TABULA NO 1/MARS 2010 17
trouve les premières traces écrites
vers 2700 avant notre ère dans le
livres des herbes aromatiques de
Peng-King, qui la décrit comme
un bon médicament. Ce pouvoir
curateur, on ne l’attribuait, toute-
fois, pas à ses tiges mais à ses
racines charnues. Cette rhubarbe
sauvage utilisée comme remède
est énorme comparée à celle
qu’on cultive actuellement.
Aujourd’hui encore, la médecine
chinoise classique y recourt.
Au début de l’ère chrétienne,
cette rhubarbe sauvage faisait l’ob-
jet d’un commerce international.
Il en serait venu en Europe des
terres lointaines d’Asie orientale et
centrale, plus tard des rives de la
Mer Noire. On y recourait, par
exemple, contre les maladies vé-
nériennes. Jusqu’au 16
e
siècle,
c’était même en Europe de l’ouest
LE remède approprié. Ceux qui en
étaient affectés devaient ingurgiter
plusieurs fois par jour un jus à base
d’un litre d’eau, d’une demi-once
de persil et de deux onces de raci-
nes de rhubarbe séchées. Après
coup, on sait que ça n’a pas servi
à grand chose.
Si bon… si tard
Ce n’est qu’à partir du milieu
du 18e siècle qu’on a constaté que
la rhubarbe pouvait être délicieuse.
Les Anglais furent les premiers à
cultiver et à commercialiser dif-
férentes variétés de rhubarbe en
tant que légume, dès le début du
19
e
siècle. Aujourd’hui encore,
l’Angleterre occupe la première
place des pays cultivant la rhu-
barbe. Les autres pays européens
ont mis plus de temps à se conver-
tir aux saveurs âcres-acides de ce
légume. Au milieu du 19e siècle,
rappelle-t-on, « un commerçant
de Kirchweder, dans les Vierlan-
den proches de Hambourg, aurait
obtenu d’un Anglais quelques
plants de rhubarbe. Il a essayé de
les greffer et il y a réussi. »
Et pourquoi ce nom de rhu-
barbe ou rheum barbarum ? Parce
que, selon les premières histoires,
il aurait été apporté aux Romains
par les Barbares, c’est-à-dire les
chinois et les russes. Une autre
explication voudrait que ce nom
évoque les « barbares de Rha »,
donc des étrangers de Rha, ancien
nom de la Volga.
Pas un fruit
La rhubarbe est en réalité une
plante vivace au même titre que
le pied-d’alouette ou le rud beckia.
Elle appartient à la famille des
polygonacées tout comme l’oseille
et la renouée. C’est donc claire-
ment un légume, même si on
L’acide oxalique n’est pas le bienvenu
La rhubarbe contient beaucoup d’acide oxalique. Il peut favoriser l’apparition de
calculs rénaux. C’est pourquoi il faut être prudent avec ces tiges acides.
Les calculs rénaux sont une maladie
assez courante quand on pense qu’une
personne sur dix en souffre durant sa
vie. L’urine contient, en plus de l’eau,
quantité de substances chimiques
comme le calcium et le phosphate,
mais aussi des produits d’excrétion
comme l’acide urique, de l’urine et de
l’acide oxalique. En cas de modifica-
tion défavorable de l’urine, ses compo-
sants cristallisent. Se forment alors des
calculs qui grandissent progressive-
ment.
Certaines habitudes alimentaires
inappropriées favorisent la formation
de calculs. Lors de la formation des
calculs les plus courants, ceux d’oxa-
late de calcium, l’alimentation porte
une certaine responsabilité quand elle
comprend peu de produits lactés riches
barbe. Celui qui se trouve dans les tiges
est inoffensif, sauf pour les gens affec-
tés de calculs rénaux. En suivant ces
conseils, on peut réduire la teneur en
acide oxalique contenu dans les ti-
ges :
•Toujourscuireoublanchirlarhu-
barbe, puis jeter l’eau de cuisson.
•Préférer les tiges jeunes et nes
car les plus vieilles et plus épaisses
contiennent plus d’acide oxalique.
•Pelerlestigescarc’estlapeau
qui contient le plus d’acide oxa-
lique.
•Choisirdesrecettesderhubarbe
qui contiennent des produits lai-
tiers (lait, yogourt, fromage frais).
•Renoncer à la rhubarbe cueillie
après mi-juin, elle contient trop
d’acide oxalique.
en calcium, trop de viande et des pro-
duits alimentaires riches en acide oxa-
lique comme la rhubarbe, les épinards,
les asperges et le chocolat.
Autrefois, les gens souffrant de
calculs rénaux recevaient pour conseil
de limiter leur consommation de cal-
cium. Mais ça s’est révélé totalement
erroné, car la charge d’acide oxalique
d’un plat comprenant de la rhubarbe
ou des épinards est immédiatement
réduite quand on mange simultané-
ment des produits laitiers riches en
calcium. En revanche, quand il n’y a
pas assez de calcium dans l’intestin,
l’acide oxalique n’y est pas intercepté,
alors il aboutit dans le sang et dans
l’urine.
L’acide oxalique est essentielle-
ment présent dans les feuilles de rhu-
KEYSTONE/CARO/SORGE