SAVOIR-FAIRE DEFINITION DES ENJEUX ECOLOGIQUES ET ORIENTATIONS DE GESTION Collège Pablo Picasso – Montfermeil Janvier 2014 Etude réalisée par DIRECTION DE LA NATURE NATURE DES PAYSAGES ET DE DE LA BIODIVERSITE BIODIVERSITE Conseil général de la SeineSeine-SaintSaint-Denis BUREAU DES ETUDES GENERALES Nicolas Buttazzoni | Technicien Bureau des Etudes Générales [email protected] 01 43 93 11 54 Crédits photographiques & Illustrations Direction de la Nature, des Paysages et de la Biodiversité Conseil général de la Seine-Saint-Denis Ce document fait partie des Ressources pour un Environnement Vert en Seine-Saint-Denis (REVES), plateforme de partage des savoirs et des savoir-faire départementaux sur la nature, les paysages et la biodiversité. Retrouvez toutes les ressources départementales en ligne sur le site http://parcsinfo.seine-saint-denis.fr dans la rubrique REVES. 2 SOMMAIRE Préambule 4 Habitats semi naturels 5 I. Les gazons 5 II. Les friches herbacées 6 III. Les fourrés rudéraux 6 IV. Les formations arbustives horticoles : massifs, sujets isolés et haies 7 V. Les boisements 7 VI. Les milieux humides : la mare 8 Inventaire floristique Préconisations de gestion par milieu 9 10 Carte de gestion des espaces extérieurs I. Les gazons 11 II. Les friches herbacées 12 III. Les fourrés rudéraux 13 IV. Les formations arbustives horticoles : massifs, sujets isolés et haies 15 V. Les boisements 16 VI. Les milieux humides (mare) 17 Gestion des milieux annexes 20 Conclusion 21 3 PREAMBULE Ce document constitue une première expérience de mise en place d’un plan de gestion écologique dans un collège en Seine-Saint-Denis. La faisabilité des actions proposées dépendra de l’implication de tous les acteurs engagés dans la gestion des collèges. Il s’agit d’un document évolutif qui pourra être modifié en fonction des retours d’expériences constatés. Il peut constituer une première base de référence pour la gestion des espaces verts des autres collèges de Seine-Saint-Denis. Ce rapport a pour objet de dresser un état des lieux des espaces verts du Collège Pablo Picasso de Montfermeil et dans un second temps des mesures de gestion à mettre en place par type de milieu. La visite du collège, réalisée assez tardivement en saison (8 novembre 2013), ne permet pas de dégager précisément les enjeux écologiques du site, un inventaire floristique sera donc réalisé au printemps 2014. Néanmoins, ce rapport vise essentiellement à formaliser quelques mesures de gestion simples à mettre en place sur la base des premières observations. L’application de ces mesures de gestion, la constance dans leur mise en œuvre (intensités et pratiques) sont un gage de réussite pour répondre aux enjeux écologiques de conservation ou d’amélioration des milieux en présence. Définition de la méthode : Pour définir un plan de gestion écologique des espaces verts du collège, il est nécessaire d’établir au préalable un diagnostic assez précis du patrimoine naturel. Pour ce faire, il semble nécessaire de prendre en considération au moins deux paramètres : la flore et les habitats semi-naturels (c'est-à-dire des formations végétales laissant apparaître certaines espèces caractéristiques du milieu). En effet, la prise en compte des habitats floristiques et des espèces végétales comme base de diagnostic est un bon indicateur de la bonne qualité écologique globale des espaces verts du collège Pablo Picasso. D'autres groupes taxonomiques comme les oiseaux, les pollinisateurs, les mammifères ou les amphibiens (etc.) sont très dépendants de la végétation (pour les ressources alimentaires, comme lieu de refuge, de nidification, de passage etc.). De plus, la présence d’un environnement vert à proximité immédiate du collège (jardins des particuliers, friches, boisements…), d’espaces verts d’importance (Parc Pescarollo…) ainsi qu’un réservoir de biodiversité (forêt régionale de Bondy) doivent influencer favorablement la dispersion des espèces. S’appuyer dans un premier temps sur les habitats puis la flore semble suffisant pour cerner rapidement les principaux enjeux écologiques et ainsi adapter les mesures de gestion à mettre en place. Toutefois, les observations naturalistes complémentaires (oiseaux, insectes…) réalisées par le corps enseignant et/ou les élèves pourront venir compléter ce diagnostic pour aboutir à un plan d’action encore plus affiné. Le plan de gestion devra trouver le meilleur équilibre entre les objectifs liés à la préservation, voire l’amélioration des qualités écologiques des milieux et le maintien d’un aspect paysager cohérent avec les usages d’un établissement scolaire. 4 Habitats semi naturels La caractérisation des habitats semi-naturels s’appuie classiquement et essentiellement sur la végétation qui constitue le meilleur révélateur des conditions écologiques d’un milieu. En effet, à chaque fois qu’un milieu donné réunit les mêmes conditions environnementales, on y retrouve sensiblement le même cortège de plantes, appelé aussi groupement végétal. La caractérisation précise des habitats devra donc s’appuyer sur l’inventaire qui sera mené au printemps 2014. Pour lors, il est tout de même possible de dégager sur la base des premières observations les grands types de végétation en présence et les enjeux de gestion. Cinq grands types de végétation ont été identifiés, les actions de gestion seront déclinées en seconde partie par typologie de végétation : - les gazons - les friches herbacées - les fourrés rudéraux - les boisements - les milieux humides I. Les gazons Description de l’habitat : Les gazons urbains sont constitués d’espèces herbacées, généralement issues de sélections horticoles, souvent résistantes au piétinement. Le cortège floristique est relativement pauvre et dominé par des graminées. Les gazons n’abritent généralement pas d’espèces patrimoniales. Atouts écologiques : En revanche, ils sont d’un grand intérêt d’un point de vue paysager et sont le support d’espaces récréatifs pour les élèves. En outre, ils présentent un intérêt dans la formation d’un réseau écologique de milieux ouverts, en association avec des prairies et des friches herbacées. Le maintien de ce milieu passe par la tonte. La mise en place d’une gestion plus « extensive » (pas de fertilisation, adaptation des fréquences de tonte et des hauteurs de coupe) entraîne une diversification du cortège floristique (Achillée millefeuille, Pâquerette, Plantain, Matricaire…). Ce type de mesure est favorable aux insectes (notamment les pollinisateurs), aux oiseaux (passereaux granivores par exemple) et à la faune du sol. 5 II. Les friches herbacées Description de l’habitat : Les friches témoignent d’un usage passé. Elles sont la résultante d’une perturbation plus ou moins intense du milieu (remblais, ancienne culture, pollution…) La flore en présence s’en trouve marquée à des degrés divers. Peuvent également s’y développer des espèces à caractère invasif. Sans gestion, ces friches évoluent naturellement vers un fourré puis vers un boisement. A l’inverse, grâce à des fauches régulières, elles tendent à évoluer vers des prairies, plus stables au niveau du cortège floristique. Les espèces de friches laissent alors progressivement leur place à des espèces de prairies. Atouts écologiques : Ces friches herbacées possèdent une valeur écologique variable mais intéressante puisqu’on leur laisse le temps d’accomplir leur cycle végétatif complet, fournissant ainsi une ressource alimentaire aux autres espèces (nectar, graines…). Elles abritent bien souvent un grand nombre d’espèces animales et végétales. Ces friches peuvent constituer un habitat de substitution pour tout un cortège d’insectes (papillons, criquets, sauterelles…) et d’oiseaux. Enfin, à l’échelle du territoire de la Seine-Saint-Denis, leur rôle essentiel dans la dispersion de la flore (et de la faune associée) a été prouvé. Elles ont un rôle fondamental dans les corridors écologiques La gestion devra s’attacher à maintenir la qualité de ce milieu, c'est-à-dire à maintenir le milieu de friche par des actions de fauche bien ciblées en veillant à supprimer les espèces dites invasives. III. Les fourrés rudéraux Description de l’habitat : Ces fourrés colonisent les pelouses, prairies ou friches dont l’entretien n’est plus assuré. La vitesse de colonisation est très variable en fonction notamment de l’épaisseur du sol, de sa richesse et de son humidité. A première vue, les fourrés en place du collège se développent sur sols calcaires à neutres avec ponctuellement des zones plus fraîches et plus nitrophiles (orties). On y observe le développement de jeunes ligneux comme les sureaux noirs, noisetiers ou encore les érables. Atouts écologiques : La diversité du cortège floristique est relativement faible. En revanche, la structure de cet habitat est appréciée par de nombreux oiseaux, insectes et petits mammifères qui trouvent 6 dans ces fourrés une nourriture abondante et un excellent refuge. La conservation des quelques zones de fourrés sur des secteurs ouverts est idéale pour garantir une mosaïque de milieux garante d’une diversité biologique importante. La largeur d’un fourré, sa structure et la diversité des essences qui la composent sont les principaux facteurs de richesse de ce milieu : plus elle sera large et diversifiée en composition et en structure, plus ses capacités d’accueil pour la biodiversité seront importantes. Les enjeux de gestion consisteront donc à conserver quelques zones de fourrés en y sélectionnant les espèces les mieux adaptées (c’est à dire les espèces indigènes susceptibles de fournir des ressources pour la biodiversité), en y appliquant un rajeunissement régulier des ligneux (tailles, recépages) afin qu’ils n’endommagent pas le bâti. IV. Les formations arbustives horticoles : massifs, sujets isolés et haies Description de l’habitat : Les arbustes horticoles constituent des formations buissonnantes volontairement plantées pour structurer et valoriser les espaces verts du collège. Les formations arbustives sont globalement peu diversifiées mais contribuent cependant à la qualité des paysages du collège. Par ailleurs, ils marquent les saisons grâce à leurs floraisons. Atouts écologiques : Les arbustes horticoles constituent un habitat complémentaire aux fourrés rudéraux. Bien que généralement moins bénéfiques à un cortège d’espèces diversifiées, comparé aux fourrés rudéraux, ils restent importants par leurs côtés esthétiques. Ils peuvent servir de refuge et offrir des ressources alimentaires aux insectes (nectar, pollen, fruits). Les enjeux de gestion consisteront à effectuer des tailles régulières en respectant les cycles de floraison. Le maintien d’une couverture du sol permanente (paillage) permettra d’enrichir le sol, limiter la pousse d’adventices et de maintenir une humidité relative en période de sécheresse. V. Les boisements Description de l’habitat : Les boisements en présence sont principalement représentés par des érables, frênes et saules. Les arbres ont certainement été plantés mais ces essences qui apprécient les milieux assez frais semblent bien s’y développer. 7 Atouts écologiques : Les surfaces de boisement sont relativement faibles mais essentielles pour la faune inféodée à ce type milieu (ex : insectes xylophages, pics…). Par ailleurs, ils peuvent constituer un habitat complémentaire (ex : amphibiens). De plus les arbres de haut jet permettent la nidification de certains oiseaux. Il y a fort à parier que le sol soit donc légèrement frais, le sous-bois pourrait ainsi accueillir une grande diversité d’espèces floristiques (mésophiles à hygrophiles) tant que le milieu laisse filtrer la lumière et que la gestion du sous-bois n’est pas trop intensive. Les enjeux de gestion consistent principalement à maintenir un couvert arboré pas trop dense afin de permettre le développement d’une strate intermédiaire de sous-bois diversifiée (arbustes et flore herbacée). De même, la conservation d’une partie des bois morts en lisière (gros bois et branchage) est très favorable pour de nombreuses espèces. VI. Les milieux humides : la mare La mare, par la présence de l’eau, constitue un point d’intérêt fort du collège, qu’il soit pédagogique, paysager ou par la biodiversité spécifique qu’elle héberge. La mare est un milieu relativement peu représenté en Seine-Saint-Denis, c’est un habitat essentiel au développement d’une flore caractéristique des eaux stagnantes (Potamot nageant, Myriophylle en épi…) et de la flore associée des berges (Laîches, joncs, Rubaniers…). Même si cette mare est complètement artificielle, elle joue également un rôle essentiel pour la faune inféodée aux milieux humides (insectes, amphibiens…). Les milieux adjacents (boisements, friches) peuvent servir de refuge à la faune et sont essentiels pour le maintien d’une biodiversité optimale. Même au sein d’une petite mare, on peut trouver différents habitats, hébergeant des espèces spécifiques, qui se distinguent par les différentes hauteurs d’eau : des plantes flottantes, dans les zones les plus profondes, en passant par des groupements végétaux amphibies puis les plantes de berges. Cet habitat possède généralement une valeur écologique forte, les enjeux de gestion sont de veiller en priorité à limiter l’apport de matière organique par curage régulier et de réguler la végétation aquatique. Synthèse Le collège Pablo Picasso possède d’importantes surfaces d’espaces verts constituant un cadre de travail agréable pour les élèves ainsi que les équipes techniques et enseignantes. Certains espaces, comme la zone nature, sont gérés de manière extensive depuis plusieurs années, ce qui a permis le développement d’une mosaïque de milieux favorable à la biodiversité. D’autres espaces ont une gestion qui pourrait être encore plus favorable à la biodiversité en ville. Il s’agira donc de trouver un équilibre de gestion permettant d’assurer les fonctions pédagogiques et récréatives tout en essayant d’améliorer la fonctionnalité écologique des milieux. 8 Inventaire floristique De manière à compléter ce premier diagnostic par types de végétation, un inventaire floristique sera réalisé dans le courant des mois de mai /juin 2014. ---- en attente de l’inventaire ---- 9 Préconisations de gestion par milieu 10 I. Les gazons Même sur des gazons, il est possible de mieux prendre en compte la biodiversité sans compromettre les usages. Ainsi, il est préférable de ne pas systématiser les opérations d’entretien mais d’intervenir uniquement lorsque c’est nécessaire. Les leviers d’amélioration se situent principalement au niveau de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques et des méthodes de tonte. Produits phytopharmaceutiques Il est nécessaire de proscrire l’utilisation de produits phytopharmaceutiques (désherbants sélectifs, anti-mousse…) d’une part pour favoriser la diversité floristique et d’autre part pour éviter de détruire la faune du sol. Les désherbants sélectifs et anti-mousses n’ont d’ailleurs qu’une action très temporaire, ce sont avant tout les conditions du milieu qui détermineront les espèces qui se développeront. Supprimer l’apport d’engrais De même, il est souhaitable de limiter voire supprimer l’apport d’engrais afin de favoriser une flore mésotrophe plus diversifiée (Pâquerette, Achillée millefeuille, trèfle…). Méthode de tontes Différencier les tontes Les espaces gazonnés apparaissent comme des lieux à forte valeur d’usage récréatif, il est donc indispensable d’y appliquer une tonte régulière courte pour obtenir un gazon uniforme et facile d’entretien même s’ils ne présentent pas une grande valeur écologique. Ainsi, il serait souhaitable d’envisager un entretien avec des tontes tous les 15 à 20 jours (ou plus en fonction de la pousse) sur une hauteur de 8 cm maximum. Il est indispensable de déclencher la tonte dès que le gazon atteint une hauteur limite de 15 cm afin d’éviter de rendre cette opération beaucoup plus difficile aussi bien pour l’opérateur que pour le matériel : travail de mauvaise qualité, nécessité de tondre parfois une seconde fois, herbes couchées, dépôt d’herbes agglomérées, usure prématurée du matériel, bourrage de la tondeuse… Sur certains espaces gazonnés, il est possible d’appliquer une gestion plus extensive en remplaçant la tonte par une ou deux fauches annuelles (juillet et octobre ou uniquement octobre dans le cas d’une seule fauche). Les zones de « prairies » ainsi obtenues serviront de zones de refuge et de couloirs de déplacement pour la faune et la flore. L’objectif est d’obtenir une continuité de zones de prairies pour permettre la circulation optimale de la faune et de la flore. La gestion en prairie de fauche pourra s’appliquer sur les espaces sans usages particuliers ou plus difficiles à entretenir (ex : une bande de 50 cm à 1 m le long des barreaudages). 11 Développer le mulching La tonte en mulching est une technique qui consiste à couper le gazon en fines particules sans avoir besoin de ramasser. En général, ce sont soit des tondeuses adaptées, avec une lame et une forme de carter spéciale, soit un kit qui se rajoute à la lame pour broyer plus finement. Cette technique permet entre autre de limiter les manipulations (plus besoin de vider le panier), de gagner en rapidité, de réduire les déchets verts, de conserver une certaine humidité et de fertiliser le gazon. En revanche, malgré ses avantages, la tonte en mulching nécessite d’intervenir plus fréquemment et uniquement en période sèche. Dans tous les cas, il est impératif de ne pas couper plus d’un tiers de la hauteur du gazon. Ainsi les interventions de tontes devront être systématiquement réalisées dès que le gazon atteint 12 cm de hauteur pour le couper à 8 cm. Ainsi, le choix de réaliser une tonte avec ramassage ou une tonte en mulching devra dépendre de l’implication (surveillance du développement des pelouses) et de la souplesse d’intervention de l’agent en charge de l’entretien. De plus, la réversibilité d’une tondeuse avec un système mulching à un système avec ramassage étant très compliquée (démontage du kit mulching), il est préférable de s’assurer que l’opérateur est en mesure de respecter les délais d’intervention. II. Les friches herbacées L’objectif sur cette friche est de retrouver un habitat de type prairie de fauche par des actions de fauches régulières, pour cela il convient de respecter les 3 principes suivants : - effectuer une fauche tardive exportatrice - conserver une bande tondue ou fauchée le long des circulations - conserver une zone refuge La fauche Elle devra être réalisée une fois par an avec exportation des foins dans l’idéal au cours du mois d’octobre (au plus tôt fin août) à une hauteur de 10 cm. La fauche devra être réalisée avec une faucheuse (par cisaillement) ou à défaut à la débrousailleuse. Le girobroyage est à proscrire car les herbes broyées sont plus difficiles à ramasser et ce type de méthode détruit la faune du sol. La conservation d’une zone refuge de type herbacée est essentielle pour permettre aux insectes d’hiverner. Cette zone refuge herbacée doit être complémentaire des zones refuges arbustives étant donné qu’elles servent de zones d’hivernage à des espèces différentes. Cette zone refuge devra représenter au moins 10% de la surface totale de la friche et pourra être localisée à des endroits différents chaque année. En limite des cheminements, il est nécessaire d’adopter une gestion plus intensive afin d’éviter que les hautes herbes ne versent sur les allées et ne gênent la circulation. Ainsi, il est recommandé de tondre ou de faucher trois fois par an le long des allées sur une bande d’un mètre de large. Le choix de la tonte ou du fauchage dépend avant tout de l’aspect esthétique recherché. Par ailleurs, les chardons faisant l’objet d’un arrêté préfectoral de lutte obligatoire et de craintes de la part du voisinage, il serait souhaitable de les laisser fleurir (aspect ornemental, nectar…) puis de couper uniquement la fleur juste après la floraison afin d’éviter la montée 12 en graine qui aurait pour conséquences d’étendre les stations de chardons. Cette technique, si elle est réalisée en période pluvieuse permet parfois de faire pourrir les chardons par accumulation d’eau dans la tige creuse. Quel est l’intérêt d’exporter les résidus de fauche ? Globalement un sol riche en éléments nutritifs favorise le développement de quelques espèces végétales à croissance rapide dites « nitrophiles » (Ortie, Ray-grass, Chardon, Rumex…) ayant tendance à coloniser la totalité de l’espace et provoquant ainsi la banalisation paysagère et écologique du milieu. La fauche et l’exportation des produits de coupe permettent de diminuer la quantité d’éléments nutritifs présents dans le sol puisque les végétaux les consomment pour croître mais ne les restituent pas en se dégradant sur place à l’automne. Ce mode de gestion a donc deux principales conséquences : → il permet de limiter le développement végétal global, induisant à terme la diminution des fréquences d’intervention → répondant au principe « appauvrir le sol pour enrichir la biodiversité », il favorise des associations végétales diversifiées caractéristiques des prairies maigres (plantes à fleurs) plus intéressantes du point de vue écologique et paysager que des friches nitrophiles à orties ou qu’une prairie grasse et fertile. La fauche tardive exportatrice, réalisée après la floraison, a pour objectif principal de permettre aux plantes à fleur et à la faune inféodée aux milieux ouverts d’effectuer l’intégralité de leur cycle biologique et donc d’assurer leur pérennité. Gestion des espèces invasives Si l’inventaire fait apparaître la présence d’espèces invasives, il sera nécessaire de dissocier la gestion de ces espèces avec l’entretien courant de la strate herbacée afin d’éviter d’étendre les stations. Par exemple, sur les sites envahis par les Renouées, six à huit fauches avec exportation (ou broyage) par an pendant la période végétative (avril à juillet) et répétées durant plusieurs années permettent d’épuiser le système racinaire et de faire disparaître ces stations. Les résidus de fauche doivent être séparés des autres résidus organiques (pas de compostage), ils devront être intégrés aux déchets ménagers. Sur la base de l’inventaire floristique, des recommandations spécifiques seront faites en fonction des espèces invasives en présence. III. Les fourrés rudéraux La conservation de quelques zones de fourrés en développement libre, en complément des arbustes horticoles, est une bonne initiative. Les fourrés assurent une fonction de zone refuge notamment pour l’avifaune, l’entomofaune et les petits mammifères. De plus, ils assurent une transition paysagère douce entre milieux boisés et herbacés. En revanche, ils nécessitent une gestion régulière pour être attractifs pour la faune et éviter d’empiéter sur les circulations ou de dégrader le bâti (notamment les fondations avec leur système racinaire). 13 Diversifier les structures En ce qui concerne les fourrés laissés en développement spontané, il conviendra de ne pas les laisser trop se développer grâce à des rajeunissements réguliers (risque de dégradation du bâti). Ainsi, pour rajeunir ou diversifier la structure d’un fourré, on pourra procéder au recépage sélectif et ponctuel d’un ou plusieurs individus. Le recépage est une étape primordiale afin d’obtenir une haie dense à sa base. Il peut permettre également de sélectionner certaines tiges qui peuvent être conduites en haut jet (balivage). Ce recépage visera en priorité les essences à forte croissance et repoussant facilement (rejetant des souches) comme le sureau ou l’aubépine. Ce type de gestion sur la strate arbustive buissonnante joue un rôle important pour l’avifaune, car certains oiseaux vont rechercher pour nicher plutôt des buissons épars, d’autres des fourrés denses, d’autres encore des jeunes arbres plus hauts. Les arbustes à baies (aubépines, prunelliers, sureaux) ou les ronciers constituent aussi des réservoirs de nourriture importants pour les frugivores. En outre, la présence simultanée d’individus jeunes et plus âgés permet d’assurer la pérennité du fourré en anticipant son renouvellement. Favoriser les lisières en bordure de fourré Par ailleurs, le maintien d’une lisière en bordure de fourré ou de haie est un critère essentiel pour l’obtention d’un refuge naturel. Cela doit se traduire dans la mesure du possible par le maintien d’une bande herbacée entretenue par une fauche tardive exportatrice annuelle sur 1 mètre de large lorsque c’est possible. La taille L’entretien courant des fourrés (y compris haies et arbustes isolés) consiste en la taille régulière des faces latérales et éventuellement supérieures à intervalle de temps régulier, soit au moins une fois par an. La taille se fera en fonction de la nature du végétal, de la saison, de l’aspect esthétique souhaité et pourra répondre à un objectif de fructification (ex : pour les arbustes à baies (aubépine, troène…), privilégier la taille des faces latérales au printemps afin de laisser l’arbuste fleurir et fructifier sur sa face supérieure. Une seconde taille automnale de l’arbuste sur toutes ses faces permettra de contenir son développement). Actions à mener sur les fourrés libres - 14 Effectuer des recépages sélectifs des plants à 10 cm du sol tous les 3 ans en automne Années suivant le recépage : raccourcir de 1/3 à 2/3 les tiges florales Supprimer les espèces envahissantes ou invasives (supprimer la clématite) Conserver dans la mesure du possible une bande herbacée en lisière de fourré IV. Les formations arbustives horticoles : massifs, sujets isolés et haies Généralement conçues dans un objectif esthétique, les formations arbustives horticoles nécessitent des interventions de gestion plus fréquentes, c’est la raison pour laquelle il est préférable de les différencier des fourrés rudéraux. L’entretien consiste principalement en des tailles régulières et au maintien d’un taux « raisonnable » d’adventices au sol. Favoriser une couverture permanente du sol Un sol nu favorise la poussée des adventices et entraîne progressivement un appauvrissement du sol, se répercutant sur la santé des arbustes. Ainsi, le paillage organique peut être utilisé afin d’atténuer ce phénomène. Il empêche la pousse des plantes spontanées en créant une barrière physique au soleil empêchant la lumière d'atteindre les mauvaises herbes. Celui-ci a également d'autres fonctions, comme celle de limiter I'évapotranspiration et ainsi de diminuer les arrosages, d'éviter le tassement du sol par la pluie, notamment pour les sols argileux, de servir de refuge pour certains insectes auxiliaires, de maintenir des conditions favorables (humidité et température plus constantes) pour que les microorganismes rendent assimilables les matières organiques pour les plantes (minéralisation), d'enrichir le sol lors de sa décomposition,... Le paillage peut être acheté dans le commerce (paillettes de lin, de chanvre, écorces de fèves de cacao…) mais il est préférable de valoriser, dans la mesure du possible, les matériaux se trouvant sur place, tels que les déchets de taille ou d’élagage broyés. Les copeaux de bois sont les plus durables (2 à 4 ans), pour être efficaces ils doivent être mis en place sur une épaisseur de 8 à 10 cm. Diversifier les essences et les structures D’un point de vue esthétique et fonctionnel il est important de favoriser des structures arbustives hétérogènes notamment pour la biodiversité. Ce type de structure améliore la perception de l’espace et présente une diversité de micro-habitats, de gradients de température et d’humidité favorables à une diversification de la faune. Ainsi, il serait intéressant d’intégrer dans les massifs horticoles, quelques plantes vivaces plus basses (Géranium, euphorbe, fougères…) ou des couvre-sol (lierre) dans les interstices entre les arbustes. La qualité paysagère d’un massif peut influencer favorablement son respect par les élèves. 15 Diversifier les types d’entretien en fonction des formes arbustives Les massifs - - - - V. Les haies taillées Les arbustes isolés Les massifs Tailler pour maintenir la forme voulue 2 fois par an : une taille légère en fin de floraison (sécateur) et une taille plus drastique en automne Pailler régulièrement le sol sur une épaisseur de 10 cm Combler, si besoin, les espaces vides avec des plantes vivaces basses ou couvre-sol Les haies taillées Tailler sur les 3 faces au carré 2 fois/an ou sur les 2 faces latérales au printemps puis sur les 3 faces en fin d’été (Août/septembre) Tailler toujours 10 cm au dessus de la taille de l’année précédente jusqu’à obtention de la hauteur voulue, puis tailler les pousses de l’année. Supprimer les espèces envahissantes ou invasives (supprimer la clématite) Conserver dans la mesure du possible une bande herbacée en lisière de fourré Les arbustes isolés Tailler en conservant la forme voulue 1 à 2 fois/an ou recéper à 10 cm du sol les arbustes trop volumineux puis les maintenir avec des tailles douces sur des formes plus naturelles Remplacer progressivement les espèces horticoles (ex : laurier) par des espèces locales à petits fruits pour les oiseaux (aubépines, églantiers, prunelliers, troènes, …) Les boisements L’entretien des zones boisées se justifie par d’évidentes raisons de sécurité. Il s’agit d’assurer l’épanouissement des sujets en évitant la casse sur les habitations, l’accrochage des fils téléphoniques et les accidents humains. L’objectif principal consiste donc à sauvegarder l’arbre au maximum tout en tenant compte de ces contraintes. L’entretien des arbres est réalisé par les services de la DNPB et repose sur un diagnostic sanitaire approfondi sur les sujets à risque. Néanmoins, il est possible d’améliorer la fonctionnalité écologique des boisements tout en assurant la sécurité. 16 Favoriser les lisières de sous bois (ou développement des sous-bois) La gestion du sous-bois devra être la moins interventionniste possible. Ainsi il n’est pas souhaitable de faucher régulièrement mais au contraire de laisser se développer spontanément une strate arbustive intermédiaire de sous-bois. Le lierre constitue également un élément du sous-bois à conserver, y compris sur le tronc des arbres. Le lierre n’est pas néfaste pour l’arbre (tant qu’il est en bonne santé), au contraire il protège le tronc des agressions extérieures et sert de refuge à bon nombre d’animaux. En outre, le lierre constitue un abri et une ressource alimentaire importante pour les abeilles et les oiseaux. Favoriser les zones de refuge pour la biodiversité Le maintien d’arbres morts sur pied et tombés au sol est un élément favorable à la biodiversité. Il permet le développement de champignons et d’insectes saproxylophages indispensables au fonctionnement de l’écosystème forestier. Le maintien des arbres morts sur pied ne pourra se faire que sur les arbres se trouvant hors des zones de fréquentation. Pour plus de sécurité ils pourront être étêtés (formation d’une chandelle). La chandelle pourra être conservée sur 3 à 5 mètres de hauteur en fonction de sa localisation et des dommages qu’il pourrait occasionner lors d’une chute. Les cavités des arbres sur pied offrent des gîtes pour diverses espèces cavernicoles (oiseaux et chauves souris), tandis que les souches et tas de branches peuvent accueillir la petite faune terrestre (hérissons, batraciens…). On pourra compléter cette démarche ou compenser l’absence de vieux arbres creux par l’installation de nichoirs et refuges pour mammifères et insectes. VI. Les milieux humides (mare) La mare est un milieu à forte dynamique. Cette dynamique est fortement corrélée à la richesse des eaux et à l’exposition à la lumière. La richesse des eaux dépend des apports en matière organique se transformant progressivement en vases qui s’accumulent au cours des années (feuilles des arbres, bois morts, végétaux aquatiques). L’absence d’entretien conduit donc à leur comblement et à la formation d’une friche herbacée, puis d’un boisement humide qualifié de processus d’atterrissement. L’objectif de gestion devra donc s’attacher à trouver le meilleur équilibre entre la zone d’eaux libres, la zone occupée par la végétation aquatique et la quantité de vases à conserver. La mare du collège se trouve dans une situation idéale. Au sein de la zone nature, elle est connectée à des milieux complémentaires (friches, fourrés, boisements), pouvant servir de zone de refuge à la faune aquatique. Les arbres à proximité procurent une ombre partielle bénéfique au plan d’eau, évitant ainsi l’apparition de déséquilibres (réchauffement trop important de l’eau néfaste à la faune aquatique et parfois développement important d’une seule espèce comme la lentille d’eau). En revanche, la présence d’arbres à l’aplomb de la mare apporte une quantité trop importante de feuilles dans un espace d’eau aussi restreint. La décomposition de ces feuilles entraîne la consommation de l’oxygène, déjà en faible concentration dans une eau stagnante, il convient donc de la curer régulièrement. 17 Curage L’objectif du curage des vases et des feuilles est d’augmenter le volume d’eau de la mare améliorant ainsi sa capacité d’accueil pour la faune et la flore aquatique et amphibie. Cependant cette opération est souvent néfaste à la flore et à la faune de la mare. En effet, la vase abrite un grand nombre d’espèces animales (mollusques, insectes, organismes planctoniques) et une quantité de graines souvent importante. Ainsi, afin de ne pas trop porter atteinte à la biodiversité de votre mare, il est indispensable de curer les vases sur un tiers de la surface de la mare dès que la hauteur de vase dépasse 10 cm (sonder avec un bâton arrondi à son extrémité et curer un tiers chaque année pendant 3 ans). Les feuilles flottantes non décomposées en surface devront également être extraites de l’intégralité de la surface de la mare. Il est indispensable de conserver au moins une journée les vases et feuilles enlevées à proximité immédiate de la mare afin de laisser le temps aux organismes aquatiques de rejoindre la mare. La période d’intervention la plus appropriée est comprise entre début septembre et fin octobre étant donné que la plupart des espèces ont accompli leur cycle complet. Le curage se fera avec des outils non métalliques et non abrasifs (privilégier les outils en plastique à extrémités arrondies) pour éviter d‘abîmer la bâche imperméable installée en fond de mare. La mise en place d’un filet à l’automne pour limiter l’apport de feuilles peut également être envisagée. Un curage régulier de la mare s’avère indispensable Gestion de la végétation aquatique La « végétalisation » d’une mare peut répondre à plusieurs objectifs qu’ils soient ornementaux, pédagogiques ou épurateurs. De plus, la végétation aquatique joue un rôle écologique important : le choix de plantes appartenant à la flore sauvage francilienne permet la création de «niches écologiques» correspondant aux exigences d’une faune diversifiée et participant à l’équilibre écologique de la mare, tout en participant à valoriser l’aspect ornemental de la mare. En outre, les plantes aquatiques offrent des habitats variés et sont supports de reproduction pour de nombreuses espèces (certains amphibiens et libellules). Il est donc indispensable de conserver constamment une partie de plantes aquatiques indigènes pour la biodiversité de la mare. Par ailleurs, certaines espèces ont également 18 besoin de zones d’eaux libres, il conviendra donc de conserver une surface non végétalisée représentant entre 1/2 et 2/3 de la surface totale de la mare. Une ou deux interventions légères sont à envisager chaque année. La plus importante consiste à couper toutes les parties mortes des plantes avant qu’elles ne s’accumulent dans l’eau. Cela limite l’envasement de la mare, les risques d’asphyxie et la libération de substances nutritives (eutrophisation) favorisant le développement des algues. L’autre intervention est à mener au mois de septembre/octobre pour arracher les plantes envahissantes, diviser certaines touffes, regarnir tel ou tel endroit ou encore échanger avec d’autres collèges des plantes ayant pris trop d’importance dans leur site. La plantation de nouvelles espèces devra toujours respecter les critères d’indigénats selon les prescriptions figurant dans la fiche technique « création et entretien d’une mare pédagogique dans un collège ». La plantation en panier semble être une bonne solution afin de mieux contrôler leur développement. 19 Gestion des milieux annexes Bande de « prairies fleuries » La constitution de plusieurs linéaires de « prairies fleuries » permet d’apporter un atout paysager au collège. Par ailleurs, les fleurs offrent une ressource alimentaire (nectar, pollen) intéressante pour les abeilles du rucher nouvellement installé (depuis décembre 2013). Toutefois, ces mélanges fleuris horticoles ou exotiques peuvent être source de pollution génétique (croisement avec la flore sauvage et perte de spécificité de celle-ci) et produisent moins de nectar que les fleurs sauvages vu qu’elles ont bien souvent été sélectionnées pour leurs qualités ornementales. Il serait bénéfique, pour offrir un potentiel alimentaire plus important aux insectes, de privilégier un mélange de plantes sauvages indigènes et communes en Seine-Saint-Denis. Les fleurs locales sont tout aussi intéressantes d’un point de vu ornemental et plus pérennes. Le mélange doit être composé principalement de vivaces et bisannuelles ainsi que de quelques plantes annuelles (pour une floraison dès la première année). Par exemple, un mélange type pourrait être le suivant : Lotus corniculatus, Achillea millefolium, Daucus carota, Hypericum perforatum, Knautia arvensis, Leucanthemum vulgare, Centaurea thuillieri, Malva moschata, Origanum vulgare, Prunella vulgaris, Geranium pyreneicum, Silene latifolia alba, Papaver rhoeas, Cichorium intybus Ce type de mélange est disponible chez des semenciers spécialisés, les services de la DNPB pourront répondre, le cas échéant, à cette demande. Le potager Le potager au même titre que la mare est un espace pédagogique central du collège. Afin de maintenir les qualités agronomiques du sol et stimuler son activité biologique, il doit être régulièrement amendé et protégé en hiver. En période hivernale, il est particulièrement important de ne pas laisser le sol nu. Ainsi, il est nécessaire de vider la plus grande partie des composteurs dès le mois de septembre sur l’espace potager et d’y semer directement un engrais vert (phacélie, moutarde…) 20 CONCLUSION Ce plan d’intervention a pour objectif de fournir quelques clés pour gérer les espaces verts de manière plus écologique. Il fixe un cadre des actions à partager et à diffuser à tous les intervenants (Agent ATTE, équipe mobile, professeurs, élèves, DNPB). Il pourra être complété par un planning d’intervention prévisionnel qui pourra être co-élaboré avec les équipes du collège. Ce plan de gestion ne devrait pas générer significativement de coûts et des temps d’intervention supplémentaires. En revanche, la mise en place de ces pratiques demandera une attention particulière de tous et nécessitera certainement quelques adaptations en fonction de la météorologie. 21