse
et dans la lignée myéloïde qui en découle, a été mise en évidence. Cependant, il
n'est jamais retrouvé dans la lignée lymphoïde.
Dans cet état latent, le génome se trouve sous forme épisomale et son expression
est réduite aux protéines précoces. Le cycle réplicatif n'est pas complet.
1.4.5. Réactivation
La réactivation du virus qui persistait à l'état de latence, est retrouvée dans un
contexte d'immunodépression et d'activation antigénique d'origine infectieuse ou
allogénique (greffon, transfusion).
1.5.
Epidémiologie
Le cytomégalovirus est un pathogène retrouvé dans le monde entier. En effet,
40 à 100% de la population mondiale présente des anticorps anti-CMV dans le sang.
L'infection est endémique sans influence saisonnière. (15) (16)
Le niveau socioéconomique peut influer sur son incidence : les anticorps antiCMV sont retrouvés chez 50 à 60% des adultes dans les pays développés et chez
90 à 100% d'entre eux dans les pays en voie de développement. L'infection peut être
acquise à n'importe quel âge mais en général elle est acquise plus tôt dans les pays
en voie de développement. (2) (1) (15)
33
Les immunodéprimés (receveurs d'organes ou patients atteints du SIDA), les
prématurés, les nouveau-nés atteints d'une infection congénitale présentent un
risque plus élevé de maladies graves pouvant menacer leur pronostic vital.
Deux pour cent des femmes enceintes séronégatives au début de leur
grossesse sont séroconverties au moment de l'accouchement. 32% des femmes
développant une primo-infection pendant leur grossesse transmettent le virus par
voie placentaire et le risque de maladie sévère chez le fœtus s'élève alors à 20%.
Par ailleurs, l'infection congénitale suite à une réactivation ou réinfection chez la
mère concerne 1% des femmes séropositives au début de leur grossesse. (9)
L'infection HCMV représente une des infections virales les plus communes
chez le transplanté d'organes solides. Elle peut en effet toucher 20 à 60% d'entre eux
et constitue une cause significative d'augmentation du risque de mortalité chez les
transplantés (3). Ce risque est plus élevé dans les trois premiers mois suivants la
transplantation (17) (18).
En transplantation d'organes solides, le CMV peut être responsable :
-
D'une primo-infection chez les patients séronégatifs recevant un organe d'un
donneur séropositif (D+/R-).
-
D'une réactivation ou réinfection chez les patients séropositifs recevant un
organe d'un donneur séropositif (D+/R+).
-
D'une réactivation chez un patient séropositif recevant un organe d'un
donneur séronégatif (D-/R+).
Des facteurs de risques ont pu être mis en évidence (17) (18):
-
Absence de contact antérieur du receveur avec le CMV.
-
Organes ou produits sanguins provenant d'un donneur positif.
-
Utilisation d'une thérapie immunosuppressive à base d'anticorps antilymphocytaires.
-
Survenue d'un ou plusieurs épisodes de rejets aigus.
-
Coinfections HHV6 et HHV7.
-
Infections bactériennes après transplantation ...
34
Ainsi, sans traitement préventif, le risque de développer une maladie à CMV
chez les transplantés d'organes solides s'élève à plus de 50% lorsqu'il existe une
sérologie CMV désappariée entre donneur et receveur (D+/R-). (19)
Avant transplantation d'organes solides, 60% des receveurs sont estimés
séropositifs et 40% séronégatifs. Parmi les patients séropositifs, 25% ont un risque
de maladie à CMV et 50% d'infection à CMV. Dans 40% des cas le traitement
immunosuppresseur réactive une infection latente. (15)
L'incidence de l'infection à CMV chez les transplantés dépend également du
type de greffe réalisée. Ainsi les transplantations pancréatiques et pulmonaires
présentent les risques les plus importants (50 et 40% respectivement). Suivent dans
l'ordre décroissant d'incidence, la transplantation cardiaque (9 à 35%), la
transplantation intestinale (22%) , puis hépatique (22 à 29%) et enfin rénale (8 à
32%). (20)
Les traitements prophylactiques mis en place semblent diminuer le risque de
développement de la maladie à CMV chez les transplantés d'organes : la mortalité
globale est réduite de 40% et le risque de maladies à CMV de 60% après traitement
prophylactique. (21) (22)
Chez les patients atteints du SIDA, la maladie à CMV est la plus commune
des infections virales opportunistes. Elle se manifeste dans 85% des cas par une
rétinite à CMV. Les atteintes gastro-intestinales (10 à 15%) et celles au niveau du
système nerveux central (5 à 10%) suivent. (23)
1.6.
Manifestations cliniques
Dans un premier temps, il convient de bien définir la différence entre "infection
à CMV" et "maladie à CMV". Cette nuance a notamment été précisée dans
"l'international consensus guidelines on the management of cytomegalovirus" (24) en
2013.
35
L'infection à CMV correspond à l'isolement du CMV ou à la détection de
protéines ou acides nucléiques viraux dans les fluides ou tissus humains (25). C'est
la mise en évidence d'une réplication du virus sans considérer les symptômes.
La primo-infection, détection d'une infection à CMV chez un individu préalablement
séronégatif, doit être distinguée de l'infection secondaire, détectée chez un patient
qui a déjà révélé une infection à CMV au moins 4 semaines avant. Cette infection
secondaire peut être la conséquence d'une réactivation du virus latent ou l'infection
par une nouvelle souche différente de la première.
La "maladie à CMV" correspond à la mise en évidence de la réplication virale
et des symptômes (fièvre, leucopénie, invasion des tissus...). Virémie et syndrome
viral signent une maladie à CMV. Différents tissus peuvent être envahis à l'origine de
pneumonies, hépatites, rétinites, cystites, néphrites, myocardites, pancréatites ...
1.6.1. Infection chez le patient immunocompétent
Dans 90% des cas, l'infection est asymptomatique.
D'autres développeront après une incubation longue (30 jours en moyenne)
les symptômes suivants : fièvre prolongée en plateau (38 à 40°C pendant 3
semaines), asthénie, arthralgies, céphalées, pharyngites et amaigrissement. D'un
point de vue biologique, un syndrome mononucléosique associé ou non à une
thrombopénie est retrouvé.
Des complications sévères sont très exceptionnellement retrouvées :
hépatites, infections du système nerveux (syndrome de Guillain Barré, méningites,
rétinites...) et pneumonies. (13) (2)
1.6.2. Infection chez le patient immunodéprimé
Chez le patient immunodéprimé, le CMV représente un agent pathogène
majeur. Les manifestations cliniques sont multiples et peuvent menacer le pronostic
vital. Le type d'immunodépression, le statut sérologique donneur/receveur, la nature
36
des traitements immunosuppresseurs, le type et la quantité de produits sanguins
transfusés sont autant de critères qui influencent les manifestations cliniques
observées. (13)

Chez le transplanté d'organes solides :
Une fièvre prolongée, une leucopénie, une thrombopénie, une lymphocytose et une
augmentation des transaminases sont les manifestations directes de la réplication du
CMV. L'atteinte du tube digestif avec diarrhées sévères et risque de perforation
digestive représente l'une des manifestations graves de l'infection.
Les effets indirects du CMV chez le transplanté sont importants :
-
Augmentation du risque de rejet de greffe.
-
Augmentation du risque d'infections secondaires notamment fongiques.
-
Augmentation du risque d'athérosclérose (notamment au niveau des
coronaires chez le patient transplanté cardiaque).

Chez le greffé de cellules souches hématopoïétiques :
La mortalité est dans ce cas importante. Il y a une augmentation du risque de
maladie du greffon contre l'hôte aiguë et/ou chronique puis de décès. Le risque de
pneumonie est également important.

Chez le sujet atteint du SIDA :
Les rétinites, les infections du tube digestif (colites à CMV...), du système
nerveux (encéphalites à CMV, neuropathies périphériques ...) et du poumon
(pneumonies à CMV) sont des manifestations retrouvées chez les patients coinfectés par le VIH et très immunodéprimés (CD4 < 100/mm3). (15) (13)
37
1.6.3. Infection congénitale
L'infection congénitale a lieu le plus souvent lors d'une primo-infection chez la
femme enceinte (le taux de transmission atteint 30 à 60%) et plus rarement lors
d'une infection secondaire (transmission dans 0,1 à 3% des cas). Le virus est
transmis par le sang maternel puis il se multiplie chez le fœtus qui l'excrète dans le
liquide amniotique via les urines.
Dans le cas de transmission materno-foetale, 10% des enfants présentent une
infection généralisée à leur naissance. Parmi eux, 30% décèdent précocement, 60%
présentent des séquelles plus ou moins graves allant du retard psychomoteur à la
surdité isolée et 10% ne présentent aucune séquelle.
Dans 90% des cas les enfants naissent asymptomatiques mais ils peuvent
développer des séquelles tardives dans les années suivantes. (2)
Tableau 3: Résumé des manifestations cliniques de l'infection à CMV (2)
Contexte de survenue
Principales manifestations cliniques
Adultes immunocompétents, grands enfants:
Primo-infection
Asymptomatique (90%)
Syndrome mononucléosique
Réactivations-réinfections
Infection congénitale
Asymptomatique
Asymptomatique
Retard psychomoteur, surdité
Embryofoetopathie disséminée, décès
Asymptomatique
Pneumopathie interstitielle bénigne
Infection grave avec pneumopathie
Dissémination sanguine avec fièvre persistante
Infection périnatale
Infection du nouveau-né prématuré
Primo-infection des personnes
immunodéprimées
Transplantation
Greffe de moelle
Receveur d'organe
3
Pneumopathie interstitielle, rejet
Atteinte digestive, pneumopathie, rejet
Rétinite, colite, atteinte neurologique
Sida (<100 CD4+/mm de sang)
1.6.4. HCMV et cancer
Le rôle du HCMV dans l'étiologie de certains cancers est également très
largement évoqué. Le HCMV a pu être retrouvé dans les cancers du colon, de la
38
prostate, de la peau, du sein, des glandes salivaires et dans les gliomes. (26) Il est
présent dans les tissus tumoraux mais absent dans les tissus sains.
Il apparaît aujourd'hui de plus en plus clairement que le HCMV possède un
rôle d'oncomodulation pour différentes raisons :
-
Le HCMV contribue à générer une inflammation chronique en augmentant
l'expression de COX-2 ce qui est favorable au développement de la tumeur.
-
Il active la production de l'IL6 et du TNFα qui ont un rôle connu dans l'initiation
et la promotion des cancers.
-
Le HCMV est capable de mettre en place des mécanismes d'échappement au
système immunitaire qui sont intéressants pour le développement tumoral.
-
Pour se répliquer, le HCMV induit un arrêt du cycle cellulaire. La dérégulation
du cycle cellulaire est indispensable au développement tumoral.
-
HCMV active les facteurs antiapoptotiques et inhibe l'action, le recrutement ou
l'expression des protéines proapoptotiques. Il existe donc une résistance
accrue à l'apoptose des cellules infectées par HCMV ce qui favorise la survie
cellulaire et le développement des cancers...
1.7.
Réponse immunitaire au HCMV
1.7.1. Mise en place de l'immunité innée et adaptative
Figure 9: Contrôle du HCMV par l'immunité innée et adaptative. (27)
39

Entrée du virus et immunité innée :
Lors de la primo-infection chez l'individu sain, la réplication du virus débute le
plus souvent dans les cellules épithéliales des muqueuses. (A) La dissémination du
virus fait ensuite intervenir la lignée myéloïde notamment les monocytes et CD34+
où le HCMV s'établit.(B) L'état de latence se met alors en place avec restriction de
l'expression des gènes viraux.
C'est lors de la différenciation des monocytes en macrophages que l'infection
productive débute (C), le virus se multiplie aussi bien dans les cellules endothéliales
que dans les fibroblastes, cellules musculaires lisses...
L'immunité innée représente alors la première ligne de défense contre le
HCMV. Après pénétration du virus dans la cellule, différents mécanismes sont mis en
place par l'hôte : production de cytokines inflammatoires comme des INF de type I,
augmentation des molécules costimulatrices... Les TLR (Toll Like Receptor) jouent
un rôle majeur dans cette reconnaissance du pathogène par le système immunitaire
innée. Par exemple le TLR 2 reconnait les glycoprotéines gB et gH puis permet
l'activation de la voie du NFĸB.
Les cellules NK (Natural Killer), les phagocytes et les cellules présentatrices
d'antigènes sont également essentielles dans la mise en place de l'immunité innée.
Ainsi, les cellules NK sont rapidement activées; elles exercent leur fonction
cytotoxique (production d'INFγ, granzymes, perforines) et favorisent la mise en place
de l'immunité adaptative. (12) (28)

Contrôle de l'infection par CMV et immunité adaptative :
Après différenciation des monocytes en macrophages, particules virales et
corps denses sont pris en charge par les cellules présentatrices d'antigènes (D)
entrainant la mise en place de la réponse adaptative. Dans le cas du HCMV, cette
réponse est humorale et cellulaire.
La réponse cellulaire mise en place est longue et importante, elle met en jeu
les lymphocytes T CD4+ et CD8+. L'activation des cellules T entrainent la lyse des
40
cellules infectées (E) par les LTCD8+. Le rôle des TCD4+ est annexe mais
indispensable à l'activation des effecteurs cytotoxiques.
Les cellules NK activées par les cellules dendritiques peuvent également
bloquer la réplication du virus par sécrétion d'INFγ et/ou TNF.
La réponse humorale quant à elle, passe par la production d'anticorps
spécifiques de nombreuses protéines du CMV (F). La protéine pp65, les
glycoprotéines d'enveloppe gB, gH et gH/gL, la protéine non structurale IE-1, sont
ainsi les cibles majeures des anticorps produits par les lymphocytes B. (12) (28)
1.7.2. Echappement du HCMV au système immunitaire
Comme tous les herpesvirus, le HCMV a développé des systèmes
d'échappement au système immunitaire pour persister dans l'organisme à l'état de
latence. Des mécanismes complémentaires ont ainsi été rapportés (27) (28) (1) :
- Le mode de diffusion du virus : il se dissémine de cellules à cellules ce qui lui
permet de ne pas s'exposer à la séroneutralisation.
- L'action concertée de plusieurs protéines virales pour inhiber la présentation
au CMH (Complexe Majeur d'Histocompatibilité) de classe 1 :
Pour rappel, les polypeptides viraux sont récupérés et dégradés dans le protéasome. Les fragments
viraux obtenus sont alors transportés dans le cytosol jusqu'au réticulum endoplasmique où ils sont pris
en charge par le CMH de classe I qui les mène à la surface cellulaire.
 La protéine pp65 phosphoryle la protéine IE-1. La présentation des
peptides antigéniques dérivés de IE-1 en est alors bloquée.
 Huit glycoprotéines virales peuvent pénétrer dans le réticulum
endoplasmique et perturber le fonctionnement normal de présentation
par le CMH :
Les glycoprotéines codées par US2 et 11 induisent la dislocation
des molécules de CMH de classe 1 chargées d'antigènes et les
renvoient dans le cytosol.
41
Celles codées par US3 et US10 bloquent la molécule de CMH
dans le réticulum endoplasmique et empêchent le transfert vers Golgi.
US6 code pour une protéine qui inhibe les pompes TAP
(Transport Antigen Protein) qui permettent le transport jusqu'au
réticulum endoplasmique...
- L'inhibition de la reconnaissance du CMV par les cellules NK : la protéine
virale codée par UL18 est homologue au CMH de classe I. Elle limite alors la
reconnaissance des cellules infectées par les cellules NK.
- L'échappement aux lymphocytes T : les cellules infectées produisent des
protéines homologues aux récepteurs de chimiokines. Les chimiokines sont alors
conduites vers ces récepteurs et séquestrées. Monocytes et macrophages ne sont
plus attirés et la réponse adaptative cellulaire est diminuée.
1.8.
Diagnostic
Ce diagnostic (13) (29) est réalisé :
- En cas de suspicion d'infection materno-foetale.
- Avant et après transplantation d'organes.
- Chez l'immunodéprimé.
1.8.1. Méthodes de diagnostic

Méthode de diagnostic indirect :
C'est la détermination du statut sérologique du patient vis à vis du CMV. Elle a
un intérêt limité de part la présence de nombreuses réactions croisées et la difficulté
à
différencier
une
primo-infection
d'une
réactivation.
Cependant,
elle
est
indispensable avant transplantations d'organes et peut être utilisée dans le
diagnostic d'infection congénitale.
42
La méthode consiste en la recherche des IgG ou IgM anti-CMV dans un
échantillon de sérum par technique ELISA (Enzyme-Linked Immunosorbent Assay).
A noter que les IgG s'élèvent après primo-infection et forment de nouveaux pics au
cours des réactivations et que les IgM persistent jusqu'à 20 semaines après primoinfection.

Méthodes de diagnostic direct :
Elles consistent en la recherche du génome viral par PCR, antigénémie pp65
ou cultures.
L'isolement du virus sur culture cellulaire est possible mais uniquement sur
des cellules fibroblastiques embryonnaires humaines (MCR5). La présence du virus
peut alors être mise en évidence par l'apparition, 2 à 3 semaines après inoculation,
d'un ECP (Effet CytoPathogène) caractéristique en "banc de poissons" et des
cellules présentant une inclusion nucléaire (d'où le nom de cytomégalie). Plus
précocément (24 à 48h après inoculation), l'infection de la culture peut être détectée
par examen immuno-cytologique. Cette méthode utilise un anticorps monoclonal
spécifique des antigènes très précoces, et la détection est réalisée par
immunofluorescence ou immunoperoxydase.
L'antigénémie pp65 est une technique couramment utilisée. Cette méthode
semi-quantitative détecte et quantifie directement dans le sang l'antigène pp65,
protéine majeure du tégument retrouvée quelques heures seulement après infection
dans le noyau des cellules infectées. Cette technique utilise un anticorps monoclonal
dirigé contre la protéine pp65. La détection se fait ensuite par immunofluorescence :
on rapporte le nombre de cellules infectées, dont le noyau est fluorescent, au
nombre de cellules analysées (en général 200 000).
Enfin, la recherche des séquences génomiques virales par PCR (Polymerase
Chain Reaction) dans le sang total, dans le compartiment leucocytaire, dans le
plasma, dans le liquide amniotique, dans l'humeur aqueuse ou encore dans les
biopsies est très largement développée. Il existe différentes techniques très sensibles
et spécifiques permettant d'obtenir un résultat rapide. La technique QNAT
(Quantitative Nuclear Acid Testing) est la méthode de laboratoire préconisée pour le
diagnostic et le suivi du traitement du CMV chez les transplantés.
43
1.8.2. Stratégies diagnostiques

Chez le patient immunocompétent :
Rarement utilisé dans ce cas, le diagnostic d'infection à CMV recherche une
séroconversion des anticorps anti-CMV. Une séroconversion des IgG sur deux
prélèvements différents ou l'apparition d'IgM anti-CMV mettent en évidence
l'infection.

Mise en évidence d'une infection materno-foetale :
Chez la mère, c'est la séroconversion IgG et la mise en evidence d'IgM qui
signent une infection maternelle.
Pour confirmer une atteinte foetale, ce sont des techniques de PCR sur liquide
amniotique qui peuvent être utilisées. A la naissance, les cultures cellulaires avec les
urines de l'enfant, prélevées dans les 15 premiers jours de vie, confirment l'infection
fœtale.

Chez les patients immunodéprimés :
Des recommandations internationales (24) ont été publiées à ce sujet :
-
Une sérologie est indispensable pour le donneur et le receveur avant
transplantation. La recherche des IgG anti-CMV présente une meilleure
spécificité par rapport aux IgM ou à la combinaison IgG-IgM.
-
Les cultures virales de sang ou d'urine, ayant une faible sensibilité et
spécificité, ont un intérêt très limité dans le diagnostic.
-
La technique QNAT est à préférer pour le diagnostic, la mise en place du
traitement préemptif et le suivi de la réponse thérapeutique. En effet, elle
présente une meilleure standardisation (il existe un standard international
(WHO: 5.106 UI/mL)), une meilleure précision et une plus grande rapidité.
L'antigénémie pp65, moins onéreuse et facile à réaliser, reste une alternative
acceptable mais beaucoup moins utilisée actuellement.
44
-
La technique QNAT peut être réalisée sur du sang total ou sur du plasma
même s'il est à noter qu'une meilleure quantification semble obtenue avec du
sang total.
-
L'immunohistochimie (localisation des protéines dans les cellules d'une coupe
de tissu par détection d'antigènes au moyen d'anticorps) est la méthode de
diagnostic à utiliser pour mettre en évidence une maladie invasive des tissus.
Les cultures et la technique QNAT ont dans ce cas un rôle limité mais peuvent
aider dans certaines situations.
45
2. Prise en charge thérapeutique et suivi de la
pathologie
2.1.
Molécules antivirales
Il existe un nombre limité de molécules antivirales approuvées pour le
traitement et la prévention des infections et maladies à HCMV. Les inhibiteurs de
l'ADN polymérase constituent la classe majeure utilisée. Le ganciclovir et sa
prodrogue le valganciclovir, le cidofovir, le foscarnet et dans un but uniquement
préventif l'aciclovir et sa prodrogue le valaciclovir font partie de cette classe. D'autre
part, les immunoglobulines par voie intraveineuse représentent une stratégie
utilisable en prévention mais aussi en traitement adjuvant d'une infection à CMV
chez des patients immunodéprimés. (23) Enfin, d'autres médicaments comme le
leflunomide, le maribavir ou encore l'artesunate sont aujourd'hui utilisés en cas de
résistance aux traitements même si pour le moment leur efficacité et leur toxicité
restent faiblement évaluées.
Figure 10: Molécules antivirales approuvées dans le traitement du CMV: ganciclovir, valganciclovir, foscarnet,
cidofovir, et valaciclovir. (30)
46
2.1.1. Le ganciclovir (GCV) et le valganciclovir (VGCV)
Connus sous les noms commerciaux Rovalcyte®
(valganciclovir) et
Cymevan® (ganciclovir), ces deux molécules antivirales constituent le traitement de
référence des infections à CMV. (24)

Mécanisme d'action :
Le ganciclovir ou dihydro-propoxyméthylguanine est un analogue acyclique de
la désoxyguanosine. Il entre dans les cellules infectées par l'intermédiaire des
transporteurs de purines. (22) N'étant actif que sous sa forme triphosphorylée, il
nécessite ensuite l'intervention d'une sérine/thréonine kinase virale pUL97 qui lui
ajoute un premier groupement phosphate. (31) Les deux phosphorylations suivantes
sont assurées par des kinases cellulaires. Le ganciclovir triphosphorylé obtenu entre
alors en compétition avec les nucléotides au niveau de l'ADN polymérase virale
pUL54. Il s'incorpore à la place de la dGTP (désoxyGuanosine TriPhosphate), bloque
le site catalytique de l'enzyme et inhibe l'élongation de la chaîne d'ADN viral. La
réplication du virus est alors inhibée.
La CI50, concentration de ganciclovir pour laquelle la réplication virale est
inhibée de 50%, est estimée in vitro à 0,7 µg/mL. (22)
Le valganciclovir est un L-valyl ester du ganciclovir. Il est reconnu comme un
substrat par le transporteur intestinal PEPT-1 puis hydrolysé en esters amino-acides
par des hydrolases, les valacyclovirases. (32) Transformé en ganciclovir au niveau
intestinal et hépatique il exerce ensuite la même action sur l'ADN polymérase virale.
47
Figure 11: Absorption et bioactivation du valganciclovir. (22)
Nomenclature: dGTP= deoxyguanosine triphosphate; GCV= ganciclovir; PEPT1 = intestinal peptide transporter 1;
P-GCV= ganciclovir monophosphate; PP-GCV= ganciclovir biphosphate; PPP-GCV= ganciclovir triphosphate;
VGC = valganciclovir
48

Pharmacocinétique :
Le ganciclovir peut être administré par voie intraveineuse, intravitréenne et
orale. Sa faible biodisponibilité orale (autour de 10%) a cependant poussé les
chercheurs à créer une prodrogue, le valganciclovir dont la biodisponibilité orale
atteint les 60%. (23) Une administration de 900mg deux fois/jour de valganciclovir
per os est équivalente à une administration de 5mg/kg deux fois/jour de ganciclovir
par voie intraveineuse. (33)
Concernant la distribution du médicament, le ganciclovir présente une faible
liaison aux protéines plasmatiques (de l'ordre de 1 à 2%). Le valganciclovir est très
rapidement transformé en ganciclovir, sa liaison aux protéines plasmatiques n'a donc
pas pu être déterminée mais on considère qu'elle est également très faible. Le
volume de distribution du ganciclovir après administration intraveineuse est estimé à
0,68 L/kg. (34) De plus, un passage du GCV dans le LCR (Liquide
CéphaloRachidien) est décrit. (34)
Le valganciclovir est métabolisé dans la paroi intestinale et le foie en
ganciclovir (34) et plus de 90% du ganciclovir est retrouvé sous forme non
métabolisée dans les urines. (35)
Le ganciclovir est principalement éliminé par voie rénale par filtration
glomérulaire et sécrétion tubulaire active. La demi-vie d'élimination du valganciclovir
est estimée à 5,3 +/- 1,5 heures chez le sujet à fonction rénale normale. (22) Chez
l'insuffisant rénal, la clairance du ganciclovir est diminuée et sa demi-vie d'élimination
augmentée. Il est donc nécessaire d'adapter les posologies. (34)

Utilisation :
Ganciclovir et valganciclovir sont indiqués dans "les infections sévères à CMV
(rétinites, pneumonies, colites et atteintes de l'appareil digestif et éventuellement
encéphalites) mettant en jeu la vision ou la vie des patients ayant un déficit sévère
de l'immunité cellulaire". (33) Le Cymevan® administré exclusivement en perfusion
veineuse à vitesse constante est réservé aux hôpitaux alors que le Rovalcyte® sous
forme de comprimés est disponible en ville.
49
Compte tenu du risque de toxicité, les posologies doivent être adaptées à la
fonction rénale du patient (33) :
Fonction rénale normale :
5 mg/kg/12h pendant 14 à 21 jours (traitement d'attaque)
Puis 5 mg/kg/j (traitement d'entretien)
Ganciclovir
Insuffisance rénale :
CL creat < 50 ml/min : 2,5 mg/kg/12h
CL creat < 25 ml/min: 2,5 mg/kg/24h
CL creat < 10 ml/min : 1,25 mg/kg/24h
Fonction rénale normale :
900 mg 2 fois/jour pendant 21 jours (traitement d'attaque)
Puis 900 mg/jour (traitement d'entretien)
Valganciclovir
Insuffisance rénale :
CL creat = 40-59 ml/min : 50% de la dose habituelle (450 mg deux fois/j)
CL creat = 25-39 ml/min : 25% de la dose habituelle
CL creat = 10-24 ml/min : 450 mg tous les deux jours (traitement curatif)
ou deux fois par semaine (traitement préventif)
CL creat < 10 ml/min : non recommandé
Parmi
les
hématologique,
effets
réversible
indésirables
à
l'arrêt
très
du
fréquents
traitement,
rapportés,
se
manifeste
la
toxicité
par
des
leuconeutropénies sévères (touchant 40% des patients après 3 mois de traitement
intraveineux) et des thrombocytopénies (15% des patients après 3 mois). (23) Plus
rarement, des troubles neuropsychiques avec convulsions, coma, ataxie, troubles de
l'attention, sont retrouvés. Divers autres troubles, digestifs, allergiques ou rénaux
peuvent également apparaître sous traitement par ganciclovir.
L'utilisation de ce traitement est contre-indiqué dans le cas d'hypersensibilité
au ganciclovir ou à l'aciclovir et en cas de neutropénie sévère (polynucléaires
neutrophiles < 500/mm3). De plus, le ganciclovir possède des effets mutagènes et
tératogènes qui ne permettent pas son utilisation chez les hommes et femmes sans
contraception efficace. Il est à utiliser avec précaution en cas d'antécédents
psychiatriques et nécessite une surveillance accrue de l'hémogramme pendant le
traitement. (33)
50
2.1.2. Le foscarnet (FOS) ou phosphonoformate (PFA)
Sel trisodique de l'acide phosphonoformique, le foscarnet est un analogue du
pyrophosphate inorganique. C'est un inhibiteur réversible, sélectif et compétitif de
l'ADN polymérase virale. Il s'attache au site de liaison du pyrophosphate et empêche
ainsi le clivage des désoxyribonucléotides triphosphates en désoxyribonucléotides
biphosphates et pyrophosphate inorganique. Le nucléotide ne peut alors pas être
ajouté à la chaîne d'ADN viral en élongation et la réplication virale est stoppée. (23)
Administré par voie intraveineuse, le foscarnet représente une deuxième ligne
de traitement après le ganciclovir et le valganciclovir. Son utilisation est approuvée
dans le "traitement de la rétinite et des atteintes digestives à CMV chez les patients
infectés par le VIH au stade SIDA". (33) Il est également préconisé en cas de
résistance avérée des souches de HCMV au ganciclovir et chez des patients
présentant une leuconeutropénie sévère contre-indiquant l'utilisation du ganciclovir.
(30). Une étude a montré que son efficacité comme traitement préemptif chez des
patients receveurs de moelle osseuse était équivalente à celle du ganciclovir dans
cette même indication.
L'hématotoxicité du foscarnet est également moins
importante. (36)
Cependant, il est à noter que l'utilisation du foscarnet est à l'origine d'une
toxicité rénale fréquente avec hypercréatinémie et risque d'insuffisances rénales
aiguës. Une bonne hydratation (500 mL à 1 L de NaCl en perfusion pendant le
traitement) et une surveillance régulière de la créatinémie doivent être préconisées et
les posologies adaptées à la fonction rénale du patient. Ces perturbations rénales
entrainent souvent des déséquilibres électrolytiques et minéraux (hypocalcémie,
hypokaliémie...) qui peuvent être à l'origine de problèmes neurologiques et
cardiaques. (30) D'autres effets indésirables, comme des nausées et vomissements,
des ulcérations génitales, des anémies, etc, ont pu être rapportés. Le foscarnet reste
contre-indiqué en cas d'hypersensibilité à la molécule ou en cas d'association à la
pentamidine injectable néphrotoxique et hypocalcémiante. (33) L'utilisation de cette
molécule est limitée par sa piètre tolérance.
51
2.1.3. Le cidofovir (CDF)
L'hydroxy-phosphonyl-méthoxy-propyl-cytosine ou cidofovir, analogue de la
désoxycitidine monophosphatée est connu sous le nom commercial de Vistide®. Son
administration est exclusivement intraveineuse. Il est préconisé aujourd'hui dans le
traitement des rétinites à CMV chez les patients atteints du SIDA et ne présentant
pas d'insuffisance rénale. (33) Certaines études ont montré qu'il pouvait également
être utilisé en seconde ligne de traitement dans les infections à CMV chez les
patients transplantés après échec des autres thérapies antivirales. (37) (38)
Son mécanisme d'action ressemble à celui du ganciclovir mais il ne nécessite
pas de première phosphorylation par une kinase virale car il est déjà
monophosphaté. Il faut seulement l'action de kinases cellulaires qui lui ajoutent deux
groupements phosphates pour qu'il interagisse avec l'ADN polymérase virale et
bloque la réplication. Avec une CI50 estimée entre 0,15 et 0,3 µg/mL, il est considéré
comme un puissant inhibiteur. (23)
Son grand avantage réside dans sa demi-vie longue (entre 17 et 65 jours) ce
qui permet des administrations hebdomadaires au début du traitement puis tous les
15 jours ensuite. Cependant, la toxicité sous traitement par cidofovir est importante.
La néphrotoxicité, associant notamment protéinurie et hypercréatinémie est parfois
irréversible et peut nécessiter l'arrêt du traitement. Il est recommandé d'assurer une
bonne hydratation préalable avant chaque perfusion et d'associer du probénécide
pour réduire cette toxicité rénale. (33) Plus rarement, fièvre, asthénie, alopécies,
uvéites
antérieures,
rash
cutané,
diminution
de
la
pression
intraoculaire,
neuropathies périphériques ont pu être observés.
Son utilisation est contre-indiquée en cas d'hypersensibilité connue,
d'insuffisance rénale ou en association avec des médicaments néphrotoxiques
(amphotéricine B, aminosides, foscarnet, pentamidine, vancomycine) et en cas de
grossesse ou allaitement. (33)
Il est important de noter que le Vistide® est en rupture de stock depuis fin
2013 en raison de défaut de qualité et que son utilisation sera sûrement entièrement
supprimée suite à une demande de retrait d'AMM par le laboratoire Gilead. (39)
52
2.1.4. L'aciclovir (ACV) et le valaciclovir (VACV)
Le Zovirax® ou aciclovir est l'analogue 2'-déoxy de la guanosine. Il nécessite,
comme le ganciclovir, une triphosphorylation pour être actif. Le valaciclovir,
commercialisé sous le nom de Zelitrex®, est l'ester L-valine de l'aciclovir. Il a été
formulé pour pallier une faible biodisponibilité orale de l'aciclovir.
Leur efficacité dans le traitement des infections aux HSV (Herpès Simplex
Virus) et VZV (virus varicelle-zona) est connue et démontrée. (33) Leur utilisation
dans les infections à HCMV est réservée aux traitements préventifs. Il a notamment
été montré que l'utilisation de fortes doses de valaciclovir en traitement
prophylactique, réduit significativement la survenue de maladies à CMV chez des
patients transplantés d'organes solides (40).
Cependant, l'aciclovir semble moins efficace que le ganciclovir dans le
traitement des infections à CMV, ceci s'explique peut-être par son affinité plus faible
pour l'ADN polymérase virale et par sa demi-vie 4 à 5 fois plus courte que le
ganciclovir dans les cellules infectées. (30) De plus, il semble que son efficacité
dépende du degré d'immunodépression du patient traité. En effet, une étude a révélé
qu'il était efficace sur des patients peu immunodéprimés mais inefficace sur des
transplantés de moelle osseuse avec pneumonie à CMV. (41) Enfin, son mécanisme
d'action identique à celui du ganciclovir l'expose aux mêmes risques de résistance.
L'aciclovir a pour avantage de présenter peu d'effets indésirables : céphalées,
nausées, vomissements, quelques troubles neurologiques (sensations ébrieuses,
confusion, somnolence...) et très rarement des néphropathies qui peuvent être
évitées par une bonne hydratation et une adaptation posologique individuelle. Ce
traitement n'est contre-indiqué qu'en cas d'hypersensibilité à la molécule, de
grossesse ou d'allaitement. (33)
53
Tableau 4: Récapitulatif des caractéristiques des inhibiteurs de l'ADN polymérase virale utilisés dans le
traitement de l'infection à HCMV. (33) (23) (42)
Nomenclature: GCV: ganciclovir; VGCV: valganciclovir; ACV: aciclovir; VACV: valaciclovir
Ganciclovir et
valganciclovir
Foscarnet
Cidofovir
Aciclovir et
valaciclovir
Nom commercial
GCV: Cymevan®
VGCV: Rovalcyte®
Foscavir®
Vistide®
ACV: Zovirax®
VACV: Zelitrex®
Statut
Liste I
GCV : Réservé
aux hôpitaux
VGCV : Disponible
en ville
Liste I
Réservé aux
hôpitaux
Liste I
Réservé aux
hôpitaux
Liste I
Disponibles en
ville
Voies
d'administration
utilisées
GCV : Perfusion IV
sur 1 heure
VGCV : VO
Perfusion IV
lente
Perfusion IV lente
sur 1 heure
ACV : VO ou
perfusion IV lente
sur 1h
VACV : VO
Posologies
usuelles
GCV : 5 mg/kg 1 à
2 fois/j
VGCV : 900 mg 1
à 2 fois/j
180 mg/kg/j en
attaque puis 90 à
120 mg/kg/j en
entretien
375 mg 1 fois par
semaine
ACV : 500 mg/m
toutes les 8h de
J-5 à J30 de la
transplantation
GCV : 0,7 µg/ml
5 à 50 µg/ml
0,15 à 0,3 µg/ml
ACV : > 20µg/mL
GCV : 10%
VGCV : 60%
12 à 22%
?
ACV: 15%
VACV: 54%
Fixation aux
protéines
plasmatiques
GCV : Très faible
(1 à 2%)
Faible (< 20%)
Faible ( < 10%)
ACV : Faible( <
22%)
VACV : Faible
(15%)
1/2 vie
plasmatique
GCV : 2,5 h après
administration IV
2,4 à 6 h
17 à 65 jours
3h
Métabolisation
GCV : Négligeable
VGCV : Rapide en
GCV
Négligeable
Négligeable
ACV : 15 %
VACV : 100% en
ACV
Voie
d'élimination
Rénale (> 90%)
Rénale (> 80%)
Rénale (100%)
ACV: Rénale
sous forme
inchangée (85%)
VACV: Rénale
sous forme d'ACV
Toxicité majeure
Hématotoxicité :
neutropénie,
thrombopénie et
anémie
Néphrotoxicité :
hypercréatinémie
et insuffisance
rénale
Néphrotoxicité :
protéinurie et
hypercréatinémie
Très faible toxicité
CI50
Biodisponibilité
orale
2
54
2.1.5. Les immunoglobulines intraveineuses
Les résistances de plus en plus fréquentes des souches de CMV aux agents
antiviraux nécessitent la recherche d'alternatives pour prévenir et traiter le CMV.
L'utilisation des immunoglobulines hyper-immunes dérivées du plasma humain
semble être une option valable. En effet, plusieurs études plus ou moins récentes ont
pu montrer l'efficacité des immunoglobulines anti-CMV en prophylaxie chez les
transplantés. Une augmentation de la survie des patients et des réussites de greffes
y étaient rapportée. (43) (44) (45)
Aux Etats-Unis, le produit Cytogam®, Cytomégalovirus immunoglobuline
intraveineuse (humaine), est indiqué pour atténuer les infections primaires à
cytomégalovirus associées à une greffe du rein, et tout particulièrement pour les
patients séronégatifs pour le CMV ayant subi une greffe d’un rein provenant d’un
donneur séropositif pour le CMV. En Europe, le Cytotect CP Biotest® possède une
ATU (Autorisation Temporaire d'Utilisation) nominative en prophylaxie des maladies
à CMV chez les patients sous traitement immunosuppresseur et particulièrement
chez les patients transplantés. (46)
Ces produits sont des préparations fabriquées à partir du plasma d'un donneur
qui possède un titre élevé d'anticorps spécifiques anti-CMV. Leur administration se
fait uniquement par voie IV. Comme tous les produits dérivés de plasma humain, il
existe un risque de transmission d'agents viraux hématogènes (hépatite C,
Creutzfeldt Jakob...) mais l'utilisation de procédés d'inactivation dans la fabrication
des immunoglobulines anti-CMV rend ce risque faible. Le traitement est commencé
quelques jours avant la transplantation et poursuivi plusieurs semaines après. Les
immunoglobulines intraveineuses sont essentiellement utilisées en association avec
un traitement antiviral.
D'autres molécules utilisées mais ne possédant pas d'AMM seront discutées
dans la partie "perspectives thérapeutiques".
55
2.2.
Stratégies thérapeutiques
2.2.1. Traitement préventif
Largement utilisé chez les patients transplantés d'organes solides, le
traitement préventif du CMV permet de diminuer le risque de mortalité, de
développement de maladie invasive des tissus et d'apparition d'effets indirects du
CMV. Deux stratégies sont aujourd'hui utilisées (23) :
-
Le traitement prophylactique qui vise à prévenir l'infection chez les receveurs
les plus à risques.
-
Le traitement préemptif qui prévient l'apparition des symptômes de la maladie
à CMV chez un receveur qui a développé une infection active à CMV.
2.2.1.1.
Le traitement prophylactique
Il consiste à administrer les molécules antivirales chez tous les patients "à
risque". Le traitement est commencé très rapidement après transplantation (dans les
10 premiers jours) et maintenu pendant au moins 3 à 6 mois. (47)
L'efficacité du traitement prophylactique par rapport à l'absence de traitement
ou à l'utilisation d'un placebo a été évaluée. Il apparait que le risque de maladie à
CMV, d'infections à CMV et de toute cause de mortalité est significativement
diminué. De plus, le traitement prophylactique réduit l'incidence des maladies à HSV
ou VZV ainsi que celle des maladies bactériennes ou parasitaires (mais non
fongiques). Le risque de rejet de greffe ou de perte du greffon est également
diminué. (48)
On dénombre cinq molécules utilisées dans le traitement prophylactique : le
valganciclovir, le ganciclovir IV, le ganciclovir oral, l'aciclovir et le valaciclovir. Il a été
montré que l'aciclovir, utilisé en prophylaxie, avait une moins bonne efficacité que le
ganciclovir avec notamment une incidence augmentée des maladies et infections à
CMV et des rejets de greffe. (49) L'utilisation du valganciclovir ou du ganciclovir par
voie orale en prophylaxie chez des patients D+/R- ne montre pas de différences
significatives. (50) C'est donc le valganciclovir à la posologie de 900mg/jour qui est
56
recommandé en première ligne dans le traitement prophylactique des transplantés
d'organes solides (24). Il est à noter que cette posologie est à adapter à la fonction
rénale du patient. Le risque d'infection à CMV variant en fonction de l'organe
transplanté, le traitement utilisé doit également prendre en compte le type de greffe.
Tableau 5: Recommandations internationales sur les molécules à utiliser en prophylaxie de l'infection à CMV
chez les patients transplantés d'organes solides (en fonction du type de greffe). (24)
Valganciclovir
Ganciclovir IV
Valaciclovir
fortes doses
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
Rein
Pancréas
Foie
Coeur
Poumons
Composites
vascularisés:
mains, visage ...
Intestins
+/immunoglobulines
IV
X
X
X
X
Une autre problématique est la durée de traitement : combien de temps après
transplantation le traitement prophylactique doit-il être poursuivi?
transplantés
rénaux
D+/R-,
l'efficacité
d'un
traitement
Chez des
prophylactique
par
valganciclovir pendant 200 jours a été comparée à celle du même traitement conduit
pendant seulement 100 jours. Il a alors été montré que l'incidence des maladies
tardives à CMV étaient significativement diminuée après 200 jours de traitement par
rapport à 100 jours (16,1% vs 36,8%, un an après l'arrêt du traitement). (51) De
même, chez des transplantés pulmonaires, les patients ayant reçu 12 mois de
traitement antiviral ont présenté moins de maladies (4% vs 32%) et d'infections (10%
vs 64%) à CMV que ceux ayant reçu 3 mois de traitement. Un traitement
prophylactique par valganciclovir pendant 12 mois chez les transplantés pulmonaires
diminue l'incidence et la sévérité de la maladie à CMV sans favoriser les résistances
et toxicités au ganciclovir. (52)
Il est important d'adapter les durées de traitement aux facteurs de risque
d'infection à CMV (type de greffe et statut du donneur et du receveur) :
57
Tableau 6: Durées recommandées pour le traitement prophylactique du CMV chez les transplantés d'organes
solides en fonction du type de greffe et du statut donneur/receveur. (24)
Reins
Foie
Cœur
Pancréas
Composites
vascularisés
Intestins
Poumons
2.2.1.2.
D+/R6 mois
3 à 6 mois
3 à 6 mois
3 à 6 mois
Minimum 6 mois
(D+ ou D-)/R+
3 mois
3 mois
3 mois
3 mois
3 à 6 mois
Minimum 6 mois
6 à 12 mois
3 à 6 mois
Minimum 6 mois
D-/R-
Prophylaxie non
recommandée :
faible risque de
développer la
maladie.
Le traitement préemptif
Le traitement préemptif est débuté lorsque le diagnostic d'infection active a été
porté et que le niveau de réplication virale, évalué par PCR ou par détection de
l'antigénémie pp65, expose le receveur au risque de développer à court terme une
maladie à CMV. Il nécessite donc un suivi biologique régulier du patient après
transplantation. Le but est de traiter l'infection à CMV en phase précoce, avant que la
maladie et ses symptômes ne se développent. L'efficacité du traitement préemptif
dans la réduction de l'incidence de la maladie à CMV chez les transplantés d'organes
est démontrée. (53)
Les molécules recommandées dans cette stratégie préventive sont le
valganciclovir 900 mg/12h ou le ganciclovir IV 5 mg/kg/12h. (47) Les deux antiviraux
ont en effet montré leur efficacité. (54)
L'un des problèmes de cette méthode réside dans le fait qu'il existe une
grande variabilité de méthodes de suivi de la réplication virale. Aucune valeur seuil
de charge virale au-delà de laquelle le traitement doit être instauré n'a été définie.
Chaque laboratoire doit développer et valider son propre protocole et choisir une
valeur seuil la plus juste possible en tenant compte du fait que le virus a une
réplication rapide. La mesure de la charge virale doit se faire au moins une fois par
semaine pendant 3 à 4 mois après la transplantation. (24) Le traitement est débuté
dès lors que la charge virale atteint la valeur seuil et est à interrompre seulement
après l'obtention de deux charges virales négatives à 2 semaines d'intervalle. (24)
58
2.2.1.3.
Traitement prophylactique versus traitement préemptif
Tableau 7 : Avantages et inconvénients des traitements prophylactiques et préemptifs à CMV. (43) (24)
Paramètres
Prévention des maladies à CMV
Traitement préemptif
Bonne efficacité (un peu moins
Traitement prophylactique
Bonne efficacité.
efficace dans populations à haut
risque).
Coûts
Dépenses de laboratoire élevées.
Dépenses en traitements antiviraux
élevées.
Facilité d'utilisation
Difficultés à coordonner les
Plus facile à coordonner. Ne pas
manipulations laboratoire, les
oublier de surveiller les toxicités
résultats et l'initiation du traitement.
médicamenteuses.
Toxicités médicamenteuses
Faibles
Elevées
Protection contre les autres
Non
Oui
Prévention du rejet de greffe
Non connu
Oui
Perte du greffon
Incidence diminuée
Incidence diminuée
Développement de l'immunité
Oui
Non
Faible
Elevée chez les D+/R-.
Résistance aux antiviraux
Possible mais peu fréquente.
Possible mais peu fréquente.
Echappement au traitement
Possible car réplication très rapide
Non sauf chez des patients qui
préventif et développement de
du virus.
recevraient des doses insuffisantes
herpes virus (HSV, VZV)
spécifique anti-CMV
Incidence des maladies tardives
à CMV
l'infection à CMV
de traitement antiviral.
Chaque méthode possède ses avantages et inconvénients :
-
Le traitement prophylactique est simple d'administration, il a pour avantage de
protéger le patient des autres infections aux herpes virus (VZV, HSV) et il
diminue significativement l'incidence des effets indirects du CMV comme le
rejet de greffe. (47)
Cependant, l'utilisation au long cours des molécules antivirales expose à la
iatrogénie et il a été montré qu'une fois le traitement prophylactique achevé, il
existe un risque de maladie tardive à CMV de moins bon pronostic (55) (56).
-
Le traitement préemptif, compte tenu d'une durée plus courte de traitement,
engendre moins de toxicité médicamenteuse et un coût de traitement moins
élevé. De plus, il permet de laisser le patient développer son immunité
spécifique anti-CMV.
59
Cependant, il peut être difficile de mettre en place une coordination efficace
entre les techniques de suivi au laboratoire et le suivi clinique du patient pour
débuter le traitement au bon moment. Avec un traitement préemptif, les
dépenses de laboratoire sont plus élevées et le patient ne possède pas de
protection contre les autres herpes virus (HSV et VZV). Enfin, l'absence de
valeur seuil recommandée représente un inconvénient majeur. (47)
Quelle méthode choisir ? Y a t-il une stratégie plus efficace que l'autre ? Avec
un suivi régulier, les données actuelles ne permettent pas de suggérer qu'une
stratégie est plus efficace que l'autre chez les transplantés d'organes solides à risque
modéré ou faible (57) (58) (59) (60). De ce fait, le traitement prophylactique et le
traitement préemptif sont deux stratégies préventives acceptables pour la prévention
de la maladie à CMV. Cependant, compte tenu du manque de données actuelles et
du risque élevé de développer rapidement une maladie à CMV, le consensus
international privilégie la méthode prophylactique à la méthode préemptive pour les
patients à haut risque (thérapie anti-lymphocyte récente, patients infectés par le VIH,
transplantés d'organes solides D+/R- à l'exception des transplantés rénaux et
hépatiques). (24)
2.2.1.4.
Rôle du traitement immunosuppresseur post-greffe
Choisir les bons immunosuppresseurs aux bonnes posologies pour le
traitement antirejet post-greffe permettrait de diminuer le risque d'infections à CMV.
Une étude menée de juin 2011 à mai 2013 a ainsi comparé l'utilisation concomitante
de posologies réduites de tacrolimus et d'évérolimus par rapport à des doses
standards de mycophénolate et tacrolimus. Dans le bras évérolimus, une diminution
significative de l'incidence des infections à CMV (réduction de 90%) a ainsi été mise
en évidence chez des transplantés rénaux ne recevant pas de traitement
prophylactique (61). Des études antérieures avait déjà montré que l'utilisation de
l'évérolimus à la place du mycophénolate était associée à moins d'infections à CMV
chez les transplantés rénaux (62) et cardiaques (63).
60
2.2.1.5.
Prévention de l'infection materno-fœtale
Elle repose essentiellement sur des règles d'hygiène de vie :
-
Lavage fréquent des mains avec eau et savon pendant 15 à 20 secondes,
spécialement après chaque change, chaque contact avec les urines (couches,
pots, pyjamas...) ou contact avec la salive, les sécrétions nasales ou les
larmes d'un jeune enfant.
-
Ne pas finir les repas et les boissons d'un jeune enfant et ne pas sucer la
cuillère ou la tétine.
-
Ne pas partager les affaires de toilette d'un jeune enfant.
-
Ne pas embrasser un jeune enfant sur les lèvres.
-
Limiter les contacts avec les jeunes enfants de moins de 3 ans spécialement
si le statut sérologique est négatif ou inconnu.
L'application de ces règles simples permet de diminuer l'incidence des primo-
infections à CMV chez la femme enceinte (64) (65).
2.2.2. Traitement curatif
2.2.2.1.
Prise en charge de l'infection materno-foetale

Traitement anténatal
Il n'existe aucun traitement validé pour l'infection congénitale à CMV pendant
la grossesse. (66) Deux stratégies sont en cours d'évaluation :
-
L'utilisation des antiviraux. Le ganciclovir, le foscarnet et le cidofovir sont
contre-indiqués pendant la grossesse en raison de leurs toxicités et du
manque d'informations concernant leur tératogénicité. L'aciclovir ou sa
prodrogue le valaciclovir semblent être les seules molécules envisageables.
En effet, l'utilisation de l'aciclovir pendant la grossesse ne semble pas exposer
le fœtus à des effets malformatifs (67) et sa bonne biodisponibilité, chez la
femme enceinte et le fœtus, est à l'origine d'une diminution de la charge virale
fœtale (68).
61
-
L'utilisation des immunoglobulines hyper-immunes. Une étude en 2005 avait
suggéré l'efficacité du traitement par immunoglobulines hyper-immunes qui
favorisait la proportion de nouveau-nés asymptomatiques et diminuait les
signes échographiques fœtaux (69). Mais des études plus récentes semblent
montrer que cette stratégie manque d'efficacité certaine (70).

Traitement du nouveau-né infecté
C'est le ganciclovir IV à raison de 12 mg/kg/j qui a d'abord montré son
efficacité dans le traitement du nouveau-né infecté améliorant ou stabilisant l'audition
à 6 mois chez 81% des patients (71). Son effet neutropéniant et sa voie
d'administration IV, le réserve aux enfants sévèrement infectés et présentant une
atteinte du système nerveux central.
La mise sur le marché en 2002 du valganciclovir, prodrogue du ganciclovir,
sous forme de suspension buvable (Rovalcyte® 50 mg/mL Roche) a facilité la prise
en charge du nouveau-né. Son utilisation orale à la dose de 16 mg/kg/j permet
d'obtenir des concentrations plasmatiques équivalentes à celles obtenues par
l'administration de ganciclovir IV (72). De plus, l'utilisation du valganciclovir semble
engendrer moins de neutropénies que l'utilisation du ganciclovir par voie IV. (73)
2.2.2.2.
Prise en charge du patient infecté par le VIH
L'infection la plus fréquente chez les patients infectés par le VIH est la rétinite
à CMV. Elle survient le plus souvent chez des patients présentant un déficit
immunitaire profond avec un taux de lymphocytes CD4<50/ml. (74)
La prise en charge de cette infection oculaire repose d'abord sur la mise en
place de la trithérapie anti-VIH si celle-ci n'est pas déjà administrée. En effet,
l'incidence des rétinites à CMV est considérablement diminuée chez les patients
recevant la trithérapie : 23 cas /10000 patients VIH vs 8 cas /10000 patients (75). La
reconstitution du système immunitaire, après initiation de la trithérapie anti-VIH, peut
donc chez certains patients être suffisante pour guérir une rétinite à CMV.
62
Pour les patients déjà sous traitement anti-VIH la prise en charge de la rétinite
à CMV doit être individuelle, adaptée à la localisation et à l'étendue de l'infection, aux
effets indésirables potentiels des traitements et à l'efficacité des traitements
antérieurs. Cette prise en charge comprend deux phases (76) :
-
Une phase d'induction, pendant 2 à 3 semaines, avec utilisation de fortes
doses de façon fréquente pour stopper la réplication virale.
-
Une phase d'entretien avec des doses plus faibles sur une période continue
pour supprimer l'activité virale le plus longtemps possible.
Les molécules pouvant être utilisées sont le ganciclovir, le foscarnet ou le
cidofovir par voie intraveineuse, le ganciclovir, le valganciclovir par voie orale ou le
ganciclovir intra-vitréen (76). Chacune présente ses avantages et inconvénients. Les
injections IV répétées de ganciclovir ou foscarnet nécessitent la pose d'un cathéter à
demeure, exposant le patient à un risque infectieux. Le cidofovir avec ses injections
plus espacées ne nécessite pas de cathéter à demeure pour autant, le risque
néphrotoxique important requiert un prétraitement par probénécide et une bonne
hydratation (76). Les implants de ganciclovir présentent une bonne efficacité mais
l'implantation chirurgicale engendre des coûts et des comorbidités plus importantes
(cataracte, hémorragies vitréennes, détachement rétinien...) (77). Il faut noter que les
implants intra-vitréens doivent toujours être associés à un traitement par voie
générale pour éviter une atteinte de l'autre œil ou des manifestations extra-oculaires.
Le valganciclovir par voie orale reste alors la stratégie de choix. Facile
d'administration, le valganciclovir apparait comme aussi efficace que le ganciclovir
intraveineux pour le traitement d'induction et pour la gestion au long terme de la
rétinite chez les patients infectés par le VIH. Une réponse clinique satisfaisante
(diminution des lésions rétiniennes) a été retrouvée chez plus de 72% des patients
traités par valganciclovir oral (78). Les autres molécules sont utilisées en cas d'échec
du traitement ou d'effets indésirables.
63
Tableau 8 : Posologies du ganciclovir, valganciclovir, foscarnet, cidofovir dans le traitement des rétinites à CMV.
(75) Nomenclature : IV: intraveineuse, VO: voie orale.
Ganciclovir
Valganciclovir
Foscarnet
Cidofovir
2.2.2.3.
Phase d'attaque
5 mg/kg/12h en IV
pendant 14 à 21 jours
(à adapter à la fonction rénale)
900mg 2 fois par jour par VO
pendant 14 à 21 jours
60 mg/kg/8h en IV
pendant 14 à 21 jours
3 à 5 mg/kg en IV 1 fois par semaine
pendant 2 semaines
Phase d'entretien
5 mg/kg/j en IV 7 jours/7
OU 1000 mg 3 fois/jour par VO
(à adapter à la fonction rénale)
900 mg 1 fois par jour par VO
90-120 mg/kg/j en IV
3 mg/kg en IV toutes les deux semaines
Prise en charge du patient transplanté
La prise en charge d'une maladie à CMV chez le patient transplanté dépend
des manifestations cliniques observées. En première intention, le valganciclovir est à
préconiser. Cependant, les formes orales exposent à une variabilité interindividuelle
importante en terme de biodisponibilité notamment en cas de maladies intestinales.
Alors, quand une exposition optimale du médicament est préconisée, l'administration
intraveineuse est à préférer.
Les recommandations internationales privilégient le valganciclovir à la dose de
900 mg 2 fois/jour ou le ganciclovir IV à la dose de 5 mg/kg/12h comme première
ligne de traitement chez les adultes transplantés d'organes solides. Ses posologies
sont à adapter à la fonction rénale du patient (tableau 9). Le traitement doit être initié
pour deux semaines minimum et poursuivi jusqu'à obtenir deux charges virales
négatives successives. De plus, pour détecter le plus rapidement possible toute
toxicité du traitement antiviral, un suivi biologique hebdomadaire est à réaliser. (24)
D'autre part, l'adaptation du traitement immunosuppresseur antirejet de greffe
est indispensable. En effet, le système immunitaire du patient joue un rôle important
dans la lutte contre le CMV. A l'heure actuelle, les recommandations internationales
spécifient que la réduction des posologies des thérapies immunosuppressives est à
envisager chez des patients présentant une maladie sévère à CMV, des charges
virales élevées ou une leucopénie sévère ou chez ceux qui ne répondent pas aux
traitements antiviraux. Dès qu'une réponse antivirale adéquate est obtenue, il
conviendra de revenir aux doses immunosuppressives initiales. (24)
64
Tableau 9 : Posologies recommandées pour le ganciclovir, le valganciclovir et le valaciclovir chez les patients
adultes transplantés présentant une altération de la fonction rénale (en utilisant la formule de Cockcroft-Gault).
(24)
2.3.
Suivi de la pathologie
L'infection ou maladie à CMV nécessite un suivi très régulier, on distingue :
2.3.1. Le suivi clinique
Le suivi journalier de l'état général du patient avec évaluation de l'évolution
des symptômes de la maladie (fièvre, hypoxie, atteinte d'organes ...) est impératif.
Face à une absence d'amélioration des symptômes cliniques sous traitement
prolongé (plus de deux semaines à doses pleines), il faut suspecter une résistance
aux antiviraux. (24)
Chez les enfants infectés à la naissance, un suivi neurosensoriel régulier et
prolongé est recommandé avec contrôle de l'audition, de la vision et suivi
psychomoteur.
Chez les patients infectés par le VIH présentant une rétinite à CMV, les
examens ophtalmologiques réguliers sont recommandés.
65
2.3.2. Le suivi virologique
La charge virale représente le nombre de copies de virus par millilitre de sang
et permet de mettre en évidence la réplication virale. On peut, grâce à cette mesure,
diagnostiquer une infection à CMV, évaluer l'efficacité d'un traitement antiviral ou
mettre en évidence une résistance au traitement. L'objectif en cours de traitement
est de rendre la charge virale indétectable, signe d'une réplication virale inhibée.
Cette mesure peut être réalisée par antigénémie pp65 ou amplification génique ou
polymerase chain reaction (PCR).
En juillet 2015, la mesure de la charge virale du cytomégalovirus par
amplification génique chez les receveurs d’allogreffes, a reçu un avis favorable de la
HAS (Haute Autorité de Santé) pour l'inscription à la NABM (Nomenclature des Actes
de Biologie Médicale). Ainsi, on reconnait que le suivi de la charge virale du CMV par
PCR trouve sa place dans un traitement préemptif ou curatif de la maladie à CMV. Le
résultat obtenu est quantitatif et exprimé en unités internationales. Le suivi doit être
réalisé sur un même type d'échantillon avec la même technique et dans un même
laboratoire.
Lors d'un traitement préemptif, ce suivi doit être hebdomadaire pendant au
moins 3 à 4 mois après la greffe. Le seuil au delà duquel le traitement est à initier
doit être défini à l'issue d'une discussion clinico-biologique en fonction de la
technique de PCR utilisée et des caractéristiques du patient.
Lors du traitement antiviral de la maladie, le suivi de la charge virale est
hebdomadaire. L'arrêt du traitement doit être envisagé après deux résultats négatifs
consécutifs espacés d'au moins une semaine. (79)
2.3.3. Le suivi biologique
Les médicaments utilisés sont à l'origine de toxicités qui doivent être
contrôlées par un suivi biologique régulier :
-
Avec le ganciclovir et valganciclovir, un hémogramme est préconisé tous les
jours pendant le traitement d'attaque puis, tous les 7 à 15 jours pendant le
66
traitement d'entretien. La clairance de la créatinine, permettant d'évaluer le
débit de filtration glomérulaire, doit également être régulièrement contrôlée
pour adapter les posologies en cas de détérioration de la fonction rénale.
-
Avec le foscarnet, à l'origine d'un risque néphrotoxique et de troubles
électrolytiques, la créatinémie et la calcémie sont à surveiller tous les 2 jours
en traitement d'attaque puis une fois par semaine. L'hémogramme est à
réaliser de façon hebdomadaire pendant le traitement d'attaque puis deux fois
par mois. Kaliémie et phosphorémie doivent également être contrôlées.
-
Avec le cidofovir, NFS (Numération Formule Sanguine), créatinémie,
protéinurie, glycosurie, phosphatases sériques, uricémie et bicarbonates sont
à surveiller avant administration puis régulièrement ensuite.
-
Avec l'aciclovir, les fonctions rénales (notamment clairance de la créatinine) et
hématopoïétiques doivent être contrôlées. (33)
2.3.4. Le suivi immunologique
Il a pour but d'évaluer la réponse immunitaire du patient en mesurant les
lymphocytes T CD4+ et T CD8+ spécifiques au HCMV. Différentes méthodes sont
disponibles comme la cytométrie de flux, l'INFγ-ELISPOT (Enzyme Linked
Immunospot), le QuantiFERON-CMV ... Ce suivi est recommandé pour évaluer le
risque d'infection active ou maladie à CMV notamment après traitement
prophylactique ou lors des traitements préemptifs chez les receveurs d'organes
solides. (24)
La plupart des essais conduits sont basés sur la détection de l'INFγ après
stimulation de sang total ou de cellules mononuclées périphériques par des
antigènes ou peptides spécifiques du CMV. (24) La présence en quantité suffisante
de cellules T exprimant des cytokines comme l'INFγ, le TNFα ou l'IL2, est corrélée à
un bon contrôle du CMV à court et long terme. Au contraire, le manque de cellules T
serait associé à une augmentation du risque de réplication virale. (80) (81) (82)
Le QuantiFERON-CMV est le premier test standardisé et commercialisé pour
déterminer la sécrétion d'INFγ spécifique au HCMV. On prélève du sang total dans
67
trois tubes : un tube témoin négatif "Nil", un tube contenant des antigènes CMV
"antigènes" et un tube témoin positif avec des agents mitogènes. L'ensemble est
incubé 16 à 24h puis, après centrifugation, la quantité d'INFγ est évaluée dans
chaque tube par test ELISA. Le test est considéré comme réactif lorsque la quantité
d'INFγ mesurée dans le tube "antigène" est nettement supérieure à celle du tube
"Nil"(83). Ce test a montré son efficacité pour prédire le risque de développement
d'une maladie à CMV après traitement prophylactique. (84)
2.3.5. Le suivi pharmacologique
Très important pour obtenir une exposition optimale aux antiviraux chez le
patient infecté, ce suivi sera discuté dans la partie "3 Suivi thérapeutique
pharmacologique".
2.4.
Résistance aux traitements
L'émergence de résistances aux traitements antiviraux constitue un problème
majeur dans la prise en charge actuelle du cytomegalovirus. La non-efficacité des
traitements entraîne alors un mauvais contrôle de l'infection exposant le patient à un
risque de mortalité plus élevé.
Chez les patients infectés par le VIH et nécessitant un traitement anti-CMV,
20% de résistances aux antiviraux ont d'abord été mis en évidence. Cette incidence
a fortement diminué après l'introduction de la thérapie antirétrovirale, chutant à 9%.
(85) Dans les suites de transplantations, le risque de résistance aux molécules
antivirales reste préoccupant. Les patients D+/R- présentent en fonction du type de
greffes et de leur statut immunitaire 5 à 10% de résistances. La transplantation
pulmonaire comptabilise le plus de cas de résistances. (86)
68
2.4.1. Facteurs de risques
La résistance du CMV à un antiviral donné est susceptible d’apparaître
lorsque le virus se réplique en présence de cet antiviral. La pression de sélection
exercée par l’antiviral va alors favoriser l’émergence de virus mutants résistants
initialement minoritaires. (20) Certains facteurs favorisant l'émergence de résistance
aux traitements antiviraux ont pu être identifiés (24) (13) (87) (87) :
-
Exposition prolongée aux antiviraux (plus de 5 mois).
-
Mauvaise administration des antiviraux : utilisation de doses suboptimales,
mauvaise observance, biodisponibilité insuffisante ...
-
Absence d'immunité avant greffe : statut D+/R-.
-
Défenses immunitaires de l'hôte très affaiblies par de fortes doses de
traitements immunosuppresseurs.
-
Haut niveau de réplication virale.
2.4.2. Mécanismes de résistance
Les résistances aux traitements du HCMV résultent d'une ou plusieurs
mutations au niveau des gènes UL54 et UL97 nécessaires à l'action des antiviraux.
Pour rappel, la protéine pUL97 est une protéine kinase indispensable à la première
phosphorylation du ganciclovir et de l'aciclovir. La protéine pUL54 correspond à
l'ADN polymérase virale.
Les mutations du gène UL97 entraînent une résistance au ganciclovir,
valganciclovir et aciclovir. Elles n'ont cependant aucune influence sur la sensibilité au
foscarnet ou cidofovir qui ne nécessitent pas de primo-phosphorylation par une
kinase virale. Ces mutations touchent essentiellement les codons 460, 520 et 590 à
607, entraînant des résistances plus ou moins sévères. (24) Parmi ces mutations, 33
substitutions d'acides aminés et
6 délétions ont été mises en évidence dans la
résistance au ganciclovir/valganciclovir. (88)
69
Tableau 10: Niveaux de résistances au ganciclovir en fonction des génotypes UL97 (24)
Nomenclature: del : déletion d'un codon; del2 : déletion de 2 codons; del(≥3) : déletion de plus de 3 codons entre
590 et 607; A : Alanine; C : Cystéine; D : Aspartate; E : Glutamate; F : Phenylalanine; G : Glycine; I : Isoleucine; K
: Lysine; L : Leucine; M : Methionine; N : Asparagine; Q : Glutamine; R : Arginine; S : Serine; T : Threonine; V :
Valine; W : Tryptophane; Y : Tyrosine.
Niveau de résistance
Résistance modérée
Résistance de faible
grade
Mutations
génotypiques UL97
les plus communes
(représentant 80%
des cas de
résistances)
M460V/I
H520Q
A594V
L595S
C603W
C592G
Mutations
génotypiques UL97
moins communes
(codons 460 et 590 à
607)
A594G
595del
596del
L595F/W
K599T
C603R
C607Y
del(≥3)
A594E/T
E596G
C603S
600del2
C607F
Résistance
insignifiante
A591V
N597D
K599E/R
L600I
600del
T601M
D605E
Concernant les mutations du gène UL54, 32 substitutions et 1 délétion
seraient associées à une résistance au valganciclovir ou ganciclovir. (88) Certaines
molécules utilisées dans la prise en charge du cytomegalovirus présentent un
mécanisme d'action proche et une même cible. Ainsi une mutation UL54 touchant
l'ADN polymérase virale, peut entraîner une diminution de sensibilité à plusieurs
antiviraux. Des résistances croisées entre ganciclovir et cidofovir et entre ganciclovir
et foscarnet ont ainsi été mises en évidence (84).
Tableau 11: Exemples de mutations affectant UL54 et entrainant des résistances au ganciclovir. Les mutations
soulignées correspondent à des résistances croisées ganciclovir/cidofovir. Celles en gras correspondent à des
mutations croisées ganciclovir/foscarnet. (88)
Forte diminution de la sensibilité au GCV
Diminution modérée de la sensibilité au GCV
D301N; N408D/K/S; N410K; F412C/L/S; L501F/I;
T503I; K513N/E/R; I521T; P522A/S; L545S/W;
Q578H; D588N; E756K; Del981-982; V781I;
V787L; L802M; A809V; T813S; T821I; A834P;
G841A; A987G
E315D; P522L; Q578L; D588E; S695T; I726T/V;
D879G; A972V
70
Parmi les résistances observées chez les patients traités par ganciclovir, 90%
présentent d'abord une mutation UL97 à laquelle pourra s'ajouter par la suite une
mutation UL54. Ainsi il est recommandé de commencer par rechercher une mutation
UL97 seule et de vérifier par la suite UL54. (24) L'association de plusieurs mutations
touchant à la fois UL54 et UL97 est à l'origine d'une forte résistance au ganciclovir.
(89)
2.4.3. Diagnostic
Une résistance au traitement doit être suspectée lorsqu'il n'y a aucune
évolution de la virémie et de la maladie à CMV après un traitement antiviral prolongé
(plus de 6 semaines d'exposition aux antiviraux avec au moins deux semaines
consécutives à doses pleines) et notamment chez des patients présentant des
facteurs de risque. (24) La recherche de mutations de résistance utilise des
méthodes phénotypiques et/ou génotypiques. Néanmoins, il faut garder à l’esprit que
cette situation peut être aussi la conséquence d’une mauvaise observance du
traitement antiviral par le patient, de l’administration de doses suboptimales, d’une
diffusion insuffisante de la molécule au niveau du site de l’organisme où se réplique
activement le virus, ou encore d’une immunodépression cellulaire majeure
(notamment chez les patients allogreffés de CSH).
2.4.3.1.
Méthodes phénotypiques
Elles ont pour but de déterminer la concentration antivirale requise pour
diminuer la croissance virale en cultures cellulaires de 50 à 90% (CI50 et CI90).
Cette méthode nécessite donc une mise en culture de prélèvements sanguins ou
urinaires pour quantifier la réplication virale en présence et en absence d'antiviraux.
(87) Face à la grande variabilité des résultats obtenus par méthodes phénotypiques,
il est recommandé de toujours tester en parallèle la souche de référence AD169.
Ainsi on calcule : IR (Indice de Résistance) = CI50 (souche du patient) / CI50
(souche AD169). On estime que la souche est résistante quand IR ≥ 3. (20)
71
Historiquement, c'est la méthode PRA (Plaque Reduction Assay) qui était
recommandée. Elle détermine la concentration de l'agent antiviral nécessaire à
l'inhibition de 50% (CI50) des plaques virales (88). Difficile à reproduire, à interpréter
et demandant beaucoup de travail et temps, cette méthode est toujours utilisée mais
des variantes ont été mises en place (88) :
-
La lignée cellulaire rapporteuse : on utilise des protéines fluorescentes ou
l'activité luciférase pour mettre en évidence l'expansion virale du CMV.
-
La PCR quantitative en temps réel : on mesure la diminution du nombre de
copies du génome HCMV avec différentes concentrations d'antiviraux.
-
La génération de virus recombinants : on évalue l'impact d'un changement
génétique spécifique sur la sensibilité ou la résistance aux antiviraux. Des
gènes rapporteurs codant des protéines comme l'alcaline phosphatase ou la
GFP (Green Fluorescent Protein) sont insérés pour suivre l'expansion virale.
-
Les nouveaux essais biochimiques : on mesure l'incorporation de nucléotides
en présence d'enzymes UL54 recombinantes.
Les méthodes phénotypiques possèdent plusieurs inconvénients majeurs. On
peut d'abord citer le manque de standardisation et de définitions de valeurs CI50
normales pour chaque antiviral. De plus, elles ne permettent pas de mettre en
évidence des souches sensibles ou résistantes minoritaires au sein d'un mélange de
souches. Enfin, les souches isolées à partir des prélèvements sanguins ou urinaires
sont parfois différentes de celles responsables de l'atteinte clinique. (90)
2.4.3.2.
Méthodes génotypiques
L‘approche génotypique consiste à rechercher la présence de mutations par
séquençage de l‘intégralité des gènes d‘intérêt (UL97 et UL54). Cette méthode a
un avantage majeur : elle ne nécessite pas de cultures virales. En effet, elle est
réalisable sur l‘ADN extrait de la souche virale utilisée pour l‘approche phénotypique
ou directement
sur
l'ADN
extrait
du
prélèvement
du
patient. (20) Après
amplification des gènes par PCR, un séquençage est réalisé à la recherche de
mutations déjà connues comme associées à une résistance aux antiviraux. L'analyse
des résultats de séquençage peut parfois s'avérer complexe. En effet, il est difficile
72
de distinguer si une nouvelle mutation (non rapportée dans la littérature) est associée
à la résistance à un agent antiviral ou au polymorphisme viral. (88)
La PCR-RFLP (Polymerase Chain Reaction-Restriction Fragment Length
Polymorphism) est une méthode rapide très utilisée et développée pour détecter les
mutations les plus fréquentes de UL97. Après PCR, l'ADN est amplifié et coupé par
des enzymes de restriction dont les sites sont situés au niveau des codons mutés.
Les fragments d'ADN générés sont ensuite révélés par électrophorèse et leur
nombre et taille s'avèrent différents en fonction du génotype du patient. (90)
Figure 12: Stratégie proposée en cas de suspicion de résistance virologique au traitement. (90)
2.4.4. Adaptation du traitement
A l'heure actuelle, il n'existe pas d'études contrôlées pour déterminer quelles
options thérapeutiques sont à utiliser en cas de suspicion ou preuve de résistance au
traitement antiviral. Les experts se sont accordés sur plusieurs principes (24) :
73
-
Si aucune résistance n'est mise en évidence par diagnostic génotypique et/ou
phénotypique, il convient d'ajuster les facteurs spécifiques de l'hôte (traitement
immunosuppresseur, contrôle de l'observance ...) plutôt que de changer de
molécule antivirale.
-
Devant une suspicion de résistance, il faut en premier lieu diminuer le
traitement immunosuppresseur le plus possible.
-
Pour les mutations conférant des niveaux de résistance faibles au ganciclovir,
il est préférable d'augmenter les doses de GCV à 10mg/kg/12h en cas de
maladie peu sévère sous contrôle de la fonction rénale et de la toxicité.
-
Le changement du ganciclovir vers le foscarnet est recommandé en cas de
mutation induisant un niveau de résistance élevé ou en cas de mutation
double UL97 et UL54.
-
Le cidofovir est à utiliser en dernière intention en cas de mise en évidence
d'une résistance au ganciclovir et au foscarnet.
Figure 13: Algorithme proposé pour la gestion des résistances suspectées aux antiviraux et basé sur le
consensus des opinions d'experts. (24) Nomenclature : GCV : ganciclovir; FOS : Foscarnet; CDF: Cidofovir; (1) :
Absence d'amélioration des symptômes de la maladie ou de la charge virale ; (2) Pleines doses
GCV=5mg/kg/12h IV et Fortes doses GCV = 10mg/kg/12h IV.
74
2.5.
Perspectives thérapeutiques
Face au développement des résistances, la nécessité de trouver de nouvelles
molécules et stratégies thérapeutiques s'avère indispensable. Plusieurs nouveaux
antiviraux sont donc actuellement en phase d'essais cliniques dans le but d'obtenir
une meilleure efficacité et une moindre toxicité dans le traitement et la prévention du
CMV. (91)
2.5.1. Molécules en cours d'évaluation
2.5.1.1.
Maribavir
Dérivé benzimidazolé L-ribonucléoside, inhibiteur de la protéine kinase pUL97,
le maribavir possède une activité in vitro anti-CMV démontrée. (92)
Sa cible, la protéine pUL97, est indispensable à l'activité du ganciclovir car elle
réalise sa première phosphorylation. Mais avec le maribavir, c'est plutôt le rôle de
cette protéine dans l'élongation de l'ADN, l'emballage et la sortie nucléaire des ADN
qui est visé. Le maribavir ne nécessite aucune phosphorylation pour être actif et ne
cible pas l'ADN polymérase virale comme le font les autres analogues
nucléosidiques déjà utilisés. (93)
L'activité du maribavir sur des souches résistantes au ganciclovir, cidofovir
et/ou foscarnet a été démontrée. (94) (95) Les mutations conférant une résistance au
ganciclovir apparaissent dans des loci différents de ceux qui entraînent des
résistances au maribavir. Des altérations génétiques au niveau des gènes UL97 et
UL27 sont associées à des résistances in vitro au maribavir. (96)
Plusieurs essais cliniques ont déjà été menés. Les données recueillies lors
d'essais de phase I n'ont montré aucune inquiétude concernant la toxicité de cette
molécule. Les effets indésirables les plus souvent rapportés étaient des troubles du
goût et des maux de tête. Une étude de phase II a ensuite montré l'efficacité d'un
traitement prophylactique par maribavir à trois posologies différentes (100mg/j,
400mg/j et 400mg 2 fois/j) par rapport à un placebo sur la prévention de l'infection à
CMV chez des receveurs de cellules souches allogéniques. Mais des essais de
phase III ont commencé à montrer des limites dans l'utilisation du maribavir. A la
75
posologie de 100mg deux fois par jour, le maribavir a échoué dans la prévention de
l'infection à CMV. (93) Des résultats sont maintenant attendus concernant deux
essais de phase II qui utilisent des posologies plus élevées de maribavir pour le
traitement de maladie à CMV résistante ou comme traitement préemptif (essais
EudraCT:2010-024247-32 en Allemagne, et NCT01611974 aux Etats-Unis).
Compte tenu des difficultés à déterminer la posologie optimale et en raison de
la mise en évidence de résistances possibles, l'avenir de cette molécule reste
incertain.
2.5.1.2.
Letermovir
Egalement connu sous les noms de "AIC-246" ou "MK-8228", le letermovir se
distingue des autres antiviraux anti-CMV par son faible poids moléculaire et son
mode d'action. Il possède une forte activité spécifique sur le CMV qui semble in vitro
supérieure à celle du ganciclovir. Il est inefficace sur les autres herpesvirus. (97) (98)
Le letermovir cible la sous-unité pUL56 de la terminase virale impliquée dans
le clivage et l'emballage de l'ADN viral du HCMV. Ainsi, à la différence des antiviraux
aujourd'hui utilisés, le letermovir stoppe la réplication virale après la synthèse de
l'ADN et non pendant. (99) Son mécanisme d'action si différent lui permettrait d'être
efficace sur des souches résistantes au ganciclovir, cidofovir et foscarnet. (100)
Les essais cliniques entrepris ont montré que le letermovir possédait un bon
profil de tolérance avec aucune toxicité rénale ou hématopoïétique recensée.
Quelques effets indésirables de type digestifs comme des nausées, diarrhées ou
vomissements ont pu être mis en évidence. De plus, des essais de phase II ont
montré qu'un traitement préemptif par letermovir avait une efficacité équivalente à
celui par valganciclovir et que l'incidence des échecs de prophylaxie avec le
letermovir était diminuée par rapport à un traitement placebo. (99) (100) Les études
continuent. Un essai de phase III est notamment en cours afin d'évaluer l'efficacité et
la tolérance d'un traitement par letermovir pour prévenir l'infection à HCMV chez les
receveurs de cellules souches hématopoïétiques (NCT02137772).
76
Concernant les résistances, des études montrent qu'elles pourraient faire suite
à des mutations au niveau des séquences codant UL56. Leurs rapides évolutions in
vitro suggèrent qu'une surveillance génétique lors du traitement pourrait s'avérer
nécessaire. (101)
Le letermovir reste un bon candidat potentiel pour le traitement et la
prévention du HCMV.
2.5.1.3.
Brincidofovir
Le brincidofovir ou "CMX001" est un analogue du cidofovir possédant une
activité in vitro sur les herpesvirus mais également sur les adénovirus,
papillomavirus, variolavirus...
L'ajout d'un lipide au cidofovir a permis d'augmenter sa biodisponibilité orale.
Le brincidofovir est donc administré par voie orale et absorbé au niveau intestinal. Il
est ensuite délivré aux organes cibles par diffusion passive facilitée par le
groupement lipide. Une fois à l'intérieur des cellules, des phospholipases
intracellulaires le clivent, libérant ainsi le cidofovir. Après une double phosphorylation
par les kinases cellulaires, le cidofovir diphosphonate s'incorpore dans la chaîne
d'ADN en formation et bloque la réplication virale. (93)
Après administration de brincidofovir à posologie usuelle, on ne retrouve pas
de cidofovir au niveau plasmatique ce qui diminue la néphrotoxicité. (102) Des
études cliniques de phase I, utilisant des posologies croissantes de CMX001 chez
plusieurs patients, ont montré que la molécule possédait un bon profil de tolérance.
(93) Une étude de phase II a ensuite révélé que l'utilisation de 100mg deux fois par
semaine de brincidofovir chez des receveurs de cellules souches hématopoïétiques
réduisait significativement l'incidence des infections et maladies à CMV. Cette
posologie semble être celle à utiliser car une augmentation de la posologie à 200mg
deux fois par semaine est responsable de fortes diarrhées. (103)
Une autre étude a inclus des patients infectés par le CMV dont certains
possédaient une mutation de résistance au ganciclovir et d'autres au cidofovir. Il a
alors été démontré qu'il n'y avait aucune différence d'effet du brincidofovir chez les
77
patients présentant une résistance au ganciclovir par rapport à ceux qui ne
possédaient aucune mutation de résistance connue. Cependant, pour ceux
résistants au cidofovir, l'efficacité du traitement était diminuée. L'utilisation de
CMX001 ne devrait donc pas être initiée chez les patients présentant une résistance
au cidofovir. (102)
Actuellement, une étude de phase III évalue l'efficacité et la tolérance du
CMX001 à la dose de 100mg deux fois par semaine pour la prévention du CMV chez
les receveurs R+ de cellules souches hématopoïétiques (NCT01769170).
2.5.1.4.
Leflunomide
Le leflunomide, connu en Europe sous le nom commercial Arava®, est utilisé
dans le traitement de fond de la polyarthrite rhumatoïde et du rhumatisme
psoriasique actif de l'adulte. Il a une action antiproliférative sur les lymphocytes T
activés en inhibant la dihydro-orotate déshydrogenase et donc la synthèse des
pyrimidines. (33)
Depuis plusieurs années, le leflunomide est reconnu comme
possédant également une activité antivirale notamment sur le cytomegalovirus par
inhibition de l'assemblage des virions. (104) (105)
Plusieurs cas d'utilisations réussies du leflunomide chez des patients
transplantés présentant une maladie à CMV avec intolérance ou inefficacité des
autres
thérapies
sont
rapportés
(106)
(107)
(108).
Avec
son
activité
immunosuppressive et antivirale, le leflunomide serait utile dans le traitement des
infections sévères à CMV notamment chez les transplantés. Les effets indésirables
les plus souvent rapportés sont l'anémie, les diarrhées et une augmentation de
l'activité hépatique. (109)
Des études incluant de plus grands effectifs et méthodologiquement plus
robustes, doivent encore être conduites. Elles permettraient de s'assurer de
l'efficacité du leflunomide, d'étudier la durée optimale de traitement, les posologies
ou encore les effets synergiques possibles avec d'autres antiviraux déjà utilisés.
78
2.5.1.5.
Artesunate
Ce traitement antipaludéen a montré qu'il possédait une bonne activité
antivirale in vitro sur le cytomegalovirus. (110) (111) Son mécanisme d'action
antiviral reste pour le moment non élucidé. Il agirait avant la synthèse d'ADN et peutêtre également à un autre stade ultérieur après la réplication de l'ADN (111). Il
diminuerait l'activation de facteurs impliqués dans la réplication virale comme Sp-1 et
NFĸB. (112) Plusieurs cas anecdotiques d'utilisations cliniques de cette molécule
dans le traitement de l'infection à CMV ont été rapportés. Echecs et réussites, les
résultats obtenus sont variables. (113) (114) Les données actuelles ne permettent
pas de statuer avec certitude quant à son efficacité et/ou sa toxicité.
2.5.2. Vaccin anti-CMV
Le développement d'un vaccin anti-CMV est reconnu comme une priorité pour
prévenir les infections congénitales chez les nouveau-nés et maladies à CMV chez
les transplantés. (115) De nombreux candidats sont actuellement en cours
d'évaluation.
Le premier vaccin réalisé est un vaccin vivant atténué dérivé de la souche
Towne. Testé sur plus de 800 individus, il a montré une bonne sécurité d'emploi
n'induisant que très peu d'effets indésirables. Il permet de réduire de 85% la sévérité
des maladies à CMV chez les transplantés rénaux R- mais ne parvient pas à prévenir
l'infection. De même, il ne permet pas de prévenir l'infection chez les femmes
séronégatives au CMV mais protégerait d'une réinfection chez les femmes
séropositives. (115)
Des vaccins recombinants, associant des séquences génomiques des
souches Toledo et Towne, ont été proposés. Ils se sont avérés sans danger chez les
79
sujets séropositifs au CMV et sont actuellement en cours d'essais cliniques de phase
I chez des sujets séronégatifs (NCT01195571). (116)
Une des stratégies les plus prometteuses semble être l'utilisation de sousunités virales, en sélectionnant les antigènes les plus pertinents pour induire une
réponse immunitaire spécifique. La protéine gB, cible des lymphocytes TCD4+ et
TCD8+ lors de l'infection naturelle, a ainsi intéressé les chercheurs. Un vaccin
utilisant une gB recombinante associé à un adjuvant MF59 a permis d'induire la
formation de nombreux anticorps neutralisants. (117) Il a ensuite été proposé
d'associer la gB recombinante à un autre antigène intéressant, la pp65. Des résultats
de phase II semblent intéressants pour diminuer la virémie chez des patients
transplantés de cellules souches hématopoïétiques. (118)
L'utilisation de protéines recombinantes permet d'augmenter la tolérance au
vaccin mais, lorsque deux ou plusieurs protéines sont nécessaires pour obtenir une
réponse immunitaire adaptée, la formulation du vaccin se complique. L'utilisation de
vecteurs semble alors intéressante. Ainsi des vaccins avec vecteur dérivé de
canarypox contenant la protéine pp65 recombinante (119), ou des vecteurs poxvirus
contenant pp65, gB et p150 (120) ont vu le jour et ont donné des résultats
intéressants mais qui nécessitent des études cliniques supplémentaires.
D'autres formulations s'avèrent également intéressantes : les vaccins à ADN
codant pour des antigènes comme pp65 ou gB ou gH/gL/gO, les vaccins avec corps
denses de CMV ...
Les vaccins anti-CMV sont encore en phase d'essais précliniques ou cliniques
de phase I et II. Ils constitueraient une avancée majeure dans la prévention de
l'infection ou maladie à CMV.
80
Tableau 12 : Récapitulatif des candidats pour la vaccination au HCMV. (121)
Evaluation
préclinique
Essais
cliniques
(Phase I/II)
Efficacité
des essais
Résultats / Perspectives
Vaccin vivant
atténué (Towne)
Vaccin vivant
recombinant
Towne/Toledo
gB recombinant
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Non
Oui
Oui
Oui
- protection contre la maladie
- Ne prévient pas l'infection
- Bonne tolérance chez les volontaires sains
séropositifs
- Nécessité d'essais cliniques supplémentaires
- Induction d'AC neutralisants et réponse TCD4 chez
patients séronégatifs
- Rapide stimulation des AC neutralisants chez les
patients séropositifs
- Bénéfique chez les transplantés rénaux et
hépatiques
- Prévention de l'infection chez les jeunes femmes
Vecteurs canarypox
Oui
Oui
Non
Vecteurs MVA
(Modified Vaccinia
Virus Ankara)
Vecteurs adénovirus
non réplicatifs
Oui
Oui
Non
Oui
Non
Non
Peptides (épitopes
CD4 et CD8 de
cellules T)
Oui
Oui
Non
Vaccins ADN
Oui
Oui
Oui
Corps denses
Oui
Non
Non
Vaccin avec un virus
non réplicatif
Oui
Non
Non
- Réponse cellulaire chez les volontaires séronégatifs
- Peu d'AC neutralisant générés
- Semble être un bon candidat pour des une
première induction rapide
- Ont été étudié sur des petits modèles animaux
- Induction d'AC neutralisants et réponse cellulaire
sur des modèles animaux
- Essais cliniques à réaliser
- Induction d'une réponse cellulaire chez la souris
- Essai de phase Ib montre une bonne sécurité
d'emploi avec aucun effet indésirable chez des
volontaires sains et induction d'une réponse CD8+
- Protection contre CMV sur modèle de souris HCMV
après une première induction
- Induction d'AC neutralisant et réponse cellulaire
chez des volontaires et patients avec tumeurs
- Diminution de l'incidence et récurrence des
épisodes de virémie HCMV chez les patients
transplantés de cellules souches hématopoïétiques
- Réponses durables avec AC neutralisants chez la
souris
- Réponses cellulaires chez la souris
- Essais cliniques à réaliser
- En cours d'essai clinique de phase I
(NCT01986010)
81
3. Suivi thérapeutique pharmacologique (STP)
3.1.
Définition
3.1.1. Le STP : c'est quoi ?
Appelé également "monitoring thérapeutique" ou "therapeutic drug monitoring"
(TDM), le suivi thérapeutique pharmacologique (STP) est une spécialité clinique
pluridisciplinaire visant à améliorer la prise en charge du patient en ajustant
individuellement la dose des médicaments prescrits.
Dans un premier temps, le STP consiste à mesurer la concentration d'une
molécule thérapeutique dans différents fluides biologiques et à s'assurer qu'elle se
situe dans un intervalle thérapeutique établi à partir des données de la littérature.
(122) (123) Pour rappel, est appellé intervalle thérapeutique ou marge thérapeutique,
les valeurs de concentrations comprises entre la concentration minimale du
médicament produisant un effet thérapeutique et la concentration plasmatique
maximale qui ne produit pas d'effets toxiques. (124)
Figure 14 : Définition de l'intervalle thérapeutique. Sur ce schéma une même molécule a été administrée au
même moment à 3 posologies différentes (A,B et C). La posologie B est la seule permettant d'obtenir une
concentration plasmatique dans l'intervalle thérapeutique sans atteindre les valeurs toxiques.
82
Cette approche repose alors sur le principe qu'il n'existe pas de relation entre
dose et concentration mais une relation entre concentration plasmatique et effet. En
raison de facteurs de variabilités pharmacocinétiques, la concentration plasmatique
obtenue chez un individu n'est pas entièrement prévisible d'où la nécessité de
réaliser ce dosage.
Figure 15 : Paramètres pharmacocinétiques et pharmacodynamiques contribuant à la variabilité interindividuelle
entre posologie prescrite, concentration sanguine et effet clinique obtenu. (122) (123)
Le suivi thérapeutique pharmacologique ne se limite pas à la seule mesure de
concentration et à sa comparaison avec des valeurs cibles. En effet, la deuxième
partie du travail consiste à interpréter les résultats obtenus en tenant compte de
nombreux paramètres comme la réponse clinique, les caractéristiques et le statut
clinique du patient, la posologie utilisée, les caractéristiques pharmacocinétiques de
la molécule ou encore l'indication du STP. Le clinicien peut ensuite, avec l'avis de
l'équipe de pharmacologie, modifier la posologie en fonction des résultats obtenus.
(123)
Le but final est d'identifier la dose la plus appropriée pour obtenir une réponse
optimale tout en minimisant le risque toxique chez le patient. (122) Il permet de
limiter les échecs thérapeutiques et de réduire la fréquence des effets indésirables
ou toxiques des médicaments.
83
3.1.2. Indications du STP
Le STP permet d'optimiser le traitement médicamenteux. Il peut être indiqué
dans les situations suivantes (122) (123) (125) :
-
Défaut de réponse au traitement : la concentration obtenue est-elle en
dessous de la zone thérapeutique ?
-
Exploration d'un phénomène toxique imputable au médicament (notamment
lorsque les manifestations cliniques de la maladie sont également celles d'une
possible toxicité) : le patient est-il exposé à une concentration plasmatique
toxique ?
-
Suivi régulier des concentrations plasmatiques pour empêcher toute toxicité :
les
concentrations
plasmatiques
sont-elles
toujours
inférieures
aux
concentrations toxiques ?
-
Suivi de l'observance au traitement : les concentrations mesurées sont-elles
inférieures à celles normalement retrouvées après l'administration d'une
posologie donnée ?
-
Evaluation de l'impact d'un changement posologique ou recherche d'une
cause face à un changement d'état clinique du patient : les nouvelles
concentrations se situent-elles dans la zone thérapeutique ?
-
Suivi et détection des interactions médicamenteuses notamment après une
modification des traitements associés.
-
Optimisation des thérapies à faible marge thérapeutique (lithium, ciclosporine,
aminoglycosides...).
-
Ajustement des posologies chez un patient insuffisant rénal.
-
Aide à la décision d'arrêt du traitement. L'arrêt peut être recommandé quand :

Le patient est bien portant et est exposé à une concentration inférieure à
la concentration minimale thérapeutique.

Le patient présente un état clinique préoccupant et est déjà exposé à
une
concentration
maximale
thérapeutique.
Une
augmentation
posologique entrainerait alors un risque de toxicité trop important.
84
3.1.3. Les molécules éligibles au STP
Tous les médicaments n'ont pas vocation à subir un STP. Le monitoring
thérapeutique n'est en effet intéressant que pour certaines molécules. Les critères
suivants font d'une molécule un bon candidat (122) (123) (126) :
-
Molécules présentant une variabilité inter et intra-individuelle importante.
-
Existence d'une bonne corrélation entre concentration plasmatique et effet
thérapeutique ou toxicité.
-
Médicaments à marge thérapeutique étroite.
-
Difficultés à mettre en évidence par un examen clinique une bonne efficacité
du médicament ou au contraire une toxicité.
-
Médicaments présentant un métabolisme saturable.
-
Intervalles thérapeutiques et méthodes d'analyses reconnus.
Un algorithme de décision a été proposé par Ensom et al. pour évaluer l'utilité
du suivi pharmacocinétique dans une population de patients donnée. Basé sur 9
questions, il est intéressant à étudier avant la mise en place d'une méthode de STP.
Figure 16 : Algorithme de décision proposé pour le suivi pharmacocinétique. (127)
85
3.1.4. Précautions d'utilisation
Pour qu'un monitoring thérapeutique soit le plus pertinent possible, chaque
étape nécessite des précautions.
La première étape concerne le prélèvement biologique. Bien que dans
certains cas, l'analyse biologique est réalisée sur LCR (Liquide Céphalo-rachidien),
pour la plupart des molécules c'est un prélèvement sanguin qui est nécessaire. Le
dosage sera ensuite réalisé sur plasma, sérum ou sang total. Le prélèvement est
toujours réalisé dans le bras opposé à l'administration IV tout en prenant soin
d'utiliser le bon tube (ex : pas de tube hépariné pour le lithium) (128).
Le moment de prélèvement constitue un point clé qui doit être maitrisé afin d'éviter
les erreurs d'interprétation. Ainsi, le prélèvement doit être exécuté une fois les
concentrations d'équilibre atteintes, soit environ 5 demi-vies après la première
administration(123). Dans la plupart des cas c'est la concentration résiduelle (Cmin)
qui est mesurée. Le sang est alors prélevé juste avant l'administration de la dose
suivante. Plus rarement, pour les aminoglycosides par exemple, on peut chercher à
déterminer la concentration au "pic". Le prélèvement est réalisé 1h après
l'administration. (128) (125) Lorsque c'est une recherche de toxicité qui est
demandée, le prélèvement est à réaliser le plus rapidement possible sans tenir
compte des temps d'administration. (123) De même, pour des molécules dont la
demi-vie est très longue, il peut parfois s'avérer utile de réaliser le prélèvement avant
l'atteinte de l'état d'équilibre. L'interprétation du dosage devra alors être adaptée.
(128)
Figure 17 : Courbe concentration-temps en administration discontinue. T1/2 représente la 1/2 vie plasmatique.
Les deux flèches vertes signalent les concentrations intéressantes à évaluer dans le STP.
86
La deuxième étape concerne la mesure. La technique utilisée doit être
spécifique et fiable. (122) Parmi les méthodes utilisées, les plus simples sont les
dosages immuno-enzymatiques qui sont disponibles en kits commerciaux et
applicables sur des automates. On retrouve par exemple le dosage par polarisation
de fluorescence (FPIA : Fluorescence Polarization Immunoassay) ou le dosage
"enzyme-multiplied" (EMIT : Enzyme Multiplied Immunoassay Technique). Ils
permettent d'obtenir un résultat rapide mais ne sont pas toujours très spécifiques car
ils réagissent parfois avec d'autres molécules et métabolites. De plus, ces kits
commerciaux ne sont pas disponibles pour toutes les molécules et il devient alors
nécessaire d'utiliser d'autres méthodes. Les analyses chromatographiques en
chromatographie gazeuse (CPG) ou en HPLC (Chromatographie en phase Liquide à
Haute Performance) couplées ou non à une détection par spectrométrie de masse
peuvent alors être utilisées. (126)
Des contrôles qualités internes et externes réguliers doivent être réalisés et
documentés pour assurer une bonne efficacité et spécificité de la méthode utilisée.
Les résultats obtenus et les intervalles de référence varient en fonction des
méthodes. Il est donc indispensable de connaitre la technique de dosage utilisée
avant de proposer une interprétation des résultats. De plus, il est important de
conserver la même méthode analytique pour le suivi d'un patient. (128)
La dernière étape correspond à l'interprétation des résultats. Elle ne doit pas
se limiter à l'analyse seule du résultat de la concentration obtenue. Elle doit tenir
compte des caractéristiques du patient, du prélèvement et de la méthode d'analyse.
Ainsi pour une interprétation la plus juste possible, le pharmacologue doit avoir à sa
disposition les informations suivantes (123) :
-
Heure du prélèvement sanguin.
-
Heure d'administration de la dernière dose.
-
Posologie utilisée au moment du prélèvement (dose, durée, forme
d'administration).
-
Histoire du traitement : date de début de traitement, changements
posologiques éventuels ...
87
-
Caractéristiques du patient : sexe, âge, ethnie, poids, taille, comorbidités
(insuffisance rénale, hépatique ou autres), grossesse...
-
Etat clinique du patient.
-
Traitements associés.
-
Indication du dosage.
-
Caractéristiques
du
médicament
dosé
:
pharmacocinétique
et
zone
thérapeutique.
C'est seulement en considérant l'ensemble de ces informations que le
pharmacologue peut calculer et proposer une posologie permettant de maximiser les
chances de succès du traitement.
3.1.5. Intérêts et limites
Un suivi thérapeutique pharmacologique bien conduit permettrait d'améliorer
l'efficacité du traitement, de diminuer le risque toxique (129) et de réduire les coûts
de médicaments et d'hospitalisations. Ces intérêts majeurs ont surtout été démontrés
pour certaines molécules dont les aminoglycosides. (130) (131) (132) Pour beaucoup
d'autres molécules, les études manquent mais ces avantages semblent réels.
La difficulté majeure du STP réside d'abord dans la mise en place d'une bonne
coordination entre les différents professionnels de santé. Par exemple, un moment
de prélèvement inadéquat entraine des résultats anormaux et des risques de
mauvaises interprétations. (126) Ensuite, la délimitation des zones thérapeutiques
n'est pas évidente. Les valeurs sont ainsi déterminées à partir d'un groupe
d'individus présentant chacun des caractéristiques variables. Les concentrations
cibles proposées dans les différentes publications doivent donc être considérées
comme des propositions de recommandations, et non des normes réellement
établies à proprement parler, sauf, dans le cas où l'atteinte de cette zone a permis
d'établir un gain en terme clinique (réduction de la morbi-mortalité...). (126) Enfin,
doser la molécule dans le plasma ne permet pas toujours d'obtenir un bon reflet de
l'exposition au niveau du tissu infecté. (133) Il convient donc de toujours interpréter
les résultats avec précautions.
88
3.1.6. Exemples d'utilisation
Tableau 13 : Médicaments dont le suivi thérapeutique pharmacologique (STP) est proposé par les Sociétés
Savantes internationales de Pharmacologie. (134)
Classe médicamenteuse
Exemples de molécules
Antibiotiques
Digoxine, quinidine, hydroquinidine, flécaïnide,
amiodarone
Gentamicine, amikacine, tobramycine,
vancomycine, teicoplanine
Antiviraux et antirétroviraux
Saquinavir, ritonavir, nelfinavir, atazanavir,
indinavir, amprénavir, lopinavir
Médicaments cardiovasculaires
analogues non nucléosidiques
Autres anti-infectieux
ganciclovir
Isoniazide, rifabutine, rifampicine
Anticancéreux
Itraconazole, fluconazole, voriconazole
Phénytoïne, phénobarbital, acide valproïque,
carbamazépine, lamotrigine, oxcarbazepine,
thiopental
Ciclosporine, tacrolimus, sirolimus, évérolimus,
acide mycophenolique
Méthotrexate, 5-fluorouracile, carboplatine
Antidépresseurs et antipsychotiques
Lithium, clozapine
Antiépileptiques
Immunodépresseurs
Amitriptyline, clomipramine, imipramine,
nortriptyline
Théophylline, méthadone, buprénorphine,
cotinine
Divers
3.2.
Suivi thérapeutique pharmacologique du ganciclovir
3.2.1. Intérêt
Selon une étude menée par Scott et al. (135), le STP du ganciclovir n'a pas sa
place dans le suivi des patients traités pour une infection ou maladie à CMV et
receveurs d'organes solides. Le manque de corrélation apparent entre concentration
du ganciclovir et efficacité ou toxicité représente l'argument majeur proposé par les
auteurs. De plus, l'article mentionne la facilité à mettre en évidence une bonne
89
efficacité du traitement par mesure de la charge virale et l'apparition d'une toxicité
médicamenteuse par suivi des neutrophiles. Enfin, la bonne corrélation entre
clairance de la créatinine et clairance du ganciclovir permet, d'après les auteurs, une
bonne adaptation des doses de ganciclovir à la fonction rénale du patient, sans
nécessiter un STP.
Parmi les critères nécessaires pour qu'une molécule soit éligible au STP, la
variabilité interindividuelle est un argument important. Evaluées comme faibles par
Scott, des variations importantes sont malgré tout rapportées dans les études. Ainsi,
parmi les transplantés d'organes solides, des écarts importants de concentrations de
pic (0,96 à 22,1 µg/mL ) et de concentrations résiduelles (0,06 à 11,7 µg/mL) ont été
rapportées (136) (137) (138) (139) (140), preuve d'une variabilité interindividuelle
élevée. Comme le rapporte Scott et al., ces différences sont en partie explicables
par la fonction rénale. En effet, l'AUC (Area Under the Curve) du ganciclovir peut être
augmentée d'un facteur 2 chez les insuffisants rénaux faibles, d'un facteur 3,5 chez
les insuffisants rénaux modérés et d'un facteur 9 chez des patients insuffisants
rénaux sévères. (141) Et pourtant, l'altération rénale n'est pas le seul facteur de
variabilité interindividuelle. Les altérations du tractus digestif chez certains patients,
entrainant diarrhées ou vomissements diminuent l'exposition au ganciclovir. (142) La
prise de nourriture avant administration de valganciclovir augmente de 30%
l'exposition du patient au ganciclovir. (142) Les patients développant une septicémie
sévère à cytomegalovirus présentent en général un volume de distribution plus élevé
nécessitant des doses de charge plus importantes. (143) Le poids du patient est
corrélé à la clairance et au volume de distribution du médicament. Ainsi, les patients
de faible poids devraient recevoir une plus faible dose de valganciclovir que les
patients de poids plus élevé afin d'obtenir une exposition équivalente. (22) Les cotraitements influencent également la pharmacocinétique du ganciclovir. Par exemple,
l'administration de probénécide avec le ganciclovir entraine une augmentation de
l'AUC du ganciclovir. (144) Enfin, les comorbidités influencent, elles aussi, les
paramètres pharmacocinétiques. En effet, des différences sur l'AUC, le volume de
distribution, le temps de demi-vie ou encore la clairance rénale du ganciclovir ont été
observées en comparant patients sains ou infectés par le VIH et transplantés
d'organes. (22)
90
Donc, le ganciclovir répond bien au premier critère d'éligibilité au STP qui est
la présence d'une importante variabilité pharmacocinétique. Cette variabilité est
partiellement explicable par des facteurs identifiés (débit de filtration glomérulaire
altéré, poids...) mais une part importante reste inexpliquée. (22)
Figure 18 : Profil pharmacocinétique type du ganciclovir après administration de 900 mg de valganciclovir chez
un patient de 80 kg et présentant un débit de filtration glomérulaire de 80 mL/min. (22)
Second critère très important, une molécule éligible au STP doit présenter une
bonne corrélation entre concentrations plasmatiques et efficacité ou toxicité.
En 2004, en prenant compte notamment des études de Erice et al. (145) et
Tornatore et al. (146), Scott n'établit aucune relation entre concentrations
médicamenteuses et réponse pharmacologique. Pourtant, les essais in vitro ont pu
établir une CI50 (entre 0,1 et 2,8 µg/ml) c'est à dire une concentration pour laquelle
50% de la réplication virale est inhibée (135) et une étude in vivo a confirmé ce
résultat (autour de 0,4 µg/ml) (147). Une inhibition complète de la réplication virale in
vitro sur des cellules lymphoblastiques a été également mise en évidence avec une
concentration de 20 µg/ml. (148) De plus, plusieurs études font le lien entre
concentration et efficacité aussi bien en traitement prophylactique qu'en curatif :
-
Whiltshire et al. (149) en 2005 avec un travail conduit chez 240 patients
receveurs
d'organes
solides
D+/R-
et
bénéficiant
d'un
traitement
prophylactique par valganciclovir ou ganciclovir oral. Les patients présentant
une AUC de 25 mg.h/L avaient 8 fois plus de risques de présenter une
élévation de la virémie pendant le traitement par rapport aux patients avec une
AUC de 50 mg.h/L.
-
Filler et al. (150) en 1998 : 14 transplantés rénaux pédiatriques ont bénéficié
d'un
traitement
prophylactique
par
ganciclovir
oral
en
ciblant
une
91
concentration résiduelle de 0,9 µg/ml établie à partir des données de la
littérature comme la valeur la plus appropriée. Aucun de ces patients n'a
développé de maladie à CMV.
-
Fishman et al. (139) en 2000 : 43 transplantés d'organes solides ont bénéficié
d'un traitement prophylactique par ganciclovir IV avec pour cible une
concentration résiduelle entre 0,3 et 1,6 µg/ml. Seuls deux patients ont
développé une maladie à CMV et tous deux présentaient une Cmin < 0,3
µg/ml.
-
Picketty et al. (151) en 2000 : 14 patients infectés par le VIH et présentant une
rétinite à CMV, sont traités par ganciclovir IV à la dose de 5 mg/kg/12h puis
ganciclovir oral. Cinq de ces patients ont présenté une rechute avant 90 jours
et présentaient une Cmin de 0,4 ± 0,3 µg/ml après un mois de traitement oral.
Les 9 autres patients présentaient une Cmin entre 0,8 et 0,9 µg/ml.
-
Zhang et al. (152) en 2003 : 11 transplantés rénaux pédiatriques présentant
une infection à CMV sont inclus. Ils ont reçu du GCV IV pendant 15 jours puis
GCV oral pendant 3 mois. La concentration résiduelle moyenne observée
chez ces patients était de 1,3 ± 0,8 µg/ml. Dix de ces patients ont présenté
une bonne réponse virologique, 1 seul à développer une maladie à CMV
après avoir reçu par erreur une dose trop faible de GCV oral entrainant une
concentration résiduelle de 0,35 µg/ml.
-
Gagermeier et al. (153) en 2014 : 21 transplantés pulmonaires ont été traités
par ganciclovir avec 1,5 µg/ml comme Cmin cible. Dix ont présenté une
réponse rapide au traitement et 11 une réponse clinique sous-optimale dont 5
de façon persistante. Ces 5 patients présentaient une concentration résiduelle
inférieure à 1 µg/ml. Les 6 autres patients présentaient une Cmin entre 2 et 5
µg/ml et ont montré une réponse différée.
Face à ses résultats, il ne peut donc pas être affirmé que la relation
concentration - efficacité du ganciclovir n'existe pas.
92
Concernant la relation concentration-toxicité, elle est considérée par Scott et
al. comme non établie. Cependant, il apparaît que l'incidence des toxicités du
ganciclovir serait associée à des doses élevées.
Une hématotoxicité a ainsi été rapportée chez 3 patients sur 5 transplantés de moelle
osseuse et recevant un traitement par ganciclovir. Ces patients présentaient des
concentrations résiduelles et au pic élevées respectivement supérieures à 2,6 µg/ml
et 12,8 µg/ml. (154) Une étude menée au Japon entre 1998 et 2000 a montré qu'une
neutropénie apparaissait après 21 jours de traitement par ganciclovir chez 21% des
receveurs de cellules souches allogéniques. Même si la mesure des concentrations
plasmatiques n'a pas été évaluée, il apparaît que la dose totale de ganciclovir
administrée était supérieure chez les patients développant cette neutropénie (155).
Dans l'étude de 2005 de Whiltshire et al., la relation entre neutropénie, leucopénie et
forte exposition a été également évoquée. En effet, avec une AUC moyenne de 39
mg.h/L, 15% de neutropénies ont été observées alors qu'avec une AUC moyenne de
61 mg.h/L, l'incidence des neutropénies atteignait 20%. De même pour les
leucopénies évaluées à 40% et 50% avec des AUC moyennes respectives de 34
mg.h/L et 62 mg.h/L. (149) Une étude récente incluant 185 patients montre qu'une
dose de ganciclovir supérieure ou égale à 12 mg/kg/jour est considérée comme un
facteur de risque de développement d'une hématotoxicité. (156)
La neurotoxicité comprenant agitation, confusion, hallucination et désorientation
semble être associée à de fortes concentrations plasmatiques. Les patients
insuffisants rénaux avec un dosage mal adapté seraient les plus à risque de
développer cette toxicité (22). Un cas d'encéphalopathie sévère sous traitement par
ganciclovir a dévoilé une concentration résiduelle plasmatique élevée atteignant 7
µg/ml après dialyse et 48h après administration de la dernière dose. (157) La plupart
des études faisant part d'une neurotoxicité sous ganciclovir montrent que les
symptômes sont diminués après diminution des doses ou arrêt du traitement. (22)
Avec les données actuelles, la relation concentration-toxicité n'est pas encore
clairement établie mais il semble que des fortes concentrations pourraient être
associées à une incidence plus élevée d'hématotoxicité et de neurotoxicité.
93
La mise en place d'un STP chez des patients traités par ganciclovir a déjà
montré son intérêt pour améliorer la prise en charge. Chez des enfants, il a pu être
utilisé aussi bien pour atteindre une concentration efficace (158) que pour mettre en
évidence une toxicité liée au ganciclovir (159). Une large étude menée au RoyaumeUni préconise l'utilisation du STP en population pédiatrique. En effet, ces patients
sont souvent sous-exposés au ganciclovir et les échecs thérapeutiques sont alors
plus nombreux notamment au moment de la croissance rénale. (160) Chez les
transplantés d'organes solides, un STP en routine ne peut être formellement
recommandé mais dans des cas critiques il a clairement montré son intérêt. Bedino
et al. rapporte notamment le cas d'une patiente transplantée rénale non répondeuse
au ganciclovir, ne présentant pas de mutations de résistance mais des
concentrations plasmatiques trop faibles. Après ajustement posologique, la charge
virale a chuté et la patiente s'est rétablie (161). Enfin, l'utilisation du STP chez des
patients infectés par le VIH et recevant du ganciclovir oral pour le traitement d'une
rétinite à CMV, a déjà montré son utilité clinique pour éviter l'échec thérapeutique et
la progression de la maladie (151) (162) .
3.2.2. Indications
Aux vues des différentes études réalisées, l'utilisation en routine du STP pour
le ganciclovir n'est pas encore totalement étayée par les données de la littérature.
Dans certains cas, il apparait néanmoins indiqué :
-
Absence de réponse au traitement : la recherche de mutations devrait être
associée à un dosage de concentrations plasmatiques.
-
Maladie évolutive avec pronostic vital engagé dans le but d'obtenir la
concentration la plus adaptée pour une exposition optimale du patient.
-
Rétinites à CMV : une concentration résiduelle inférieure à 0,6 µg/ml a montré
une inefficacité du traitement.
-
Patients à risques de sous exposition : enfants, troubles digestifs sévères,
dialyse, patients en réanimation ...
-
Risques de surexposition et de toxicités.
94
3.2.3. Précautions d'utilisation
Comme déjà mentionné dans la partie 3.1.4, le prélèvement constitue un point
clé dans la réalisation du STP. Dans le cas du ganciclovir, les conditions de
conservation doivent être strictes. En effet, le ganciclovir a une stabilité limitée dans
les prélèvements sanguins. Boulieu et al. ont rapporté une diminution de 21% de la
concentration initiale du ganciclovir après avoir laissé le prélèvement à température
ambiante seulement 15 minutes et une diminution de 72% après 2h. Il convient donc
de placer immédiatement les prélèvements sanguins dans la glace et de les
centrifuger rapidement à faible température. Le plasma obtenu est alors stable 2h à
température ambiante et peut-être conservé plus de quatre semaines entre -20°C et
-80°C. (163)
Les techniques de dosages utilisées pour le ganciclovir sont nombreuses mais
la chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse et les
essais immunochimiques sont les plus sensibles. Comme ces méthodes sont
onéreuses et
longues,
des techniques d'HPLC (High-Performance Liquide
Chromatography) plus rapides et très sensibles sont aussi largement utilisées. (135)
Un
procédé
spécifique,
associant
chromatographie
liquide
et
détection
ampérométrique, a même été développé spécifiquement pour le dosage du
ganciclovir et de l'aciclovir chez les transplantés d'organes solides. Cette méthode
permet d'éviter les interférences avec les autres molécules administrées (prednisone,
tacrolimus ...). (164)
3.2.4. Cibles thérapeutiques
Historiquement, ce sont les valeurs obtenues par Fletcher et al. en 1986 qui
ont été prises comme référence. Pour une dose de 2,5 mg/kg toutes les 8 à 12h, les
auteurs rapportaient une concentration résiduelle comprise entre 0,25 et 0,63 µg/ml
et une concentration de pic entre 4,75 et 6,2 µg/ml. (165) Ces valeurs semblent
aujourd'hui en dessous des recommandations possibles mais il ne faut pas oublier
qu'elles avaient été obtenues au décours de traitements à faible posologie (2,5
mg/kg 2 à 3 fois/j).
95
Il n'existe aucune valeur cible déterminée et recommandée. Mais récapitulons
les différentes données de la littérature dont la liste suivante n'est pas exhaustive :
Tableau 14 : Récapitulatif des différentes données pharmacologiques de la littérature.
Etude
Filler 1998 (150)
Fishman 2000 (139)
Fishman 2000 (139)
Picketty 2000 (151)
Zhang 2003 (152)
Gagermeier 2014
(153)
Shepp 1985 (154)
Sakamoto 2013 (152)
Erice 1987 (136)
Population
Transplantés rénaux pédiatriques
Traitement prophylactique
Transplantés d'organes solides
Traitement prophylactique
Transplantés d'organes solides
Traitement curatif
Rétinites à CMV
Traitement curatif
Transplantés rénaux pédiatriques
Traitement curatif
Transplantés pulmonaires
Traitement curatif
Transplantés de moelle osseuse
Traitement curatif
Transplanté rénal
Traitement curatif
Immunodéprimés
Traitement curatif
Résultats
Aucune maladie avec Cmin à 0,9 µg/ml
Cible utilisée : Cmin entre 0,3 et 1,6 µg/ml
2 maladies à CMV avec Cmin < 0,3 µg/ml
Réussite du traitement avec Cmin moyen =
2,65 µg/ml
Cible utilisée : Cmin entre 0,8 et 0,9 µg/ml
5 rechutes avant 90j avec Cmin = 0,4 ± 0,3
µg/ml
Cible utilisée : Cmin = 1,3 ± 0,8µg/ml
1 maladie à CMV avec Cmin = 0,35 µg/ml
Cible utilisée : Cmin = 1,5 µg/ml
5 réponses sous-optimales avec
Cmin<1µg/ml
Hématotoxicité avec Cmin = 2,6 µg/ml et
Cmax = 12,8 µg/ml
Encéphalopathie avec Cmin > 7 µg/ml
Etat clinique amélioré :
Cmin moyen = 0,7 µg/ml
Absence de progression de la maladie :
Cmin moyen = 0,73 µg/ml
Absence de réponse au traitement :
Cmin moyen = 0,43 µg/ml
A partir de ces données des concentrations résiduelles cibles ont été
déterminées :
-
En traitement prophylactique, une Cmin > 0,9µg/ml semble être associée à
une bonne réussite.
-
Pour le traitement curatif, une Cmin entre 1 et 2µg/ml semble être adaptée.
La zone thérapeutique de Cmin comprise entre 1 et 2 µg/ml a ainsi été
retenue par la société française de pharmacologie et thérapeutique.
Les résultats obtenus avec les schémas posologiques recommandés ne sont
pas toujours idéaux et une étude in vitro suggère l'utilisation d'un nouveau protocole
posologique. Un profil optimal serait obtenu en maintenant une concentration de
ganciclovir à 20 µg/ml à J1, J2, J8, et J10 et une concentration nulle sur les autres
jours. (148) Les recherches quant aux modalités optimales du schéma posologique
du ganciclovir doivent être poursuivies.
96
PARTIE 2 : Etude au CHU de Rennes
97
Le ganciclovir (GCV) représente la première ligne de traitement curatif ou
prophylactique du cytomégalovirus (CMV). Un suivi thérapeutique pharmacologique
(STP) est proposé au laboratoire de pharmacologie du CHU de Rennes afin de
maximiser l'efficacité du traitement et de minimiser le risque de toxicité. Il existe une
zone thérapeutique recommandée (concentration résiduelle (Cmin) entre 1 et
2µg/ml) mais celle-ci est relativement peu étayée. Par ailleurs, l'expérience clinique
locale a montré que la recherche de Cmin plus élevées (allant jusqu'à 4µg/ml)
permet d'améliorer l'effet du médicament dans certains cas. Néanmoins ces
observations préliminaires demandent à être confirmées non seulement au point de
vue de l'efficacité mais également au point de vue de la tolérance du traitement.
OBJECTIFS
L'objectif principal est d'évaluer l'impact de l'exposition au GCV caractérisée
par la Cmin sur l'efficacité et la toxicité du traitement. Des concentrations résiduelles
supérieures à la zone thérapeutique utilisée aujourd'hui ne seraient-elles pas
associées à une meilleure et plus rapide éradication du virus ? Nous allons tenter de
répondre à cette question en menant une étude rétrospective comparant deux
groupes de patients exposés soit à des concentrations élevées de ganciclovir (> 2
µg/ml) soit à des concentrations plus habituelles (< 2 µg/ml). L'efficacité (temps avant
négativation de la charge virale CMV, survenue de mutations virales) et la tolérance
notamment hématologique sera comparée entre les deux groupes.
MATERIEL ET METHODES
Population étudiée
Les patients ayant bénéficié d'une mesure de concentration résiduelle du
ganciclovir au laboratoire de pharmacologie entre janvier 2011 et août 2014 ont été
98
répertoriés. Un même patient a pu être inclus deux fois s'il a présenté deux épisodes
distincts d'infection à CMV traités par ganciclovir et ayant nécessité un STP dans les
deux cas. Quatre-vingt-cinq patients ont ainsi été inclus à l'étude. Parmi ceux-ci, 20
patients ont été exclus en raison d'un défaut d'informations nécessaires à la conduite
de l'analyse ou à la présence d'incohérences dans les données récoltées. Au total,
les données de 65 patients âgés de 4 à 74 ans ont été colligées pour l'étude.
Collection des données et classification
Pour
chaque
patient
des
données
pharmacologiques,
virologiques,
hématologiques et biologiques ont été recueillies au travers des systèmes
informatiques des laboratoires du CHU de Rennes. Les données cliniques ont été
relevées dans le dossier patient informatisé et/ou dans les dossiers papiers archivés.
Les données pharmacologiques recensées comprennent l'ensemble des
dosages de Cmin réalisés, leur date ainsi que le résultat de l'analyse. Une attention
particulière a été portée au recueil des données indispensables à l'interprétation des
résultats pour un STP. Ainsi, seuls les patients dont la date de début de traitement a
été mentionnée, ont pu être inclus. La présence d'un délai trop court (< 8h) entre
dernière administration et prélèvement sanguin a constitué un facteur d'exclusion. En
effet, si ce délai n'est pas assez important on ne peut affirmer que la concentration
mesurée s'apparente à une concentration résiduelle.
Les données virologiques répertoriées comprennent les mesures de charges
virales (CV) évaluées au laboratoire de virologie par méthode de polymerase chain
reaction (PCR) pendant la durée du traitement par GCV, ainsi que les recherches et
résultats de mutations UL97 et UL54 évaluées par technique génotypique de
séquençage Sanger. Les patients ne présentant que des CV évaluées dans les
biopsies coliques ont été exclus de l'étude (3 patients). Seules les CV plasmatiques
ont donc été analysées.
L'efficacité du traitement a été évaluée en déterminant le temps avant
négativation (TAN) de la charge virale plasmatique CMV. Ce TAN correspond au
temps écoulé exprimé en jours entre le début du traitement et la négativation de la
CV dans le plasma. Les recommandations internationales (24) indiquent que le
99
traitement anti-CMV peut-être arrêté après obtention d'au moins 2 CV négatives et
consécutives dans le plasma. Les données virologiques ont donc été colligées
jusqu'à obtention de ces 2 charges virales négatives. En revanche, le TAN a été
calculé entre l'initiation du traitement et la date de la première CV négative. Les
patients n'ayant jamais réussi à atteindre une charge virale indétectable sous
traitement (n = 5) n'ont pas pu être pris en compte dans la détermination du TAN
moyen. Cependant, ils ont été inclus dans une analyse de survie en les considérant
comme des données censurées.
Les
données
hématologiques
répertoriées
comprennent
le
taux
d'hémoglobine, de neutrophiles, de leucocytes et de plaquettes. Pour chacun de ces
paramètres biologiques, les valeurs initiales et minimales en cours de traitement ont
été relevées. En cas d'apparition de toxicité hématologique, le grade de toxicité
définit selon les référentiels ad hoc était relevé (166). La toxicité observée n'a pas pu
être imputée au GCV chez les patients présentant une toxicité avant administration
du GCV et dont le grade n'a pas été modifié pendant la durée du traitement.
Tableau 15 : Grades de toxicité hématologique utilisés pour l'étude. (166)
Grade 1
Grade 2
Grade 3
Grade 4
Hémoglobine
9,5 - 10,5 g/dl
8,0 - 9,4 g/dl
6,5 - 7,9 g/dl
< 6,5 g/dl
Neutrophiles
1,0 - 1,5 G/L
0,75 - 0,999 G/L
0,5 - 0,749 G/L
< 0,5 G/L
Plaquettes
75 - 99,999 G/L
50 - 74,999 G/L
20 - 49,999G/L
< 20 G/L
Les patients de l'étude ont été classés en deux groupes : un groupe faible
exposition (Low Exposure, LE) et un groupe forte exposition (High Exposure, HE).
Les patients étaient inclus dans le groupe HE s'ils présentaient au moins un dosage
de Cmin > 3 µg/ml et/ou deux dosages successifs entre 2 et 3 µg/ml, ceci dans le but
de confirmer une exposition importante sur une période de temps étendue. Si les
Cmin évaluées étaient ≤ 2 µg/ml, le patient était inclus dans le groupe LE.
Une attention a également été portée à l'évaluation de la fonction rénale des
patients. Deux valeurs de créatinémies ont été sélectionnées : celle au début du
traitement et celle correspondant à la valeur maximale atteinte pendant le traitement.
100
Grâce à celles-ci le DFG (Débit de Filtration Glomérulaire) a été calculé à partir de la
formule CKD-EPI et comparé à la classification des insuffisances rénales chroniques
définies par la HAS (Haute Autorité de Santé) (167) :
Tableau 16 : Classification des stades d'évolution de la maladie rénale chronique.
2
STADE
DFG (ml/min/1,73m )
Définition
Stade I
≥ 90
DFG normal
Stade II
Entre 60 et 89
DFG légèrement diminué
Stade III
Entre 30 et 59
Insuffisance rénale chronique modérée
Stade IV
Entre 15 et 29
Insuffisance rénale chronique sévère
Stade V
< 15
Insuffisance rénale terminale
Analyse statistique
Pour la comparaison des résultats les statistiques usuelles ont été utilisées.
Les TAN et CV de départ dans les deux groupes ont ainsi été comparés par un test
de Wilcoxon-Mann-Whitney et les différences de fréquences de toxicités ont été
évaluées par un test de Fisher.
Une analyse de survie a également été réalisée dans les deux groupes en
considérant la négativation de la charge virale (et non le décès du patient) comme
l'évènement à suivre. Cette analyse a permis la génération des courbes de Kaplan
Meyer. Un test log-Rank a ensuite permis de comparer la courbe HE à celle de LE.
RESULTATS
Patients
Ainsi, les 65 patients ont été répartis comme suit : 37 patients LE et 28
patients HE. Tous présentaient une immunodépression provoquée soit par une
maladie SIDA (n=3) soit par un traitement immunodépresseur notamment dans le
cadre d'une greffe de moelle osseuse, de cellules souches ou d'organes solides.
101
Figure 19 : Répartition et caractéristiques cliniques des patients. LE : faible exposition et HE : forte exposition.
La majorité des patients greffés étaient des patients transplantés hépatiques
ou rénaux (62%). Une autre partie était des greffés cardiaques, pulmonaires ou
allogreffés de moelle osseuse. Les derniers inclus recevaient un traitement
immunosuppresseur pour les indications suivantes : myasthénie, leucémie, hépatite
auto-immune, maladie de Crohn.
Concernant leur fonction rénale au début du traitement, 27,7% des patients LE
et 18,5% des patients HE présentaient une fonction rénale normale. Pour 16,7% des
patients LE et 18,5% des patients HE, un DFG légèrement diminué a été observé. La
majorité des patients HE et LE présentaient donc au début du traitement une
insuffisance rénale modérée à sévère (55,6% des patients LE et 63,0% des patients
HE). Au cours de la prise en charge par le GCV, 25% des patients LE et 25,9% des
patients HE ont vu leur fonction rénale se détériorer à l'origine de possibles
augmentations de concentrations plasmatiques. Cette évaluation de la fonction
rénale est cependant à interpréter avec précaution car pour un certain nombre de
patients (patients > 75 ans, en réanimation, transplantés rénaux, poids extrêmes...)
la formule CKD-EPI peut-être inexacte. Néanmoins, cela permet d'avoir une idée
générale de l'état de la fonction rénale des deux groupes en sachant qu'une fonction
rénale altérée est propice à des concentrations plasmatiques en GCV plus élevées.
102
Tableau 17 : Caractéristiques démographiques, biologiques et virales des patients HE et LE.
GROUPE LE
GROUPE HE
Nombre de
patients
37
28
Age moyen
52 ans (de 4 à 74 ans)
59 ans (de 32 à 71 ans)
Sexe
13 femmes
24 hommes
8 femmes
20 hommes
Etat clinique
33 patients greffés :
- greffe hépatique : 15
- greffe cardiaque : 4
- greffe rénale : 9
- allogreffe de moelle osseuse :3
- non précisé : 2
25 patients greffés :
- greffe hépatique : 6
- greffe cardiaque : 6
- greffe rénale : 6
- greffe pulmonaire : 1
- allogreffe de moelle osseuse : 6
1 patient SIDA
2 patients SIDA
3 autres patients sous
immunosuppresseurs
(myasthénie, hépatite auto-immune,
leucémie aigue)
1 autre patient sous
immunosuppresseur
(maladie de Crohn)
Au début du traitement :
creatinémie moy :
121,8 ± 57 µmol/l
et DFG moy :
2
66,3 ± 38 ml/min/1,73m
(évalué par formule CKD-EPI)
Au début du traitement :
creatinémie moy :
175,2 ± 104 µmol/l
et DFG moy :
2
50,8 ± 36 ml/min/1,73m
(évalué par formule CKD-EPI)
Pendant le traitement :
créatinémie max moy :
157,4 ± 95 µmol/l
et DFG max moy :
2
56,1 ± 37,5 ml/min/1,73m
(évalué par formule CKD-EPI)
Pendant le traitement :
créatinémie max moy :
246,7 ± 172 µmol/l
et DFG max moy :
2
40,1 ± 34 ml/min/1,73m
(évalué par formule CKD-EPI)
4,74 log
4,46 log
Fonction
rénale
CV moyenne
de départ
Relation exposition et efficacité du traitement
Pour une CV moyenne de départ évaluée comme équivalente dans les deux
groupes ( test Mann-Whitney avec p=0,38), le TAN moyen du groupe HE apparait
plus court que le TAN moyen du groupe LE (29,2 jours vs 45,1 jours). La génération
du test de Wilcoxon-Mann-Whitney ne montre cependant pas que cette différence est
significative (p=0,20).
103
Tableau 18 : Comparaison du temps avant négativation et du nombre de mutations observés entre les groupes
faible et forte exposition.
Patients
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
RESULTATS
Groupe LE
TAN (jours)
17
34
46
27
28
105
102
34
105
106
7
26
31
26
26
64
49
94
20
5
16
19
3
70
120
143
33
13
65
19
38
31
27
8
20
ẋ = 45,1 jours
Mutation
1
1
1
1
1
1
6 mutations
Patients
Groupe HE
TAN
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
50
51
52
53
54
55
56
57
58
59
60
61
62
63
64
65
16
15
1
17
23
32
63
33
36
34
56
12
66
27
6
61
44
45
23
29
33
8
17
11
21
ẋ = 29,2 jours
Mutation
1
1 mutation
L'analyse de survie réalisée a mené à la génération des courbes de Kaplan
Meyer (figure 24). La courbe correspondant au groupe HE décroit plus rapidement
que celle du groupe LE. Il semble donc que chez les patients présentant une Cmin
en ganciclovir plus élevée, la négativation de la charge virale était obtenue plus
rapidement. Cependant, à nouveau, le test statistique n'a pas montré de différences
significatives entre les deux groupes (p = 0,38).
104
Figure 20 : Courbes de Kaplan Meyer. Probabilité d'obtenir une charge virale détectable en fonction du temps :
comparaison des groupes faibles et fortes expositions.
Un autre critère est également rapporté, il s'agit de la mise en évidence de
mutations. Le groupe HE présente 3,6% de mutations (1 mutation pour 28 patients)
alors que pour le groupe LE, le nombre de mutations s'élève à 16,2% (6 mutations
pour 37 patients).
Relation exposition et toxicité du traitement
Les données hématologiques d'un patient HE n'ont pu être colligées, la
comparaison est donc réalisée entre un groupe LE de 37 patients et un groupe HE
de 27 patients :
105
Tableau 19 : Comparaison des toxicités hématologiques observées dans les groupes HE et LE.
Groupe LE
Anémies
Neutropénies
Thrombocytopénies
Nombre total de
toxicités
hématologiques
Absence
Grade 1
Grade 2
Grade 3
Grade 4
Absence
Grade 1
Grade 2
Grade 3
Grade 4
Absence
Grade 1
Grade 2
Grade 3
Grade 4
Absence
1 toxicité
2 toxicités
3 toxicités
Nombre de
patients
13
5
5
12
2
21
4
5
1
6
23
2
3
3
6
7
15
6
9
Groupe HE
Pourcentage
35,1
13,5
13,5
32,4
7,4
56,8
10,8
13,5
2,7
16,2
62,2
7,4
8,1
8,1
16,2
18,9
40,5
16,2
24,3
Nombre de
patients
8
3
5
9
2
19
2
1
1
4
17
2
3
2
3
5
10
9
3
Pourcentage
28,6
10,7
17,9
32,1
7,1
67,9
7,1
3,6
3,6
14,3
60,7
7,1
10,7
7,1
10,7
17,9
35,7
32,1
10,7
Tout d'abord, il convient de noter que l'administration de GCV dans le cadre
d'un
traitement
du
CMV
n'est
pas sans
conséquences
sur
les
lignées
hématologiques. Ainsi la toxicité hématologique apparait ici fréquente : 53 patients
sur les 64 inclus (82,8%) en présentent au moins une sous traitement par GCV. Dans
les deux groupes, l'anémie semble plus souvent retrouvée (chez 67,1% des patients
HE+LE) que la neutropénie (37,5% des patients HE+LE) ou la thrombocytopénie
(37,5% des patients HE+LE).
La comparaison des deux groupes montre un risque d'atteinte d'au moins une
lignée hématologique similaire (Fisher avec p=1) : dans le groupe HE il s'élève à
81,5% et dans le groupe LE à 81,1%. Le risque de présenter une toxicité sur les 3
lignées est de 24,3% dans le groupe LE et 10,7% dans le groupe HE.
106
DISCUSSION
Les résultats de ce travail ne montrent pas de diminution statistiquement
significative du TAN dans le groupe de patients le plus fortement exposé au GCV. La
durée moyenne de TAN est pourtant inférieure dans le groupe HE comparativement
au groupe LE. Le faible effectif de l'étude et la forte variabilité interindividuelle du
TAN observée au sein des groupes pourraient être à l'origine de ce résultat. Le
nombre de mutations dans le groupe LE est également plus important que dans le
groupe HE laissant penser qu'une plus faible exposition en GCV pourrait être à
l'origine de la sélection de mutations sous traitement. Nous ne pouvons, néanmoins,
déterminer si ces mutations ont été sélectionnées pendant le traitement ou bien
avant la mise sous traitement. Enfin, la toxicité du GCV n'apparait pas différente que
l'exposition au médicament soit élevée ou moins élevée. Ces données pourraient
plaider pour une absence de risque de survenue d'effets secondaires lors de
l'augmentation modérée de l'exposition. Cette conclusion doit elle aussi être nuancée
par la taille de l'effectif.
Ces premiers résultats semblent vouloir néanmoins encourager de nouvelles
recherches soutenues par une méthodologie plus rigoureuse sur le sujet. En effet, ce
travail présente de nombreuses limites :
Tout d'abord, il s'agit d'une étude rétrospective, basée sur des données
parfois anciennes et issues de la "vraie vie" à la différence de données plus fiables
relevées
prospectivement
au
cours
d'un
essai
clinique.
Comme
évoqué
précédemment, il s'agit d'une étude portant sur un petit nombre de patients, lesquels
sont relativement hétérogènes (patients traités pour une maladie infectieuse, pour
une pathologie inflammatoire, transplantés d'organes différents). La puissance
statistique de ce travail est donc faible et cela limite certainement la mise en
évidence des effets.
Il existe une différence entre le nombre de patients inclus dans le groupe LE ( n=37 )
et le groupe HE ( n=28 ) qui soulève également un autre biais. En effet, lors d'un
traitement par GCV, l'obtention de Cmin comprises entre 1 et 2µg/ml est le plus
souvent recherchée, plutôt que, sauf cas particulier, des concentrations plus élevées
pour lesquelles on pourrait craindre la survenue d'effets indésirables. Les populations
comparées ne présentent pas le même nombre de patients mais présentent des
107
caractéristiques plutôt communes : répartition similaire en fonction de l'état
d'immunodépression (un grand nombre de patients greffés et quelques patients VIH
ou atteints d'autres pathologies), une CV moyenne (4,74log et 4,46log) et des
fonctions rénales au début du traitement équivalentes (55,6% des patients LE et
63,0% des patients HE présentent une insuffisance rénale modérée à sévère). Ce
résultat obtenu concernant
la similitude des fonctions rénales entre les deux
groupes (comparaison des fréquences d'insuffisances rénales : Fisher avec p=0,74)
est étonnant. En effet, le groupe HE aurait pu présenter une fréquence
d'insuffisances rénales plus élevée à l'origine d'une plus forte exposition au GCV.
Pour certains patients, le délai entre administration et prélèvement n'était pas
spécifiquement renseigné rendant aléatoire le caractère de certitude de disposer de
vraies concentrations résiduelles.
Enfin, puisqu'il s'agit d'une étude rétrospective, le suivi biologique des patients
qui constitue le critère de jugement principal de ce travail, n'était pas strictement
codifié. Le suivi thérapeutique pharmacologique n'était pas réalisé systématiquement
et le recours au STP ainsi que sa répétition dans le temps était dépendant du
prescripteur. Par ailleurs, ce STP se résumait pour plusieurs patients inclus à la
mesure d'une seule concentration résiduelle à un moment donné du traitement.
Ainsi, 22 patients du groupe LE et 6 patients du groupe HE ont été classés à partir
d'une seule mesure de Cmin. Celle-ci n'est donc peut-être pas complètement
représentative de l'exposition au GCV pendant la totalité du traitement. Cette
remarque s'applique également à la mesure de la charge virale qui, bien que ce suivi
lors d'une infection à CMV soit d'avantage codifié, était laissée à la discrétion du
clinicien.
CONCLUSION
Une plus forte exposition au GCV ne permettrait pas d'atteindre plus
rapidement la négativation de la CV du CMV mais n'entrainerait pas plus de toxicités
hématologiques. La proportion de patients présentant une mutation de résistance est
plus élevée dans le groupe LE, sans qu'il soit possible de déterminer si ces
résistances ont été sélectionnées sous traitement. Une étude prospective devrait être
menée afin de confirmer ces résultats.
108
Conclusion
109
L'incidence croissante de résistances aux traitements, les effets indésirables
sévères et la durée parfois longue nécessaire à la négativation de la charge virale
CMV plasmatique sont autant de difficultés rencontrées aujourd'hui pour traiter les
patients infectés par le cytomegalovirus. L'efficacité du ganciclovir sur l'infection est
établie mais des questions subsistent : une exposition plus importante n'amélioreraitelle pas la prise en charge ? Une surexposition n'aggraverait-elle pas les effets
indésirables hématologiques ? Une sous-exposition au ganciclovir ne serait-elle pas
un facteur de risque de développement de mutations de résistance ? Dans ces
circonstances, il apparaît clairement que le suivi thérapeutique pharmacologique a sa
place. Les réponses obtenues avec les données recueillies ici, ne permettent pas
aujourd'hui, d'affirmer la nécessité de réévaluer la zone thérapeutique du ganciclovir.
Cependant, les résultats de ce travail préliminaire sont encourageants et
nécessiteraient la mise en place d'une étude prospective. La recherche de nouvelles
molécules efficaces sur les souches résistantes est également indispensable. Sans
oublier "qu'il vaut mieux prévenir que guérir", le vaccin anti-CMV serait une révolution
majeure dans la prise en charge du cytomegalovirus.
Ce travail m'aura apporté des connaissances multiples sur un virus au nom
compliqué ou effrayant pour certains,
et peu connu en dehors du domaine
hospitalier. Femmes enceintes, patients transplantés et patients infectés par le VIH
sont rencontrés à l'officine et concernés par cette pathologie virale. La connaissance
du virus, de son traitement et des moyens de prévention permet d'informer, soutenir,
accompagner les patients et s'inscrit alors dans le rôle déontologique du pharmacien
d'officine.
110
111
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176. Viral subversion of the immune system. Tortorella D, Gewurz BE, et al. 2000, Annual
Review of Immunology, Vol. 18, pp. 861-926.
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Shenk T. 5475, June 2000, Science , Vol. 288, pp. 2373-2376.
U.F.R. DE PHARMACIE DE RENNES
N°
ARNOULT, Claire .- Suivi thérapeutique pharmacologique du ganciclovir dans
la prise en charge du cytomegalovirus : faut-il réévaluer la zone thérapeutique ?
Résultats d'une étude préliminaire menée au CHU de Rennes.
123 feuilles., 20 illustrations., 19 tableaux. , 30 cm.- Thèse : Pharmacie ; Rennes 1;
2016 ; N°
.
Résumé français
Le cytomegalovirus (CMV) est responsable d'infections potentiellement graves chez les personnes
immunodéprimées notamment chez les patients greffés ou atteints du SIDA. Le ganciclovir
représente la première ligne de traitement dans la prise en charge de ces infections. Cependant, la
mise en évidence de résistances entraine l'utilisation de nouvelles molécules et la recherche de
nouvelles stratégies plus efficaces. Le suivi thérapeutique pharmacologique permet d'obtenir une
exposition optimale du patient au ganciclovir et représente ainsi une stratégie utile dans la prise
en charge du cytomegalovirus.
Ce travail a pour objectif d'évaluer si une exposition au ganciclovir plus importante que celle
habituellement utilisée n'améliorerait pas l'efficacité du traitement. L'étude réalisée compare
l'évolution de la charge virale plasmatique CMV entre des patients exposés à des concentrations
plasmatiques résiduelles habituelles et des patients exposés à des concentrations plus élevées.
Résumé anglais
Cytomegalovirus (CMV) is responsible for potentially severe infections in immunocompromised
patients including transplant recipients and AIDS patients. Ganciclovir represents the first-line
treatment in the management of these infections. However, the increasing number of resistances
highlights the need to use new molecules and find new strategies more effective. Therapeutic drug
monitoring is used to obtain an optimal patient exposure to ganciclovir.
This work aims to assess the impact of greater ganciclovir exposure on the effectiveness of
treatment. The retrospective study compares the evolution of CMV viral load between patients
exposed to normal trough plasma concentrations and patients exposed to higher concentrations.
Rubrique de classement :
PHARMACOLOGIE
Cytomegalovirus - Ganciclovir - Valganciclovir Suivi thérapeutique pharmacologique
Mots-clés :
Mots-clés anglais MeSH :
Président :
Assesseurs :
Cytomegalovirus - Ganciclovir - Valganciclovir Therapeutic drug monitoring
Madame GOUGEON Anne
Monsieur LEMAITRE Florian
Monsieur FILLATRE Pierre
JURY :
Adresses de l’auteur :
Madame PRONIER Charlotte
44 rue de Bellevue 35350 St Méloir des
Ondes
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