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EXEMPLE 1.11. Considérons l’idéal hX, Y ide Q[X, Y ]. Montrons que cet idéal n’est pas principal. En effet, s’il
était principal, il existerait fdans Q[X, Y ]tel que hX, Y i=hfi. Cela implique que fdoit diviser Xet Yet
donc que f= 1. Or, f= 1 implique 1∈ hX, Y i, ce qui est impossible puisque, pour tout couple de polynômes
(q1, q2)∈Q[X, Y ]×Q[X, Y ]non nuls, q1X+q2Yest de degré strictement positif.
II.2. Idéaux et variétés : géométrie des solutions des systèmes d’équations
Définition 1.12. On dit que V⊂Cnest une Q-variété algébrique s’il existe {f1,...,fk}⊂Q[X1,...,Xn]tel que
V={x∈Cn|f1(x)=∙∙∙=fk(x)= 0}.
Soit x∈Cntel que f1(x)=∙∙∙=fk(x)= 0. Il est alors immédiat que pour tout polynôme p∈ hf1,...,fki,
p(x)= 0.
Définition 1.13. Soit Iun idéal de Q[X1,...,Xn].On appelle variété algébrique associée à I(que l’on notera
dans la suite V(I)) le sous-ensemble des points x∈Cntels que pour tout p∈I,p(x)=0.
On a précédemment associé une variété algébrique à un idéal de Q[X1,...,Xn].Le résultat ci-dessous montre
comment associer un idéal à une variété algébrique.
Proposition 1.14. Soit V⊂Cnune Q-variété algébrique. L’ensemble de polynômes {f∈Q[X1,...,Xn]|
∀x∈V:f(x)= 0}est un idéal de Q[X1,...,Xn].On l’appelle idéal associé à Vet on le note I(V)..
PREUVE.Soit (f, g)un couple de polynômes dans l’idéal associé à V.
1) On montre que f+gest un élément de l’idéal associé à V: puisque pour tout x∈V f (x)=0et g(x)=0,
on a (f+g)(x)=0.
2) On montre que pour tout p∈Q[X1,...,Xn],pf est un élément de l’idéal associé à V: puisque pour tout
x∈V f(x)=0, on a (pf)(x)=0.
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Le théorème ci-dessous est fondamental puisqu’il met en correspondance l’existence de solutions complexes
communes à un ensemble de polynômes f1,...,fkavec le fait que l’idéal hf1,...,fki=h1i.La preuve de ce
résultat ne relevant pas d’un L3 mathématiques, on supposera ce résultat acquis dans la suite.
Théorème 1.15. (Nulltstellensatz de Hilbert) Soit {f1,...,fk}⊂Q[X1,...,Xn].La variété algébrique
V(f1,...,fk)est vide si et seulement si il existe A1,...,Akdans Q[X1,...,Xn]tel que 1 = A1f1+∙∙∙+Akfk
Autrement dit, la variété algébrique V(I)associée à un idéal Iest vide si et seulement si Icontient 1.
Théorème 1.16. Soient Iun idéal de Q[X1,...,Xn]et f∈Q[X1,...,Xn]. Le polynôme fs’annule en tout
point de V(I)si et seulement si il existe k∈Ntel que fk∈I.
PREUVE.Montrons d’abord qu’étant donné f∈Q[X1,...,Xn]tel qu’il existe k∈Npour lequel fk∈I,f∈
I(V(I)). Si fk∈I,alors pour tout x∈V(I),fk(x)= 0 (par définition de V(I)). Cela implique que pour tout
x∈V(I),f(x)=0et donc f∈ I(V(I)).
Montrons maintenant que si f∈ I(V(I)), alors il existe k∈Ntel que fk∈I.Soient Uune nouvelle variable
et f1,...,frun ensemble fini de générateurs de I. Donc, la variété définie par f1=∙∙∙ =fr=Uf −1=0est
vide dans Cn.
Ainsi, d’après le Nullstellensatz (théorème 1.15), il existe p1,...,pr,pr+1 dans Q[U, X1,...,Xn]tel que 1 =
p1f1+∙∙∙+prfr+pr+1(Uf−1). En substituant Upar 1/f et en multipliant la relation ci-dessus par une puissance
assez grande de f, on obtient bien l’existence de polynômes g1,...,gkdans Q[X1,...,Xn]tels que
fk=g1f1+∙∙∙ +grfr.
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Corollaire 1.17. Soient Iun idéal de Q[X1,...,Xn]et V(I)⊂Cnsa variété algébrique associée, alors
I(V(I)) = √I,où √Idésigne le radical de I.
PREUVE.Par définition, I(V(I)) est l’ensemble des polynômes de Q[X1,...,Xn]qui s’annulent en tous les points
de V(I). D’après le théorème 1.16, un polynôme fde Q[X1,...,Xn]appartient à I(V(I)) si et seulement si il
existe k∈Ntel que fk∈I.Par définition du radical d’un idéal, cela est équivalent à dire que f∈√I.■
Une conséquence immédiate du résultat ci-dessus est le corollaire suivant.
Corollaire 1.18. Soit Iun idéal. On a I(V(I)) = Isi et seulement si √I=I.