L’auscultation pulmonaire est normale et contraste avec
l’importance de la dyspnée. Les signes extrarespiratoires
doivent être recherchés notamment le «syndrome de Ray-
naud »plus fréquemment retrouvé dans la sclérodermie
systémique.
Les examens complémentaires
Les examens complémentaires orientant le diagnostic
d’hypertension pulmonaire
La radiographie de thorax
La radiographie de thorax peut être normale (10 % des
cas).Les signes évocateurs d’HTAP sont l’hypertrophie du
tronc et des branches proximales des artères pulmonaires
contrastant avec une raréfaction vasculaire périphérique et
une cardiomégalie à prédominance droite avec augmen-
tation de l’index cardio-thoracique.
D’autres signes évocateurs d’un emphysème et/ou
d’une fibrose pulmonaire, d’un syndrome interstitiel
ou d’un épanchement pleural nonétiqueté doivent être
recherchés et peuvent orienter vers une autre cause d’HTP.
L’électrocardiogramme
L’électrocardiogramme montre une déviation axiale
droite (aspect S1Q3), une hypertrophie auriculaire droite
(onde P ample en DII-DIII, bifide en V1), une hypertro-
phie ventriculaire droite (grande onde R en V1, onde R
inférieure à S), des troubles secondaires de repolarisation
dans les dérivations droites. L’ECG n’est toutefois pas un
bon outil de dépistage, il est normal (20 % des cas).
Les tests biologiques
Les tests biologiques peuvent retrouver une poly-
globulie, conséquence d’une hypoxémie chronique, et
une thrombopénie modérée. Les perturbations du bilan
hépatique reflètent l’insuffisance cardiaque droite ou
témoignent d’une pathologie hépatique avec hyperten-
sion portale. L’hyponatrémie accompagnant l’insuffisance
cardiaque évoluée est de mauvais pronostic.
L’échographie transthoracique
L’échographie transthoracique couplée au doppler, est
l’examen de référence pour le dépistage de l’HTP. Elle
permet d’estimer le niveau des pressions artérielles pulmo-
naires toutes étiologies confondues. L’estimation de la PAP
systolique se fait grâce à l’analyse des flux d’insuffisance
tricuspide (IT). Classiquement, une vitesse d’IT supérieure
à 3 m/s est en faveur d’une élévation de la pression arté-
rielle pulmonaire systolique (PAPS) supérieure à 45 mmHg
et doit conduire à la réalisation d’une exploration hémo-
dynamique afin de confirmer le diagnostic. Une vitesse
d’IT entre 2,5 et 3 m/s associée à une dyspnée doit
également conduire à la réalisation d’un cathétérisme
cardiaque droit. L’estimation des pressions peut aussi
reposer sur l’estimation des flux d’insuffisance pulmo-
naire. Il est recherché d’éventuels shunts gauches droits.
Les signes échocardiographiques sont en général une dila-
tation des cavités droites reflétant l’élévation de la pression
auriculaire droite, une dilatation et/ou hypertrophie du
ventricule droit, un septum paradoxal pouvant entraî-
ner une réduction des dimensions des cavités cardiaques
gauches. L’existence d’un épanchement péricardique est
un élément de mauvais pronostic. Cet examen permet
de rechercher une cardiopathie congénitale ou un shunt
droit gauche lié à un foramen ovale perméable. L’injection
de microbulles à la recherche d’un passage précoce du
contraste dans les cavités gauches confirme la présence
d’un shunt. L’échographie transthoracique est un exa-
men noninvasif, facilement disponible et peu coûteux
mais reste opérateur dépendant. De plus, il est parfois
de réalisation difficile (patients anéchogènes, absence
de flux d’insuffisance tricuspide mesurable). Une écho-
graphie cardiaque normale n’élimine pas le diagnostic
d’HTP.
L’examen complémentaire affirmant le diagnostic
d’hypertension pulmonaire et son mécanisme :
le cathétérisme cardiaque droit
Le cathétérisme cardiaque droit est le seul examen per-
mettant de confirmer le diagnostic d’HTP. Il permet aussi
d’en préciser le mécanisme pré- ou postcapillaire. Il doit
être réalisé dans un centre spécialisé car il s’agit d’un exa-
men invasif et dangereux avec un taux de mortalité de
0,05 % (troubles du rythme, pneumothorax, lésions arté-
rielles pulmonaires, infections) [4]. Il est réalisé grâce à
l’insertion d’un cathéter de Swan-Ganz en utilisant la voie
jugulaire, basilique ou sous-clavière. L’opérateur mesure
successivement : la pression auriculaire droite, la pression
ventriculaire droite, les pressions artérielles pulmonaires
systoliques, diastoliques et moyennes. Ces moyennes sont
complétées par la mesure de la pression capillaire pul-
monaire bloquée par gonflement d’un ballonnet de 1 mL
à l’extrémité du cathéter. La mesure du débit cardiaque
(Qc) est réalisée le plus souvent par thermodilution.
À partir de ces mesures, les résistances pulmonaires
totales (RPT) sont calculées (RPT = PAPm / Qc), ainsi que
les résistances vasculaires pulmonaires (RVP) = (PAPm -
PCP) / Qc.
Si la PCP est supérieure à 15 mmHg, l’HTP est dite
«postcapillaire ». Le gradient transpulmonaire (PAPm-
PCP) inférieur à 12 mmHg confirme le diagnostic d’HTP
postcapillaire (pur ou passive) dont les étiologies sont
représentées par le groupe 2 (tableau 2). Si le gradient
transpulmonaire est supérieur à 12 mmHg, l’HTP est dite
«mixte »pré- et postcapillaire (encore dénommée réactive
ou disproportionnée).
En revanche, si la PCP est inférieure ou égale à
15 mmHg, l’HTP est dite précapillaire. Lors du cathété-
risme droit, il peut être réalisé une épreuve de remplissage
mt, vol. 18, n◦2, avril-mai-juin 2012 129
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