L'APOGÉE VIENNOIS DE LA CARRIÈRE DE MOZART
II. LES PREMIERES ANNEES VIENNOISES.
Une messe votive Musique instrumentale
Aucun contretemps ou presque ne vient assombrir les trois premières années que
MOZART passe à Vienne. Certes un climat de jalousie règne toujours dans l'univers musical,
mais MOZART jouit pleinement d'avoir secoué à la fois la pesanteur tyrannique de son
employeur le prince-archevêque COLLOREDO et celle, aimante mais possessive, de son père.
De plus, avec les encouragements de l'empereur Joseph II, il a planté les jalons d'un opéra
allemand en composant L'Enlèvement au sérail (Die Entführung aus dem Serail) capable de
rivaliser avec l'opéra italien qui dominait alors les scènes européennes. L’œuvre, malgré sa
nouveauté avait remporté un franc succès. Enfin, dans quelques semaines, il épousera celle
qu'il aime : Constance WEBER.
D'abord épris de sa sœur Aloysia qui devait créer plusieurs de se œuvres, mais
fiancée, MOZART avait reporté son affection sur Constance et formé le vœu de composer
une messe s'il parvenait à l'épouser. Le mariage ayant éfixé, cette fois-ci au mois d’août
1782, le moment était venu pour lui d'accomplir sa promesse.
Messe en ut mineur « Inachevée » K 427
Il s'agit sans conteste de l'une des plus belles messes de MOZART, baignée d'un
sentiment de piété et de reconnaissance. On ne saura jamais pourquoi est est inachevée, les
lacunes affectant non pas les dernières pages, mais les intermédiaires. Manquent en effet : les
derniers versets du Credo et une bonne partie de l'Agnus Dei. MOZART s'inspire de ses
compositions précédentes datant de la période salzbourgeoise. N'ayant plus à répondre aux
exigences de son auditoire salzbourgeois, non plus qu'à celles de COLLOREDO, il peut
toutefois profiter des acquis du moment : la découverte des la cantate napolitaine et celle de
la musique baroque, en particulier la richesse de l'écriture polyphonique de Jean-Sébastien
BACH, compositeur complètement oublié à cette époque, mais que lui avait révélé un de ses
amis éclairés.
L'effectif requis pour l'exécution est impressionnant : orchestre renforcé, chœur à 4 et 5
voix parfois partagé en double chœur.
Morceaux choisis
Messe en ut mineur K 427
Fragment présenté : Kyrie
Un écriture dense sur fond de rythme obsessionnel confère à cette page d'ouverture un
caractère que certains jugent dramatique, à vrai dire assez inattendu. La seconde invocation,
Christe eleison, moment d'apaisement et de grâce donne lieu à un solo de soprano, qui en
dépit de la persistance de quelques vocalises s'éloigne sensiblement de l'habituel air d'opéra
assez fréquent dans les œuvres religieuses de l'époque. Le second Kyrie est une page puissante
et tendue.
Qui tollis (5e partie du Gloria)
Cette page se présente comme une sorte de grande marche funèbre très sombre
Et incarnatus est (2e partie du Credo)
Calme rythme de berceuse. Un dialogue permanent s'établit entre la voix de soprano et les
bois, flûte et hautbois notamment, sur fond de cors et de cordes. Après un silence, un quatuor
pour voix de soprano, flûte, hautbois et basson met en valeur le dernier verset « Et homo factus
est » (Et il est fait homme)
Bien qu'il fût son cadet de 24 ans, MOZART s'est l d'amitié avec Josef HAYDN,
compositeur au service de la famille ESTERHAZY et plus particulièrement de Niklaus, prince
mécène féru de musique. S'il a donné ses lettres de noblesse à la symphonie allemande (sans
en être toutefois le créateur, comme cela a parfois été écrit), c'est bien lui, en revanche
l'inventeur du quatuor à cordes, cette parfaite association de deux violons, d'un alto et d'un
violoncelle. MOZART connaissait bien les quatuors de son ami, non seulement parce qu'ils
se communiquaient réciproquement leurs partitions, mais aussi parce qu'étaient régulièrement
organisées au palais Esterhaza des séances de quatuor où l'on voit HAYDN au pupitre de 1er
violon, la baron Karl DITTER von DITTERSDORF compositeur plus modeste et maître de
musique notamment à Breslau au second, MOZART à l'alto et VANHAL, un élève du baron
au violoncelle.
Influencé par les œuvres de son ami, MOZART a pratiqué par riode cette forme musicale,
mais pendant une vingtaine d'années de son activité créatrice. De 1782 à 1784, il se consacre
à la composition d'une série de six quatuors qu'il dédie à HAYDN.
Le quatuor, comme les autres formes instrumentales d'ailleurs, sert à MOZART de
champ expérimental pour mettre au point un langage nouveau, synthèse du style « moderne »
de HAYDN et de la riche écriture polyphonique de l'époque récemment découverte à travers
les œuvres de Jean-Sébastien BACH
1
Morceaux choisis
Quatuor dédié à Haydn N° 1 en Sol majeur k 387 Fragment
présenté :
1er mouvement Allegro
Il se dégage de ce mouvement très travaillé, les instruments se répondent (emprunt au
style polyphonique) une atmosphère sereine qui lui a parfois valu le sous-titre apocryphe de
« Le Printemps », à peine troublée par un léger assombrissement dans le développement.
3e mouvement Allegro
La construction est semblable à un premier mouvement. L'effet de surprise réside dans le
fait que le 1er thème est présenté sous forme de fugue laissant présager des pages empreintes
de sévérité. Or le second thème fort guilleret fait de façon inattendue basculer le mouvement
dans l'atmosphère de l'opéra-bouffe. On songe évidemment au presque contemporain
Enlèvement au sérail
Audition complémentaire : Séquence du Quatuor dédié à Haydn N° 4 en Si b majeur K 458 dit
« La Chasse »
Quatuor contemporain (Nouveau Quatuor Orford) De
gauche à droite : 1er violon, 2e violon, violoncelle, alto
1
J-S. BACH était pratiquement inconnu. Une œuvre aussi capitale que la Passion selon saint Matthieu ne sera révélée au
public par MENDELSSOHN que 100 après sa création
La Symphonie « Linz »
Transfuge d'Italie est née la sinfonia, premier stade de son évolution, la forme
symphonie s'enracine en Allemagne ou les compositeurs de l'école de Mannheim conduits par
Karl STAMITZ la transforment pour l'adapter au goût germanique. Avec ses 104 symphonies,
Josef HAYDN donne au genre ses lettres de noblesse et, avant MOZART, l'impose
définitivement.
Les symphonies officielles attribuées à MOZART sont au nombre de 41. Elles peuvent
se ranger en quatre catégories : 1. les symphonies d'enfance témoignant encore des
tâtonnements l'auteur et de fréquents retour au passé 2.les grandes symphonies incluant
quelques sommets 3.les symphonies attestant une parfaite maîtrise de la forme et de nouvelle
recherches relatives à l'expression 4. le groupe des six derniers grands chefsd’œuvre
touchant au sublime.
Après un dernier séjour à Salzbourg en compagnie de Constance, MOZART effectue au
retour un crochet par Linz pour saluer le comte (de?) THUN. En remerciement de l'accueil
reçu, le compositeur accepte de donner un concert public dans cette ville. A court de répertoire,
il compose en trois jours une des grandes symphonies de la dernière décennie
Morceau choisi
Symphonie N° 36 en Ut majeur dite « Linz » K 425 Fragment
présenté :
4e mouvement Presto
On ne sait ce qu'il faut le plus admirer : l'élégance des thèmes, la richesse des développements
qui relancent l'intérêt ou la subtilité du dialogue entre les instruments
Concerto pour piano et orchestre N° 19 en Fa majeur K 459
Tout aussitôt après la composition du 4e des six quatuors dédiés à HAYDN , MOZART
présente encore l'un des sommets de sa production. L’œuvre présente une très grande rigueur
de construction, ce qui ne l'empêche pas de s'accorder de grandes libertés par rapport aux
règles habituelles. Ce concerto fut joué au couronnement de Léopold II
Morceaux choisis
Concerto N° 19 en FA M K 459
1er mouvement : Allegro
Dès la longue introduction orchestrale se révèle l'extraordinaire richesse mélodique de ce
concerto. Parvenu au sommet de son art, le compositeur peut se permettre d'enfreindre les
règles de construction habituelles. Ainsi, le premier thème est exposé dans une tonalité autre
que la tonalité principale et, en guise de second thème, l'auteur présente six motifs différents.
Il utilise également le développement pour introduire de nouveaux motifs contrastés qui ont
pour effet de relancer l'attention.
3e mouvement : Allegro assai
2
Un rythme allègre, des thèmes enjoués préfigurent l’atmosphère de la scène de Papageno et
Papagena de La Flûte enchantée, opéra qui ne verra le jour qu'en 1791
Références :
clichés Wikipedia
documentation : sites sur le web et sources diverses personnelles sur les compositeurs cités
Messe en ut mineur par Nicol Matt et la Camarata Würzburg in « Intégrale Mozart »
(BRILLANT)
Quatuors à Haydn par l'Alban Berg Quartett (TELDEC)
Symphonie N° 36 « Linz » par Josef Krips & le Concertgebouw d'Amsterdam (PHILIPS) -
Concerto pour piano N° 19 par Murray Perahia & l'English Chamber Orchestra (RCA)
2
Très. (Ex.: allegro assai.). Terme de musique. Se joint comme augmentatif au mot qui indique le mouvement d'un air.
Presto assai, fort vite.
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