l'âge classique - I vendredi 4, samedi 5, dimanche 6, samedi 12 et samedi 19 octobre 1996 cité de la musique François Gautier, président Brigitte Marger, directeur général l'âge classique Si l'on s'en tient à l'acception courante, le terme de classicisme évoque tout naturellement l'idée d'une norme, d'un cadre, d'une symétrie, ou même de la réconciliation entre des contraires. Comme toutes les périodes fixées un tant soit peu artificiellement par l'histoire des arts, l'âge classique n'a été perçu comme tel qu'après coup, en relation avec le baroque qui le précède et le romantisme qui lui succède. En musique, la naissance du style classique (vers 1770) coïncide bien sûr avec le déclin de l'esprit baroque : aux volutes de l'instrument ou de la voix solo, soutenues par la « basse continue », succèdent de nouvelles formes qui laissent de moins en moins de liberté à l'interprète et qui échappent peu à peu à l'influence de la danse. Ainsi la suite baroque, qui n'est autre à l'origine qu'une succession de danses plus ou moins stylisées, fait place à la sonate ; celle-ci conserve le principe de l'enchaînement de mouvements aux tempi contrastés, mais impose peu à peu un cadre formel et expressif, libre de toute attache vis-à-vis de la musique de cour. C'est dans ce mouvement général que naissent à la fois la sonate pour deux instruments à part égale, ou pour clavier solo, la symphonie et le quatuor à cordes. Pour ces trois grands genres musicaux de l'époque classique, le propos semble n'être plus désormais l'intensité continue de l'expression, comme cela pouvait l'être à l'époque baroque, mais la réalisation d'œuvres puissamment contrastées, qui parviennent à réconcilier les contraires, par la maîtrise affichée de leur opposition. C'est en quelque sorte l'art du dramatisme porté à son sommet, au niveau de l'œuvre entière, comme à celui d'un mouvement et même d'une phrase unique. L'un des traits typiques du style classique est par exemple l'énoncé d'une phrase courte, périodique et articulée, à quoi succède une « réponse » cohérente et contrastée. Cette cohérence, l'aisance donnée à l'auditeur pour percevoir et repérer la logique interne de l'œuvre signent la notion de classicisme. Cette période fondamentale de la musique savante européenne se concentre idéalement dans ce qu'il est convenu d'appeler le classicisme viennois, à qui l'on associe les noms de Haydn, Mozart et Beethoven (bien qu'aucun d'entre eux ne soit originaire de cettee ville). Joseph Haydn, de par sa position dans le XVIIIe siècle (il naît une vingtaine d'années avant la mort de J.S. Bach et meurt une dizaine d'années après la naissance de Schubert) et sa longévité, résume à lui seul toutes les données du style classique. En outre, ses fonctions de musicien serviteur des Princes Esterhazy, les contraintes que cela signifie sur le plan de la composition, font de lui un témoin idéal de l'esprit classique. La symphonie (souvent en réponse à une commande), le quatuor, conçu chez lui plus librement et dont il est l'un des grands créateurs, les vastes architectures religieuses (oratorios et messes), les opéras s'inscrivent avec une majesté flamboyante dans une époque qui rêve encore la splendeur de ses royaumes et qui est profondément marquée par le rayonnement de la foi, mais qui pourtant en pressent confusément l'effondrement prochain. Mozart et, davantage encore, Beethoven feront vaciller puis s'écrouler le bel édifice classique pour faire entendre le chant de l'individu solitaire aux prises avec ses doutes. Haydn, quant à lui, est encore le serviteur de la convention classique. Il en est aussi le plus grand maître. Hélène Pierrakos vendredi 4 octobre - 20h / salle des concerts Joseph Haydn 3 Motets : Quae res admiranda ? Dictamina mea O Jesu, te invocamus (durée 21 minutes) Symphonie en ré mineur, Hob. 1: 26, « Lamentations » allegro assai e con spirito - adagio - menuet (durée 21 minutes) entracte Messe « In tempore belli », en ut majeur, Hob. XXII : 9 Kyrie - Gloria - Credo - Sanctus - Benedictus - Agnus Dei (durée 45 minutes) Sigiswald Kuijken, direction Sandrine Piau, soprano Marijke Van Arnhem, alto Jean-Paul Fouchécourt, ténor Harry Van der Kamp, basse Chœur de chambre de Namur La Petite Bande L'orchestre La Petite Bande se produit avec le soutien de la société Nordina International Trading S.A., membre du Cercle des Amis de la Culture flamande. l'âge classique - I Joseph Haydn 3 Motets : Quae res admiranda ? - Dictamina mea - O Jesu, te invocamus Il s'agit de trois contrefaçons, d'extraits de la Cantate « Applausus » composée en 1768 dont Haydn n'est probablement pas l'auteur mais qu'il a approuvées. Le procédé est fréquent à cette époque - c'est là une résurgence de l'ère baroque, où les thèmes circulaient, aussi bien entre compositeurs (voir le « passage » des concertos de Vivaldi sous la plume de Bach) qu'entre plusieurs œuvres d'un même compositeur. La Cantate « Applausus » est l'une des premières commandes extérieures à la cour des Princes Esterhazy que Haydn ait reçue depuis son arrivée en 1761 à Esterhaza. Ecrite pour l'abbaye de la Bienheureuse-Vierge-Marie de Zwettl (à l'occasion du cinquantième anniversaire des vœux de l'abbé), elle a été créée en l'absence du compositeur qui rédigea de ce fait une importante liste de recommandations pour l'interprétation à l'intention des exécutants. Applausus signifie ici « qui applaudit », « qui glorifie ». Le texte allégorique et moralisateur met en scène les quatre vertus que sont la Tempérance, la Prudence, la Justice et le Courage, dissertant sur le thème de la vie monastique en en vantant les mérites. Les trois extraits de cette cantate adaptés en motets par un musicien inconnu sont soumis à un certain nombre de modifications, en particulier sur le plan du texte. La Cantate «Applausus », malgré sa destination, apparaissait bien davantage comme une œuvre profane dans son propos glorificateur on y a donc adapté un texte plus précisément religieux pour la version en motets. Le motet Quae res admiranda est une adaptation de la première séquence vocale de la cantate (Quae metamorphosis), récitatif accompagné qui met en scène alternativement les quatre vertus. Dictamina mea est dans la cantate un duo concertant bien développé entre la Tempérance et la Prudence (soprano et alto). Quant au OJesu, te invocamus, il n'est autre que l'adaptation du chœur final de la cantate O coelites vos invocamus (ô dieux du ciel, nous vous invoquons), texte probablement jugé trop profane, par le polythéisme à l'antique qu'il suppose. 6 1 cité de la musique l'âge classique - I Quae res admiranda ? Quae res admiranda ? Naturae Author precibus nostris flectitur assidue ; hac confidentia nos in Domino pie jubilemus Votis nostris obsequuntur omnia ; nostrum hocce solatium fidelibus est desiderium Quod sufficit solum repleri Sancto Spiritu, et fulciuntur ejus gratia. Contendite ergo fideles preces vestras adornare Dictamina mea O Jesu, te invocamus O Jesu, te invocamus ac tuam opem exoramus : juvamen non negato. O Jesu, te invocamus te flagitamus : t uos favores non renuito tuos favores non avertito ac opem ruam imploramus Caeleste fer solatium aeternae vitae praemium Dei benignitate Caeleste fer auxilium aeternae vitae praemium Dei benignitate Dictamina mea doceri qui gestit, Et dogmata Christi qui credere cupit , accedat hoc ad solium ; Qui gestit dictamina mea doceri, qui credere cupit et dogmata Christi accedat hoc ad solium Haec opera Christi ad gradus honoris dant largos haec semina fructus laboris praedulce in solatium Ces trois œuvres sont des adaptations (de texte) d'Applausus, cantate allégorique, Hob. XXIV a : 6 notes de programme / 7 l'âge classique - I Symphonie en ré mineur, Hob. 1: 26, « Lamentations » L'orchestre des Princes Esterhazy a été créé en 1761 et la première direction confiée à Haydn qui prenait, cette année-là, ses fonctions de musicien de cour. La composition de symphonies à l'intention de cette formation occupait la majeure partie du temps de Haydn ; on a sans doute abusivement argué de cette situation particulière pour considérer le corpus des symphonies haydniennes avec une certaine condescendance. Or, de même que Bach placé dans des conditions analogues, Haydn était suffisamment homme de métier pour insuffler à toute œuvre de sa main, fût-elle composée dans la hâte et l'obligation, la liberté de pensée nécessaire. La symphonie dite « Lamentations » est typiquement une œuvre de commande et même une composition de circonstance, puisqu'elle s'achève étrangement sur un menuet, ce qui laisse supposer sa fonction de prélude à une cérémonie. L'œuvre, titrée Passio e Lamentatio se réfère explicitement à la Semaine Sainte ; de plus, on constate l'apparition, au long de l'œuvre, de plusieurs mélodies grégoriennes intégrées au discours orchestral, souvent « cachées » d'ailleurs dans des voix intermédiaires. Le second mouvement, adagio, s'inspire quant à lui de la mélodie d'église Incipit Lamentatio Jeremiae Prophetae. Seul le menuet final est libre de toute référence religieuse. Cette symphonie dans son ensemble apparaît, malgré sa connotation grégorienne, comme un bon exemple du « ton » spécifique de la symphonie classique. Un allegro initial aux allures d'ouverture d'opéra, dont la vitalité concentrée mènerait tout naturellement au lever du rideau (ici une grande aria, en guise de second mouvement de la symphonie) et un menuet qui résume à lui seul la courtoisie particulière de la musique de cette époque : non seulement sa référence à la musique de cour, mais son élégance presque distante. Messe « In tempore belli » Auteur de quatorze messes, de trois grands oratorios, d'un Stabat Mater et de bien d'autres pièces sacrées (telles que les Sept dernières paroles du Christ en croix), Haydn y développe ce qui est peut-être le trait le plus extraordinaire de son génie : l'art de prendre en charge une 8 | cité de la musique l'âge classique - 1 forme aux contours bien délimités et de lui insuffler une véritable liberté de pensée. Le texte de la messe catholique, nécessaire, incontournable et incompressible, fournit à Haydn une charpente qui, par sa rigidité même, ouvre le champ à l'inventivité. La Messe « In tempore belli » (Messe pour le temps de guerre), dite aussi Paukenmesse (Messe des timbales), pour l'importance inusitée qu'elle donne à cet instrument, appartient aux six dernières messes composées par Haydn de 1796 à 1802, après son retour définitif d'Angleterre. A la fin de l'année 1796 règne à Vienne un patriotisme grandissant : Bonaparte a, au printemps, vaincu à plusieurs reprises l'armée autrichienne en Italie. En août, la mobilisation générale a été décrétée et plusieurs œuvres inspirées par cette effervescence nationaliste sont composées au même moment. Créée en décembre 1796 à Vienne, la Messe pour un temps de guerre se caractérise d'abord par son éclat : une messe pour les grands de ce monde, qui assume avec superbe son propos pour le moins paradoxal. Chanter l'appartenance à la chrétienté en invoquant, musicalement, la guerre : voilà qui dut en faire frémir plus d'un... Mais l'époque était à la glorification de la puissance divine et de celle des Habsbourg, l'une et l'autre allant de soi, l'une et l'autre se renforçant en somme mutuellement. Ainsi la Messe « In tempore belli » apparaît-elle comme un magnifique exemple de jubilation concertante, au style décoratif, que ne parvient pas à tempérer la présence sourdement inquiétante des timbales. La percussion, au contraire, semble rythmer ici la rhétorique religieuse, en donnant au dogme catholique toute sa force. L'œuvre se déroule comme une grande fresque faisant alterner librement chœurs et soli ; mais Haydn ne se refuse pas à exploiter certaines conventions propres au genre : énoncé d'une fugue pour le Credo (comme pour évoquer l'extension progressive du christianisme...), phrase de soprano en extase sur les mots « Maria virgine », etc. Beaucoup plus étrange est l'utilisation très théâtrale de la timbale solo pour la séquence conventionnellement tendre et mélancolique qu'est l'Agnus Dei. On l'aura compris : c'est là une messe où l'on doit deviner l'ampleur de l'église et la multitude des fidèles, une sorte de credo généralisé dans la certitude de la victoire autrichienne. Qu'en pensait-on là-haut ? H.P. notes de programme | 9 samedi 5 octobre - 16H30 dimanche 6 octobre - 15h / amphithéâtre du musée Joseph Haydn Les sept dernières paroles du Christ en croix, Hob. XX. 1 : introduzione I - « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font » II - «Aujourd'hui, tu seras avec moi au paradis » III - « Femme, voici ton fils, et toi, voici ta mère » IV - « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » introduzione V - « J'ai soif » VI - « Tout est consommé » VII - « Père, je remets mon esprit entre tes mains » terremoto (version pour piano) (durée 1 heure 10 minutes) Joss van Immerseel, piano-forte Brodmann 1814 * * instrument appartenant aux collections du musée de la musique l'âge classique - I Joseph Haydn Les sept dernières paroles du Christ en croix, Hob. XX. 1 (version pour piano) En 1785, Haydn qui réside alors à Esterhaza, reçoit d'Espagne une commande : il s'agit de composer une œuvre instrumentale illustrant les Sept dernières paroles du Christ en croix, destinée à être exécutée pendant le carême dans l'église de Santa Cueva à Cadix. Comme souvent, cependant, Haydn dépasse la contrainte d'une commande extérieure, puisqu'il réalise la même année la version pour quatuor à cordes et corrige la version pour clavier - la version oratorio est un peu plus tardive et a été créée en 1796. L'œuvre dans ses différents états échappe très vite au cadre strict de la musique religieuse et remporte un très grand succès dans toute l'Europe. Haydn prend ici un parti formel très remarquable : chacune des sept paroles donne lieu à un mouvement lent doté d'un thème et d'un mode d'écriture propres, échafaudant ainsi une vaste fresque méditative qui propose sept séquences avec un état d'esprit particulier vis-à-vis de la Passion du Christ. « Faire se succéder sept adagios sans fatiguer l'auditeur n'était point une tâche des plus faciles », dit Haydn dans la préface de 1801. On peut aller encore plus loin : réussir à intégrer une musique aussi contemplative au répertoire de concert des années 1790 semble tenir de l'exploit. « Ce sont ordinairement des productions bien contestables que ces morceaux de caractère, écrit en 1788 le critique de la Musikalische Realzeitung, mais quiconque possède si peu que ce soit de sentiment pourra deviner ici, presque à chaque note, ce que le compositeur a voulu exprimer. » Au-delà même de la destination initiale de l'œuvre, qui contraignait Haydn à certains choix esthétiques (brièveté, mais aussi efficacité expressive de chaque section, en raison du « programme » imposé à la méditation de l'auditeur) les Sept dernières paroles du Christ en croix condensent d'une certaine manière trois discours : celui des dernières années de l'âge classique, mais aussi le style galant, un peu plus ancien, qui marque tant de symphonies et de quatuors de Haydn et une esthétique beaucoup plus dépouillée, venue peut-être de la musique religieuse baroque. Le grand intérêt de la version pour clavier, outre sa rareté, est qu'elle permet surtout de percevoir, de façon notes de programme | 11 l'âge classique - I autre que le quatuor à cordes (version probablement la plus célèbre), le caractère méditatif de cette musique. Joss van Immerseel : « L'abondante correspondance de Haydn avec son éditeur, Artaria, à propos de cette œuvre montre qu'il était très satisfait de la version pour piano-forte, dont il n'était pas l'auteur, mais qu'il avait contrôlée et approuvée. Le quatuor est un outil beaucoup plus dynamique que le piano-forte et si l'on recherche une certaine pureté du son, qui favoriserait la méditation, le piano-forte me semble beaucoup plus approprié, au point de vue des couleurs, des registres, de l'atmosphère qu'il crée. En ce qui concerne le travail contrapunctique dans cette œuvre, il y a une hiérarchie des voix très raffinée, qui demande pour la version clavier un effort à l'auditeur, s'il veut comprendre véritablement cette musique. Il faut dire aussi que, même si Haydn a déjà composé à ce moment de sa vie de très grandes œuvres, il trouve ici un langage d'une force théâtrale inouïe, libéré des règles harmoniques de l'époque. Il semble que Haydn n'a pas souhaité illustrer à proprement parler le texte, mais plutôt suggérer une atmosphère - une sorte d'impressionnisme avant la lettre. Je ne pense donc pas qu'il soit nécessaire de penser trop précisément à chacune des sept paroles en question, bien qu'on ne puisse naturellement les ignorer non plus ! La musique de Haydn est tellement claire dans sa construction et dans son propos expressif que, texte ou pas, on fait en un certain sens, la même expérience sensible. Pour ce concert, j'ai l'honneur de jouer sur un très bel instrument de la collection du musée de la musique. C'est un Brodmann restauré par Christopher Clark, un type d'instruments dont il ne subsiste aujourd'hui qu'une quinzaine d'exemplaires dans le monde. C'est un piano viennois doté d'une très grande palette de couleurs, tel que Haydn aurait pu le choisir. Cela dit, c'est un instrument qui date des années 1820, donc une vingtaine ou une trentaine d'années plus tard qu'il ne faudrait. Mais comme beaucoup d'interprètes jouent souvent sur des instruments trop tardifs de deux siècles, ce n'est pas trop grave...! » H.P. 12 | cité de la musique l'âge classique - I piano-forte Brodmann (1814) Le piano-forte de Joseph Brodmann (1771-1848), construit à Vienne en 1814, est équipé d'une mécanique « viennoise » à échappement et à attrape-marteau (tessiture F' - f""). Brodmann était un facteur viennois de grande réputation, fort apprécié par Carl Maria von Weber qui lui acheta un instrument en 1813. Il forma de nombreux facteurs de piano et, notamment, le célèbre Ignaz Bösendorfer (17961849) dont la marque fait aujourd'hui encore autorité. Cet instrument rare, d'une grande qualité de facture, est également un meuble raffiné, en acajou blond, garni d'une frise en bronze doré (feuillages avec mascarons à tête féminine et lyres). Lors de l'acquisition, les garnitures de la mécanique, en étoffe et en cuir, étaient d'origine, ainsi que la quasi-totalité des cordes. Pour permettre le jeu, un fac-similé de la mécanique et du cordage a été réalisé. Philippe Blay conservateur au musée de la musique notes de programme | 13 samedi 12 octobre - 16h30 / amphithéâtre du musée naissance de la sonate classique Heinrich Ignaz Franz von Biber Sonate pour violon et basse continue n°l, en ré mineur Jean-Sébastien Bach Sonate pour violon et basse continue, en sol majeur, BWV 1021 Frantisek Benda Sonate pour violon et basse continue en fa majeur Wolfgang Amadeus Mozart Sonate pour violon et piano, en sol majeur, K 379 (durée du concert 45 minutes) Fabio Biondi, violon Rinaldo Alessandrini, clavecin fac-similé d'après le clavecin de Goujon (1749) *, piano-forte concert sans entracte * instrument appartenant aux collections du musée de la musique l'âge classique - 1 L'étymologie du terme sonate (de l'italien suonare, sonner) n'indique rien de plus que l'activité de faire de la musique avec un instrument (par opposition à la cantate, du verbe cantare, chanter). A l'époque baroque (de 1600 à 1750 environ), la sonate prend des formes et des manières diverses pour évoluer progressivement vers le schéma (dit d'école) de l'époque classique que nous connaissons aujourd'hui. La distinction originelle entre sonata da chiesa (sonate d'église) et sonata da camera (sonate de chambre) tend à disparaître : vers 1700, les sonates pour violon de Corelli mêlent mouvements de danse (hérités de la sonata da camera) et mouvements agogiques - vifs ou lents - (hérités de la sonata da chiesa). Le principe de la basse continue, en revanche, subsiste encore longtemps et ne disparaîtra qu'avec la naissance de la sonate classique. La basse continue est cette ligne de basse, fondement harmonique de l'œuvre qui est réalisé librement par le ou les interprètes du continuo (clavecin ou organiste, ou encore clavecin et viole de gambe...). Cette caractéristique musicale fonde la musique sur un rapport où la primeur revient aux voix extrêmes (graves et aiguës) : les premières sonates pour violon développent la virtuosité, parfois diabolique, du soliste au détriment des instruments du continuo qui assuraient leur rôle d'accompagnateur ou de simple support harmonique de l'œuvre. La naissance de la sonate classique (vers la fin du XVIIIe siècle) n'est autre que l'émergence d'un style de composition en véritable duo. La musique de chambre est née : elle propose un partage égalitaire des voix, un réel équilibre entre les instruments. Le siècle romantique portera à son sommet ce genre (les sonates pour violon et piano de Brahms ou de Schumann...) où chaque instrument développe son discours propre et « négocie » perpétuellement la primauté avec son partenaire. Vers la fin du XVIIIe siècle, la sonate classique comporte maintenant un nombre de trois à quatre mouvements qui se succèdent selon l'ancienne logique de vif-lent-vif. La sonate d'école comporte un allegro, un adagio, un menuet ou scherzo et un final allegro. Une ambiguïté subsiste souvent entre le terme sonate qui désigne un genre de la musique de chambre et le terme sonate qui désigne une forme musicale. La confusion provient du fait qu'avec la naissance de la sonate classique émerge la quasi-permanence d'un schéma formel dans ses premiers mouvements (voire les derniers mouvements également). Si le schéma est encore d'école, donc fictif (car la musique notes de programme /15 l'âge classique -1 n'obéit pas à des règles strictes), il recouvre une dialectique musicale propre au style classique : le goût de l'équilibre où le contraste se joue entre l'énoncé d'une thèse, d'une antithèse et d'une synthèse. Musicalement, il s'agit davantage d'une exposition qui met en présence deux thèmes souvent de caractère opposé, d'un développement (avec de nombreuses modulations) et d'une réexposition qui correspond à l'' affirmation de la tonalité principale. En bref, la sonate n'est qu'un jeu, au double sens du terme, sur l'instrument. Chacun des quatre compositeurs de ce concert propose son jeu personnel, avec ses règles propres, édictées parfois pour cette œuvre unique. En fait le concert illustre le passage du baroque au classicisme et non l'affirmation de la sonate classique en tant que telle. Il montre cette mutation progressive avant l'apparition de cette sonate dite d'école. La sonate de Biber, d'un baroque flamboyant, propose la liberté du chant du violon contre la modestie du clavier, réduit à poser une simple trame harmonique. La Sonate pour violon et basse continue de J.S. Bach développe un meilleur équilibre bien que le violon reste prioritaire. La Sonate de F. Benda (représentant, ici, du baroque finissant, bien qu'il ne meure que dix ans avant Mozart) est un exemple de sonate à la charnière entre le style baroque et le style classique. Enfin la Sonate de Mozart révèle l'équilibre de l'époque classique et, si le titre, pour répondre aux coutumes des années 177080, parle de « sonates pour piano, accompagnés au violon », il n'est que révélateur d'un changement profond de l'expression musicale et non la preuve d'un retournement subit des rôles. Heinrich Ignaz Franz von Biber Sonate pour violon et basse continue n °1, en ré mineur Heinrich Ignaz Franz Biber, né en Bohême en 1644 et mort à Salzburg en 1704, a publié cinq volumes de sonates pour violon et pour cordes - la plupart sont des sonates d'église, ainsi qu'un recueil dit des Sonates du Rosaire, au magnifique graphisme, où chacune des quinze sonates se voit décorée d'une gravure illustrant les mystères du rosaire. C'est la première d'entre elle, dite L'Annonciation qui sera interprétée. Probablement composées en 1678, ces sonates ont longtemps été nommées Sonates des Gravures, ou encore Sonates des 16 | cité de la musique l'âge classique - I Mystères. Le décryptage religieux des Sonates du Rosaire n'était possible qu'aux mélomanes et musiciens initiés qui, au XVIIe siècle, connaissaient la rhétorique baroque, les figures allégoriques qui s'y présentaient, etc. En ce qui concerne la première d'entre elles, il reste pour l'auditeur d'aujourd'hui une pièce d'une densité extraordinaire, en deux brefs mouvements (prélude et variation), qui sonne comme une libre fantaisie très ornée, avec une partie de clavier presque silencieuse. Ici, l'art prodigieux de Biber tient en quelque sorte dans la coexistence d'une écriture remarquablement virtuose et d'une arithmétique rythmique très cérébrale (en particulier dans le second mouvement), le tout résonnant comme un moment de profonde méditation, bien au-delà des aspects décoratifs de l'écriture pour le violon. Jean-Sébastien Bach Sonate pour violon et basse continue, en sol majeur, BWV 1021 Composées à Cöthen au début des années 1720, les sonates pour violon et clavecin de Bach apparaissent comme des œuvres relativement conventionnelles, si l'on songe aux fameuses partitas pour violon seul qu'il composa aussi. Cela tient peut-être ici au partage obligé entre clavecin et violon. L'un des grands traits de génie de Bach résidant souvent, au violon seul (comme au violoncelle d'ailleurs), dans l'art d'installer une harmonie implicite dans l'écriture en solo, il semble que le partage des rôles entre l'instrument harmonique qu'est le clavier et l'instrument mélodique qu'est le violon lui soit moins naturel. Cela dit, la Sonate BWV 1021 propose une sorte de compromis paradoxal, puisque l'un de ses mouvements est écrit pour clavier solo. Frantisek Benda Sonate pour violon et basse continue en fa majeur Fils d'un tisserand tchèque qui était aussi musicien, Frantisek Benda et son frère, Jiri Antonin, ont tous deux été, selon la règle de l'époque, serviteurs d'une cour princière allemande ou autrichienne. Jiri Antonin notes de programme | 17 l'âge classique - I est connu aujourd'hui comme le promoteur du « mélodrame scénique ». Quant à Frantisek, il a été musicien royal à la cour de Guillaume le Grand de Prusse et s'y est illustré par d'abondantes œuvres instrumentales. Sa Sonate pour violon et basse continue en fa majeur appartient à la veine « préclassique » - c'est donc un lien entre Bach et Mozart. Comme la coutume le voulait encore au XVIIIe siècle, cette sonate peut être interprétée indifféremment au violon ou à la flûte. Wolfgang Amadeus Mozart Sonate pour violon et piano, en sol majeur, K 379 Avec cette sonate de Mozart, on en arrive au style classique proprement dit, où le contraste maîtrisé est porté à son sommet, quasi fixé en règle, avec malgré tout l'utilisation du principe de la variation (pour le second mouvement), qui vient du baroque. A la fois haendelienne dans sa mathématique rythmique (au second mouvement) et profondément mozartienne par son sens du théâtre (au premier mouvement), cette sonate montre aussi la liberté des musiciens de l'époque classique vis-à-vis d'un quelconque modèle formel. Deux mouvements : c'est relativement peu courant - il est vrai que le premier se subdivise en deux tempi différents. En comparaison avec les sonates pour clavier seul de Mozart, très généralement dotées de trois mouvements, on voit que la sonate classique pour violon et clavier conserve non seulement la liberté formelle du baroque, mais aussi l'esprit de la danse. H. P. clavecin fac-similé d'après le clavecin de Goujon (1749) Ivan de Halleux, Bruxelles, 1995 Un musée a pour mission, tout à la fois, de préserver un patrimoine souvent unique et d'assurer sa communication au large public. Dès 1988, le musée de la musique a initié une politique de commande de copies de certains instruments historiques de ses collections qui peuvent être jouées régulièrement dans les espaces de démonstration 18 | cité de la musique l'âge classique - I des expositions comme dans l'amphithéâtre. Trois clavecins ont été réalisés, correspondant à trois genres de facture particulièrement représentatifs : un modèle italien, d'après l'instrument de Carlo Grimaldi à Messine, 1703 ; un modèle français XVIIe siècle, d'après l'instrument de Vincent Tibaut à Toulouse, 1691. Le troisième, que l'on entend aujourd'hui, est un modèle français XVIIIe siècle fait d'après le clavecin de Jean-Claude Goujon à Paris, vers 1749. Sa disposition reproduit l'état original de l'instrument, avant l'intervention de Joachim Swannen en 1784 (ravalement, ajout d'un quatrième rang de sautereaux montés en buffle et d'une mécanique de registration commandée par des genouillères). Il possède deux claviers d'une étendue de 56 notes (sol-1 - ré5), trois rangs de sautereaux montés en plume (un huit pieds et un quatre pieds au clavier inférieur, un huit pieds au clavier supérieur), sans jeu de luth. La registration manuelle s'effectue par des manettes situées au dessus du clavier. L'instrument est accordé au diapason la = 415 Hz. Il a été construit en 1994 - 1995 par Ivan de Halleux, facteur à Bruxelles, à partir du matériel documentaire fourni par le musée et de manière rigoureusement conforme à l'original : mesures, essences de bois identiques, techniques de fabrication anciennes, tableau de cordage. Seul le décor se distingue du clavecin de Goujon tout en reproduisant un style typique des instruments parisiens du XVIIIe siècle. François Arné conservateur au musée de la musique notes de programme / 19 samedi 19 octobre - I6h30 / amphithéâtre du musée Wolfgang Amadeus Mozart Quatuor à cordes n° l,en sol majeur, K 80 adagio - allegro - menuetto (durée 13 minutes) Ludwig van Beethoven Quatuor à cordes n° 12, en mi bémol majeur, op 127 maestoso, allegro teneramenie - adagio, ma non zroppo e molzo canzabile scherzando vivace - finale (durée 37 minutes) Amati Quartett Willi Zimmermann, violon C. G. Testore 1694 Katarzyna Nawrotek, violon G. G. Grancino 1716 Nicolas Corti, alto D. Tecchler 1701 Claudius Herrmann, violoncelle G. P. Maggini ca 1600 concert sans entracte l'âge c l a s s i q u e • I Les deux quatuors de ce concert encadreraient assez idéalement un panorama du quatuor à l'âge classique : celui de Mozart parce qu'il esquisse, de façon parfois légèrement conventionnelle, les attributs du genre ; celui de Beethoven parce qu'il en accomplit la destruction. L'un est le fait d'un compositeur de quatorze ans, alors en voyage en Italie, un grand amateur et un futur grand compositeur d'opéras. L'autre est le fait d'un homme au sommet de son art et à la fin de sa vie, qui réfléchit le quatuor à cordes classique dans un miroir à la fois nostalgique et déformant. L'alternance de mouvements contrastés, l'éloquence classique, le temps maîtrisé et bien délimité, l'efficacité dramatique : tout cela explose chez Beethoven en une multitude d'éclats dont la remise en ordre révolutionnera le genre du quatuor. Wolfgang Amadeus Mozart Quatuor à cordes n° 1, en sol majeur, K. 80 En 1770, année de la composition du premier quatuor de Mozart, les premières contributions de Joseph Haydn au genre sont encore récentes. Encore neuf, peu exploré, le quatuor n'est prisonnier d'aucune référence. Cela se perçoit à l'écoute de cette œuvre. L'adagio initial propose une sorte d'aria élégiaque (comme le sera le premier air de la Comtesse dans les Noces de Figaro, thème un peu comparable). Chacun des trois mouvements suivants déroule un discours relativement sans surprises où règne l'esthétique du divertimento : une aisance expressive, dénuée de complexité contrapunctique, où apparaît cependant, au-delà de la convention légère, une paix et une lumière beaucoup plus émouvantes. Notons pour ce tout premier quatuor de Mozart, le maintien au long des quatre mouvements de la tonalité de sol majeur, principe qui marquait l'esthétique de la suite baroque, mais qui pêche peut-être par son uniformité. Ludwig van Beethoven Quatuor à cordes n° 12, en mi bémol majeur, op 127 L'importance des quatuors dans l'œuvre de Beethoven est souvent limitée à ces fameux « derniers quatuors », hauts-lieux du modernotes de programme | 21 l'âge classique - I nisme et métaphores idéales du génie... Il serait bien sûr tentant d'interpréter l'évolution de Beethoven dans l'univers du quatuor au long de trente années de création (de 1797, date de début de la composition de l'opus 18 à 1826, date du dernier quatuor) comme un refus de plus en plus précis de la norme classique. En fait, l'extension progressive des limites (harmoniques, structurelles, etc.) que révèle l'ensemble des quatuors n'est pas liée chez Beethoven à une volonté de transgression. Elle constitue au contraire une tentative d'intégration des éléments les plus divers de l'héritage de Mozart et Haydn, intégration qui, seule, permet ensuite de passer outre. Mais ce passage, chez Beethoven, est fait aussi de retours et d'hésitations : c'est sans doute ce qui en fait tout l'intérêt. L'opus 127, « premier des derniers quatuors », a été composé en 1824, trois ans avant la mort de Beethoven ; il appartient donc à ce qu'il est convenu d'appeler la troisième période de la création beethovenienne. S'il fallait résumer l'esprit de cette œuvre, il faudrait parler en premier lieu de son caractère spéculatif : le lyrisme d'un thème est par exemple masqué, voire annulé par ses métamorphoses successives. A l'inverse, la complexité formelle finit par devenir expressive, en soi, pour ce qu'elle révèle de la puissance cérébrale de son auteur. Le premier mouvement se fonde étonnamment sur une alternance de séquences notées maestoso et de séquences allegro, l'émergence de sections lentes au cœur de l' allegro apparaissant comme un jeu de ritournelles graves qui rompt le discours brutalement. Cela donne à ce mouvement une allure de kaléidoscope, avec un axe central autour duquel sont échafaudées des bribes de développement, comme des facettes changeantes. Le second mouvement, adagio, instaure d'emblée un climat d'étrangeté en épelant lentement les différents degrés d'un accord de septième diminuée. Le mouvement dans son ensemble se déroule comme un « thème et variations » conçu de façon très libre (comme improvisée). Le scherzo, très développé par rapport au modèle habituel du genre, explore peut-être ce qu'il en est du rapport entre répétition et mémoire. Il est doté de nombreuses indications de timbres et de nuances ; cela permet de comprendre assez clairement ce qui a pu constituer pour Schoenberg ou Webern, un siècle plus tard, un état premier des procédés sériels. Il y a en effet dans ce quatuor quelque chose d'un souci d'individualisation de certains sons, dotés d'une 22 | cité de la musique l'âge classique - I indication de timbre ou de nuance particulière, idée très neuve à cette époque. Ce mouvement est aussi le plus complexe : alternance de tempi contrastés au long de toute la pièce, jeux sur les solos opposés à la polyphonie, les silences, les moments de « récitatif » et les accélérés soudains, les décalages des temps forts, etc. Le finale revient à une certaine sagesse formelle, ce qui prouve simplement, s'il était nécessaire, la liberté de Beethoven quant à la notion même de libération vis-à-vis d'un cadre convenu. H. P. notes de programme | 23 l'âge classique - I Sigiswald Kuijken étudie le violon aux conservatoires de Bruges et de Bruxelles. Durant ses années d'études, il développe une passion pour la musique baroque ainsi que pour les instruments historiques, la technique et l'interprétation. En 1969, il met en pratique la manière ancienne de jouer du violon (sans tenir le violon sous le menton, donc sans mentonnière ni coussin). Avec l'Ensemble Alarius de Bruxelles (19641972), se consacrant à la musique du XVIIe et du XVIIIe) et dans différentes formations il entreprend des tournées en Europe, aux USA, en Australie et au Japon. En 1972 Sigiswald Kuijken fonde l'orchestre baroque La Petite Bande. En musique de chambre, il joue régulièrement avec ses frères Barthold et Wieland Kuijken, 24 | cité de la musique Robert Kohnen, Gustav Leonhardt et Luc Devos. Depuis 1986,1e quatuor à cordes Kuijken (Sigiswald et Wieland Kuijken, François Fernandez et Marleen Thiers) interprète les quatuors de Haydn et Mozart. Sigiswald Kuijken enseigne le violon baroque au Conservatoire Royal de la Haye. En 1993, il est nommé professeur au Conservatoire Royal de Bruxelles. Sandrine Piau étudie la musique à la maîtrise de RadioFrance. Elle obtient au Conservatoire de Paris les premier prix de harpe, musique de chambre et musique vocale ancienne et complète sa formation au studio VersaillesOpéra avec Rachel Yakar et René Jacobs. Sandrine Piau chante régulièrement sous la direction de Philippe Herreweghe (Magnificat et Passions de Bach, Messe en ut l'âge classique - I de Mozart...)» de Sigiswald Kuijken (Les surprises de l'amour de Rameau), de Jean-Claude Malgoire (Exultate Jubilate, Requiem de Mozart), de William Christie (Le Messie de Haendel)... Au théâtre, elle s'est produite trois années consécutives au festival d'Aix-enProvence. Par ailleurs, elle donne de nombreux récitals de mélodies françaises et de lieder avec Joss van Immerseel. En 1996, elle s'est produite à Lyon dans La Flûte enchantée de Mozart ainsi que dans La Clémence de Titus de Gluck... En 1997, elle participera, entre autres, au spectacle de Mithridate de Mozart au Grand Théâtre de Genève puis Ariane à Naxos de Strauss au Théâtre de Rennes. Marijke van Arnhem a fait ses études au Conservatoire de Rotterdam chez Wendela Brongeest et s'est perfectionnée chez Margreer Honig à Amsterdam. Elle a suivie les cours d'interprétation chez Robert Holl, Ruud van der Meer et Meinard Kraak. En Belgique, elle a obtenu le diplôme supérieur de musique de chambre à Bruxelles. En tant que cantatrice, elle donne des concerts avec le pianiste Kristel Kessels et interprète des mélodies de Schubert, Schumann, Fauré, Mahler, Brahms, Strauss, Jongen, Gershwin... En Belgique et aux Pays-Bas, elle a interprété comme soliste la Passion selon Saint Jean et plusieurs cantates de Bach, le Requiem de Mozart, Stabat Mater de Pergolese, Elias de Mendelssohn, le Messie de Haendel... Elle est professeur de chant à l'Ecole supérieure de Gand et est membre de l'Ensemble Eugène Ysaye. Jean-Paul Fouchécourt travaille avec des chefs tels que William Christie, Mark Minkowsky, René Jacobs et Christophe Rousset mais aussi avec Michel Plasson et Kent Nagano. Son parcours est étonnant : avant de se consacrer au chant, il pratique le saxophone et la direction d'orchestre. Sous l'influence de Cathy Berberian, il se tourne vers le répertoire pour haute-contre. William Christie fut l'un des premiers à reconnaître son talent. Il interprète The Fairy Queen de Purcell avec William Christie, L'Orfeo de Monteverdi avec René Jacobs, L'Incoronazione di Poppea avec Christophe Rousset et Il ritorno d'Ulysse in patria avec Michel Corboz. Il s'intéresse notes de programme ) 25 l'âge classique - I également à Berlioz, Offenbach, Britten... Ainsi, John Elliot Gardiner le dirige dans Roméo et Juliette de Berlioz et William Christie dans Les Noces de Figaro. Fauré, Satie et Poulenc figurent régulièrement dans ses récitals. Dans le répertoire du XXe siècle, citons de Britten, A Midsummer Night's Dream et de Poulenc, Les Mamelles de Tirésias. Jean-Paul Fouchécourt a été professeur de chant au Conservatoire de Paris. Harry Van d e r Kamp étudie le droit et la psychologie à Amsterdam avant de commencer le chant (Max van Egmond, Herman Woltman, Alfred Deller, Pierre Bernac).De 1974 à 1994, il fait partie du Nederlands Kamerkoor. En 1984, il fonde le Gesualdo Consort Amsterdam. Il travaille sous la 26 | cité de la musique direction de Nikolaus Harnoncourt, Gustav Leonhardt, William Christie, Ton Koopman, Reinbert de Leeuw, René Jacobs et avec des ensembles comme Hilliard Ensemble, Musica Antiqua Köln, Les Arts Florissants, Tragicomedia, La Petite Bande, The Orchestra of the Age of Enlightment, Tafelmusik... Il collabore à de nombreuses productions d'opéra et d'oratorios : L'incoronazione di Poppea, Il Rittorno d'Ulysse in Patria, L'Orfeo (Monteverdi), Giasone, Semiramide (Cavalli), Euridici (Péri), Ariodante, Orlando (Haendel), Die Zauberflöte (Mozart), Les Troyens (Berlioz)... Il est professeur de chant à la Hochschule fur Künste de Brême. Il donne régulièrement des master-classes en Allemagne, en Autriche et en Finlande. Chœur de chambre de Namur En 1987, le Centre de Chant Choral de la Communauté française de Belgique crée le Chœur de chambre de Namur. Cet ensemble se compose de seize à trente-deux choristes qui travaillent essentiellement sous la direction de leur chef de chœur Denis Menier et de leur directeur artistique Pierre Cao. Il collabore avec des chefs invités (Eric Ericson, Erik Van Nevel, Louis Devos, Jean-Claude Malgoire, Sigiswald Kuijken, Peter Phillips, Pierre Bartholomée...). Dès sa création, le chœur se produit dans de nombreux festivals (Festival de musique baroque de Versailles, Festival de musique sacrée en Arles, Festival de Wallonie, Festival des Flandres, Festival Arts Musica à Bruxelles...). Entre l'âge classique - I 1992 et 1995,1e Chœur de chambre de Namur s'est produit avec le Concerto Armonico Budapest, les Musiciens du Louvre, la Grande Ecurie et la Chambre du Roy, la Petite Bande, les Amsterdamse Bach Solisten, l'Orchestre national de Lille... Pour 1996 et 1997, diverses collaborations sont prévues avec Sigiswald Kuijken, JeanTubéry, JeanClaude Malgoire, Pierre Bartholomée et Frieder Bemius. sopranos Danièle Bodson Françoise Bronchain Ann Dedeurwaerder Marie Kuijken Christine Le jeune Myriam Sosson Inès Villa altos Bernard Coulon Bernard Delhez Florence Doyen Véronique Gosset Cari Sansone Ninka Stulemeijer ténors Jacques Dekoninck Eric François Bernard Guiot Thibaut Lenaerts Thierry Lequenne Michel Loncin basses Conor Biggs Bruno Crabbé Etienne Debaisieux Philippe Favette Benoît Giaux Jean-Marie Marchal Koen Meynckens La Petite Bande est créée par Sigiswald Kuijken en 1972. Le nom de cet ensemble fait référence à l'orchestre de Lully à la cour de Louis XIV. Faire revivre la musique dans l'authenticité baroque en utilisant des instruments d'époque et en empruntant des techniques et un style de jeu authentique tel est le but de cet ensemble. Dirigé par Sigiswald Kuijken, chef permanent mais aussi par Gustav Leonhardt, les musi- ciens s'intéressent tout d'abord au style français (Lully, Campra...). Ils abordent ensuite le style italien (Corelli, Vivaldi...). Depuis plusieurs années, l'ensemble a élargi son répertoire à l'époque classique. Son approche de Haydn et Mozart, notamment, lui a valu les louanges de la critique musicale. Au programme de cette saison, citons une nouvelle production du Don Juan de Mozart, les Suites de Bach, la Messa « In tempore belli » de Haydn et la reprise d'un spectacle de ballet Concert de Danse sur des musiques de Lully, Rebel et Rameau. L'ensemble reçoit l'aide du Ministère de la Communauté Flamande de Belgique. flûte Frank Theuns notes de programme | 27 l'âge classique - I hautbois Marcel Ponseele Ann Vanlancker clarinettes Igor Bettens Lorenzo Coppola bassons Alain De Rijckere Ricardo Rapoport cors Claude Maury Petrus Dombrecht trompettes Graham Nicholson Thibaud Robinne timbales PeppieWiersma orgue Ewald Demeyere violons I RyoTerakado Makoto Akatsu SayuriYamagata Eva-Maria Röll Staas Swierstra Paul Herrera violons II Luis O. Santo Guya Martinini Sara Kuijken 28 | cité de la musique Dimitry Badiarov JeanKim Antoinette van der Hombergh altos MarleenThiers Michiyo Kondo KaoriToda Izumi Sato violoncelles Hidemi Suzuki René Schiffer Michel Boulanger contrebasses Margaret Urquhart James Munro Tom Devaere Joss van Immerseel étudie au Koninklijk Vlaams Muzikconservatorium d'Anvers et obtient un premier prix pour trois instruments : piano (en 1963), orgue (en 1967) et clavecin (en 1972). Il travaille la direction d'orchestre avec Daniel Sternefeld. En 1973, il est nommé professeur de clavecin au conservatoire d'Anvers (clavecin Dulcken de 1747). A partir de 1995, il y enseigne également le piano-forte (Conrad Graf de 1826). Entre 1980 et 1985, il est directeur artistique du Sweelinck Conservatorium d'Amsterdam et, de 1993 à 1995, il est professeur de pianoforte au Conservatoire de Paris. En 1985, il crée l'orchestre Anima Eterna, jouant sur instruments historiques. De par tous ses récitals, il prouve la réelle complémentarité des instruments (clavicorde, orgue, clavecin, piano-forte...) et aussi leur unicité comme objet artistique (il joue en effet sur les instruments de sa collection, en particulier plusieurs « Erard » du XIXe siècle). En 1993, il est consacré Ambassadeur culturel de la Communauté flamande. l'âge classique - ! Fabio Biondi étudie le violon avec Salvatore Ciccro puis, à Rome, avec Mauro Lo Guercio et obtient un premier prix en 1981. Dès l'âge de 12 ans, il donne des concerts comme soliste avec l' Orchestre symphonique de la RAI. Il s'intéresse au répertoire baroque avec son ensemble l'Europa Galante, créé en 1989. Il se produit au festival d'Ambronay pour la première d'un oratorio d'Alessandro Scarlatti, La Maddalena, et dans de nombreux festivals baroques internationaux. Fabio Biondi se produit comme soliste, chef d'orchestre ou à la tête de son ensemble l' Europa Galante. Cette saison, il dirige et joue avec l'Orchestre de Chambre de Rotterdam et l'Orchestre de la ville de Grenade. Rinaldo Alessandrini Né à Rome en 1960, Rinaldo Alessandrini fait des études de piano et d'orgue avant de se consacrer à la musique de l'époque baroque. Il occupe le devant de la scène en musique ancienne depuis près de 15 ans en tant que chef de l'ensemble Concerto Italiano et en tant que claveciniste-organistepianofortiste. Son répertoire de concertiste privilégie naturellement la musique italienne, sans pour autant délaisser les compositeurs tels que Buxtehude, Jean Sébastien et Carl Philipp Emanuel Bach. Abordant des œuvres italiennes, Rinaldo Alessandrini tente dans ses interprétations de retrouver les qualités de cantabile et de mobilité expressive qui furent propres au style italien des XVIIe et XVIIIe siècles. Son amour de ce réper- toire et du chant en général l'ont amené à créer l'ensemble vocal et instrumental Concerto Italiano. Il est régulièrement invité, comme concertiste ou comme chef du Concerto Italiano tant en Europe qu'en Amérique du Nord ou au Japon. Il est aussi un chef très demandé et dirige de nombreuses productions du répertoire baroque. Sa discographie lui a valu de nombreuses récompenses. Amati Quartett Depuis sa création en 1981,1e quatuor Amati a reçu de nombreux prix et récompenses, le premier grand prix du concours international d'Evian en 1982,1e prix artistique de la ville de Zurich en 1983 et le premier prix du concours Karl Klinger en 1986. L'art du quatuor à cordes leur a été transmis par le quatuor Alban notes de programme | 29 l'âge classique - I Berg, le quatuor Amadeus ainsi que Walter Levin, premier violon du quatuor LaSalle et Félix Galimir. Le quatuor se produit parfois en formation de quintette, avec piano, instrument à cordes ou à vent, ou voix. Ses partenaires sont alors Krystian Zimerman, KurtWidmer, Bruno Giuranna, Karl Engel ou Bruno Canino... En plus du répertoire classique et romantique, les quatre artistes ont un goût très affirmé pour le répertoire du XXe siècle, ainsi ils enrichissent leurs programmes d'œuvres rarement jouées telles que les quatuors à cordes d'Ives, Steuermann, Szymanowski ou Bohnke. Ils sont également les créateurs d'œuvres d'IsangYun, WladimirVogel, Robert Suter, Bettina Skrezypezak, Rudolf Kelterborn ou Hermann Haller. 30 | cité de la musique technique salle des concerts Noël Leriche régie générale Jean-Luc Prétrement régie plateau Roland Picault régie lumières amphithéâtre Olivier Fioravanti régie générale Frédéric Coudert régie plateau Guillaume Ravet régie lumières Gérard Police régie son forum musical l'âge classique viennois samedi 2 novembre - 15h amphithéâtre du musée Que veut dire exactement ce mot de classicsme ? Est-il possible de l'appliquer à la trilogie des musiciens « viennois » Joseph Haydn, Wolfgang Amadeus Mozart et Ludwig van Beethoven ? Dans ce cas, il faut alors savoir si la période de leur activité (environ 1760 -1820) correspond à un phénomène comparable dans les arts plastiques et la littérature. Et puis, parler de Beethoven comme d'un classique donne aussitôt envie de se demander où commence alors le romantisme... avec la participation de : Rémy Stricker, professeur d'esthétique musicale au Conservatoire de Paris Jean-Pierre Lefèvre, germaniste, professeur à l'école normale supérieur Gilles de Van, musicologue, professeur à l'Université de Paris III Jan Willem Noldus, historien d'art, professeur à l'école du Louvre Pierre Bouyer, musicien, piano-forte Xia Mei Zhu, musicienne, piano accès libre réservations : 01 44 84 44 84 prochains concerts réservations : 01 44 84 44 84 Orpheus Chamber Orchestra dimanche 13 octobre - 16h30 Mozart, Boulez, Ligeti, Schubert Gianluca Cascioli, piano Orpheus Chamber Orchestra Claude Vivier mardi 15 octobre - 20h Claude Vivier Prologue pour un Marco Polo Reibert de Leeuw, direction Asko Ensemble Schoenberg Ensemble Emmanuel Nunes vendredi 18 octobre - 20h Emmanuel Nunes Minnesang Omnia mutantur (création) Emilio Pomarico, direction Ensemble Contrechamps Denis Gautheyrie, direction Ensemble vocal Soli-Tutti réservations individuels 01 44 84 44 84 groupes 01 44 84 45 71 visites groupes musée 01 44 84 46 46 3615 citemusique (1,29F TTC la minute) renseignements 01 44 84 45 45 cité de la musique 2 2 1 , a v e n u e Jean Jaurès 75019 Paris @ P o r t e de P a n t i n w, m Un événement Selerama r