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actes de langage,
que « le sens littéral de la phrase est toujours relatif à des assomptions contextuelles » ;
Minsky (1981 : 95-128), dans
A Framework for Representing Knowledge
, présente un système de
compréhension automatique du langage, fondé sur la séparation des connaissances, dans des « micro-
worlds » ou cadres cognitifs reliés entre eux ; il insiste sur la nécessité de prendre en compte le contexte
pour comprendre le vrai sens d’un terme. Mel’cuk, Clas, Polguère
(1995 : 9), dans l’
Introduction à la
lexicologie
explicative et combinatoire
(l’ILEC), reconnaissent qu’il est habituel en lexicologie de
« laisser, dans l’interprétation du sens, un rôle vital au contexte et à l’intuition des locuteurs », même si,
dans leur approche de formalisation du lexique, ils ont dû « opter pour une prise de décisions discrètes
(dans le sens mathématique) et absolues » du sens lexical. François Rastier (1991 : 154), quant à lui,
considère « le contexte comme l’ensemble des instructions contenues dans le texte qui permettent
d’identifier un sémème et les traits qui le composent ». Le contexte est pour lui l’élément déterminant du
sens. Pour la prise en compte du contexte en terminologie, Jacques Boissy (1995 : 43-47) et Henri Zinglé
(1997 : 22) considèrent l’ensemble de la phrase comme contexte d’un mot. Enilde Faulstich (1997 : 26),
enfin, différencie le co-texte du contexte, le co-texte se composant des éléments linguistiques pré- et
postposés ou sous-entendus d’un mot, le contexte se composant des éléments extralinguistiques qui ont
une incidence sur le sens d’un énoncé.
Le contexte est donc reconnu comme une exigence de l’environnement, qui influe sur l’organisation
interne et externe de systèmes d’interaction de la langue et intervient dans toutes les disciplines
linguistiques : grammaire, syntaxe, sémantique, pragmatique, intelligence artificielle et traduction. Nous
allons essayer, à l’aide d’exemples, de montrer que le co-texte à l’intérieur d’un contexte a aussi une
incidence sur la compréhension et la traduction dans le domaine de la médecine.
3. INCIDENCE DU CONTEXTE SUR LA COMPRÉHENSION
DES TEXTES MÉDICAUX
Le terme médical étant par vocation considéré comme univoque, ce sont surtout les lexies de la langue
générale qui prennent leur sens à l’intérieur de leur co-texte dans un certain contexte qui est, ici, médical.
3.1 Le mot dans son co-texte
Un verbe donné prend son sens en fonction des lexies grammaticalement associées. Ainsi le verbe
traiter
prendra-t-il un sens différent selon son domaine d’application et selon son argument. En médecine,
le verbe
traiter
aura le sens de « soigner (avec des médicaments) » en association avec des termes
appartenant au concept « malade, maladie » :
traiter
Med. + [malade, maladie] <soigner (avec des médicaments)> :
[1] traiter un malade
[malade]
;
[2] traiter la BPCO
[maladie]
.
Toujours dans le domaine médical, le verbe
traiter
qqch.
associé au concept « exemplaire » impliquera
le sens d’« examiner, analyser » :
traiter
Med. + [exemplaire] <examiner, analyser> :
[3] les échantillons [
exemplaire
] doivent être traités (dans les deux heures qui suivent l’expectoration).
Dans d’autres domaines, comme celui du bâtiment, des affaires ou de la politique, le verbe
traiter
qqch.
pourra signifier « appliquer un produit de protection », « discuter en négociant qqch. » ou « soumettre
qqch. à une discussion » et ce selon l’objet associé. Le co-texte immédiat du terme oriente l’interprétation
du sens du verbe (
cf
. Verbic 02). Dans un contexte d’énonciation, le lecteur ou l’interlocuteur déduit le
sens de son domaine d’application, ce qu’un système automatique ne peut faire, si aucun indice ne lui est
donné. Pour permettre une reconnaissance automatique du sens, il faut introduire une étiquette liant le sens
du verbe à une classe d’objet : « malade », « maladie » ou « exemplaire » par exemple, à l’intérieur du