dans l’enfance et chez des adultes américains des coque-
luches atypiques alors qu’ils ont été vaccinés dans l’en-
fance [2].
Les anticorps infectieux anti-PT disparaissent après
quelques mois. Cependant, la protection infectieuse dure
quelques années. Par ailleurs, la présence d’anticorps
dans le sang de la mère ne protège pas le nouveau-né de la
maladie [23]. Enfin, l’utilisation des gammaglobulines est
controversée [24]. Utilisées depuis plus de 50 ans pour le
préventif et le curatif, elles étaient considérées par les
cliniciens comme peu efficaces voire quelquefois respon-
sables d’une aggravation chez le nourrisson ! Depuis peu
cependant, de fortes doses d’immunoglobulines à haute
teneur en anticorps anti-PT (250 à 1 500 mg/kg) ont mon-
tré une incontestable efficacité sur le plan clinique en
particulier sur les accès de toux paroxystique, la bradycar-
die et la désaturation. Biologiquement, une chute rapide
de l’hyperlymphocytose a été observée [25]. Cependant,
l’ensemble de ces données suggère qu’il existe un autre
type d’immunité.
Immunité à médiation cellulaire
Après infection, il a pu être mis en évidence, pendant
les derniers essais cliniques, chez l’homme, la présence
d’une réponse de type Th1 caractérisée par la production
d’IL12. Tous les clones de cellules T de donneurs ayant eu
la coqueluche dans l’enfance sont de type CD4+ et recon-
naissent les antigènes de B. pertussis lorsqu’ils sont pré-
sentés par des cellules B autologues [26, 27].
Chez la souris Mills et al. ont montré que des souris
dépourvues de cellules T (Souris « nude ») développent
une infection chronique à B. pertussis. Lorsque ces souris
subissent un transfert passif de cellules CD4+ de souris
convalescentes avant l’infection, une élimination totale
des bactéries est observée quelques semaines après l’in-
fection [28]. De plus, il a été récemment montré que B.
pertussis, à la différence de B. bronchiseptica, l’espèce
bactérienne pouvant infecter un grand nombre de mam-
mifères, a réduit, en s’adaptant à l’homme, les réponses
immunes médiées par le récepteur Toll-Like 4 (TLR4) et
ainsi facilite la colonisation de l’hôte [29].
Fait troublant, les toxines perturbent sévèrement les
défenses immunitaires, et pourtant les déficits immunitai-
res congénitaux ou acquis ne semblent pas être plus
victimes de coqueluches sévères. Dans l’infection à VIH,
la coqueluche est prolongée mais exceptionnellement
maligne [30], même au stade sida.
Conclusion
Le non-contrôle de la coqueluche et la modification
épidémiologique malgré une couverture vaccinale éle-
vée, phénomène jamais rencontré avec les autres mala-
dies infectieuses à prévention vaccinale, incite à mieux
comprendre la physiopathologie et l’immunité naturelle.
Beaucoup de questions demeurent sans réponse, comme
nous venons de le voir ! En particulier, la bactérie régule-
t-elle l’expression de ses facteurs de virulence in vivo ?La
bactérie a-t-elle un stade intracellulaire au cours de la
maladie ? Quels sont les anticorps véritablement protec-
teurs ? Quelle place joue l’immunité cellulaire ? La séro-
thérapie préventive ou curative est-elle utile ou dange-
reuse ?
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La coqueluche : physiopathologie et immunologie
mt pédiatrie, vol. 9, n° 3, mai-juin 2006
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