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pulmonaires diagnostiquées et suivies sur plus de 10 ans,
l’auteur ne rapporte de façon surprenante aucune surve-
nue de nouveau cas d’HTAP en l’absence de récidives
emboliques. Dans ce même travail, cet auteur décrit 4
facteurs prédictifs significatifs de survenue d’une HTAP :
la notion d’embolie pulmonaire préexistante mais mécon-
nue, l’importance du défect initial de perfusion du paren-
chyme pulmonaire, le jeune âge au moment de la surve-
nue de l’épisode embolique, ainsi que le caractère
idiopathique de la maladie thromboembolique.
Il est intéressant de noter que sur ce suivi prolongé sur
10 ans pouvaient survenir dans 14 % des cas des récidives
thromboemboliques, le plus souvent dans les suites immé-
diates de l’interruption du traitement anticoagulant, mais
sans influence ultérieure sur l’apparition d’HTAP. L’HTAP
semblait indépendamment liée à ces épisodes récurrents,
argument épidémiologique supplémentaire renforçant ce
concept d’artériolite autonome.
Définition échocardiographique
Il n’existe pas à l’heure actuelle de définition consen-
suelle sur le CPC échographique. Si l’on se réfère aux
études portant sur l’évaluation sémiologique dans l’embo-
lie pulmonaire aiguë, on constate que 40 % des patients
sans modification hémodynamique systémique sont por-
teurs d’anomalies échocardiographiques [2].
Dans une revue de littérature publiée par Goldhaber et
al. [4] en 2002, le signe essentiel est la dilatation du
ventricule droit en télédiastole à plus de 30 mm évaluée
en incidence parasternale gauche en mode TM. Il y asso-
cie une accentuation du rapport des diamètres ventricu-
laire droit et ventriculaire gauche à plus de 0,9, estimée en
incidence 4 cavités bidimensionnelle, ainsi qu’une éléva-
tion de la vélocité maximale de la fuite tricuspide à plus de
2,6 m/s.
Le signe de Mc Connell est également retenu parmi les
éléments principaux de ce tableau échographique [5].
Il s’agit d’une hypokinésie sévère de la paroi libre du
ventricule droit contrastant avec une contraction normale
de l’apex ventriculaire droit.
Ces 4 signes sont cependant sujets à critique. L’évalua-
tion du diamètre ventriculaire droit à plus de 30 mm est la
première conséquence de l’état de surcharge mixte résul-
tant de l’obstruction du lit vasculaire pulmonaire. Cette
valeur n’est cependant pas très éloignée de la limite supé-
rieure de la valeur normale de 26 mm retenue dans de
nombreux laboratoires d’échographie, ce qui peut faire
craindre un manque de spécificité pour le diagnostic.
L’estimation bidimensionnelle des diamètres ventriculai-
res en incidence 4 cavités souffre d’un manque de repro-
ductibilité, qui peut être limité par une mesure couplée du
rapport des diamètres ventriculaires en coupe paraster-
nale TM, en positionnant toujours le curseur sur le même
repère anatomique que sont les cordages mitraux à
l’aplomb des feuillets. La bonne valeur diagnostique du
signe de Mc Connell n’est pas partagée par tous les
auteurs. Nombreux sont ceux qui critiquent sa subjecti-
vité. De plus, il n’y a pas en soi d’explication physiopa-
thologique rationnelle à ce gradient de contractilité régio-
nale entre paroi libre et apex, sauf en présence de troubles
de conduction ventriculaire droite marqués. Son intérêt en
clinique a été évalué et sa valeur prédictive positive appa-
raît trop faible, d’environ 67 %, pour une valeur prédictive
négative de 36 % [6]. Enfin, pour le paramètre Doppler, le
seuil de 2,6 m/s pour la vélocité de la fuite tricuspide est
une valeur qui peut être reconnue comme normale pour
les patients âgés où il est toléré jusqu’à un niveau de
2,8 m/s [7, 8].
Outre ces différentes critiques qui ne sont donc pas
consensuelles, aucune allusion n’est faite dans cette défi-
nition au mouvement paradoxal du septum résultant de la
surcharge barométrique ventriculaire droite, de même
qu’aucun commentaire concernant l’hypertrophie parié-
tale, d’autant plus présente que la pathologie est an-
cienne, ainsi que sur la fonction ventriculaire droite, qui
participe de façon variable au pronostic. Les flux pulsés de
la chambre de chasse ventriculaire droite, dont la valeur
du temps d’accélération jusqu’à son pic < 100 ms traduit
une HTAP. Le remplissage ventriculaire gauche, les mesu-
res des surfaces ou des diamètres de la cavité auriculaire
droite et veine cave inférieure ainsi que ses variations
respiratoires qui permettent d’affiner l’estimation des pres-
sions auriculaires droites ne sont même pas évoqués.
Comparaison échographique du cœur
pulmonaire postembolique aigu
et chronique
Cette question apparaît primordiale lorsque le prati-
cien est face à son patient pour la première fois en situa-
tion symptomatique fonctionnelle inaugurale, bien que la
pathologie soit anciennement méconnue, ce qui est sou-
vent le cas. Il est nécessaire, en situation d’HTAP postem-
bolique, de différencier ces 2 situations car leur prise en
charge thérapeutique est radicalement différente. C’est
avant tout un faisceau d’arguments qui permettra d’appor-
ter des éléments de réponse. Le meilleur paramètre discri-
minant reste le niveau de pression pulmonaire puisque
l’on sait, dans la situation de maladie thromboembolique
aiguë, que le niveau d’élévation des pressions est lié,
certes de façon exponentielle, aux défauts de perfusion, ce
qui n’est pas le cas dans une situation chronique ou
récidivante où cette relation est disproportionnée. Ainsi,
une élévation de la vélocité maximale de la fuite tricus-
pide à plus de 3,5 m/s, témoignant d’un niveau de pres-
sion ventriculaire droit systolique à plus de 60 mmHg, est
très certainement l’élément le plus fiable pour retenir
mt cardio, vol. 3, n° 6, novembre-décembre 2007 461
Revue
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