attachés à la réhabilitation publique de la geste de l’OAS. Pour d’autres, elle est le produit du 
laisser-aller  d’une  classe  politique  déliée  de  son  électorat  populaire,  et  donc  insensible  aux 
désarrois identitaires et au sentiment de mise à l’écart des enfants des « seconde et troisième 
générations » de l’immigration en provenance des sociétés du Maghreb.  
 
C’est de la sorte le « débat sur la guerre d’Algérie » qui constitue le principal arrière-
plan  des  controverses  autour  de  la  Loi  du  23  février  2005.  Ce  débat  a  connu  son  pic 
médiatique durant les années 2000 et 20014. Ainsi, quelques jours après la visite en France du 
président algérien Abdelaziz Bouteflika, Le Monde publie, dans son édition du 20 juin 2000, 
le  récit  des  tortures  subies  par  une  jeune  algérienne  aux  mains  d’officiers  parachutistes 
français à Alger en 1957. Se trouve dès lors dramatiquement remise sur le devant de la scène 
médiatique la question de l’usage de la torture par l’armée française en Algérie5. A la fin de 
l’année,  plus  de  trois  cents  généraux  d’active  ayant  servi  en  Algérie  signent  un  manifeste, 
publié  l’année  suivante  sous  forme  d’une  préface à  un  Livre  blanc de  l’armée  française  en 
Algérie, qui réaffirme la nature marginale, et non pas systématique, des actes de torture alors 
perpétrés6 – à rebours de ce que démontre au même moment la thèse de Sylvie Thénault sur 
L’armée et la torture pendant la guerre d’Algérie, soutenue à l’IEP de Paris en décembre. Le 
général Paul Aussaresses publie en 2001 un ouvrage dans lequel il avoue explicitement avoir 
lui-même commis des dizaines d’assassinats7 – ce qui lui vaut une mise anticipée à la retraite, 
une  condamnation  judiciaire  pour  « apologie  de  crime  de  guerre »  et  la  perte  de  sa  Légion 
d’honneur. L’année 2001 est  en outre marquée au sceau de la « redécouverte » publique  du 
drame du 17 octobre 1961 et des polémiques autour des modalités de sa commémoration8. En 
2002,  les  films-documentaires  de  Patrick  Rotman  (L’ennemi  intime)  et  de  Jean-Charles 
                                                 
4 Raphaëlle Branche, La guerre d’Algérie : une histoire apaisée ?, Paris, Seuil, 2005, part. pp. 50-54, 60-64.  
5 Neil MacMaster, « The Torture Controversy (1998-2002) : Towards a ‘‘New History’’ of the Algerian War », Modern and 
Contemporary France, vol. 10, n° 4, 2002, pp. 449-459 ; William B. Cohen, « The Sudden Memory of Torture. The Algerian 
War in French Discourse, 2000-2001”, French Politics, Culture and Society, vol. 19, n° 3, automne 2001, pp. 82-94. Ainsi, il 
faut noter que ce “débat sur la torture en Algérie” avait déjà refait surface plusieurs fois après l’époque des dénonciations “en 
temps réel” des années 1950 et du début des années 1960. Ce fut notamment le cas, en 1971-1972, à l’occasion de la parution 
de La vraie bataille d’Alger du général Massu (1971), ouvrage auquel répondit bientôt La torture dans la République : essai 
d’histoire et de politique contemporaine, 1954-1962 de Pierre Vidal-Naquet (1972).   
6 Livre blanc de l’armée française en Algérie, Paris, Contretemps, 2001.  
7 Paul Aussaresses, Services spéciaux, Algérie 1955-1957, Paris, Perrin, 2001. 
8 Raphaëlle Branche, La guerre d’Algérie : une histoire apaisée…, op. cit., pp. 44-48, et Brigitte Jelen, « 17 octobre 1961-17 
octobre 2001. Une commémoration ambiguë », French Politics, Culture and Society, vol. 20, n° 1, printemps 2002, pp. 30-43. 
Mais comme le souligne Sylvie Thénault, ses réappropriations militantes transformèrent le débat sur la commémoration du 17 
octobre 1961 non pas en débat sur le fait colonial, mais en débat sur la question de la lutte contre le racisme : « les associations 
antiracistes gomment le contexte de la guerre d’Algérie pour ne retenir qu’un aspect de l’événement : le caractère raciste de la 
répression. La manifestation sort de la guerre d’Algérie pour s’inscrire dans un contexte purement français : elle n’est plus une 
manifestation d’Algériens revendiquant l’indépendance mais une manifestation d’immigrés pour la défense de leur droit à la 
dignité » (La manifestation des Algériens à Paris le 17 octobre 1961 et sa répression, Mémoire de maîtrise, Université Paris 
X, 1991, p. 110, cité dans Raphaëlle Branche, La guerre d’Algérie : une histoire apaisée…, op. cit., p. 45).