108Cancéro dig. Vol. 2N°2-2010
niveau tumoral est tout àfaitdiscutable,quellesquesoientles
caractéristiquesde l’histoiretumorale personnelle etfamiliale.
De plus,en présence de donnéesimmunohistochimiques,les
modalitésd’analyseconstitutionnelle deviennent:
–étude première dugène MLH1en casde perte d’expression
isolée de laprotéine MLH1oude perte d’expression des
protéinesMLH1etPMS2auniveau tumoral;
–étude première dugène MSH2en casde perte d’expression
isolée de laprotéine MSH2oude perte d’expression conjointe
desprotéinesMSH2etMSH6auniveau tumoral;
–étude première dugène MSH6en casde perte d’expression
isolée de laprotéine MSH6auniveau tumoral;
–étude première dugène PMS2en casde perte d’expression
isolée de laprotéine PMS2auniveau tumoral.
❚Organisation du réseaunational
en France
Les stratégies sontgénéralementmisesen place en fonction des
contrainteslocaleset,pour le mieux,organiséesàl’échelle
nationale. Ellesimpliquent,dans tous lescas,une expertise
clinique,génétique (médecinsgénéticienset/ouconseillers
génétiquesdiplômés) etplus largementmédicale qui permet une
connaissance parfaite de lapathologie etde lagestion des
risquesassociés,une expertise histologique etmoléculaire[41],
pour laréalisation etl’interprétation desexamens,et une expertise
technique pour laréalisation desexamensde dépistage
(chromoendoscopie parexemple). Lescontrainteslégales
diffèrent significativemententre lespays [42,43], ce d’autantque
lamajorité desanalysesaété initialementpratiquée dansdes
structuresde recherche [44].Enfin,descritèresd’ordre psycho-
logique etl’accessibilitéaux centresaccréditésdoiventêtre pris
en considération [45].
EnFrance,dèsl’identification desdeux gènesprincipaux,MSH2
en 1993etMLH1en 1994,quelqueslaboratoiresd’oncogéné-
tique moléculaire ontproposé d’analysercesgènesavecl’objectif
d’intégrercetteanalyse danslaprise en charge médicale des
patients concernés.Ilsétaientaunombre de 3en 1995,6en
1998,et unréseaupermettantde discuteretd’harmoniserles
pratiquesaétécréé en 2000.
Deux ansplus tard,le ministère de la Santé prenaitladécision de
financerlesactivitésd’oncogénétique,relayé parl’Institut National
duCancer(INCa). Entre2002 et 2009,une nouvelle facette de
l’oncogénétiquea chaqueannée été financée :25 laboratoiresen
2002,l’élaboration de recommandationsnationalesd’identifi-
cation etde prise en charge du syndrome de Lynch[9]etde la
prédisposition aucancerdu sein etde l’ovaire (BRCA) en 2003,
48 structuresde consultation rayonnant sur 102 sitesdans
66 villesen 2004. Leslaboratoiresont vu leur activitérenforcée en
2005,puisétendue grâceàla création de réseaux de prédisposi-
tions raresaudéveloppementde tumeurs en 2005,etlamise en
place de basesnationalesdesmutationsdesgènesMMR et
BRCA en 2006.Le développementde laformation desconseillers
altération étant transmissible [30-32].Cesanomaliesde méthy-
lation despromoteurs de MLH1etMSH2semblentcontribuer,de
manière non négligeable, au syndrome de Lynch[33].
Modèlesprédictifsd’une altération constitutionnelle
d’un gène MMR
À côté de larévision desrecommandationsde Bethesda, cinq
modèlesontété développéspour évaluerl’existence d’un
syndrome de Lynchchez un patient, connus sous les termesde
Leiden [34], MMRpredict[35], PREMM (1,2)[36,37]etMMRpro
[38].À ce jour,troisétudesontcherché à comparerl’efficacité des
différents modèles sur des sériesimportantesde patients atteints
de cancercolorectal,etn’ontpasmisen évidence de différence
importante, avecune performance légèrement supérieure pour
MMRpro[25,39,40].Cependant,l’étatde lafonction MMR dans
lescellulescancéreusesn’est généralementpasconsidéré dans
cesmodèlesdontl’intérêtest essentiellementlimitéaux situations
danslesquellesle génotypage de l’ADN tumoral n’est pas
possible.
Analyseconstitutionnelle
L’indication d’analyseconstitutionnelle desgènesMMR est
classiquementretenue lorsque laprobabilité de trouverapriori
une altération est supérieureà20 %. Àl’inverse,lorsquecette
probabilité est inférieureà10%, aucune analyseconstitutionnelle
n’est proposée. Les situationsintermédiairesimposentl’obtention
d’informationscomplémentaires,tellesque l’étatde lafonction
MMR danslescellules tumorales si elle n’est pasdéjàdisponible.
Enrésumé,parordre de fréquence décroissante,lesmutations
ponctuellesdesgènesMSH2etMLH1arriventen tête,suivies
des réarrangements génomiquesdesgènesMSH2,MLH1et
EPCAM,puisdesmutationsponctuellesdesgènesMSH6et
PMS2et,enfin,de laméthylation dupromoteur dugène MLH1 .
Sur cettebase,laséquence d’investigation desgènesMMR
suivante est proposée :
1) Recherche de mutation ponctuelle sur les régionscodantes
desgènesMSH2etMLH1par séquençage oupré-criblage.
2)Recherche de réarrangementgénomique desgènesMSH2,
MLH1etEPCAM en une étape unique parMLPA avecun kit
commercial.
3)Encasde négativité de cesdeux premièresétapes,il est
recommandé de calculerlaprobabilitérésiduelle,aposteriori,
d’implication desgènesMMR avantde programmerl’analyse du
gène MSH6ouPMS2.
Cependant, aveclarecommandation de mise en œuvre d’une
étude tumorale dans toutesles situationscliniquesévocatrices,et
à chaque foisqu’elle est possible (matériel tumoral disponible et
exploitable), cette proposition est adaptée aux seules situations
danslesquellesl’étude tumorale s’est limitée augénotypage ou
n’apasété possible ;en effet, comme nous l’avonsindiqué
précédemment,lamise en place de l’analyseconstitutionnelle
desgènesMMR en l’absence d’instabilité desmicrosatellitesau