M. Tibouchi Ulm-Lyon 2001 1. 16 septembre 2002 Préliminaires Soit p un nombre premier impair, et y ∈ (Z/pZ)∗ . 1.1 Considérons la permutation involutive ϕ : x → y/x de (Z/pZ)∗ . Si l’on note O(ϕ) l’ensemble de ses orbites, il vient, puisque O(ϕ) est une partition de (Z/pZ)∗ : x= x x∈(Z/pZ)∗ X∈O(ϕ) x∈X Chaque orbite de cette involution a un ou deux éléments. Si X est une orbite à deux éléments et z ∈ X, on a X = {z, y/z}, donc x∈X x = y. Il est donc facile d’évaluer le produit précédent si l’on connaı̂t les points fixes de ϕ. Or x est point fixe de ϕ si et seulement si x2 = y. Si y n’est pas un carré, toutes les oribites ont donc deux éléments, et il y en a en particulier (p − 1)/2, d’où : x= y = y(p−1)/2 x∈(Z/pZ)∗ X∈O(ϕ) Si maintenant y est un carré, l’équation x2 = y a au moins une solution z dans (Z/pZ)∗ , mais comme elle est de degré 2, elle en a au plus deux dans le corps Z/pZ. Or −z est également solution, et z − (−z) = 2z = 0 puisque p est impair. ϕ a donc les deux points fixes z et −z, et par conséquent (p − 3)/2 orbites à deux éléments, d’où : x = z · (−z) · y(p−3)/2 = −y(p−1)/2 x∈(Z/pZ)∗ 1.2 1 = 12 est un carré dans (Z/pZ)∗ , donc : x = −1(p−1)/2 = −1 x∈(Z/pZ)∗ Les calculs précédents montrent donc immédiatement que pour tout y ∈ (Z/pZ)∗ , y(p−1)/2 vaut 1 si y est un carré et −1 sinon. 2. Généralités 2.1 Soit ζ ∈ C quelconque. Supposons qu’il existe P ∈ Q[X] unitaire tel que P (ζ) = 0. Alors le noyau de la surjection canonique Q[X] → Q[ζ] contient l’idéal non nul (P ). En particulier, ladite surjection se factorise par Q[X]/(P ), qui est de dimension finie comme Q-espace vectoriel. Q[ζ] est donc a fortiori de dimension finie comme Q-espace vectoriel. Or c’est une Q-algèbre intègre, donc pour tout x ∈ Q[ζ]−{0}, l’endomorphisme mx : y → xy est injectif, donc surjectif, et x est donc inversible. Q[ζ] est donc un corps de nombres. Réciproquement, supposons que Q[ζ] soit un corps de nombres, et soit alors n sa dimension. La famille de n+1 vecteurs (1, ζ, . . . , ζ n ) est donc liée. Soit (a0 , · · · , an ) ∈ Qn −{0}, k tel que ak ζ = 0, et soit et Q = ak X k . Q est un polynôme non nul de Q[X] tel que Q(ζ) = 0, donc le quotient P de Q par son coefficient dominant est un polynôme unitaire à coefficients rationnels annulant ζ. 2.2 Soit V un Q espace vectoriel de dimension finie et f un endomorphisme de V . On suppose qu’il existe un polynôme P unitaire à coefficients entiers annulant f. Écrivons P = X d − ad−1 X d−1 − · · · − a0 , et pour tout x ∈ V , notons : Mx = Zx + Zf(x) + · · · + Zf d−1 (x) On a alors pour 0 ≤ k < d − 1, on a f[f k (x)] = f k+1 (x) ∈ Mx , et d’autre part : f[f d−1 (x)] = f d (x) = a0 x + a1 f(x) + · · · + ad−1 f d−1 (x) ∈ Mx 1 M. Tibouchi Ulm-Lyon 2001 16 septembre 2002 donc par Z-linéarité, il vient que f(Mx ) ⊂ Mx . Soit maintenant (u1 , · · · , uk ) est une famille génératrice de V . Comme f laisse stable chacun des Mui , il laisse stable le Zmodule : M = Mu1 + · · · + Muk = Zu1 + · · · + Zf d−1 (u1 ) + · · · + Zuk + · · · + Zf d−1 (uk ) qu’ils engendrent. On a donc bien montré que si f est annulé par un polynôme unitaire à coefficients entiers, il laisse stable un sous-Z-module de V de la forme Zv1 + · · · + Zvn , avec VectQ (vi ) = V . Pour obtenir la réciproque, on se propose de démontrer le lemme suivant : tout sous-Zmodule de type fini d’un Q-espace vectoriel de dimension n est libre de rang au plus n. Pour n = 0 c’est immédiat. On traite à part le cas n = 1. Soit M un sous-Z-module de type fini non nul de Q. Il admet donc une famille génératrice de la forme (a1 /q, . . . , ak /q) où les ai sont des entiers non nuls, et q est dans N∗ . Il vient alors : qM = {qx / x ∈ M } = a1 Z + · · · + ak Z = aZ avec a = pgcd(a1 , . . . , ak ) Donc M = Za/q est bien de rang 1. On suppose maintenant le résultat vrai en toutes les dimensions inférieures à un certain n ≥ 1, et l’on se place dans V = Qn+1 . On se donne également une forme linéaire p : V → Q non nulle, et l’on pose H = Ker p. Soit alors M un sous-Z-module de type fini de V , et M = M ∩ H. M est de type fini, car Z est noethérien, donc M aussi. M est donc un sous-Z-module de type fini du Q-espace vectoriel H, qui est de dimension n. Il est donc libre de rang r ≤ n. Si M = M , c’est donc terminé. Sinon, le sous-Z-module de type fini p(M ) de Q est non nul. Il s’écrit donc Ze pour un certain e ∈ Q∗ . Soit alors une base de M , et u ∈ M tel que p(u) = e. Notons que p(mu) = 0 si et seulement si m = 0, de sorte que M ∩ Zu = 0. D’autre part, si x est un élément quelconque de M , et p(x) = me, on a p(x − mu) = 0, donc x ∈ M ⊕ Zu. M = M ⊕ Zu est donc bien libre de rang r + 1 ≤ n + 1. Revenons alors à notre problème. On suppose que f laisse stable M = Zv1 +· · ·+Zvn pour une certaine famille (v1 , . . . , vn ) qui engendre V . On vient de voir que M était libre de rang d ≤ dim V . Soit (e1 , . . . , ed ) une base de M comme Z-module. On a VectQ (ei )1≤i≤d = VectQ (vi )1≤i≤n = V , donc on a en fait d = dim V , et (e1 , . . . , ed ) est une base de V . Le fait que f laisse stable M signifie par conséquent que la matrice A de f dans la base (e1 , . . . , ed ) est à coefficients entiers, donc il en est de même de son polynôme caractéristique : P = det(X − A) ∈ Z[X], et P est unitaire. Le théorème de CayleyHamilton permet de conclure qu’il existe bien un polynôme unitaire à coefficients entiers qui annule f. Remarquons que l’on a démontré au passage un résultat plus fort : un endomorphisme vérifie les conditions équivalentes qui précèdent (on dit qu’il est entier ) si et seulement si son polynôme caractéristique est à coefficients entiers. 2.3 Soient f et g deux endomorphismes entiers de V qui commutent, et P = X p −ap−1 X p−1 − · · · − a0 et Q = X q − bq−1 X q−1 − · · · − b0 des polynômes unitaires à coefficients entiers qui annulent respectivement f et g. Pour tout x ∈ V , on pose alors : Mx = Zx0,0 + · · · + Zx0,q−1 + · · · + Zxp−1,0 + · · · + Zxp−1,q−1 avec xi,j = f i gj (x) Pour tout (i, j), on a : f(xi,j ) = f i+1 j g (x) = xi+1,j p−1 k=0 ak xk,j si i < p − 1 si i = p − 1 donc f laisse stable Mx . Comme f et g commutent, ils jouent le même rôle dans les définitions précédentes, et il vient donc de même que Mx est stable par g. Si (u1 , . . . , uk ) engendre V , f et g laissent donc stable le Z-module de type fini M = Mu1 + · · · + Muk qui contient un système générateur de V . Par conséquent, f + g et f ◦ g = g ◦ f laissent également stable M , et sont donc entiers. 2 M. Tibouchi Ulm-Lyon 2001 16 septembre 2002 Ce résultat ne subsiste pas en général si l’on ne suppose plus que f et g commutent. Prenons par exemple V = Q2 , et pour f et g les endomorphismes dont les matrices dans la base canonique sont respectivement : 0 1/2 1 1/3 A= et B = 2 0 0 1 f et g sont bien entiers, puisqu’ils ont pour polynômes caractéristiques respectifs X 2 − 1 et X 2 − 2X + 1. En revanche, on a : 1 5/6 0 1/2 A+B = et AB = 2 1 2 2/3 Par conséquent det(f + g) = −2/3 ∈ Z, et tr(fg) = 2/3 ∈ Z. Les endomorphismes f + g et fg ont donc des polynômes caractéristiques à coefficients non tous entiers, donc ils ne sont pas entiers. 2.4 Soit K un corps de nombres et n sa dimension comme Q-espace vectoriel. Pour tout r ∈ Q, on a simplement mr = r id. En particulier, si r ∈ Z, mr est annulé par le polynôme unitaire à coefficients entiers X − r, donc r ∈ OK . Réciproquement, si r ∈ OK ∩ Q, on doit avoir det mr = r n ∈ Z, donc r ∈ Z. Finalement, on a OK ∩ Q = Z. 3. Entiers des corps quadratiques √ Soit D ∈ Q qui n’est pas le carré d’un entier. √ On va considérer √ le corps Q[ D]. On note σ l’automorphisme de ce corps défini par σ(x + y D) = x − y D. √ 3.1 Soit ϕ un automorphisme de corps de Q[ D]. On a ϕ(1) = 1, donc √ ϕ(m) = m pour tout 2 m ∈ Z, puis ϕ(p/q) = p/q pour tout p/q ∈ Q. En outre, x = ϕ( √ √ √ D) vérifie x = D, donc x = ε D, avec ε = ±1. On a donc pour tout a + b D ∈ Q[ D] : √ √ ϕ(a + b D) = a + bx = a + εb D Donc ϕ est l’identité ou σ selon le signe de ε. √ √ √ 3.2 Soit D ∈ Q∗ tel que Q[ D] = Q[ D ]. Alors en particulier,√Q[ D ] = Q, √ donc D n’est 2 pas le carré d’un entier. Il existe de plus (a, b) ∈ Q tel que D = a + b D. En élevant cette relation au carré, il vient : √ D = (a2 + bD2 ) + 2ab D √ donc en égalisant les composantes sur la base (1, D), il vient ab = 0. Or si b était nul, √ on aurait D = a, ce qui, on l’a vu, est impossible. Donc a = 0, et D/D = (1/b)2 est bien le carré d’un rationnel. √ √ D] et Q[ √D ] sont clairement Réciproquement, si D = k 2 D pour un certain k ∈ Q, Q[ √ égaux, puisque alors, pour tout (a, b) ∈ Q2 , on a a + b D = a + kb D . αn 1 3.3 Soit D = εpα 1 · · · pn la décomposition de D en facteurs premiers (avec ε = ±1, les pi des nombres premiers distincts, et les αi dans Z). On pose pour tout i, αi = 2βi + ηi , pβ1 1 · · · pβnn√ . d est alors un entier sans facteur carré, avec ηi ∈ {0, 1}, d = εpη11 · · · pηnn , r =√ 2 et l’on a D = k d. En particulier, Q[ D] = Q[ d]. √ √ Supposons que d soit un entier sans facteur carré tel que Q[ D] = Q[ d ]. D’après ce qui précède, il existe donc k ∈ Q tel que d = k 2 d. Si l’on écrit d sous forme de fraction irréductible p/q, il vient q 2 d = p2 d. En particulier, comme p2 est premier à q 2 il divise d , qui est sans facteur carré, donc p2 = 1. De même, q 2 divise d donc vaut 1, et l’on a d√= d . Par √ conséquent, il existe un et un seul entier d sans facteur carré vérifiant Q[ D] = Q[ d]. 3 M. Tibouchi Ulm-Lyon 2001 16 septembre 2002 3.4 Soit K un sous-corps de C de dimension 2 comme Q-espace vectoriel, et soit α ∈ K − Q. (1, α) est alors une base du Q-espace vectoriel K, et en particulier il existe (u, v) ∈ Q2 tel que α2 +√uα + v = 0. Posons D = u2 − 4v. Il existe alors ε ∈ {−1, 1} tel que α = [−u + ε D]/2.√En particulier, comme α est irrationnel, D n’est√ pas le carré d’un √ rationnel. De plus, D = εu + 2ε · α ∈ K, d’où Q[ D]√ ⊂ K. Or Q[ D] et K sont des Q-espaces vectoriels de même dimension, d’où K = Q[ D]. K est donc bien un corps quadratique. √ On fixe alors d ∈ Z sans facteur carré tel que K = Q[ d]. √ √ 3.5 Soit x = a + b D ∈ K quelconque. La matrice de mx dans la base (1, D) s’écrit : a Db M(mx ) = b a donc le polynôme caractéristique de mx est X 2 − 2aX + (a2 − Db2 ). On a de plus : √ √ √ √ x + σ(x) = (a + b D) + (a − b D) = 2a et xσ(x) = (a + b D)(a − b D) = a2 − Db2 Or x ∈ OK si et seulement si le polynôme caractéristique de mx est à coefficients entiers, ce qui donne bien le résultat. 3.6 Soit ω ∈ OK défini par : √ 1+ d si d ≡ 1 (mod 4) √2 ω= d sinon Comme OK est un anneau contenant Z, ϕ : (x, y) → x + yω définit bien une application Z2 → OK , qui est clairement un morphisme de groupes abéliens. Dans tous les cas, ω est irrationnel, donc il n’existe pas de (x, y) ∈ Z2 − {0} tel que x + yω = 0, et ϕ est injectif. Montrons qu’il est surjectif. Soit z ∈ OK quelconque. Comme ω ∈ Q, (1, ω) est une base de K, il existe (u, v) ∈ Q2 tel que z = u + vω. Notons T et N les entiers z + σ(z) et zσ(z). Si d ≡ 1 (mod 4), on a T = 2u et N = u2 − dv2 , d’où T 2 − 4N = 4dv2 = (2v)2 d ∈ Z. Comme d est sans facteur carré, il en résulte que 2v ∈ Z. Si v ∈ Q, 2v est impair, donc (2v)2 = 1, et l’on a donc d ≡ T 2 − 4N ≡ T 2 (mod 4). Puisque d ≡ 1 (mod 4), T est donc pair, d’où d ≡ 0 (mod 4), ce qui est impossible, puisque d est sans facteur carré. v est donc entier, et u2 = N + dv2 aussi, donc (u, v) ∈ Z et z = ϕ(u, v). Si maintenant d ≡ 1 (mod 4), on a T = 2u + v et N = u2 + uv + v2 · (1 − d)/4. Alors T 2 − 4N = dv2 ∈ Z, d’où v ∈ Z. Donc 2u = T − v ∈ Z, et : 0 ≡ 4N ≡ (2u)2 + 4uv + v2 · (1 − d) ≡ (T − v)2 + 2v(T − v) + 0 ≡ T 2 − 2v2 (mod 4) donc T est pair et u = T /2 ∈ Z. D’où le résultat. 4. Un calcul analytique de τn Soit n ≥ 1 fixé. Pour k = 0, . . . , n − 1, on définit fk : [0, 1] → C, t → exp(2iπ(t + k)2 /n), et l’on pose f = f0 + · · · + fn−1 . 4.1 On a : f(0) = n−1 exp(2iπk 2 /n) = τn et k=0 f(1) = n−1 exp(2iπ(k + 1)2 /n) = τn k=0 En particulier, f(0) = f(1), donc il existe une unique fonction f˜ : R → C continue ˜ [0,1] = f. f˜ est de plus C 1 par morceaux, donc elle est égale 1-périodique et telle que f| 4 M. Tibouchi Ulm-Lyon 2001 16 septembre 2002 à sa série de Fourier (au sens habituel de la convergence des séries de Fourier). On a autrement dit pour tout x ∈ R : k ˜ = lim f(x) k→∞ cm (f˜)e2iπmx m=−k où l’on a posé : 1 cm (f˜) = f˜(t)e−2iπmt dt = 1 f(t) exp(−2iπmt)dt 0 0 Si l’on chosit en particulier x = 0, il vient que la suite de terme général : uk = k cm (f˜) = m=−k k m=−k 1 f(t) exp(−2iπmt)dt 0 converge vers f˜(0) = f(0) = τn . 4.2 Soit g : R → C la fonction x → exp(2iπt2 /n). On a, pour tout x ≥ 1 : 1 x x g(t)dt = g(t)dt + 2 g(t)dt −x −1 1 Or on peut effectuer une intégration par parties dans le dernière intégrale : x x 1 4iπt n 2iπt2 g(t) = · exp dt 4iπ 1 t n n 1 x x x 1 n 1 n 2iπt2 2iπt2 g(t) = + exp exp dt 4iπ t n 4iπ 1 t2 n 1 1 x x g(t) n n g(x) n g(t) = − dt g(1) + + 4iπ 4iπ x 4iπ 1 t2 1 x Comme t → g(t)/t2 est intégrable sur [1, +∞[, on voit donc que x → 1 g(t)dt a une x limite dans C quand x tend vers +∞. Il en est donc de même de x → −x g(t)dt. On pose : x In = lim x→+∞ g(t)dt −x Notons que In est dans C, mais en fait pas dans R, contrairement à ce que suggère l’énoncé. √ 4.3 En effectuant le changement de variable u = t n, il vient pour tout x ≥ 0 x x√n √ 2iπt2 exp exp(2iπu)du dt = n √ n −x −x n d’où, en faisant tendre x vers +∞ : In = 4.4 Pour tout m ∈ Z, on a : 1 f(t) exp(−2iπmt)dt = 0 j=0 1 f(t) exp(−2iπmt)dt = f(t) exp(−2iπmt)dt = 0 0 n−1 1 1 √ nI1 exp 0 2iπ(t + j)2 n exp(−2iπmt)dt 2iπu2 exp(−2iπm(u − j))du n j=0 j n 2iπt2 exp exp(−2iπmt)dt n 0 n−1 j+1 5 exp M. Tibouchi Ulm-Lyon 2001 16 septembre 2002 Or, en faisant t = u + mn/2 dans la dernière intégrale, il vient : 1 f(t) exp(−2iπmt)dt = exp −mn/2 0 n−mn/2 1 f(t) exp(−2iπmt)dt 2iπu2 iπm2 n + 2iπmu + n 2 × exp(−2iπmu − iπm2 n)du n−mn/2 2 (−i)m n g(t)dt = −mn/2 0 On a par conséquent pour tout k ∈ N∗ : 2k u2k = m=−2k n−mn/2 2 (−i)m n g(t)dt −mn/2 d’où, en séparant les termes correspondant à m pair et m impair il vient : u2k k = p=−k u2k p=−k u2k k−1 −(p−1)n g(t)dt + −pn x 1 2 +4q+1)n g(t)dt −(2q+1)n/2 g(t)dt (k−1/2)n g(t)dt −(k−1/2)n kn (k−1/2)n n g(t)dt + kn Comme x → (k+1)n = (−i)(4q −n/2−(q−1)n g(t)dt + (−i) −kn n−(2q+1)n/2 −n/2−qn q=−k (k+1)n = q=−k n u2k k−1 2 (−i)4p n g(t)dt + −(2p)n/2 k = n−(2p)n/2 g(t)dt + (−i) −kn g(t)dt −(k−1/2)n g(t)dt a une limite finie en +∞, on a : kn+n lim g(t)dt = 0 k→∞ kn donc en faisant tendre k vers +∞ dans l’expression obtenue pour u2k , il vient : τn = (1 + (−i)n )In = (1 + i−n )In √ En particulier, 1 = τ1 = (1 + i−1 )I1 = (1 + i−1 )In / n, donc : τn = 1 + i−n √ n 1 + i−1 √ 4.5 Soit K un corps quadratique, et d ∈ Z tel que K = Q[ d]. Si l’on note ζ = exp(2iπ/d), on a d’après ce qui précède : √ d= 1 + i−1 1 + i−d ζx 2 x∈(Z/dZ) Considérons alors ξ = exp(iπ/2d), racine primitive 4d-ième de l’unité. On a ζ = ξ 4 , et i = ξ d , donc : √ 2 1 + ξ −d d= ξ 4x ∈ Q[ξ] 2 −d 1+ξ x∈(Z/dZ) Il en résulte que ξ est une racine de l’unité telle que K ⊂ Q[ξ]. 6 M. Tibouchi Ulm-Lyon 2001 5. 16 septembre 2002 Un calcul algébrique de τn Soit n > 1 un entier impair, et ζ = exp(2iπ/n). On note V le C-espace vectoriel des fonctions de Z/nZ dans C, et ϕ l’endomorphisme de V qui à toute fonction f ∈ V associe ϕ(f) ∈ V définie par : ϕ(f)(x) = f(y)ζ xy y∈Z/nZ 5.1 Soit f ∈ V . On a, pour tout x ∈ Z/nZ : ϕ ◦ ϕ(f)(x) = y∈Z/nZ ϕ ◦ ϕ(f)(x) = f(z)ζ yz ζ xy z∈Z/nZ f(z)ζ (x+z)y (y,z)∈(Z/nZ)2 ϕ ◦ ϕ(f)(x) = f(a − x)ζ ay (a,y)∈(Z/nZ)2 ϕ ◦ ϕ(f)(x) = f(a − x) a∈(Z/nZ)2 (ζ a )y y∈Z/nZ Soit a ∈ Z/nZ non nul, et d > 1 l’ordre de ζ a dans C∗ . On a alors : (ζ a )y = (ζ a )u y∈Z/nZ y∈Z/nZ u∈Z/dZ (ζ a )y = n d y∈Z/nZ y≡u (mod d) (ζ a )u = 0 u∈Z/dZ puisque u∈Z/dZ (ζ a )u n’est autre que la somme des racines d-ièmes de l’unité dans C, qui est nulle (étant au signe près le coefficient de X d−1 dans le polynôme X d − 1). Il en résulte que pour tout x ∈ Z/nZ : ϕ ◦ ϕ(f)(x) = f(0 − x) (ζ 0 )y = nf(−x) y∈Z/nZ 5.2 Il résulte en particulier de ce qui précède que ϕ4 = n2 idV , donc ϕ est annulée par le polynôme scindé à racines simples X 4 − n2 , et est donc diagonalisable. Par conséquent, ϕ2 est diagonalisable, et ses valeurs propres sont contenues dans l’ensemble {−n, n}. Les vecteurs propres associées à la valeurs propres n (resp. −n) sont les f ∈ V telles que pour tout x, nf(x) = nf(−x) (resp. −nf(x) = nf(−x)), c’est-à-dire les fonctions paires (resp. impaires). Donc si l’on note P et I les sous-espaces supplémentaires de V formés par les fonctions paires et impaires, ϕ ◦ ϕ se décompose en n idP ⊕(−n) idI sur la somme P ⊕ I. 5.3 Si pour x ∈ Z/nZ on note fx ∈ V la fonction valant 1 en x et 0 ailleurs, (fx )x∈Z/nZ est une base de V , et dans cette base : ϕ(fx ) = ϕ(fx )(z)fz = fx (y)ζ zy fz = ζ xz fz z∈Z/nZ (y,z)∈(Z/nZ)2 donc on a bien tr ϕ = τn . 7 z∈Z/nZ M. Tibouchi Ulm-Lyon 2001 Montrons que |τn | = √ n. En effet : = τn τn ζx 2 x∈Z/nZ |τn | 2 = 16 septembre 2002 ζ −y 2 y∈Z/nZ ζ (x−y)(x+y) (x,y)∈(Z/nZ)2 |τn |2 = ζ a(2y+a) (a,y)∈(Z/nZ)2 |τn |2 = ζ az (a,z)∈(Z/nZ)2 car, n étant impair, y → 2y + u est une permutation de Z/nZ. Il vient alors finalement : |τn |2 = n + (ζ a )z = n a∈(Z/nZ)−{0} z∈Z/nZ √ √ √ √ 5.4 Soient a, b, c, d les multiplicités respectives des valeurs propres n, − n, i n et −i n de ϕ, et A, B, C, D les sous-espaces propres √ correspondants. On a donc a = dim A, etc. Alors pour tout f ∈ A ⊕ B, on a ϕ2 (f) = (± n)2 f = nf, donc A ⊕ B ⊂ P et de même C ⊕ D ⊂ I. Comme P ⊕ I = V = A ⊕ B ⊕ C ⊕ D, ces inclusions sont des égalités, d’où : a + b = dim P = n+1 2 et c + d = dim I = n − dim P = n−1 2 En effet, une base de P est donnée par les (n+1)/2 fonctions (fk +f−k ), 0 ≤ k ≤ (n−1)/2. √ √ √ √ √ Par ailleurs, on a τn = tr ϕ = a n +b(− n)+c(i n)+d(−i n) = [(a−b)+i(c−d)] n. En comparant les carrés des modules, il vient par conséquent : (a − b)2 + (c − d)2 = 1 5.5 On a vu que la matrice de ϕ dans la base (fj )j∈Z/nZ était simplement la matrice de Vandermonde [ζ ij ](i,j)∈(Z/nZ)2 . On a donc, en notant ξ = exp(iπ/n) : det ϕ = (ζ k − ζ j ) 0≤j<k≤n−1 det ϕ = ξ k+j (ξ k−j − ξ j−k ) 0≤j<k≤n−1 det ϕ = ξ k+j 0≤j<k≤n−1 det ϕ = in(n−1)/2ξ m (k − j)iπ 2i sin n (k − j)iπ ξ k+j 2 sin n 0≤j<k≤n−1 où l’on a posé : m= j+k= 0≤j<k≤n−1 n−1 k=1 k(k − 1) 1 + k2 = 2 2 3 · n(n − 1)(2n − 1 n(n − 1) − 6 2 c’est-à-dire m = n(n − 1)2 /2. Comme dans l’expression précédente de det ϕ chacun des sinus est positif, on a det ϕ = |det ϕ|eiθ avec : θ= n(n − 1) π n(n − 1)2 π (n − 1)(3n − 2) π + = 2 2 2 n 2 2 8 M. Tibouchi Ulm-Lyon 2001 Or det ϕ = √ 16 septembre 2002 √ n √ √ √ a n (− n)b (i n)c (−i n)d = i2b+c−d n , d’où : 2b + c − d ≡ (n − 1)(3n − 2)/2 (mod 2) Supposons n = 4k + 1. Alors comme a + b = (n + 1)/2 = 2k + 1 est impair, on doit avoir a = b. L’équation (a − b)2 + (c − d)2 = 1 impose donc c = d et a − b = ±1. En particulier, on a {a, b} = {k, k + 1}. Or : 2b ≡ 2b + c − d ≡ 4k(12k + 3 − 2) ≡ 2k(12k + 1) ≡ 2k 2 (mod 4) donc b a la parité de k, d’où b = k et a = k + 1. D’autre part, comme c + d = (n − 1)/2, on a c = d = k. On a finalement montré : a= n+3 4 et b=c=d= n−1 4 quand n ≡ 1 (mod 4) Supposons maintenant n = 4k + 3. Alors c + d = (n − 1)/2 = 2k + 1 est impair, donc c = d. Il vient donc cette fois a = b = k + 1 et {c, d} = {k, k + 1}. Or : c−d ≡ (n − 1)(3n − 2) −2b ≡ (2k+1)(12k+9−2)−2k−2 ≡ (−1)(2k+1)−2k−2 ≡ 1 (mod 4) 2 donc c = k + 1 et d = k. Finalement : a=b=c= n+1 4 et d= n−3 4 quand n ≡ 3 (mod 4) 5.6 Il vient d’après ce qui précède : √ τn = [(a − b) + i(c − d)] n = Autrement dit, pour tout n, τn = 6. √ √n i n si n ≡ 1 (mod 4) si n ≡ 3 (mod 4) (−1)(n−1)/2 n. Réciprocité quadratique On considère deux nombres premiers impairs p, q. On noteL le corps de nombre Q[ζ], ζ = exp(2iπ/p), et K le sous-corps quadratique Q[τp ]. On note p· le symbole de Legendre. 6.1 Soit x ∈ OL ∩ K quelconque, et P ∈ Z[X] un polynôme unitaire annulateur de l’endomorphisme mx de multiplication par x dans L. mx laisse stable le sous-espace K de L, et l’endomorphise induit est la multiplication par x dans K. Or P annule encore cet endomorphisme, donc x ∈ OK . Réciproquement, soit x ∈ OK quelconque, P ∈ Z[X] un polynôme unitaire annulateur de la multiplication par x dans K, (α1 , . . . , αr ) une base du K-espace vectoriel L, et mx la multiplication par x dans L. Pour tout u ∈ L, si r u = i=1 ui αi , il vient : P (mx)(u) = r P (mx )(ui )αi = 0 i=1 donc x ∈ OL . On a donc bien OL ∩ K = OK . 6.2 On considère l’anneau quotient A = OL /qOL . Dans A, q = 0, donc pour tout (x, y) ∈ A2 , (x + y)q = xq + yq . Par conséquent, x → xq est un endomorphisme de A. Notons en outre que, comme ζ p − 1 = 0, ζ ∈ OL . Si l’on note a → [a] la surjection canonique OL → A, il vient donc : q 2 2 [τpq ] = [ζ]x = [ζ]qx x∈(Z/pZ) x∈(Z/pZ) 9 M. Tibouchi Ulm-Lyon 2001 16 septembre 2002 q ≡ 0 (mod p), donc si q est un carré modulo p, il existe a ∈ (Z/pZ)∗ tel que q = a2 , et alors : 2 q [τpq ] = [ζ](ax) = [τp ] = τp p x∈(Z/pZ) Sinon, soit C (resp. N ) l’ensemble des carrés (resp. non-carrés) de (Z/pZ)∗ . x → qx est alors une permutation de (Z/pZ)∗ qui échange C et N . Or on a : 2 τp = 1 + ζx = 1 + 2 ζx x∈(Z/pZ)∗ Il vient donc : [τpq ] = [1] + 2 Or x x∈C ζ + ζ = −1 + x x∈N [ζ]qx = [1] + 2 x∈C x∈(Z/pZ) = [1] + 2 −1 − x∈N ζ = −1. Donc : ζ x = [−τp ] = x∈C Donc dans tous les cas, on a montré : q q τp − τp = 0 c’est-à-dire p Comme en outre τpq − pq τp ∈ K, il vient bien : τpq [ζ]x x [τpq ] x∈C τpq q τp p q − τp ∈ qOL p q − τp ∈ qOL ∩ K = qOK p 6.3 Soit ω ∈ OK défini comme en 3.6, et n ∈ Z tel que nτp ∈ qOK . On note (a, b) ∈ Z2 √ √ l’unique couple tel que nτp = q(a+bω). Si p ≡ 1 (mod 4), on a τp = p et ω = (1+ p)/2, donc il vient n(−1 + 2ω) = q(a + bω). Par conséquent, n = −qa est divisible par q. Si √ √ maintenant p ≡ 3 (mod 4), on a τp = −p et ω = (1 + −p)/2, donc on a encore n(−1 + 2ω) = q(a + bω) et q divise n. 6.4 On a : τpq q 2 q−1 2 p−1 q−1 q−1 p−1 p−1 = (−1) 2 p = (−1) 2 p τp = (−1) 2 2 p 2 τp Donc on a nτp ∈ qOK où n est l’entier : n = (−1) p−1 q−1 2 2 p q−1 2 q − p D’après ce qui précède, il vient donc : p−1 q−1 q−1 p−1 q−1 p q ≡ (−1) 2 2 p 2 ≡ (−1) 2 2 p q d’où : p−1 q−1 p q ≡ (−1) 2 2 q p (mod q) (mod q) Comme q > 2, l’égalité est donc également vraie dans Z, d’où le résultat. 10 M. Tibouchi Ulm-Lyon 2001 16 septembre 2002 6.5 Soit ψ : Z2 → Z/pqZ le morphisme de groupes défini par ψ(x, y) = (xp+yq) mod pq. Soit (x, y) ∈ Ker ψ. Il existe k ∈ Z tel que xp+yq = kpq. On a alors xp ≡ 0 (mod q) et yq ≡ 0 (mod p), d’où q|x et p|y. Réciproquement, pour tout (x, y) ∈ qZ × pZ, on a clairement ψ(x, y) = 0. Par conséquent, il existe un morphisme injectif φ : Z/qZ × Z/pZ → Z/pqZ tel que pour tout (x, y) ∈ Z2 : φ(x mod q, y mod p) = ψ(x, y) = (xp + yq) mod pq Comme les groupes Z/qZ × Z/pZ et Z/pqZ, φ est un isomorphisme, et en particulier une bijection de la forme recherchée. Une autre bijection φ : Z/qZ × Z/pZ → Z/pqZ telle que φ (x mod q, y mod p) = (xp + yq) mod pq coı̈ncide avec φ en tout point de Z/qZ × Z/pZ, donc φ est bien unique. 6.6 Soit ζp = exp(2iπ/p), ζq = exp(2iπ/q) et ζpq = exp(2iπ/pq). On a : z2 ζpq τpq = z∈(Z/pqZ) τpq = (xp+yq) ζpq 2 x∈(Z/qZ) y∈(Z/pZ) τpq = 2 2 x p ζpq +2xypq+y 2 q2 x∈(Z/qZ) y∈(Z/pZ) τpq = 2 ζqpx · 1 · ζppy 2 x∈(Z/qZ) y∈(Z/pZ) τpq = ζqpx 2 x∈(Z/qZ) τpq d’après l’évaluation de 6.7 On a donc : = p q τq · τp q p ·ζppy 2 y∈(Z/pZ) 2 x∈(Z/pZ) ·ζppx obtenue au 6.2. p upq q τpq = = q p τp τq up uq où uk vaut 1 ou i selon que k soit congru à 1 ou −1 modulo 4. Alors si p ≡ 1 (mod 4), on a up = 1 et upq = uq , donc upq /up uq = 1, et de même si q ≡ 1 (mod 4). Si maintenant p ≡ q ≡ −1 (mod 4), il vient upq /up uq = 1/(−i)2 = −1. Tout cela revient donc effectivement à dire que : p−1 q−1 p q = (−1) 2 2 q p 6.8 On se place maintenant dans K = Q[i]. On a dans ce corps (1 + i)2 = 2i, donc : (1 + i)q = (1 + i)2 q−1 2 +1 = (2i) q−1 2 (1 + i) Par conséquent, si l’on note encore a → [a] la surjection canonique OK → OK /qOK , il vient : 2 q−1 q−1 i 2 (1 + i) [1 + iq ] = [(1 + i)q ] = (2i) 2 (1 + i) = q Comme OK = Z[i], il existe donc (a, b) ∈ Z2 tel que : 2 q−1 i 2 (1 + i) − 1 − iq = q(a + bi) q 11 M. Tibouchi Ulm-Lyon 2001 16 septembre 2002 √ Le module du membre de gauche est√majoré par |1 + i| + |1 + iq | = 2 2 < 3 ≤ q. Or, si (a, b) = (0, 0), on a |q(a + bi)| = q a2 + b2 ≥ q, ce qui est absurde. Par conséquent, a = b = 0, et : 1 si q ≡ 1 (mod 8) q q−1 1 + i 2 −1 si q ≡ 3 (mod 8) = i− 2 = −1 si q ≡ 5 (mod 8) q 1+i 1 si q ≡ 7 (mod 8) ce qui donne effectivement : q 2 −1 2 = (−1) 8 q 6.9 Soit n un entier qui n’est pas un carré. On veut montrer qu’il existe une infinité de nombres premiers modulo lesquels n est non carré. On peut supposer sans perte de n généralité n non divisible par un carré. Si n = ±2 (resp. −1), alors on a q = −1 pour tout nombre premier q de la forme 8k + 5 (resp. 4k + 3), et il y a une infinité de tels nombres d’après le théorème de Dirichlet. Si n ∈ {2, −1, −2}, la décomposition de n en facteurs premiers s’écrit n = (−1)α 2β p1 · · · pr+1 avec r ≥ 0 et où les pi sont des nombres premiers impairs distincts. Soit u ∈ (Z/pr+1 Z)∗ un élément qui n’est pas un carré. D’après le théorème chinois, il existe b ∈ Z tel que b ≡ 1 (mod 8p1 · · · pr ) et b ≡ u (mod pr+1 ). En particulier, b est premier à a = 8p1 · · · pr , donc il existe une infinité de nombres premiers de la forme ak + b. Soit q un tel nombre premier. Comme q ≡ 1 (mod 8), on a : −1 2 p q = = 1 et pour tout nombre premier p = q = q q q p Par conséquent : α β n 2 p1 q q −1 pr+1 q ··· = ··· = q q q q q p1 pr pr+1 et comme q ≡ 1 (mod pi ) pour 1 ≤ i ≤ r et q ≡ u (mod pr+1 ), on a finalement : n 1 u 1 ··· = −1 = q p1 pr pr+1 d’où le résultat. 12