Médecine d'Afrique Noire : 1998, 45 (1)
Tableau V : Séroprévalence du VHC dans la population
transfusée en fonction du type d’hémoglobine
Type d’hémoglobine Effectifs Séropositifs %
SSFA2 81 8 9,87
SFA2 12 3 25
SAFA2 7 0 0
SC 1 0 0
AC 0 0 0
Total 101 11 10,89
III - DISCUSSION
Globalement, il est apparu que le drépanocytaire était un
sujet exposé à l’infection par le VHC avec une séro-
prévalence anti-VHC de 10,60 %. Si ce résultat apparais-
sait superposable à celui de RIOCHE et Coll. à l’Institut
Pasteur de Côte d’Ivoire (1993) qui rapportaient un taux de
10,20 % dans la population ivoirienne générale (4), ce
c h i ffre était inférieur aux valeurs enregistrées par ces
mêmes auteurs dans une population de 51 hémodialysés
avec une prévalence de 43,1 %. De même, notre chiff r e
était inférieur à celui de ARRUDA et Coll. au Brésil
(1993) qui ont trouvé un taux de 30 % dans une population
de 47 drépanocytaires (5). Ces différences avec notre résul-
tat pourraient trouver leur application, soit dans la diff é -
rence de taille des échantillons, soit dans l’influence des
facteurs environnementaux spécifique à chaque pays
(conditions d’hygiène, niveau socio-économique des popu-
lations étudiées). Quoiqu’il en soit, la relative faiblesse du
taux dans notre série ne devrait pas faire perdre de vue le
danger représenté par le VHC pour cette population de
malades.
En fonction du sexe, les sujets de sexe masculin étaient les
plus exposés à la contamination par le VHC avec une
prévalence de 17,64 % contre 4,82 % pour les sujets de
sexe féminin. Cette différence est significative au
2 2
X = 5,81 > X = 3,84
c a
Ces résultats corroboraient ceux de RIOCHE et Coll.
(1993) où les hommes étaient plus infectés avec une
séroprévalence de 11 % contre 3,5 % pour les femmes (4).
L’explication pourrait vraisemblablement être le fait d’une
part, que les garçons dans notre série étaient majoritaires
dans la tranche d’âge la plus fragiles (1 à 14 ans) et, d’au-
tre part, que les garçons étudiés étaient majoritairement de
phénotype hémoglobinique homozygote, donc plus fré-
quemment soumis à des traitements par voie parentérale.
Rapportée aux tranches d’âge, nous avons enregistré une
séroprévalence beaucoup plus élevée chez les sujets de 1 à
14 ans, soit 13,63 % contre 6,3 % pour les sujets âgés de
15 à 61 ans. Il y a donc une susceptibilité plus importante
des enfants pour l’infection par le VHC par rapport aux
adultes. Cette forte prévalence de l’infection par le VHC
chez les enfants confirmait les résultats de AL FAWAZ et
Coll. en Arabie Saoudite (1993) qui ont trouvé un taux de
séroprévalence de 18,20 % dans une population de 55
enfants drépanocytaires (6). Ce constat pourrait être le fait
que cette tranche était la plus fragile du fait d’un système
immunitaire encore incomplètement mâture.
La transfusion sanguine a accru le risque de contamination :
(10,89 %) chez les sujets transfusés contre 10 % chez les
non
transfusés. Ce risque était encore plus élevé pour les
polytransfusés : 12,08 %. Il y avait une corrélation positive
entre le nombre de transfusions et le risque d’infection par
le VHC. Ceci était corroboré par les travaux d’autres
auteurs, notamment RESTI et coll. en Italie (1991) qui
rapportaient une séroprévalence de 62,94 % dans une
population de 35 malades bêta-thalassémiques polytrans-
fusés (7). De même, AL FAWAZ et Coll. signalaient un
taux de 64,40 % chez les drépanocytaires 6 fois transfusés,
contre 2,43 % chez ceux 3 fois transfusés (6). Par ailleurs,
les drépanocytaires de type SFA2, SC et SSAF2 étaient les
plus exposés au risque d’infection par le VHC avec des
séroprévalences respectives de 23,8 %, 10 % et 9,09 %.
Ces valeurs élevées s’expliqueraient par la prédominance
dans ces groupes de malades du syndrome anémique qui
était corrigé par des transfusions sanguines répétées.
CONCLUSION
Malgré la relative faiblesse du taux global de la séropréva-
lence du VHC dans la population des malades drépano-
cytaires, l’infection par le virus C de l’hépatite constitue un
véritable problème de santé publique. Les conséquences à
court et à long terme (hépatite C fulminante, cirrhose,
CPF), nécessitent la mise en place de mesures préventives
rigoureuses. Nous préconisons pour ce faire une stratégie
ETUDE DE LA SEROPREVALENCE… 37