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particulier, une multitude de questions se posent souvent à
lui. Ces questions sont souvent mal structurées et comple-
xes. La pratique de la médecine fondée sur des preuves
devrait commencer par une question clinique bien formu-
lée, claire, de sorte à permettre une bonne recherche de la
littérature [8]. Sackett et al. ont suggéré qu’une bonne
question clinique doit se composer de quatre items : 1) le
patient ou le problème en question ; 2) l’intervention, le
test ou l’exposition à un médicament ; 3) la comparaison
de deux interventions ; 4) un ou plusieurs critères de
jugements (« outcome ») [1].
Pour illustrer ce point, imaginons une patiente de
22 ans présentant une hémorragie majeure du post-
partum. Malgré un soutien transfusionnel et une révision
chirurgicale de la cavité utérine, l’hémorragie demeure
incoercible. Vous posez la question de l’utilisation de
facteur VII activé (Novoseven
®
) pour améliorer le pronos-
tic et diminuer les séquelles à long terme. Les items-clés de
votre question seraient :
–Patient ou problème : jeune femme de 22 ans dans le
post-partum.
–Intervention : administration de Novoseven
®
.
–Comparaison : pas de Novoseven
®
.
–Critères de jugement : séquelles, décès.
La question devrait être formulée de cette manière :
chez une femme de 22 ans avec hémorragie du post-
partum, est-ce que l’administration de Novoseven
®
com-
parée à l’absence de traitement par Novoseven
®
diminue
le risque de séquelles ou de décès ?
Point 2 : la recherche de la meilleure
« évidence » possible
Une fois que la question est formulée, il faut trouver la
meilleure « évidence » possible. Plusieurs sources d’infor-
mations peuvent être utiles : journaux, livres, avis de
collègues, experts. Une importante source d’articles origi-
naux est représentée par les bases de données disponibles
sur Internet, telles que Medline, Embase ou les revues de la
Cochrane Library. Ces données sont facilement accessi-
bles et fournissent un nombre important de données dans
un laps de temps relativement court. L’habileté à recher-
cher ces données est un aspect important de la médecine
fondée sur les preuves et la capacité à retrouver le maxi-
mum de références relevantes en un minimum de temps
devrait être enseignée aux collaborateurs intéressés [9].
Point 3 : l’évaluation critique
de l’« évidence » trouvée
Après avoir retrouvé des articles relevants concernant
un problème donné, l’étape suivante est d’évaluer la vali-
dité et l’utilité clinique de ces articles [4, 10]. En effet si le
nombre d’articles est souvent important, la qualité de ces
articles est variable. Il existe plusieurs outils pour l’évalua-
tion des articles de recherche. Par exemple, le programme
développé par l’université d’Oxford, inclut des outils pour
analyser les études randomisées contrôlées, les revues
systématiques, les études cas-témoins et les études de
cohorte. Ces outils sont simples, faciles à utiliser et gratui-
tement accessibles sur Internet [11].
En fonction du champ concerné : clinique, diagnostic,
épidémiologie, étiologie, thérapeutique, pronostique, pré-
vention, le niveau de preuves apportés par les différents
types d’étude n’est pas le même. En thérapeutique par
exemple, une méta-analyse d’essais cliniques contrôlés
randomisés en double aveugle apporte un niveau de
preuve plus élevé qu’un seul essai clinique même bien
fait, lui-même apportant des informations plus valides
qu’un essai en ouvert, une étude de cohorte ou encore
qu’une série de cas, un avis d’expert, ou une observation
clinique ponctuelle. Les études pronostiques fiables sont
plutôt des études de cohorte, alors que l’étude de l’impact
d’une stratégie de prévention pourra faire appel par exem-
ple à des études de type « avant-après » ou « ici-ailleurs »,
etc. Une fois de plus, une pratique régulière de cet exer-
cice de lecture critique, et de nombreux outils accessibles
aux non-experts en méthodologie de la recherche clinique
(citons par exemple l’ouvrage de Trisha Greenhalgh [12])
aideront grandement le lecteur à apprécier la validité des
articles rapportant de telles études.
Point 4 : la possibilité d’appliquer
les résultats de cette « évidence »
à la pratique clinique
Lorsqu’une donnée nous paraît valide et importante, il
faut ensuite décider si cette « évidence » peut être utilisée
dans notre pratique clinique, pour un patient ou un groupe
de patient. Ceci rejoint les notions de validité interne et
externe que nous avons évoquées plus haut. Lors de cette
décision, il faut intégrer les données récoltées avec la
situation particulière du patient et ses préférences [13]. Les
possibilités thérapeutiques et ce que l’on peut en attendre
doivent être discutées avec le patient, ce qui devrait
permettre d’obtenir une bonne alliance thérapeutique et
devrait lui permettre d’aboutir à un consentement éclairé.
La décision d’appliquer les données retrouvées dans la
littérature devra également tenir compte des coûts et de la
disponibilité de tel ou tel traitement.
Point 5 : l’évaluation des résultats
ou des effets de cette application
à la clinique
La médecine fondée sur des preuves devrait être inté-
grée dans la pratique clinique de routine, et nécessite
donc d’évaluer à intervalles réguliers l’efficacité de cette
stratégie et la nécessité d’améliorer une des quatre étapes
décrites ci-dessus. En particulier, il est capital d’évaluer si
l’utilisation de la médecine fondée sur des preuves
conduit à une prise en charge rationnelle et acceptable de
nos patients [13].
Méthodologie
mt, vol. 11, n° 6, novembre-décembre 2005
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