– nombre d’admissions, de sorties ou
de transferts;
– nombre d’actes médicaux produits;
– somme de tous les services rendus au
patient;
– l’ensemble des pathologies ou des
cas traités.
A ces indicateurs de production hos-
pitalière, couramment utilisés dans le
secteur de la santé, on peut encore
ajouter la distinction entre les patients
hospitalisés et ambulatoires. On remar-
que toutefois que ces mesures, prises sé-
parément, ne rendent que peu compte
des prestations médicales réalisées au
profit des patients. Cependant, leur usa-
ge demeure très répandu – les organes
payeurs en Europe les utilisent couram-
ment pour rembourser les hôpitaux – car
l’accès à l’information reste assez facile.
Certains auteurs estiment que, pour
bien décrire l’activité d’un hôpital, il
faut considérer plusieurs paramètres à
la fois: le nombre de cas pour traduire
l’activité médicale, le nombre de jours/
patients pour traduire l’activité des ser-
vices infirmiers et des services hôteliers
de l’hôpital et le nombre de lits, en guise
de paramètre pour décrire l’investisse-
ment en capital (Breyer 1986). Pour-
tant, si le but final de la recherche du
produit hospitalier est d’exprimer la
«production» de l’hôpital en termes de
produits, générateurs des coûts et des
recettes, il est nécessaire de se mettre
d’accord sur un paramètre unique. Ce
choix se fera de manière consensuelle,
en fonction des intérêts des partis con-
cernés (l’intérêt des gestionnaires pour
des produits de type DRG) et/ou en
fonction des impératifs du système en
vigueur (remboursement des hôpitaux
par des forfaits journaliers).
Par la suite, nous développerons da-
vantage le produit nommé DRG, qui
connaît actuellement une extraordi-
naire popularité dans les milieux hospi-
taliers.
1.2 Diagnosis Related Group
(DRG ou groupes homogènes
de malades)
Les DRG représentent une classifica-
tion faisant appel à la pathologie que
présente le patient. Cette approche a
été formalisée dans les années 1980
avec les travaux de Fetter qui cherchait
à constituer des groupes homogènes de
malades. La démarche de la constitu-
tion de ces groupes homogènes est la
suivante:
1. Les dossiers médicaux des patients
sont répartis entre les MDC (Major
Diagnosis Categories). Un MDC
regroupe toutes les pathologies qui
sont diagnostiquées et traitées de la
même manière et par le même type
de spécialistes. Chacune de ces caté-
gories est construite de manière à
correspondre à un organe ou un sys-
tème, se rapprochant ainsi des dif-
férentes spécialités cliniques (Ma-
nuel APDRG 1998). On attribuera
un MDC à chaque personne quittant
l’hôpital, selon son diagnostic princi-
pal. Si un patient a subi différentes in-
terventions, on lui attribuera le MDC
de la pathologie la plus importante
(supposée la plus coûteuse). Un se-
cond diagnostic est posé si le séjour
d’hospitalisation du patient est pro-
longé par des complications ou une
comorbidité.
2. Après la division en MDC, on seg-
mente selon qu’il y ait eu ou non une
procédure chirurgicale.
3. Pour chaque catégorie, un algorithme
de segmentation distingue des grou-
pes dont les consommations de res-
sources sont significativement diffé-
rentes (moyennes de durée de sé-
jour). Ces groupes sont retenus s’ils
ont une certaine pertinence clinique.
4. On établit des valeurs relatives (cost
weights) pour chaque DRG, en divi-
sant le coût moyen de chaque DRG
par le coût moyen de l’ensemble des
cas, ceci pour une région ou un
groupe d’hôpitaux.
5. Quand on veut obtenir les coûts des
DRG pour un hôpital particulier, on
applique les cost weights sur les dé-
penses d’exploitation relatives aux
patients hospitalisés.
L’objectif des travaux de Fetter ap-
paraît clairement: standardiser les pro-
duits et prestations hospitalières pour
construire sur ces derniers une norme
de consommation de ressources. En
1984, il affirmera dans la revue Clinical
Research: «bien que chaque patient
soit unique, tant son diagnostic que son
traitement a des attributs ou des fac-
teurs communs avec d’autres patients»
(Fetter, Rubin et Rabkin 1984). Dans le
tableau 1, nous présentons les cinq sys-
tèmes DRG qui existent à l’heure ac-
tuelle.
La dernière variante (APR DRG) in-
troduit le concept de complexité des
soins et sévérité de la pathologie, ce qui
contribue à améliorer l’explication de
la variation de la consommation de res-
sources mais porte le nombre de caté-
gories à 1530, tandis que dans le con-
cept de départ, Fetter ne voulait pas
dépasser 500 catégories.
Les DRG représentent des profils de
patients ayant reçu des soins relative-
ment homogènes du double point de
vue clinique et économique. Cette
double approche médico-économique
constitue une passerelle entre les deux
mondes qui ont habituellement de la
peine à communiquer. Le DRG crée
un langage commun entre les profes-
sionnels (médecins, corps infirmier,
techniciens, etc) et les gestionnaires et
les aide à mettre en œuvre une poli-
tique cohérente pour l’avenir de l’hôpi-
tal. Toutefois, comme pour tout con-
sensus, ni les uns ni les autres ne sont
entièrement satisfaits de cette défini-
tion du produit hospitalier. Les intérêts
professionnels des médecins les inci-
tent à affiner la définition clinique des
produits impliquant une multiplication
des DRG, ce qui se heurte à l’impératif
d’exploitation des données économi-
ques par le contrôleur (Halgand 1998).
L’Expert-comptable suisse 1-2/00
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PRATIQUE COMPTABLE
Bernard Morard, Zofia Swinarski Huber, Quels coûts pour quels produits hospitaliers?
Zofia Swinarski Huber, Licenciée en
Gestion d’entreprise, MBA, Assistante-
doctorante en Contrôle de gestion, HEC,
Université de Genève, Genève