Thème : La France dans une Europe en expansion industrielle et urbaine : l’empire colonial (CM1 n°14) Connaissances : Colonialisme et impérialisme. L’empire colonial de la France en Afrique et en Asie. Colonialisme et impérialisme Une colonie est un espace soumis et organisé au bénéfice d’un pays plus puissant économiquement et militairement. De ce fait colonial préalable découle une situation d’inégalité politique. Les personnes de cet espace n’ont pas les mêmes droits que les colons. A cette inégalité première, s’ajoute l’inégalité économique. L’objectif de la colonisation, c’est l’exploitation des terres et des sous-sols. De ce fait, les indigènes sont exclus de l’exploitation, sauf en tant que main-d’œuvre. Dans les terres conquises, le mode de vie traditionnel est bouleversé ; un régime de l’arbitraire et du non-droit s’installe alors. Un autre mot est associé au colonialisme : c’est l’impérialisme, une forme de domination d’un Etat sur un autre ou un territoire habité. Cette domination peut être militaire, politique, économique ou culturelle. L’impérialisme colonial réunit l’ensemble des formes de dominations. Les origines de la colonisation datent du XVIe siècle et de la conquête espagnole en Amérique. 1492 marque le début de la conquête du monde par l’Europe. Le commerce triangulaire (voir fiche CM1 n°8) organise un espace commercial entre trois continents, fondé principalement sur l’exploitation des terres et des hommes. Au cœur de ce dispositif, l’esclavage a toute sa place. Les facteurs de la colonisation au XIXe siècle La pression démographique. Les facteurs de la colonisation au XIXe siècle sont multiples. La pression démographique, d’abord, pousse les Européens à s’embarquer vers des contrées lointaines. Le XIXe siècle est une période de très forte émigration européenne, ce qui contraste avec le XXe siècle où l’Europe devient terre d’immigration. L’émigration du XIXe siècle est facilitée par le fait que les Européens maîtrisent, depuis trois siècles, les moyens de communication intercontinentaux. Le facteur économique. L’explication économique peut également être retenue. Pour les entreprises, les colonies constituent des marchés captifs où écouler leurs produits. De plus, les matières premières exploitées dans les colonies permettent également la poursuite de l’essor économique. La puissance économique européenne, qui est en plein bouleversement du fait de la révolution industrielle, débouche sur la croyance en la supériorité des races et notamment de la race blanche. La toute-puissance de l’Europe du XIXe siècle est alimentée par un renouveau missionnaire : des missions catholiques ou protestantes s’installent partout dans les colonies pour évangéliser et propager le christianisme. Ce double aspect, science et religion, assure la légitimité et l’argumentaire des expéditions très nombreuses. La supériorité de « l’homme blanc » ne fait aucun doute dans beaucoup de milieux politiques, économiques et intellectuels. Le facteur politique. Le facteur politique a bien sûr une importance considérable en ce qu’il fait de la conquête et de l’exploitation coloniale un argument de puissance nationale. C’est ce qui explique pourquoi les rivalités coloniales européennes sont très aiguës. Elles seront du reste une des causes de la Première Guerre mondiale. L’avance et la supériorité technique européennes permettent des conquêtes militaires faciles, malgré les nombreuses résistances indigènes. Un ministre comme Jules Ferry énonce clairement ses objectifs : acquérir facilement des matières premières grâce au travail des indigènes, surtout en Afrique noire ; disposer, surtout en Asie, de marchés pour y exporter, de la Métropole, les produits industriels et de l’équipement. La conquête coloniale et l’impérialisme répondent aux besoins de certains secteurs du capitalisme industriel. L’empire français La France occupe une place spécifique dans la colonisation. En 1848, elle est un petit pays colonial ; au début du XXe siècle, elle est la deuxième puissance mondiale. A partir de la conquête de l’Algérie (1830), la colonisation devient un des grands secteurs de l’activité nationale qui engage des intérêts essentiels et l’honneur même du pays. Deux impulsions majeures sont à mettre en lumière : la politique impériale de Napoléon III (1851-1870), mais surtout la politique coloniale de la IIIe République après le traumatisme de 1870. Il s’agit de retrouver la gloire et le prestige perdus après la défaite de Sedan. Gambetta (conquête de la Tunisie en 1881) et Jules Ferry (conquête de Madagascar et du Tonkin en 1883) incarnent la politique coloniale française de la République. Dans leur esprit et leurs propos, l’éducation des Français et l’exportation de la civilisation française aux peuples indigènes relèvent d’une même ambition généreuse et bienfaitrice. L’empire français a une superficie de 10 millions de km² en 1914 avec le Maghreb, l’Afrique Occidentale et l’Afrique Equatoriale françaises. Cet empire ne constitue que 10% environ des échanges et des investissements nationaux. Le rôle de l’empire est d’abord et avant tout politique, idéologique et stratégique. La France invente une forme coloniale fondée sur le rayonnement des valeurs et de la culture françaises. Elle se pose en modèle de civilisation. Pourtant de nombreux débats agitent la classe politique partagée en deux camps : les tenants du parti colonial et les anticolonialistes. Après la guerre de 1870-1871, les anticolonialistes réclament plus d’attention à la « ligne bleue des Vosges », vers l’Allemagne de Bismarck pour récupérer les territoires perdus. Puis, progressivement, vers les années 1890-1910, suite aux conflits de Fachoda avec l’Angleterre (1898) et de la crise de 1905 avec l’Allemagne au sujet du Maroc, le parti colonial s’affirme face aux protestations de plus en plus vigoureuses tant d’hommes politiques (Clemenceau) que d’intellectuels (Anatole France) qui refusent de voir une quelconque supériorité de l’homme blanc à l’échelle de la planète.