Mathématiques spéciales Corrigé de la feuille d’exercices no4 1. Topologie et normes Exercice 1. Soit a ≥ 0. Pour P ∈ R[X], on définit ∫ 1 Na (P ) = |P (a)| + |P ′ (t)|dt. 0 1. Démontrer que Na est une norme sur R[X]. 2. Soit a, b ≥ 0 avec a < b et b > 1. Démontrer que Na et Nb ne sont pas équivalentes. 3. Démontrer que si (a, b) ∈ [0, 1]2 , alors Na et Nb sont équivalentes. Correction. ∫1 1. Le point ”délicat” est la séparation : si Na (P ) = 0, alors |P (a)| = 0 et 0 |P ′ (t)|dt = 0. Or, comme |P ′ | est une fonction continue, positive et d’intégrale nulle sur [0, 1], alors P ′ (x) = 0 pour tout x ∈ [0, 1]. Alors P ′ est un polynôme qui possède une infinité de racine ; par suite P ′ = 0 et donc P est un polynôme constant. Or P (a) = 0, donc P est le polynôme nul. 2. On suppose que Na et Nb sont équivalentes. Alors, il existe deux constantes C1 > 0 et C2 > 0 tels que, pour tout P ∈ R[X], on a : C1 Na (P ) ≤ Nb (P ) ≤ C2 Na (P ). Pour n ≥ 0, soit P (X) = X n . On a ∫ n Na (P ) = a + n 1 tn−1 dt = an + 1 et Nb (P ) = bn + 1. 0 On en déduit alors que, pour tout n ≥ 0, bn + 1 ≤ C2 (an + 1) ⇔ 1 + ( a )n C 1 2 ≤ C2 + n. n b b b Or, le membre de droite tend vers 1 et le membre de gauche vers 0. On obtient en passant à la limite 1 ≤ 0, ce qui est absurde. L’hypothèse de départ est donc fausse, et Na et Nb ne sont pas équivalentes. 3. Supposons par exemple a ≤ b. Alors ∫ b P (b) − P (a) = P ′ (t)dt ≤ a Ainsi, ∫ 1 |P ′ (t)|dt. 0 ∫ |P (b)| ≤ |P (a)| + 0 1 1 |P ′ (t)|dt ≤ Na (P ). Il vient ∫ 1 Nb (P ) ≤ Na (P ) + |P ′ (t)|dt ≤ 2Na (P ). 0 On a de la même façon ∫ 1 |P (a)| ≤ |P (b)| + |P ′ (t)|dt ≤ Nb (P ) 0 et donc Na (P ) ≤ 2Nb (P ). Les deux normes sont bien équivalentes. 2. Continuité Exercice 2. Soit E un espace vectoriel normé sur Kn A ⊂ E et f : A → K une fonction continue. Montrer 1 si f ne s’annule pas sur A, alors est une fonction continue. f Exercice 3. Soit E = C([0, 1], K) et on considère les normes ∥ · ∥1 de la convergence en moyenne et ∥ · ∥∞ de la convergence uniforme sur E. Déterminer si les fonctions suivantes sont continues sur E pour ∥ · ∥1 , puis pour ∥ · ∥∞ : 1. φ : f 7→ f (1) ; ∫ 1 2. ψ : f 7→ f (t)dt. 0 Correction. 1. Pour φ : f 7→ f (1), se reporter au cours 2. Pour f ∈ E, on a ∫ ∫ 1 |ψ(f )| = | 1 f (t)dt| ≤ 0 |f (t)|dt = ∥f ∥1 ≤ ∥f ∥_∞, 0 Donc ψ est continue sur E pour ∥ · ∥1 et ∥ · ∥∞ . Exercice 4. Démontrer la { nature topologique des ensembles } suivants : — F = (x, y) ∈ R2 | x2 < exp(sin y) − 12 2 — G = {(x, y) ∈ R2 | − 1 ≤ ln(x2 + 1) ≤ 1} { } — H = (x, y) ∈ R2 | x2 + y 2 > x3 + y 3 Correction. Posons f (x, y) = x2 − exp(sin y) + 12. Alors f est continue sur R2 , et F = f −1 (] − ∞, 0[). Comme ] − ∞, 0[ est ouvert, F est ouvert comme image réciproque d’un ouvert par une application continue. De même, posons g(x, y) = ln(x2 + 1). Alors g est continue et G = g −1 ([−1, 1]) est fermé comme image réciproque du fermé ] − 1, 1[ par g. On emploie la même méthode pour H. Exercice 5. Soit E un espace vectoriel préhilbertien sur K, (·|·) son produit scalaire et ∥ · ∥ la norme associée au produit scalaire. Montrer que : 1. (·|·) : E × E → K est continue. (On considère la norme produit sur E 2 ) . 2. L’ensemble {(x, y) ∈ E 2 | (x, y) est une famille libre} est un ouvert de E 2 . 3. Montrer que pour tout A ⊂ E, alors A⊥ est un fermé de E. Correction. (√ 1. Soit (u, v) ∈ E et ε > 0. Ob pose δ = max 2 E 2 tel que ∥(x, y) − (u, v)∥∞ ≤ δ, on a : |(x|y) − (u|v)| ) ε ε , . Alors, pour tout (x, y) ∈ 2 2(∥u∥ + ∥v∥) ≤ |(x − u|y − v) + (u|y − v) + (x − u|v)| ≤ |(x − u|y − v)| + |(u|y − v)| + |(x − u|v)| ≤ ∥x − u∥.∥y − v∥ + ∥u∥.∥y − v∥ + ∥x − u∥.∥v∥ d’après Cauchy-Schwarz ≤ δ 2 + δ(∥u∥ + ∥v∥) ≤ ε Donc (·|·) est continue. 2. Pour x, y ∈ E, on a égalité dans l’inégalité de Cauchy-Schwarz si, et seulement si, x, y sont colinéaires. Par suite, (x, y) est une famille libre ⇔ |(x|y)| < ∥x∥.∥y∥. L’application f : (x, y) 7→ ∥x∥.∥y∥ − |(x|y)| est continue de E 2 dans K donc {(x, y) ∈ E 2 | (x, y) est une famille libre} = f −1 (]0, +∞[) est un ouvert de E 2 . 3. Soit A inclus dans E. Alors A⊥ = {x ∈ E | ∀a ∈ A, (x|a) = 0} = ∩ {x ∈ E | (x|a) = 0}. a∈A 3 Pour a ∈ A, l’application fa : x 7→ (x|a) est continue sur E, donc fa−1 ({0}) est un fermé de E. Or une intersection quelconque de fermé est un fermé, donc A⊥ est un fermé de E. Exercice 6. Soit E un espace vectoriel normé, et h : E → E une application continue admettant une limite ℓ en 0 et vérifiant h(x) = h(x/2) pour tout x ∈ E. Démontrer que h est constante. Correction. Soit x ∈ E et considérons la suite (xn ) définie pour n ≥ 0 par xn = x/2n . Alors on a h(xn ) = h(xn /2) = h(xn+1 ) pour tout entier n. En particulier, on en déduit que la suite (h(xn )) est constante, égale à h(x0 ). De plus, (xn ) converge vers 0, et comme h admet pour limite ℓ en 0, h(xn ) converge vers ℓ. Par unicité de la limite, on a h(x) = h(x0 ) = ℓ ce qui prouve bien que h est constante. Exercice 7. Soient A et B deux fermés d’un espace vectoriel normé (E, ∥ · ∥). 1. Démontrer que A ∩ B = ∅ ⇐⇒ ∀x ∈ E, d(x, A) + d(x, B) > 0. 2. On suppose que A et B sont disjoints. Démontrer qu’il existe f : E → E continue telle que f|A = 0 et f|B = 1. 3. En déduire qu’il existe deux ouverts U et V de E tels que A ⊂ U , B ⊂ V et U ∩ V ̸= ∅. Correction. 1. Supposons d’abord que A ∩ B = ∅ et considérons x ∈ E. Alors ou bien x ∈ / A, ou bien x∈ / B. Si x ∈ / A, comme A est fermé, on a d(x, A) > 0 et si x ∈ / B, alors d(x, B) > 0. Dans tous les cas, on a d(x, A) + d(x, B) > 0. Réciproquement, si A ∩ B ̸= ∅, alors considérons x ∈ A ∩ B. On a d(x, A) = d(x, B) = d(x, A) + d(x, B) = 0. d(x,A) 2. Posons f (x) = d(x,A)+d(x,B) . Alors f est une fonction continue comme quotient de deux fonctions continues dont le dénominateur ne s’annule pas. Il est de plus clair que f (x) = 1 si x ∈ B et que f (x) = 0 si x ∈ A. 3. Posons I =] − ∞, 1/3[ et J =]2/3, +∞[, puis U = f −1 (I) et V = f −1 (J). Alors I ∩ J = ∅ et donc U ∩ V = ∅. U et V sont ouverts comme images réciproques d’ouverts par une application continue, et clairement A ⊂ U , B ⊂ V . Exercice 8. Soit E un espace vectoriel normé sur K. Soit a ∈ E. Montrer que les applications : fa : E→E x 7→ x + a et sont continues. 4 φa : K→E λ 7→ λa Exercice 9. Soit E, F des espaces vectoriels normés sur R et f : E → F une application continue. Montrer que si, pour tous x, y ∈ E, f (x + y) = f (x) + f (y), alors f est linéaire Indication. Montrer que, pour tout x ∈ E et tout r ∈ Q, f (rx) = rf (x). Correction. On suppose pour tous x, y ∈ E, f (x + y) = f (x) + f (y). Il suffit alors de montrer que pour tout x ∈ E et tout λ ∈ K, f (λx) = λf (x). Soit x ∈ E. Alors, par une récurrence immédiate sur N∗ , on montre que pour tout n ∈ N∗ , f (nx) = nf (x). De plus, on a, pour y ∈ E, f (0E ) = f (y +(−y)) = f (y)+f (−y). D’où f (0E ) = 0F (prendre y = 0E ) puis f (−y) = −f (y). Par suite, pour tout n ∈ Z : f (nx) = nf (x). Pour r = p q ∈ Q (avec p ∈ Z et q ∈ N∗ ), on a : qf (rx) = f (qrx) = f (px) = pf (x). D’où, pour tout r ∈ Q, f (rx) = rf (x). Soit g, h : R → R les applications définies par : g(λ) = f (λx) et h(λ) = λf (x). Alors g et h sont continues comme composées d’applications continues et de plus, pour tout r∈Q: g(r) = h(r). Donc g et h sont continues et coïncident sur Q qui est dense dans R, donc g = h sur R. Il en résulte que pour tout λ ∈ R, f (λx) = λf (x). Donc f est linéaire. 5