
sepsis. Les meilleurs marqueurs biologiques restent encore l’albumine, pour le long terme, et la
préalbumine pour le court terme. L’augmentation de leurs concentrations sériques marque la fin du
processus inflammatoire et le début d’une renutrition protéino-énergétique efficace.
- Peut-on intervenir ?
• Avant toute chose, il est nécessaire de vérifier l’absence de troubles de la déglutition. Ils sont
souvent présents en fin d’évolution d’une maladie démentielle, mais peuvent parfois apparaître
de façon plus précoce compliquant la prise en charge nutritionnelle. Les troubles de la
déglutition s’explorent par la recherche du réflexe nauséeux et par le test à la cuillère. Ce dernier
consiste en l’ingestion d’une cuillère à soupe d’eau, présentée par le médecin ou le soignant au
patient assis. Il renseigne sur les temps de la déglutition et sa qualité dont l’occlusion buccale et
les temps pharyngé et oesophagien. Une toux à distance de la prise d’eau signe un trouble de la
déglutition tardif. En présence d’un trouble de la déglutition, les liquides sont contre-indiqués en
raison du risque de pneumopathie par inhalation. A un stade intermédiaire, les boissons gazeuses
sont avalées correctement contrairement à l’eau plate et peuvent être une alternative intéressante.
En dernier recours, l’hydratation buccale se fera par absorption d’eau gélifiée.
• Le vieillissement se complique d’une agueusie à un stade plus ou moins sévère suivant les
personnes. Les saveurs salées sont souvent peu appréciées car désagréables (persistance de
l’amer et de l’acide). Le sucré est parallèlement mieux apprécié et il ne faut pas hésiter à en
proposer plusieurs fois par jour. Ces troubles du goût sont majorés par les maladies et par la
prise de certains médicaments (Tableau 1). Il convient de les rechercher et de discuter leur
indication. La prise en charge nutritionnelle comprend souvent le « nettoyage » de l’ordonnance.
Certains médicaments seront parfois difficiles à supprimer mais leur intérêt à court et moyen
terme doit toujours être évalué. Les anti-cholinesthérasiques font partie des médicaments
anorexigènes dont l’indication sera revue au cas par cas. Parfois il suffit de descendre au palier
thérapeutique inférieur pour que le patient retrouve son appétit. Dans d’autres cas, la diminution
de la dose quotidienne, voire l’arrêt de la molécule ne change rien et il est alors préférable de
reprendre le traitement.
• Certaines pathologies peuvent aussi être responsables d’anorexie par divers mécanismes et
doivent être dépistées. Les plus fréquentes chez les sujets déments sont la dépression, les
mycoses buccales et la constipation, voire l’existence d’un fécalome. Une rétention d’urine ou
une douleur chronique peut aussi causer une anorexie et donc une dénutrition. Enfin, au moindre
doute, une pathologie cancéreuse doit être recherchée et si nécessaire traitée.
- Comment intervenir ? Avant d’entreprendre une diète hypercalorique, il faut d’abord s’assurer que le
patient ne suive pas un régime spécifique. Les régimes sans sel n’ont quasiment plus lieu d’être et les
régimes diabétiques doivent être proscrits chez les sujets déments. Le patient doit avant tout s’alimenter
et le traitement sera adapté aux glycémies a posteriori. Pour refaire des réserves, c’est-à-dire du
muscle, il faut avoir un apport protéique suffisant et faire de l’exercice, la supplémentation nutritionnelle
isolée ne suffisant pas. S’il existe une ou des carences d’apport identifiées, le traitement repose sur la
compensation de ces carences. Il s’agit avant tout d’apporter une alimentation équilibrée hypercalorique
et hyperprotidique, ce qui est loin d’être aisé. L’apport normal se situe entre 25 et 30 Cal/kg/j, avec
1g/kg/j de protéines. Les suppléments nutritionnels peuvent être utilisés en compléments, mais il faut
rester vigilant pour qu’ils ne soient pas la seule alimentation proposée et prise par le patient. Ils sont de
préférence administrés lors des collations. La densité des aliments peut être augmentée en ajoutant des
laitages (lait, beurre, crème) ou/et des protéines en poudre (blédine, farines protéinées pour enfants qui
peuvent être additionnées aux aliments). En plus de l’aspect quantitatif, il faut également considérer le
côté qualitatif et adapter l’alimentation au patient et non le contraire. Plusieurs mesures doivent être
respectées pour maintenir le temps des repas. Tout d’abord les aidants professionnels et familiaux
doivent être formés et informés, de façon à s’adapter aux troubles du patient et à ne pas se trouver pris
au dépourvu. Les aidants familiaux sont souvent très isolés et peu informés. Ils sont à haut risque de
développer eux-mêmes des maladies comme la dépression ou certains cancers. La dépression de l’aidant
est en soi un risque majeur de dénutrition du patient dément. Un soutien doit pouvoir leur être proposé le
cas échéant. Il faut les informer sur le risque de dénutrition, sa prise en charge et son dépistage, avec en
particulier la surveillance du poids toutes les semaines et la surveillance des ingestats. Parmi les
différents conseils pratiques pour améliorer les troubles de l’appétit, plusieurs sont assez simples à
©2004 Successful Aging Database