Synthèse Psychol NeuroPsychiatr Vieil 2010 ; 8 (1) : 43-51 L’aphasie du sujet âgé Aphasia in elderly patients doi: 10.1684/pnv.2009.0185 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. OLIVIER MOREAUD1,2 DANIELLE DAVID1 MARIE-PIERRE BRUTTI-MAIRESSE1 MATTHIEU DEBRAY3 ARMELLE MÉMIN1 1 CMRR et neuropsychologie, Pôle de psychiatrie et neurologie, CHU de Grenoble 2 Laboratoire de psychologie et neurocognition, CNRS UMR 5105, Grenoble <OMoreaud@chu-grenoble. fr> 3 Consultation Mémoire, Service de gériatrie, CH de la Région d’Annecy Tirés à part : O. Moreaud Résumé. L’aphasie est un trouble fréquent chez le sujet âgé. Elle est le plus souvent secondaire à des lésions vasculaires ou neurodégénératives. Il est possible de rencontrer chez les sujets âgés des tableaux aphasiques isolés dont le diagnostic et la prise en charge sont les mêmes que chez des sujets plus jeunes. Souvent néanmoins, l’évaluation et la caractérisation sémiologique des troubles sont difficiles en raison de la présence de symptômes associés non linguistiques (troubles attentionnels et dysexécutifs, troubles sensoriels, troubles thymiques, troubles comportementaux), de la fatigabilité des patients et de la plus grande fréquence des troubles de compréhension. Le diagnostic positif et étiologique est en conséquence rendu plus ardu. Il est alors nécessaire de s’aider d’une évaluation orthophonique et neuropsychologique précise, d’une évaluation neuropsychiatrique et des moyens d’imagerie appropriés (l’IRM tient une place de choix). Il importe aussi de bien connaı̂tre la sémiologie aphasique et les différents tableaux aphasiques rencontrés après une lésion vasculaire et dans le cadre des affections neurodégénératives, Alzheimer et apparentées. Une prise en charge doit être proposée même chez des patients très âgés, dans la mesure où le trouble du langage perturbe la communication. Néanmoins, cette prise en charge est souvent limitée en raison de symptômes associés. Mots clés : aphasie, langage, vieillissement, accident vasculaire cérébral, démence Abstract. Aphasia is common in elderly patients in the context of vascular or neurodegenerative disorders. In some cases, aphasia is an isolated symptom, occurring suddenly after a stroke, or developing progressively as a primary progressive aphasia. The diagnosis and treatment are then very similar in older and younger patients. Therapy may be more complicated because of the high prevalence, in older patients, of associated non linguistic symptoms (attentional and dysexecutive symptoms, behavioral and psychological symptoms or sensorial deficits), fatigability, and comprehension deficits. It may then become very difficult to recognize aphasia among all these disorders and to appreciate the physiopathology. A complete evaluation of language, cognitive functions, psychopathology, and behavior is very helpful, as are neuroimaging techniques (MRI is the most relevant). A good knowledge of classical aphasic pictures associated with stroke, Alzheimer disease or related disorders, is highly recommended. Rehabilitation must be proposed even for older patients, so far as aphasia alters the communication abilities. It must be kept in mind that associated symptoms may limit considerably the therapy. Key words: aphasia, language, aging, stroke, dementia L’aphasie est un trouble du langage acquis, secondaire à une lésion cérébrale située, dans la très grande majorité des cas, dans l’hémisphère cérébral gauche, au niveau des régions périsylviennes ou dans certaines régions sous-corticales, en particulier le thalamus. Ces lésions peuvent survenir à tout âge ; néanmoins, les pathologies vasculaires et dégénératives en étant les principales responsables, l’aphasie est observée plus fréquemment chez les personnes âgées. Il paraı̂t donc artificiel de vouloir traiter spécifiquement de l’aphasie du sujet âgé, puisqu’elle a été décrite essentiellement dans cette population. Cependant, la question est plus importante qu’il n’y paraı̂t au premier abord : tout d’abord, se posent avec le vieillissement Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 8, no 1, mars 2010 des problèmes de diagnostic positif et différentiel, en raison de la fréquence de l’association avec d’autres symptômes eux aussi en lien avec l’âge, et qui ont un retentissement sur le langage (troubles mnésiques, troubles attentionnels et dysexécutifs, altération intellectuelle globale, troubles sensoriels). Ensuite, si les tableaux aphasiques traditionnels, décrits dans le cadre de la pathologie vasculaire, sont bien connus et posent peu de problèmes de diagnostic lorsqu’ils sont typiques, de nombreuses aphasies n’entrent pas dans ce cadre classique. Il importe alors de les reconnaı̂tre, notamment dans le cadre de la pathologie neurodégénérative, où il s’agit d’un trouble fréquent, voire au premier plan. La reconnaissance et la caractérisation 43 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. O. Moreaud, et al. sémiologique du trouble aphasique sont des éléments fondamentaux du diagnostic positif et étiologique. Enfin de nombreux tableaux frustres existent, qui sont souvent sous-évalués alors que la gêne est réelle pour le sujet atteint, et que l’évaluation précise permet souvent de redresser des diagnostics erronés (par exemple, trouble de mémoire ou syndrome confusionnel). Le but de cet article n’est pas de proposer une question générale sur l’aphasie, ni de passer en revue l’ensemble des pathologies associées au vieillissement susceptibles de générer des troubles aphasiques, mais de donner au lecteur peu familier de ce trouble quelques connaissances de base l’incitant à de plus amples lectures, et d’essayer de dégager des spécificités propres au sujet âgé. Le lecteur intéressé par une revue complète de la question de l’aphasie pourra se référer utilement aux livres de Roch-Lecours & Lhermitte [1] et Gil [2]. Langage et vieillissement Avant d’aborder directement la question de l’aphasie, il nous semble utile de rappeler ce que l’on sait des modifications du langage au cours du vieillissement « normal ». L’étude des modifications cognitives qui surviennent avec l’âge a fait l’objet de travaux très nombreux (pour revue, voir [3]). Néanmoins, il persiste des incertitudes sur la nature exacte des modifications observées et sur leur intensité. Ces incertitudes proviennent en partie d’approches méthodologiques différentes. Les études transversales, les plus nombreuses pour des raisons de simplicité et de moindre coût, comparent des groupes de sujets d’âges différents. Elles sont sujettes aux effets de cohorte qui peuvent faire interpréter comme liés au vieillissement des effets en rapport avec des différences d’éducation, de culture, d’environnement, de statut médical et d’expérience, et sont ainsi susceptibles de détecter des différences importantes entre les groupes. Les études longitudinales, qui évaluent l’évolution avec le temps d’un groupe de sujets, sont moins sujettes à ces biais, mais beaucoup plus difficiles à réaliser et sont soumises à un effet d’attrition, les sujets demeurant le plus longtemps dans la cohorte étant en général ceux qui sont les plus motivés et qui ont le meilleur fonctionnement cognitif ; elles vont donc, au contraire des précédentes, avoir tendance à minimiser les effets du vieillissement. De plus, les sujets âgés sont plus fréquemment atteints de troubles sensoriels et moteurs, de symptômes psychiatriques (dépression notamment), et de pathologies responsables de lésions cérébrales, ce qui rend difficile la 44 reconnaissance des modifications uniquement liées au vieillissement (et ce qui pose par ailleurs la question de l’existence et de la définition du vieillissement « normal »). Si l’on s’intéresse au langage [3, 4], il semble que le vocabulaire et les capacités de raisonnement verbal restent stables avec l’âge. Les données sont plus contradictoires pour les épreuves de fluence verbale et de dénomination. Certaines études mettent en évidence une baisse de la fluence alors que d’autres ne la retrouvent pas. Il semble toutefois que la fluence catégorielle (sémantique) baisse de façon significative avec l’âge ; il reste à déterminer si ce fait n’est pas l’effet de lésions neurodégénératives, puisque les résultats de la cohorte PAQUID indiquent que des performances faibles en fluence sémantique prédisent la survenue d’une démence 12 ans avant son diagnostic [5]. Il est possible que ceci explique aussi les difficultés en dénomination observées chez les sujets âgés qui sont plus lents et moins efficaces que les sujets plus jeunes. Cette difficulté n’est par ailleurs pas forcément due à un problème de langage per se, mais pourrait être la conséquence de moindres capacités de mémoire de travail, altérant la capacité à activer et à sélectionner le bon mot au bon moment, gênant la récupération explicite de celui-ci et générant des difficultés en particulier dans les situations conversationnelles qui nécessitent rapidité et efficacité. Dans les épreuves de dénomination, les difficultés des sujets âgés restent modérées, avec des performances inférieures de 2,5 à 10 % à celles des sujets jeunes ; les facilitations sont presque toujours efficaces et la majorité des erreurs sont de nature visuelle ; on note aussi une tendance à s’écarter des réponses dominantes. Il est donc essentiel, lorsqu’on s’intéresse à l’aphasie du sujet âgé, de disposer d’épreuves pourvues de normes fiables en fonction de l’âge, et d’être très prudent vis-à-vis du diagnostic d’aphasie lorsque les performances sont peu abaissées et qu’elles ne s’accompagnent pas d’autres troubles aphasiques (déformations, troubles de compréhension, notamment). Définition de l’aphasie Les troubles aphasiques Diagnostic positif L’aphasie est un trouble acquis du langage. Elle se distingue des troubles de la voix (dysphonies) et de la parole (dysarthries), même si des difficultés articula- Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 8, no 1, mars 2010 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. L’aphasie du sujet âgé toires et des modifications du volume vocal peuvent être observées chez certains patients aphasiques. Elle s’oppose aussi aux troubles du développement du langage, que par convention l’on qualifie de dysphasies. Le symptôme le plus caractéristique de l’aphasie est le manque du mot, c’est-à-dire la difficulté à évoquer spontanément la bonne étiquette verbale. Ce manque du mot se manifeste à la fois dans le discours et dans les épreuves de dénomination sur confrontation visuelle. La présence d’un manque du mot dans ces épreuves distingue l’aphasie des troubles du langage non aphasiques, que l’on peut observer par exemple dans le cadre du syndrome frontal (le discours est le plus souvent réduit, peu informatif, et peut donner l’impression de l’existence d’un manque du mot, qu’on ne retrouve cependant pas dans les épreuves de dénomination [6]), lors d’un syndrome confusionnel [7], lors de lésions hémisphériques droites [8], ou dans la schizophrénie [9]. Cette distinction n’est cependant pas absolue, particulièrement dans les affections neurodégénératives, au cours desquelles le manque du mot peut d’abord n’être évident que dans le discours avant d’être retrouvé dans les épreuves. De même certaines aphasies vasculaires peuvent, lorsqu’elles s’améliorent, ne plus s’accompagner de manque du mot en dénomination (c’est le cas par exemple de l’aphasie de conduction). Le manque du mot aphasique résulte habituellement d’une difficulté à accéder à la forme phonologique correcte. Ceci suppose que les connaissances sémantiques concernant l’item à dénommer sont préservées et que l’identification par une entrée non verbale est possible. Par exemple, un aphasique ne pouvant dénommer le mot « citron » est capable de dire qu’il s’agit d’un fruit acide, à la peau épaisse, de couleur jaune, et n’a pas de difficulté à reconnaı̂tre l’image d’un citron. De plus, le manque du mot aphasique s’accompagne souvent pour le patient d’une impression de connaı̂tre le mot (phénomène du mot sur le bout de la langue [10, 11], et peut être facilité par le contexte (« le goût du poisson est relevé par le… ») ou l’ébauche orale du premier phonème (le /s/….). Néanmoins, en cas de manque du mot sévère, la facilitation peut être inefficace et le patient, du fait de la gravité de son aphasie et/ou des troubles associés peut échouer à dire s’il a le sentiment de connaı̂tre le mot ou pas ; c’est le cas par exemple dans l’aphasie de Wernicke. Les troubles de compréhension, lorsqu’ils existent, touchent le plus souvent la compréhension syntaxique. Par exemple, les patients peuvent ne pas arriver à comprendre et exécuter un ordre séquentiel comme « posez Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 8, no 1, mars 2010 le verre derrière la fourchette » alors qu’ils comprennent individuellement chacun des mots de la phrase. De même, ils peuvent être gênés pour comprendre des phrases dont les tournures grammaticales sont complexes comme, par exemple « le chien est chassé par le chat », qui sera comprise comme « le chien chasse le chat ». Habituellement la compréhension du mot isolé est préservée [12], mais certaines aphasies peuvent s’accompagner d’un sentiment d’étrangeté vis-à-vis du mot et d’un trouble de compréhension à partir du mot [13] ; c’est le cas notamment des formes fluentes d’aphasies progressives primaires [14]. Lorsque le manque du mot est sévère, il est habituellement facile de le mettre en évidence et de confirmer le diagnostic d’aphasie. Cependant, il est possible que se pose le problème du diagnostic différentiel avec des troubles du langage non aphasiques ou avec des phénomènes aspécifiques, en rapport avec la fatigue ou avec des troubles attentionnels perturbant la passation des tests. Ceci est particulièrement fréquent chez les sujets âgés, surtout dans un contexte d’hospitalisation. Il faut alors s’aider de l’étude des autres perturbations aphasiques. En effet, le manque du mot n’est pas le seul symptôme de l’aphasie, même s’il peut exister de façon isolée (anomie pure). On peut observer des modifications du débit de parole et une plus ou moins grande facilité pour le patient à s’exprimer (caractère fluent ou non de l’aphasie), des déformations de la production verbale (troubles arthriques, paraphasies phonémiques, paraphasies verbales avec ou sans rapport de sens, néologismes), des modifications de la construction grammaticale (agrammatisme, dyssyntaxie), des troubles de compréhension (qui en général concernent la compréhension morpho-syntaxique beaucoup plus que la compréhension du mot isolé). La répétition peut être altérée. Le langage écrit est altéré de la même façon que le langage oral dans la majorité des cas, et les perturbations de la lecture et de l’écriture reflètent en miroir les perturbations de l’oral. Il est exceptionnel que l’écrit soit préservé si l’oral est touché, alors que l’inverse n’est pas rare (agraphie pure, alexie avec agraphie, alexie pure, etc.). L’évaluation de ces différents troubles permet de caractériser au mieux le trouble aphasique et est à la base de la classification anatomoclinique des aphasies, proposée initialement par Wernicke et Lichtheim au XIXe siècle, réactualisée par les auteurs nord américains dans les années 1960 et 1970 [1, 15]. Cette classification reste largement utilisée dans le cadre des aphasies vasculaires. Elle est basée sur les caractéristiques 45 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. O. Moreaud, et al. des perturbations linguistiques observées, sur le caractère fluent ou non du discours, et sur la préservation ou l’altération de la répétition (tableau 1). L’intérêt de cette classification était de faire des inférences sur la topographie lésionnelle, mais les moyens d’imagerie moderne l’ont largement remise en question, en montrant qu’il est très difficile de relier un tableau aphasique à une topographie précise. De plus, de nombreuses aphasies vasculaires n’entrent pas dans le cadre et la classification ne s’applique pas aux aphasies neurodégénératives. Mieux vaut donc essayer de décrire précisément les troubles observés, soit en termes sémiologiques (par exemple : présence de paraphasies phonémiques), soit en référence à la linguistique (par exemple : altération de la 2e articulation du langage), soit en référence aux modèles de la neuropsychologie cognitive (par exemple : mauvaise activation du lexique phonologique de sortie), et leur retentissement sur les capacités de communication du patient. Cette description est d’autant plus utile qu’elle sera le support de la prise en charge orthophonique. À l’issue de cette brève revue, il apparaı̂t que le diagnostic positif de l’aphasie repose en priorité sur l’analyse du langage provoqué, à l’aide d’épreuves standardisées de dénomination - à la recherche du manque du mot et des déformations de la production – et de compréhension, ce aussi bien à l’oral qu’à l’écrit. L’écoute attentive du discours spontané des patients permet souvent de suspecter l’aphasie, mais ne suffit en rien à la confirmer ; de plus le discours spontané peut parfois être faussement rassurant dans des aphasies peu sévères. Toute évaluation cognitive, même brève, doit comprendre une épreuve de dénomination sur confrontation visuelle. L’aphasie chez les sujets âgés Les étiologies de l’aphasie chez les sujets âgés sont largement dominées par la pathologie vasculaire cérébrale et les affections neurodégénératives. Nous nous focaliserons donc sur ces affections, en les séparant nettement car elles ont des présentations sémiologiques assez différentes. Les autres étiologies (traumatiques, tumorales, inflammatoires, infectieuses) n’ont pas, à notre connaissance, donné lieu à des travaux permettant de dégager des caractéristiques propres aux sujets âgés ; ce sont néanmoins des étiologies qu’il faut savoir évoquer lorsque le contexte s’y prête. L’aphasie vasculaire Parmi les patients présentant un accident vasculaire cérébral, les aphasiques sont plus âgés que les non aphasiques [16]. Il a été suggéré une plus grande prévalence chez les sujets âgés des aphasies fluentes (de type Wernicke), alors que les aphasies non fluentes avec agrammatisme surviendraient préférentiellement chez des patients plus jeunes [17], mais ceci n’a pas été Tableau 1. Classification des aphasies (d’après [1, 15]). Table 1. Classification of aphasia (according to [1, 15]). Fluence Aphasie de Broca Diminuée Manque du mot + Compréhension Répétition Déformations Sub-normale Altérée Troubles arthriques, dysprosodie, agrammatisme Paraphasies phonémiques avec conduites d'approche Paraphasies phonémiques/ verbales/ sémantiques, dyssyntaxie, jargon Discours souvent limité à une stéréotypie Aucune Aphasie de conduction Peu diminuée +/- Normale Altérée Aphasie de Wernicke Normale ou augmentée ++ à +++ Très altérée Altérée voire impossible Aphasie globale Très diminuée +++ Très altérée Aphasie transcorticale motrice (aphasie dynamique de Luria) Aphasie transcorticale sensorielle Aphasies sous-corticales Diminuée +/- Normale Altérée voire impossible Normale Normale ou augmentée Variable ++ Très altérée + Variable, souvent normale Normale, souvent écholalique Normale Paraphasies verbales, sémantiques Paraphasies verbales, hypophonie, possibles troubles articulatoires +/- présent, peu sévère ou absent (latences de dénomination élevées) ; + présent, peu sévère ; ++ sévère ; +++ très sévère. 46 Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 8, no 1, mars 2010 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. L’aphasie du sujet âgé retrouvé dans une étude récente [16]. Il est très habituel, y compris chez des sujets très âgés, de rencontrer des tableaux aphasiques isolés ; cela ne pose en général pas de problème de diagnostic et la prise en charge orthophonique ne diffère pas de celle des sujets plus jeunes. Parfois la présentation clinique est plus complexe et le diagnostic positif peut être ardu, surtout chez les sujets les plus âgés : souvent le manque du mot est peu sévère, avec à la fois des paraphasies sémantiques et des erreurs visuelles, et survient chez des patients présentant des symptômes cognitifs, comportementaux et thymiques associés (ralentissement, troubles attentionnels, troubles des fonctions exécutives, troubles mnésiques, dépression, anxiété, apathie). De plus, l’évaluation précise de ces patients est rendue difficile par les troubles associés et par la fatigabilité (il s’agit souvent de patients polypathologiques, fragiles, en perte d’autonomie). Si le diagnostic d’accident vasculaire a été porté, il n’est pas forcément très utile immédiatement de reconnaı̂tre que le patient présente une aphasie ; il sera toujours temps de l’évaluer et de la prendre en charge dans le courant de l’évolution. Cependant, l’aphasie peut être le seul symptôme de l’accident vasculaire ; chez de tels patients, si on n’y est pas attentif, on peut avoir simplement l’impression d’une aggravation globale de leur état, amenant plutôt à envisager un syndrome confusionnel, et si l’on ne pratique qu’un simple scanner, il est tout à fait possible de méconnaı̂tre une petite lésion ischémique, ce qui change fondamentalement la prise en charge. Il ne faut donc pas hésiter à demander une imagerie appropriée (IRM avec séquences de diffusion ou scanner de perfusion) à la recherche d’une lésion vasculaire récente, et surtout se donner les moyens du diagnostic de l’aphasie, par une évaluation orthophonique. Il n’est pas évident à la lecture de la littérature de savoir si le pronostic de l’aphasie vasculaire est moins bon avec l’âge. Cependant, l’évolution vers un syndrome démentiel, fréquente après un accident vasculaire cérébral dans les 3 ans qui suivent celui-ci, est plus fréquente chez les sujets plus âgés [18]. La persistance d’une aphasie peut rendre l’évaluation de ce syndrome démentiel délicate, et il ne faudra pas à tort considérer comme en rapport avec une altération cognitive globale des symptômes relevant de la sémiologie aphasique, et porter par excès un diagnostic de démence vasculaire ou de maladie d’Alzheimer. À l’inverse, il importe de ne pas attribuer à l’aphasie, ou à la dépression qui y est associée, une perte d’autonomie importante en rapport avec un syndrome démentiel. Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 8, no 1, mars 2010 Aphasie et démences dégénératives Au sein des affections neurodégénératives l’aphasie peut être un symptôme parmi d’autres (c’est le cas par exemple dans la forme habituelle, amnésique, de la maladie d’Alzheimer, MA) ou, au contraire, constituer le symptôme principal de l’affection et rester au premier plan tout au long de l’évolution : on est alors dans le cadre syndromique des aphasies progressives primaires (APP) défini par Mesulam [19, 20]. Les APP sont décrites comme affectant plutôt des sujets autour de la soixantaine, mais il n’est pas rare d’en observer à des âges plus avancés. Elles débutent insidieusement par des difficultés dans le langage spontané, qui s’aggravent progressivement avant d’aboutir à un tableau aphasique complet. La plainte initiale est souvent celle d’une difficulté à trouver les mots, notamment les noms de personnes et de lieux. Cette anomie isolée va se retrouver après un délai variable (parfois plusieurs années) dans les épreuves de dénomination. Deux formes évolutives sont possibles. Soit le discours se réduit et apparaissent des difficultés articulatoires et un agrammatisme alors que la compréhension reste préservée : c’est l’aphasie progressive non fluente. Soit le discours reste fluide, voire abondant, mais des troubles de compréhension du mot apparaissent : c’est l’aphasie progressive fluente. Cette forme fluente s’accompagne généralement de difficultés globales d’identification des objets et des personnes par perte progressive des connaissances sémantiques, raison pour laquelle elle est assimilée à la démence sémantique [21, 22]. Le diagnostic de l’APP est assez aisé si l’on pense à la rechercher : il faut bien faire préciser sa plainte au patient, qui est en général très conscient de ses difficultés, alors que l’entourage a souvent tendance à considérer qu’il s’agit d’un trouble de mémoire. Une épreuve brève de dénomination et un test de compréhension de mots (en choisissant des items peu fréquents comme des animaux sauvages ou des fruits exotiques) sont en général suffisants pour évoquer le diagnostic. Une évaluation orthophonique et neuropsychologique complète est ensuite nécessaire pour confirmer ou non le caractère isolé de l’aphasie. Il n’est pas rare d’observer quelques difficultés dans le calcul et une apraxie gestuelle, ce qui n’exclut pas le diagnostic. On peut aussi trouver des performances abaissées aux tests de mémoire verbale, sans que le patient présente pour autant de syndrome amnésique. De plus l’autonomie au quotidien reste préservée très longtemps. Quelques troubles du comportement peuvent apparaı̂tre dans le courant de l’évolution, mais ils restent au second plan, alors que les troubles du langage s’aggravent, souvent jusqu’au mutisme. 47 O. Moreaud, et al. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. Glossaire (d’après [1, 15]) Fluence : caractère plus ou moins abondant du discours. Une aphasie sera dite non fluente lorsque l’initiation, l’articulation et la production des séquences grammaticales sont réduites et demandent des efforts, générant des interruptions et de la lenteur. Au contraire, une aphasie sera dite fluente si le discours est articulé et initié facilement, avec des phrases longues, même s’il peut y avoir des pauses liées au manque du mot. Dysprosodie : altération du rythme, du timbre et de l’inflexion de la voix, donnant parfois l’impression d’un accent étranger. Troubles arthriques (anarthrie, syndrome de désintégration phonétique, apraxie de la parole) : difficulté de programmation des traits articulatoires permettant l’articulation des sons du langage ; soumis à la variabilité et à la dissociation automatico-volontaire (se distingue en cela des dysarthries, qui sont permanentes). Agrammatisme : discours fait de phrases brèves, contenant essentiellement des substantifs, avec simplification des structures syntaxiques, mais restant informatif (« style télégraphique »). Dyssyntaxie (paragrammatisme) : discours ne respectant pas les règles d’organisation syntaxique, ce qui le rend souvent peu compréhensible (jargon). Paraphasies phonémiques : modification de l’ordre des sons (phonèmes) au sein d’un mot, avec des omissions, des substitutions, des inversions, ou des ajouts. Conduites d’approche : tendance qu’ont les patients à essayer d’autocorriger leurs productions (se voit surtout dans l’aphasie de conduction). Paraphasies verbales : utilisation de mots pour d’autres, avec ou sans rapport de sens. Paraphasies sémantiques : utilisation de mots pour d’autres avec un rapport de sens. Stéréotypie : production orale articulée de façon répétitive, et constituant parfois la seule production de l’aphasique. Echolalie : tendance à répéter immédiatement et spontanément, comme un écho, les paroles de l’interlocuteur. Agraphie : trouble acquis de l’écriture. Alexie : trouble acquis de la lecture. Le diagnostic d’APP peut être plus difficile au début, à un stade où l’anomie est isolée et n’est pas forcément retrouvée dans les épreuves formelles de dénomination. Il faut donc savoir être prudent et revoir les patients à distance, parfois jusqu’à un à deux ans plus tard. L’imagerie met habituellement en évidence une atrophie focale à prédominance hémisphérique gauche des régions préfrontales inférieures et temporales antérieures et un hypométabolisme des mêmes territoires. Les APP sont incluses dans les tableaux cliniques des dégénérescences lobaires frontotemporales [23]. Il n’est cependant pas rare qu’elles soient en rapport avec des lésions de type Alzheimer (1/3 des cas selon les séries), mais il n’existe aucun critère clinique fiable permettant à ce jour d’en faire la distinction [24]. Une forme particulière d’APP, l’aphasie logopénique (AL), serait quasi exclusivement en rapport avec lésions de type Alzheimer : l’AL est une aphasie où le discours est marqué par des pauses et des hésitations, où les phrases sont courtes, avec un manque du mot important dans le discours spontané, moindre dans les épreuves de dénomination, et au cours de laquelle on 48 constate de nombreuses paraphasies phonémiques. Ce tableau ressemble à celui de l’aphasie de conduction mais la compréhension n’est en général pas totalement préservée, en raison de troubles de la mémoire à court terme auditivo-verbale [25].1 Il existe par ailleurs des tableaux évoquant une APP, mais difficile à classer dans les cadres ci-dessus ; il s’agit, dans notre expérience, souvent de patients plus âgés, chez lesquels l’évaluation neuropsychologique précise permet de mettre en évidence des déficits dans des domaines habituellement préservés dans l’APP stricto sensu : mémoire visuelle, habiletés visuoconstructives et capacités visuoperceptives. Souvent l’imagerie montre alors une atrophie et un hypométabolisme diffus. On sort alors du cadre strict de l’APP, même s’il est difficile d’en dire plus quand aux lésions sous-jacentes, dont on pourrait penser qu’elles seraient plutôt de type Alzheimer et ce d’autant plus que l’évolution tend souvent vers une perte d’autonomie et l’apparition de troubles de mémoire francs au quotidien. 1 Pour une revue complète sur l’APP, voir [14]. Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 8, no 1, mars 2010 L’aphasie du sujet âgé Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. Encadré : Comment examiner le langage à la recherche d’une aphasie ? – L’examen doit être systématique : • langage oral/écrit • langage spontané/automatique/provoqué/élaboré • expression/compréhension – Il faut toujours tenir compte du niveau d’éducation et de la langue maternelle – En pratique : • On commence par interroger le patient en écoutant attentivement ses productions, ce qui permet déjà de repérer le manque du mot ; le caractère aisé (fluent) de la production ou au contraire la nécessité pour le patient de faire des efforts, avec des hésitations et des pauses (caractère non fluent) ; les déformations (troubles de l’articulation, de la phonologie = organisation des sons dans le mot et la phrase) ; le respect ou non des règles de la conjugaison, de la grammaire et de la syntaxe ; le caractère informatif ou non des productions ; les modifications éventuelles de la prosodie (intonations). On voit aussi rapidement si la compréhension est altérée • On poursuit en proposant une épreuve de dénomination, qui consiste à faire nommer aux patients des objets présentés visuellement. L’idéal est d’utiliser une épreuve standardisée, comprenant au moins une dizaine d’items. Elle permet de mettre en évidence le manque du mot, qui est le symptôme essentiel de l’aphasie : il n’y a pas d’aphasie sans manque du mot ○ Celui-ci est plus ou moins sévère ○ Il est variable d’un moment à l’autre et d’un item à l’autre ○ Il existe fréquemment une dissociation automatico-volontaire, un mot pouvant être produit normalement dans un contexte automatique, mais pas en situation de production volontaire. On note le type de réponse et d’erreurs. En cas d’échec, on essaie de faciliter la production, par le contexte (quand il pleut, on prend son…) ou l’ébauche (le p…). En cas d’échec, il faut toujours s’assurer que l’item non dénommé a été identifié, en questionnant le patient ou en lui faisant désigner l’item en choix multiple. Si le trouble du patient concerne l’identification (et donc qu’il ne peut dénommer parce qu’il n’identifie pas les items présentés), il ne s’agit plus d’aphasie, mais d’agnosie visuelle ; le diagnostic différentiel est parfois très difficile • On teste la compréhension orale par des ordres plus ou moins complexes, par exemple épreuve des 3 papiers de Pierre Marie (« voici 3 papiers un grand, un moyen, un petit, vous allez me donner le grand, garder le moyen et jeter le petit ») • Il est utile de tester la répétition de mots, simples ou complexes, et de phrases, car cela permet de mieux repérer les déformations (troubles arthriques, paraphasies) – Un examen plus long et plus analytique, notamment du langage écrit, est du ressort de l’orthophoniste, à qui tout aphasique avéré ou suspecté devrait être adressé dans les meilleurs délais Si l’on s’intéresse maintenant à la forme habituelle de MA, qui débute par un syndrome amnésique d’aggravation progressive, les troubles du langage sont initialement discrets et surtout mis en évidence par les tests. Ces troubles résultent beaucoup plus d’une atteinte des connaissances sémantiques que d’un manque du mot. Cette atteinte sémantique peut être mise en évidence, dès les phases de démence légère, voire dans la phase prodromale [26], dans les tâches de fluence (avec un abaissement relatif de la fluence catégorielle par rapport à la fluence formelle) et dans des tâches d’identification et de dénomination de personnes célèbres (pour revue, voir [27]). Une étude a cependant montré qu’un manque du mot aphasique Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 8, no 1, mars 2010 pouvait être rencontré et il est vraisemblable que coexistent au début de la MA un manque du mot et une atteinte des connaissances sémantiques [28]. Dans les phases plus tardives de la maladie, les troubles associés rendent difficile la caractérisation précise des difficultés. Il est cependant habituel de considérer que le trouble du langage évoque le tableau de l’aphasie transcorticale sensorielle, avec un discours fluide, vide de sens, avec de nombreuses paraphasies sémantiques, parfois des paraphasies phonémiques, et un trouble de compréhension portant à la fois sur les aspects morphosyntaxiques et le mot isolé, alors que la répétition est préservée, souvent sur un mode écholalique [4]. 49 O. Moreaud, et al. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. Spécificités de la prise en charge chez le sujet âgé Il est admis que la prise en charge orthophonique de l’aphasie vasculaire, lorsqu’elle respecte certaines modalités, en particulier en ce qui concerne la fréquence et la durée des séances, et la durée totale de la prise en charge, est bénéfique et améliore la capacité de communication des patients [29]. Ce principe ne doit pas être remis en cause chez le sujet âgé, dès lors que l’aphasie est isolée et quelle que soit sa sévérité. Il n’est pas possible, de même que chez le sujet jeune, de conseiller une technique de prise en charge plutôt qu’une autre [30]. Néanmoins, la prise en charge est souvent limitée par les troubles de la compréhension ou par des facteurs non liés à l’aphasie, comme la fatigabilité, la moindre motivation ou les troubles sensoriels associés. L’existence de troubles cognitifs globaux ou d’un syndrome démentiel ne sont pas forcément des contre-indications, si le patient est motivé et si l’aphasie est au premier plan. Dans la plupart des cas cependant, l’orthophoniste est limité dans son action, et doit se contenter d’une éducation de l’entourage familial, de façon à ce que celui-ci communique au mieux avec le patient. Dans les pathologies dégénératives, il n’existe que peu de données concernant la prise en charge orthophonique. On peut supposer qu’elle a un intérêt direct dans les aphasies primaires progressives, et peut-être indirect dans la maladie d’Alzheimer. La rencontre avec l’orthophoniste sera de toute façon utile, même si elle n’aboutit pas à une prise en charge, pour évaluer au mieux les troubles du langage, les expliquer au patient, à sa famille, et éventuellement aux autres acteurs de la prise en charge, et proposer des exercices à réaliser au domicile. L’objectif est d’optimiser la communication entre le patient et son entourage. Des recommandations à ce sujet ont été émises par la Haute autorité de santé [31]. Une prise en charge orthophonique est fréquemment proposée dans la MA, mais aucune donnée ne permet de juger de son intérêt et de son efficacité, ni de sa durée, chez des patients dont la maladie va évoluer pendant plusieurs années. À notre avis, une prise en charge orthophonique dans ce cadre devrait être réservée à des patients motivés, chez qui le trouble du langage est un des symptômes les plus perturbants, avec l’objectif de favoriser la communication - au sens large - et la qualité de vie. Le contrat de prise en charge doit être clair au départ afin de pouvoir terminer une prise en charge lorsqu’elle semble inutile ou lorsque l’aggravation de la maladie la rend peu réaliste. 50 Points clés • L’aphasie est un trouble fréquent chez le sujet âgé. • Elle est le plus souvent secondaire à des lésions vasculaires ou neurodégénératives. • Il importe de bien connaı̂tre la sémiologie des aphasies vasculaires classiques et des troubles du langage des maladies neurodégénératives. Lorsque la sémiologie est typique, le diagnostic est aisé, et la prise en charge ne diffère pas de celle de sujets plus jeunes. • Il est particulièrement fréquent chez le sujet âgé de rencontrer des tableaux atypiques, en raison de l’intrication avec d’autres symptômes, linguistiques ou non. • Une prise en charge doit être proposée même si elle souvent limitée par les symptômes associés. Dans l’aphasie progressive, qu’il s’agisse d’une forme fluente ou non fluente, les patients sont très conscients de leurs difficultés linguistiques et, par là même, très demandeurs d’une prise en charge. Il nous semble essentiel de caractériser au mieux les troubles et les mécanismes sous-jacents, qui peuvent être très divers d’un patient à l’autre, même au sein d’un même type (fluent ou non fluent), de façon à informer le patient et son entourage sur ces troubles et à proposer des conseils améliorant la communication. L’aphasie progressive étant évolutive, une réévaluation régulière est nécessaire. À notre avis, c’est une des rares indications de prise en charge prolongée, tant que le patient ne présente pas de troubles cognitifs plus globaux ou de troubles trop importants de la compréhension. Des travaux récents confortent l’intérêt de cette prise en charge, en particulier dans les formes fluentes [32, 33]. Conclusion La spécificité de l’aphasie du sujet âgé résulte surtout de l’intrication du trouble du langage avec d’autres problèmes, cognitifs, psychologiques, comportementaux, et somatiques. En cela, on rejoint la problématique gériatrique, qui est celle de la fragilité et de la polypathologie. Ceci ne doit cependant pas nous faire baisser les bras et, au contraire, justifie toute l’attention que l’on peut apporter à ces patients âgés, dont l’évaluation est souvent plus longue, plus complexe et plus décevante que chez des sujets plus jeunes, mais dont Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 8, no 1, mars 2010 L’aphasie du sujet âgé toutes les dimensions sont importantes à considérer si l’on veut leur rendre service. Il n’est pas non plus totalement inhabituel de rencontrer, parfois même chez des sujets très âgés, des aphasies isolées, dont le diagnostic et la prise en charge ne diffèrent alors en rien du cas général. On ne peut qu’inciter les cliniciens, gériatres ou non, à adresser leurs patients à l’orthophoniste chaque fois qu’ils suspectent un trouble aphasique, et on incitera en conséquence les orthophonistes à bien connaı̂tre l’aphasiologie et les spécificités du sujet âgé. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. Références 1. Roch-Lecours A, Lhermitte F. L’aphasie. Paris : Flammarion Médecine Sciences, 1979. 19. Mesulam MM. Slowly progressive aphasia without generalized dementia. Ann Neurol 1982 ; 11 : 592-8. 2. Gil R. Les aphasies. In : Neuropsychologie. Abrégés. Paris : Masson, 2003 : 21-61. 20. Mesulam MM. Primary progressive aphasia. Ann Neurol 2001 ; 49 : 425-32. 3. Howieson DB, Loring DW, Hannay HJ. Neurobehavioral variables and diagnostic issues. In : Lezak MD, ed. Neuropsychological assesment. New York : Oxford University Press, 2004 : 294-301. 4. Eustache F. Langage, vieillissement et démences. In : Eustache F, Lechevalier B, eds. Langage et aphasie. Bruxelles : DeBoeck Universités, 1989 : 205-27. 5. Amieva H, Le Goff M, Millet X, Orgogozo JM, Pérès K, BarbergerGateau P, et al. Prodromal Alzheimer’s disease : successive emergence of the clinical symptoms. Ann Neurol 2008 ; 64 : 492-8. 6. Lhermitte F, Derouesné J, Signoret JL. Analyse neuropsychologique du syndrome frontal. Rev Neurol (Paris) 1972 ; 127 : 415-40. 7. Chedru F, Geschwind N. Disorders of higher cortical functions in acute confusional states. Cortex 1972 ; 8 : 395-411. 8. Hannequin D, Goulet P, Joanette Y. Contributions de l’hémisphère droit à la communication verbale. Rapport de neurologie, Congrès de psychiatrie et de neurologie, Bordeaux. Paris : Masson, 1987. 9. Andreasen N, Grove WM. Thought, language, and communication in schizophrenia : diagnosis and prognosis. Schizophr Bull 1986 ; 12 : 348-59. 10. Brown R, McNeill D. The « tip-of-the-tongue » phenomenon. J Verb Learn Verb Behav 1966 ; 5 : 325-37. 11. Goodglass H, Kaplan E, Weintraub S, Ackerman N. The “tipof-the-tongue” phenomenon in aphasia. Cortex 1976 ; 123 : 145-53. 12. Le Dorze G, Nespoulous JL. Anomia in moderate aphasia : problems in accessing the lexical representation. Brain Lang 1989 ; 37 : 381-400. 13. Gainotti G, Silveri MC, Villa G, Miceli G. Anomia with and without lexical comprehension disorders. Brain Lang 1986 ; 29 : 18-33. 14. David D, Moreaud O, Charnallet A. Les aphasies progressives primaires : aspects cliniques. Psychol NeuroPsychiatr Vieill 2006 ; 4 : 189-200. 15. Goodglass H, Kaplan E. The assessment of aphasia and related disorders. Philadelphie : Lea & Febinger, 1983. 21. Belliard S, Bon L, Le Moal S, Jonin PY, Vercelletto M, LeBail B. La démence sémantique. Psychol NeuroPsychiatr Vieill 2007 ; 5 : 127-38. 22. Moreaud O, Belliard S, Snowden J, Auriacombe S, BasagliaPappas S, Bernard F, et al. Démence sémantique : réflexions d’un groupe de travail pour des critères de diagnostic en français et la constitution d’une cohorte de patients. Rev Neurol (Paris) 2008 ; 164 : 343-53. [23]. Neary D, Snowden JS, Gustafson L, Passant U, Stuss D, Black S, et al. Frontotemporal lobar degeneration : a consensus on clinical diagnostic criteria. Neurology 1998 ; 51 : 1546-54. 24. Galton C, Patterson K, Xuereb JH, Hodges JR. Atypical and typical presentations of Alzheimer’s disease : a clinical, neuropsychological, neuroimaging, and pathological study of 13 cases. Brain 2000 ; 123 : 484-98. 25. Gorno Tempini ML, Brambati SM, Ginex V, Ogar J, Dronkers MF, Marcone A, et al. The logopenic/phonological variant of primary progressive aphasia. Neurology 2008 ; 71 : 1227-34. 26. Dubois B, Feldman HH, Jacova C, De Kosky ST, BarbergerGateau P, Cummings J, et al. Research criteria for the diagnosis of Alzheimer’s disease : revising the NINCDS-ADRDA criteria. Lancet Neurol 2007 ; 6 : 734-46. [27]. Moreaud O. Connaissances sémantiques et maladie d’Alzheimer. In : Belin C, Ergis AM, Moreaud O, eds. Actualités sur les démences : aspects cliniques et neuropsychologiques. Marseille : Solal, 2006 : 109-33. 28. Moreaud O, David D, Charnallet A, Pellat J. Are semantic errors actually semantic ? Evidence from Alzheimer’s disease. Brain Lang 2001 ; 77 : 176-86. 29. Bhogal SK, Teasell R, Speechley M. Intensity of aphasia therapy, impact on recovery. Stroke 2003 ; 34 : 987-93. 30. Joseph PA. Quand doit-on commencer la rééducation orthophonique chez l’hémiplégique aphasique ? Selon quelles modalités et pendant combien de temps ? Ann Réadaptation Méd Phys 1998 ; 41 : 53-65. 16. Engelter ST, Gostynski M, Papa S, Frei M, Born C, AjdacicGross V, et al. Epidemiology of aphasia attributable to first ischemic stroke : incidence, severity, fluency, etiology, and thrombolysis. Stroke 2006 ; 37 : 1379-84. 31. Haute autorité de santé. Orthophonie. Rééducation de la voix, du langage et de la parole. Décembre 2007. www.has-sante.fr/ portail/jcms/c_626379. 17. Joanette Y, Ali-Cherif A, Delpuech F, Habib M, Pellissier JF, Poncet M. Evolution de la sémiologie aphasique avec l’âge. Rev Neurol (Paris) 1983 ; 139 : 657-64. 32. Jokel R, Rochon E, Anderson ND. Errorless learning of computer-generated words in patient with semantic dementia. Neuropsychol Rehab 2009 ; 19 : 1-26. 18. Leys D, Henon H, Machowiak-Cordoliani MA, Pasquier F. Poststroke dementia. Lancet Neurol 2005 ; 4 : 752-9. 33. Henry ML, Beeson PM, Rapcsak SZ. Treatment for anomia in semantic dementia. Semin Speech Lang 2008 ; 29 : 60-70. Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 8, no 1, mars 2010 51