Au sujet des machinations de l’entreprise Eli Lilly, le professeur Bruno Müller-Oerlinghausen de la
commission des médicaments du corps médical allemand a déclaré lors d’une interview: «Eli Lilly
a fait en sorte que des données de risque p. ex.sur la production de suicidalité et d’ états
agressifs ne parvienne pas au public dans la mesure du possible. A cet effet, elle a menacé
massivement des collègues qui avaient les données et Eli Lilly, comme d’autres producteurs
également, a veillé à ce que les études dont les résultats n’ étaient pas dans leur intérêt ne soient
pas publiées.»
Publicité illégale pour les médicaments – le pseudo-médicament VOLAZIN
La publicité directe pour les médicaments vendus sur ordonnance est encore interdite (pour le
moment). Naturellement, ceci n’empêche pas les groupes pharmaceutiques de vanter aux
consommateurs leurs nouveaux médicaments, par le biais d’articles bien emballés, supposément
rédactionnels. Un reportage apparemment bien recherché est présenté aux consommateurs dans
des revues. Ce reportage vante l’effet soi-disant positif du médicament. Bien entendu, les
inconvénients et les effets secondaires ne sont même pas mentionnés. Et pour couronner le tout,
cette publicité cachée est encore étayée par des affirmations positives de scientifiques
(achetés). L’émission «Frontal 21» voulait savoir à quel point il est facile de corrompre les médias
pour ses propres intérêts. A cet effet elle a fondé une entreprise bidon et envoyé un représentant
d’un médicament fictif du
nom de VOLAZIN dans différentes rédactions. Les entretiens ont été filmés par caméra cachée.
Le résultat était décevant. Les maisons d’édition visitées (Apotheken-Umschau, 19 millions de
lecteurs en Allemagne/ Verlag Condé Nast, revues: Vanity Fair, Vogue, GQ, Glamour, myself,
.../Bauer Media Groupe, plus de 300 revues: Tina, Laura, Neue Post, TV-Movie, Bravo, ...)
mentionnaient l’interdiction de publicité pour les médicaments rendus sur ordonnance. Mais
toutes ont offert en quelques secondes une possibilité de publier malgré tout cette publicité
illégale camouflée sous forme de reportage rédactionnel (p. ex. «Gesundheitsspezial»). Des prix
pour la publication ont été cités, et, très important, la liberté absolue du contenu (rédactionnelle)
a été garantie. Quelques jours plus tard, les premières propositions de layout d’une des
rédactions arrivaient déjà.
Les revues spécialisées scientifiques sont également achetables
Dans la commercialisation de médicaments, l’industrie pharmaceutique poursuit des chemins
aventureux. Ainsi qu’il est ressorti récemment d’une procédure judiciaire en raison des effets
secondaires importants du médicament Vioxx, le groupe pharmaceutique Merck a payé la maison
d’édition médicale Elsevier pour l’édition d’une revue publicitaire camouflée en revue spécialisée
indépendante. Celle-ci contenait principalement des
«études» dans le sens des intérêts de commercialisation de Bayer. Le numéro 2 de cette revue
contenait 29 études. Parmi celles-ci, plus de 20 traitaient des médicaments de Merck (9 d’entre
elles de Vioxx). Toutes les études ne servaient qu’à présenter les médicaments comme
inoffensifs et efficaces. Il s’est avéré en outre que la maison d’édition scientifique Elsevier a fait
financer au moins 6 autres revues spécialisées par des entreprises pharmaceutiques. Elsevier
n’est pas n’importe quelle maison d’édition insignifiante, mais celle qui domine pratiquement la
littérature spécialisée médicale. Elle édite entre autres «The Lancet», «The American Journal of
medicine», «European Journal of Cancer», «Epidemics» et quelque 800 autres publications
spécialisées médicales. Elsevier informe (ou désinforme) ainsi une grande partie du monde
spécialisé médical au sujet des dernières découvertes de la médecine.