L`histoire et le métier d`historien en France 1945-1995

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Rivet D., « De l’histoire coloniale à l’histoire des Etats indépendants », Bédarida
F. (dir.), L’histoire et le métier d’historien en France 1945-1995, Paris, 1995 , p.
369-377
Nombre très faible, dans les années 1990, des historiens de la colonisation ayant une « pure » souche
universitaire vis-à-vis de « practiciens de la colonisation » qui sont devenus historiens par la suite. Jusqu’en
1959 Revue d’histoire des colonies est contrôlée par administrateurs coloniaux à la retraite. Malgré inimitié
existence de passerelles (Sciences-Po, Ecole nationale de la France d’outre-mer). Néanmoins, foi dans
avenir d’Union française dès le début en 1946. Dépassement de regard franco-centré pour voir dans la
colonisation une aventure européenne. Malgré tout indigène est toujours victime de propre histoire et de
violences de colonisation. Aucune communication entre monde des historiens coloniaux et de l’Ecole des
Annales.
Dans les années 60-70 volonté de rechercher causes de fin de colonisation dans histoires et structures
des sociétés coloniales. Vision téléologique « structuralo-marxiste ». De même recherche des liens entre
situation coloniale et pays en développement décolonisés. Du côté des historiens « coloniaux » entre les
années 1960 et 1980 importante querelle au sujet du rapport entre expansion coloniale et impérialisme (sens
financier et politique). Du côté de l’histoire coloniale les thèses prennent pleinement conscience, à partir des
années 1960-70, de l’importance de l’exploitation économique (dépossession foncière, monétarisation forcée
de l’économie, travail forcé etc…) ainsi que des mécanismes d’assujettissement (codes de l’indigénat,
discriminations culturelles etc…). Toutefois, même vision des historiens anticolonialistes ne rend pas grâce
à la situation coloniale puisqu’elle fait de l’indigène l’élément quasi-exclusif de l’histoire coloniale. Les
acteurs a changé, mais pas le paradigme de fond. Au fur et à mesure des années 70 éloignement
chronologique permet de relativiser l’évènement colonial. Dans le même temps pré-colonial ne sert plus à
expliquer l’inexpliqué. Désormais histoire précédant colonisation des ex-colonies ne s’écrit plus à l’aune
des référence au système colonial.
Possibilité de remplacer terme de « colonial » par « outre-mer », mais risque d’utiliser un mot déjà
daté et circonstancié, mais aussi de diluer moment colonial dans une histoire anthropologique sans acteurs
no responsabilités. En revanche intérêt du terme car il dépasse les notions de frontières pour se référer à un
au-delà espace commun. Désormais historiens ont remis les pieds dans un champ historique laissé aux
ethnologues, l’Afrique noire et ses traditions orales. Bonne résistance du paradigme du « tout économique »
face au « tout culturel » dans les années 70 notamment grâce à une revivification de l’histoire de la traite
atlantique. L’histoire culturelle et des représentations a, quant à elle, fortement progressée grâce aux
questionnements autour de la diffusion du christianisme hors d’Europe et de sa réception hors d’Occident.
Découverte de phénomènes de rejet ou de réappropriation du christianisme.
Toutefois, selon Rivet, trop grande absence, dans le milieu des années 90, des sociétés rurales, sauf
en Asie du Sud-Est. L’indigène est perçu comme un révolté en puissance. De même l’étude des cultures
matérielles et symboliques des sociétés villageoises et pastorales est un champ peu investi par des historiens,
celui-ci étant le terrain des géographes et anthropologues.
L’histoire des femmes en contexte colonial est à l’état d’ébauche du fait de forte masculinisation
contenue dans processus colonial, côté colonisateur comme colonisé. Histoire des femmes peut se faire à
partir d’une appréhension qui elle aussi est en gestation.
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