© 2009 International Association for the Study of Pain
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• La constipation constitue un effet indésirable courant et persistant car les opioïdes régulent la fonction
intestinale. L’augmentation de l’absorption d’eau entraîne des selles dures, qui peuvent être traitées par
adoucisseurs osmotiques des selles. Les opioïdes causent également des spasmes intestinaux,
nécessitant un traitement par laxatif stimulant.
• La sédation, la dysphorie, les hallucinations et les cauchemars, ainsi que la transpiration et les
démangeaisons constituent d’autres effets indésirables liés aux opioïdes.
• La dépendance ne présente que rarement un problème, car le contexte offre une protection lorsque les
opioïdes sont utilisés pour contrôler la douleur provoquée par un cancer qui lui-même représente un
danger pour la vie.
• Le développement d’une dépendance physique est typique des opioïdes, lesquels ne devraient jamais
être arrêtés soudainement, de façon à éviter les symptômes de sevrage.
• Le développement d’une tolérance est typique des opioïdes. La douleur elle-même peut diminuer le
développement de tolérance, mais l’augmentation de la douleur nécessite elle aussi une augmentation
des doses. Il est possible de traiter la tolérance en augmentant la dose, en changeant l’opioïde (la
tolérance croisée n’est pas complète), en changeant la voie d’administration (administration rachidienne)
ou en ajoutant d’autres médicaments tels que la kétamine, un antagoniste des récepteurs N-méthyl-D-
aspartate (NMDA) ou clonidine, un agoniste adrénergique α
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. La méthadone pourrait s’avérer
particulièrement efficace en cas de tolérance aux autres opioïdes, peut-être à cause de ses effets non
opioïdes (par exemple, elle présente un faible effet antagoniste NMDA). À cause de sa
pharmacocinétique difficile, la méthadone ne constitue pas un opioïde de première ligne.
• Tous les opioïdes couramment utilisés sont des agonistes de récepteurs mu-opioïdes mais leurs profils
pharmacocinétiques sont différents (biodisponibilité, métabolisme, passage à travers la barrière sang-
cerveau et excrétion).
• La voie d’administration privilégiée est la voie orale. Le fentanyl transdermique peut être envisagé si la
douleur est stable, si les doses d’opioïdes requises sont modérées et si la circulation sanguine à la peau
est normale (par ex. si le patient n’est pas cachectique). L’administration sous-cutanée par perfusion
continue peut être envisagée si le patient ne peut pas prendre de médicaments par voie orale. D’autres
médicaments (par ex. des antiémétiques) peuvent être ajoutés aux perfusions sous-cutanées de
morphine, d’oxycodone ou d’hydromorphone).
• L’administration d’opioïdes par voie rachidienne (épidurale ou sous-arachnoïdienne) peut être envisagée
lorsque les méthodes moins invasives ne sont pas efficaces. Des agents anesthésiques locaux et de la
clonidine augmenteront l’efficacité des opioïdes.
Autres médicaments
• Les antidépresseurs pourront être utilisés pour traiter à la fois la dépression et la douleur neuropathique.
Les antidépresseurs ont été spécifiquement étudiés au niveau de la douleur liée au cancer dans le cas du
syndrome de post-mastectomie (les tricycliques étaient efficaces) et de la douleur neuropathique produite
par la chimiothérapie (les tricycliques étaient inefficaces). Si le patient souffre à la fois de douleur
neuropathique et de dépression, il faudra choisir un médicament apte à traiter les deux (par ex. un
antidépresseur à double action, qui inhibe la diffusion de la noradrénaline et de la sérotonine).
• Les anticonvulsifs peuvent être utilisés pour soulager la douleur neuropathique. La gabapentine et la
prégabaline ont été étudiées dans les cas de douleur neuropathique liée au cancer (les médicaments
étaient efficaces) et de douleur neuropathique liée à la chimiothérapie (les médicaments étaient
inefficaces) et elles sont actuellement en cours d’étude au niveau de la douleur provoquée par un cancer
des os. La gabapentine et la prégabaline présentent des effets anti-anxiolytiques qui pourraient être utiles
pour traiter la douleur provoquée par un cancer.
• Les corticostéroïdes réduisent l’œdème et l’inflammation et stabilisent les membranes nerveuses. Ils
peuvent être utiles dans les cas de douleur due à un œdème (par ex. au cerveau, à la colonne vertébrale
ou au foie). Ils soulagent également les nausées et augment l’appétit tout en améliorant l’humeur.
• La kétamine est un antagoniste des récepteurs NMDA utilisé par perfusion sous-cutanée ou
intraveineuse pour soulager l’hyperalgésie et la tolérance causées par les opioïdes. Elle peut être
administrée par voie orale, mais sa biodisponibilité orale est faible et variable.