Avancées dans les myopathies inflammatoires
4 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014
Des mécanismes immunitaires différents rentrent en jeu selon le type de
myosites.
Dans la dermatomyosite (DM), le système immunitaire attaque en
premier lieu les vaisseaux sanguins de la peau et du muscle par une
accumulation anormale du complément dans ces vaisseaux. Les raisons de
cette sur-activation anormale du complément demeurent inconnues,
même si quelques hypothèses ont été émises par les chercheurs.
La destruction des vaisseaux sanguins provoque une diminution de
l'apport de sang aux fibres musculaires qui vont alors diminuer de
volume : elles s'atrophient. Par la suite, différents types de cellules
immunitaires vont envahir la zone lésée (infiltrat inflammatoire), aggravant
l'état des fibres musculaires.
Dans la polymyosite (PM), les fibres musculaires présentent à leur surface
des signaux anormaux caractéristiques d'un agent étranger (microbe,
virus…). Les lymphocytes T de type cytotoxiques (CD8+) réagissent à ces
signaux en attaquant les fibres musculaires et en les détruisant.
Dans la myosite à inclusions, on observe d'une part la présence dans les
fibres musculaires d’agrégats de protéines toxiques, appelés inclusions.
D'autre part, certaines fibres musculaires sont envahies de cellules
immunitaires, notamment des lymphocytes T CD8+, comme dans la
polymyosite.
On ne connaît pas la cause initiale de l'attaque immunitaire et il est
possible que les caractéristiques auto-immunes de cette maladie ne soient
que les conséquences d'un autre événement primaire (telle que
l’apparition des inclusions).
La myosite nécrosante est une myosite caractérisée par une nécrose
musculaire importante et avec peu ou pas d’infiltrat inflammatoire.
On distingue les formes liées à la présence d’auto-anticorps spécifiques
comme les anti-SRP (pour signal recognition particles ou particules de
reconnaissance du signal) ou myopathie à SRP, ou comme les anticorps
anti-HMGCoR (pour 3-hydroxy-3-methylglutaryl coenzyme A reductase)
récemment découverts, de formes sans auto-anticorps parfois associées à
une néoplasie.
Il a récemment été montré une corrélation stricte entre les niveaux d’auto-
anticorps anti-SRP ou anti- HMGCoR et l’activité créatine kinase.
Une première étude française réalisée chez 206 personnes atteintes de
myopathie nécrosante a montré que 45 étaient atteintes d’une forme liée
aux anti-HMGCoR et 44% d’entre elles étaient sous statines. La grande
majorité (97,7%) des personnes avec des anti-HMGCoR présentaient un
déficit musculaire ; aucun signe extra-musculaire n’a été rapporté.
La myosite de chevauchement est une myosite qui se définit par la
présence de manifestations extra-musculaires ou extra-cutanées ou
d'autoanticorps spécifiques des myosites (par exemple le syndrome des
antisynthétases qui associe la présence de l’auto-anticorps anti-Jo-1, une
myosite, et des atteintes articulaires, cutanées et pulmonaires).
Le complément est un système
complexe, composé de différentes
protéines, qui est impliqué dans
la défense de l'organisme par le
système immunitaire.
Les auto-anticorps sont des
anticorps qui réagissent contre
des éléments de son propre
organisme, comme le muscle.
La créatine kinase est une
enzyme musculaire qui joue un
rôle dans la production d'énergie
directement utilisable par les
cellules. Abondamment présente
dans les cellules musculaires, elle
est libérée dans la circulation
sanguine en cas d'atteinte
musculaire. Son dosage dans le
sang est utile au diagnostic de
certaines myopathies.
La nécrose cellulaire est une
mort accidentelle des cellules, due
à des facteurs extérieurs (manque
d'oxygène, intoxication,
maladie...). Si la cellule est trop
endommagée, elle se nécrose :
elle se gorge d'eau au point
d'éclater. Cela conduit au
déversement du contenu de la
cellule dans le milieu
environnant, provoquant une
inflammation et des lésions
des tissus alentours.
Les lymphocytes T cytotoxiques
CD8+ sont des globules blancs
spécialisés du système
immunitaire. Ils libèrent des
protéines toxiques, dirigées contre
les cellules qu'ils attaquent. Ces
protéines toxiques font des trous
dans la membrane cellulaire,
provoquant une entrée excessive
d'eau dans les cellules, qui
finissent par éclater.