Chapitre 5 Extrema d’une fonction de deux variables - Convexité 5.1 Introduction : cas des fonctions d’une variable réelle Soit f une fonction définie et de classe C 2 sur un intervalle ouvert I (i.e. f est dérivable deux fois et sa dérivée seconde est continue sur I) Si f admet un extremum en x0 alors la dérivée f Õ vérifie f Õ (x0 ) = 0 : la tangente à Cf au point (x0 , f (x0 )) est alors horizontale : cette condition est une condition nécessaire, mais non suffisante, ainsi de la fonction « cube » dont la courbe est représentée cidessous : Figure 5.1 – Courbe de la fonction x ‘æ 0, 1x3 5 6 CHAPITRE 5. EXTREMA D’UNE FONCTION DE DEUX VARIABLES - CONVEXITÉ On appelle la condition (nécessaire) « f Õ (x0 ) = 0 » condition du premier ordre. Un réel x0 tel que f Õ (x0 ) = 0 est appelé point stationnaire (en mécanique cela correspond aux instants où la vitesse s’annule) Cette proposition n’est toutefois vraie que pour des points intérieurs au domaine de définition de f : c’est pourquoi, les domaines étudiés dans ce cours seront toujours ouverts. Pour déterminer une condition suffisante pour que f admette un extremum en x0 , il faut étudier la dérivée seconde de f : Observons les deux cas de figure : Figure 5.2 – Un exemple L1/S2 - MATH 102 - Fonctions de plusieurs variables J. Stéphan - Université de Cergy-Pontoise - UFR Économie & Gestion 5.1. INTRODUCTION : CAS DES FONCTIONS D’UNE VARIABLE RÉELLE 1. Étude de f au voisinage de x = ≠3 2. Étude de f au voisinage de x=1 x ≠3 x f f (≠3) f f Õ (x) ≠ 0 + f Õ (x) 1 f (1) + 0 fÕ 0 fÕ 0 f ÕÕ (x) + f ÕÕ (x) ≠ La dérivée est négative avant ≠3 puis positive après ≠3 : f Õ est donc strictement croissante : donc sa dérivée est positive : i.e. sur un intervalle ouvert contenant ≠3, f ÕÕ (x) > 0 7 ≠ La dérivée est positive avant 1 puis négative après 1 : f Õ est donc strictement décroissante : donc sa dérivée est négative : i.e. sur un intervalle ouvert contenant 1, f ÕÕ (x) < 0 De façon plus générale, Théorème 1. Soient f une fonction définie et de classe C 2 sur un intervalle ouvert I, et x0 œ I f admet un maximum (local) en x0 si et seulement si : f Õ (x0 ) = 0 et f ÕÕ (x0 ) < 0 f admet un minimum (local) en x0 si et seulement si : f Õ (x0 ) = 0 et f ÕÕ (x0 ) > 0 Lorsque f Õ (x0 ) = 0, on appelle la condition « f ÕÕ (x0 ) ”= 0 » condition suffisante du second ordre L1/S2 - MATH 102 - Fonctions de plusieurs variables J. Stéphan - Université de Cergy-Pontoise - UFR Économie & Gestion CHAPITRE 5. EXTREMA D’UNE FONCTION DE DEUX VARIABLES - CONVEXITÉ 8 5.2 Extremum libre d’une fonction de deux variables Définition 1. Soit f définie sur un ouvert et x0 œ . On dit que f admet un maximum (respectivement minimum) absolu ou global au point M0 (x0 , y0 ) si 1 ’(x, y) œ , f (x, y) Æ f (x0 , y0 ) resp. f (x, y) Ø f (x0 , y0 ) 2 On dit que f admet un maximum (resp minimum) relatif au point M0 (x0 , y0 ) s’il existe un voisinage V0 de x0 tel que 1 fl V0 , f (x, y) Æ f (x0 , y0 ) resp. f (x, y) Ø f (x0 , y0 ) ’(x, y) œ 2 Un extremum (ou optimum) de f est un minimum ou un maximum de f 5.2.1 Conditions nécessaires du premier ordre (CN1) Géométriquement, si f admet un extremum au point M0 (x0 , y0 ) alors le plan tangent au graphe Gf de f au point M0Õ (x0 , y0 , f (x0 , y0 )) est horizontal. 4 3 2 1 Z 0 -1 -2 -3 -4 - 2.0 - 1.5 - 1.0 - 0.5 Y 0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.0 1.5 1.0 0.5 0.0 - 0.5 X - 1.0 - 1.5 - 2.0 Figure 5.3 – Extremum et plan tangent horizontal L1/S2 - MATH 102 - Fonctions de plusieurs variables J. Stéphan - Université de Cergy-Pontoise - UFR Économie & Gestion 5.2. EXTREMUM LIBRE D’UNE FONCTION DE DEUX VARIABLES 9 Théorème 2. Soit f une fonction de classe C 2 sur un ouvert . Si f admet ≠≠≠≠æ æ ≠ un extremum au point M0 , alors grad f (M0 ) = 0 : cette condition est appelée condition nécessaire du premier ordre (CN1). Définition 2. On appelle point stationnaire de f tout point M (x, y) œ ≠≠≠≠æ æ ≠ que grad f (M ) = 0 tel Exemple 1 Soit f définie sur R2 par f (x, y) = ≠(xy 2 + 2x2 + y 2 ). Déterminer les points stationnaires de f . .... f possède 3 points stationnaires M0 (0; 0), M1 (≠1; ≠2) et M2 (≠1; 2) : cependant on peut voir que certains d’entre eux ne sont pas des optima. Figure 5.4 – Exemple 1 L1/S2 - MATH 102 - Fonctions de plusieurs variables J. Stéphan - Université de Cergy-Pontoise - UFR Économie & Gestion CHAPITRE 5. EXTREMA D’UNE FONCTION DE DEUX VARIABLES - CONVEXITÉ 10 5.2.2 . Conditions suffisantes du second ordre (CS2) Soient f une fonction de classe C 2 sur un ouvert On note ≠æ m = et M0 (x0 , y0 ) un point de A B h le vecteur accroissement à partir de M0 k On note f l’accroissement de f induit par le déplacement de M0 (x0 , y0 ) en M (x0 + h, y0 + k), i.e. f = f (M ) ≠ f (M0 ) = f (x0 + h, y0 + k) ≠ f (x0 , y0 ) On admet que : f = ˆf ˆf (x0 , y0 ) · h + (x0 , y0 ) · k ˆx ˆy 1 + 2 A B 1 ≠æ 2 ˆ2f ˆ2f ˆ2f 2 2 (x , y ) · h + 2 (x , y ) · hk + (x , y ) · k + o || m ||2 0 0 0 0 0 0 ˆx2 ˆxˆy ˆy 2 1 ≠æ 2 ≠æ où o || m ||2 est une fonction négligeable devant || m ||2 = h2 + k 2 . Cette expression est le développement limité (de Taylor) à l’ordre 2 de la fonction f au voisinage de M0 . ˆf ˆf Supposons que M0 soit un point stationnaire : (x0 , y0 ) = (x0 , y0 ) = 0, donc : ˆx ˆy f 1 = 2 A B 1 ≠æ 2 ˆ2f ˆ2f ˆ2f 2 2 (x , y ) · h + 2 (x , y ) · hk + (x , y ) · k +o || m ||2 0 0 0 0 0 0 ˆx2 ˆxˆy ˆy 2 Et le signe de f est celui de ˆ2f ˆ2f ˆ2f 2 (x , y ) · h + 2 (x , y ) · hk + (x0 , y0 ) · k 2 0 0 0 0 ˆx2 ˆxˆy ˆy 2 dès lors que h2 + k 2 est suffisamment petit. Posons r= ˆ2f (x0 , y0 ) , ˆx2 s= ˆ2f (x0 , y0 ) , ˆxˆy t= ˆ2f (x0 , y0 ) ˆy 2 L1/S2 - MATH 102 - Fonctions de plusieurs variables J. Stéphan - Université de Cergy-Pontoise - UFR Économie & Gestion 5.2. EXTREMUM LIBRE D’UNE FONCTION DE DEUX VARIABLES 11 On obtient alors : ˆ2f ˆ2f ˆ2f 2 (x , y ) · h + 2 (x , y ) · hk + (x0 , y0 ) · k 2 0 0 0 0 ˆx2 ˆxˆy ˆy 2 = r · h2 + 2s · hk + t · k 2 Q A B 2 h = k ar k 2 1 R h + 2s + tb k 2 = k 2 r⁄2 + 2s⁄ + t avec ⁄ = h k Ce qui permet d’affirmer que le signe de f est celui de r⁄2 + 2s⁄ + t = P (⁄) que l’on considère comme un trinôme en la variable ⁄. Soit = 4s2 ≠ 4r.t = 4(s2 ≠ rt) le discriminant de P (⁄). f admet un extremum en M0 si et seulement si f est de signe constant sur V0 . D’après ce qui précède, f est de signe constant sur V0 si P (⁄) est de signe constant sur V0 : un trinôme est de signe constant si et seulement si son discriminant est strictement négatif, et si c’est le cas, le signe de P (⁄) (ou de f ) est le signe de r. Théorème 3. Soit M0 un point stationnaire d’une fonction f de classe C 2 sur un ouvert . Posons : r= ˆ2f (x0 , y0 ) , ˆx2 s= ˆ2f (x0 , y0 ) , ˆxˆy t= ˆ2f (x0 , y0 ) ˆy 2 1. Si s2 ≠ rt < 0, alors f admet un extremum local en M0 (a) Si r > 0, f admet un minimum local en M0 (b) Si r < 0, f admet un maximum local en M0 2. Si s2 ≠ rt > 0, alors Gf présente un point col (ou point selle) en M0 (voir figure du paraboloïde hyperbolique) 3. Si s2 ≠ rt = 0, on ne peut pas conclure sur la nature du point M0 , sauf à poursuivre les calculs et faire un développement limité de f à un ordre supérieur ou égal à 3 (hors programme). L1/S2 - MATH 102 - Fonctions de plusieurs variables J. Stéphan - Université de Cergy-Pontoise - UFR Économie & Gestion 12 CHAPITRE 5. EXTREMA D’UNE FONCTION DE DEUX VARIABLES - CONVEXITÉ 25 20 15 10 5 Z 0 -5 - 10 - 15 - 20 - 25 -5 -4 -3 -5 -2 -4 -3 -1 Y -2 0 -1 1 0 1 2 X 2 3 3 4 4 5 5 Figure 5.5 – Paraboloïde hyperbolique Définition 3. Soit f une fonction de classe C 2 sur un ouvert . Si M0 (x0 , y0 ) œ est un point stationnaire de f , la condition « s2 ≠ rt < 0 » est dite condition suffisante du second ordre (ou CS2). Exemple 2 Revenons à l’étude de f définie sur R2 par f (x, y) = ≠(xy 2 +2x2 +y 2 ). Étudier la nature des points stationnaires de f . Exemple 3 Soit f définie sur R2 par f (x, y) = (x2 +y 2 )2 ≠2(x2 ≠y 2 ). Déterminer les extrema de f Figure 5.6 – Figure exemple 3 L1/S2 - MATH 102 - Fonctions de plusieurs variables J. Stéphan - Université de Cergy-Pontoise - UFR Économie & Gestion 5.3. CONVEXITÉ 5.3 5.3.1 13 Convexité Barycentre de n points pondérés Définition 4. Un point pondéré de R2 est un couple (M, –) où M est un point de R2 et – un réel (non nul). Définition 5. Soit n Ø 1, On considère n points pondérés (M1 , –1 ), (M2 , –2 ), · · · , (Mn , –n ) de R2 tels que m = n ÿ i=1 –i ”= 0. Il existe un unique point G de R2 tel que n ≠≠≠æ ≠≠≠æ ≠≠≠æ ÿ ≠≠æ æ ≠ –1 GM1 + –2 GM2 + · · · + –n GMn = –i GMi = 0 (ú) i=1 Ce point G s’appelle le barycentre des n points pondérés (Mi , –i ), i œ [[1, n]]. Proposition 1. Pour tout point M du plan , on a A n ≠≠æ ≠≠≠æ 1 ÿ MG = –i M Mi m i=1 B –i ,i œ m [[1, n]] : le barycentre G est l’unique point du plan tel que pour tout point M du n n ÿ ≠≠æ ÿ ≠≠≠æ plan, M G = ⁄i M Mi où ⁄i = 1 Remarque : Parfois on utilise une autre formulation, en posant ⁄i = i=1 i=1 æ ≠ Propriété 1. Dans le plan muni d’un repère (O, i , ˛j), les coordonnées (xG , yG ) de G sont Y _ _ _ _ _ ] _ _ _ _ _ [ xG yG n 1 ÿ = –i xi m i=1 n 1 ÿ = –i yi m i=1 où (xi , yi ) sont les coordonnées du point Mi , i œ [[1, n]] L1/S2 - MATH 102 - Fonctions de plusieurs variables J. Stéphan - Université de Cergy-Pontoise - UFR Économie & Gestion 14 CHAPITRE 5. EXTREMA D’UNE FONCTION DE DEUX VARIABLES - CONVEXITÉ Exemple 4 La moyenne arithmétique (notée x) d’une variable statistique discrète est le barycentre de ses valeurs xi affectées des fréquences fi , i œ [[1, n]] x= n ÿ fi xi i=1 Exemple 5 Barycentre de deux points pondérés Soient A et B deux points de R2 , alors le segment [AB] est l’ensemble des barycentres de A et B affectés des coefficients ⁄ et 1 ≠ ⁄, où ⁄ œ [0; 1] M (x, y) œ [AB] ≈∆ ÷⁄ œ [0; 1] tel que I x = ⁄xA + (1 ≠ ⁄)xB y = ⁄yA + (1 ≠ ⁄)yB Proposition 2. associativité du barycentre Soit G le barycentre des n points pondérés (Mi , –i ), i œ [[1, n]] (où m = Soit 1 < p < n tel que mÕ = p ÿ i=1 n ÿ i=1 –i ”= 0) –i ”= 0 Alors G est également le barycentre des points (GÕ , mÕ ), (Mp+1 , –p+1 ), · · · , (Mn , –n ) i.e. on peut remplacer p points Mi par leur barycentre « partiel » GÕ affecté du coefficient mÕ . L1/S2 - MATH 102 - Fonctions de plusieurs variables J. Stéphan - Université de Cergy-Pontoise - UFR Économie & Gestion 5.3. CONVEXITÉ 5.3.2 15 Parties convexes de R2 Définition 6. Une partie A du plan R2 (ou de l’espace R3 ) est dite convexe lorsqu’elle vérifie la propriété suivante : Pour tous points M et N de A, le segment [M N ] est contenu entièrement dans A Partie convexe du plan M N Partie non convexe du plan N M Figure 5.7 – Convexité Exemple 6 Soient a, b et c trois réels : P = {(x, y) œ R2 / ax + by > c} est une partie convexe de R2 Proposition 3. L’intersection d’un nombre fini de parties convexes est une partie convexe Admis ⌅ Remarque : La réunion de deux parties convexes n’est pas en général convexe. (figure) 5.3.3 Cas des fonctions d’une variable réelle Définition 7. Une fonction d’une variable réelle f définie sur UN intervalle I est dite convexe si la portion du plan située au dessus de sa courbe représentative (ou épigraphe) est convexe. L1/S2 - MATH 102 - Fonctions de plusieurs variables J. Stéphan - Université de Cergy-Pontoise - UFR Économie & Gestion 16 CHAPITRE 5. EXTREMA D’UNE FONCTION DE DEUX VARIABLES - CONVEXITÉ Une fonction f est dite concave lorsque ≠f est convexe. Figure 5.8 – Fonction non convexe / convexe Propriété 2. Soit f une fonction d’une variable réelle définie sur un intervalle I. f est convexe si et seulement si ’(a, b) œ I ◊ I, ’t œ [0, 1] , f (ta + (1 ≠ t)b) Æ tf (a) + (1 ≠ t)f (b) Figure 5.9 – Fonction convexe Proposition 4. Inégalité de Jensen L1/S2 - MATH 102 - Fonctions de plusieurs variables J. Stéphan - Université de Cergy-Pontoise - UFR Économie & Gestion 5.3. CONVEXITÉ 17 Soient f une fonction convexe sur un intervalle I de R, (x1 , x2 , · · · , xn ), n réels de I et (⁄1 , ⁄2 , · · · , ⁄n ) n réels de [0; 1] tels que n ÿ ⁄i = 1 , alors i=1 f (⁄1 x1 + ⁄2 x2 + · · · + ⁄n xn ) Æ ⁄1 f (x1 ) + ⁄2 f (x2 ) + · · · + ⁄n f (xn ) De plus, cette inégalité est une égalité lorsque x1 = x2 = · · · = xn Admis Proposition 5. Croissance des pentes Soit f une fonction d’une variable réelle définie sur I à valeurs dans R. On a l’équivalence : i. f est convexe. ii. Pour tous réels a, b et c de I tels que a < b < c, on a : f (b) ≠ f (a) f (c) ≠ f (a) f (c) ≠ f (b) Æ Æ b≠a c≠a c≠b iii. Pour tout réel a œ I, la fonction ·a : I r {a} æ R f (x) ≠ f (a) est croissante. x ‘æ x≠a Figure 5.10 – Croissance des Pentes L1/S2 - MATH 102 - Fonctions de plusieurs variables J. Stéphan - Université de Cergy-Pontoise - UFR Économie & Gestion 18 CHAPITRE 5. EXTREMA D’UNE FONCTION DE DEUX VARIABLES - CONVEXITÉ Théorème 4. cas des fonctions dérivables Soit f une fonction d’une variable réelle définie sur I à valeurs dans R. (i) Si f est dérivable sur I alors f est convexe si et seulement si f Õ est croissante sur I. (ii) Si f est deux fois dérivable, alors f est convexe si et seulement si f ÕÕ est positive ou nulle sur I. Remarque : la seconde assertion est de façon évidente un cas particulier de la première Preuve : Ce théorème est admis Exemple 7 Montrer que la fonction exponentielle est convexe sur R et que la fonction logarithme népérien est concave sur Rú+ . a+b Ô Exemple 8 Montrer que pour tous a et b strictement positifs, Ø ab 2 Théorème 5. Conséquence graphique : Soit f une fonction définie et dérivable sur un intervalle ouvert I : alors f est convexe si et seulement si Cf est située au-dessus de chacune de ses tangentes : Preuve : admis Conséquence : Soit f une fonction d’une variable réelle, convexe, définie et (au moins) dérivable sur un intervalle ouvert I. Soit x0 œ I tel que f Õ (x0 ) = 0 alors f atteint son minimum (sur I) en x0 Exemple 9 Soit f définie sur R par f (x) = x4 . Pour tout réel x, f Õ (x) = 4x3 et f ÕÕ (x) = 12x2 . f possède un unique point stationnaire x0 = 0, mais on ne peut pas conclure avec la CS2 : cependant f est convexe (car ’x œ R, f ÕÕ (x) Ø 0) donc f admet un minimum en x0 = 0 L1/S2 - MATH 102 - Fonctions de plusieurs variables J. Stéphan - Université de Cergy-Pontoise - UFR Économie & Gestion 5.3. CONVEXITÉ 5.3.4 19 Cas des fonctions de deux variables réelles Définition 8. Une fonction de deux variables réelles f définie sur un ouvert est dite convexe si la portion de l’espace située au dessus de son graphe représentatif (ou épigraphe) est convexe. Une fonction est dite concave lorsque ≠f est convexe. Remarque : L’épigraphe est défini par EF = {(x, y, z) œ R3 / (x, y) œ et z Ø f (x, y)} L’exemple le plus clair est celui du paraboloïde d’équation cartésienne z = x2 + y 2 200 180 160 140 120 Z 100 80 60 40 20 0 - 10 -6 Y- 2 2 6 10 10 8 6 4 2 0 -2 X -4 -6 -8 - 10 Figure 5.11 – Paraboloïde Théorème 6. Soit f une fonction définie et de classe C 1 sur une partie convexe de R2 . Alors f est convexe si et seulement si son graphe Gf est situé au-dessus de tout plan tangent à Gf ’(x, y) œ , ’(x0 , y0 ) œ , f (x, y) Ø f (x0 , y0 ) + ˆf ˆf (x0 , y0 )(x ≠ x0 ) + (x0 , y0 )(y ≠ y0 ) ˆx ˆy Autrement dit ’(x0 , y0 ) œ , ’(x, y) œ , f ≠≠≠æ ≠≠≠≠æ Ø M0 M · grad f (x0 , y0 ) L1/S2 - MATH 102 - Fonctions de plusieurs variables J. Stéphan - Université de Cergy-Pontoise - UFR Économie & Gestion CHAPITRE 5. EXTREMA D’UNE FONCTION DE DEUX VARIABLES - CONVEXITÉ 20 Théorème 7. Soit f une fonction définie et de classe C 2 sur une partie convexe de R2 . Pour tout (x, y) œ , posons : r= ˆ2f (x, y) , ˆx2 s= ˆ2f (x, y) , ˆxˆy t= ˆ2f (x, y) ˆy 2 1. La fonction f est convexe si et seulement si pour tous (x, y) œ , s2 ≠ rt Æ 0 et r Ø 0 et t Ø 0. 2. La fonction f est concave si et seulement si pour tous (x, y) œ , s2 ≠ rt Æ 0 et r Æ 0 et t Æ 0. Remarque : • Si s2 ≠ rt < 0 alors f est convexe si et seulement si r Ø 0 (alors t Ø 0 nécessairement) • Si s2 ≠ rt = 0, on doit considérer deux cas : - Si s ”= 0, f est convexe si et seulement si r 1> 0 (alors t > 0 nécessairement) 2 1 - Si s = 0, f est convexe si et seulement si r > 0 et t = 0 ou r = 0 et 2 t>0 . Exemple 10 Soit f définie sur R2 par f (x, y) = x + y 2 . Justifier que f est convexe sur R2 . Exemple 11 Exemple du paraboloïde de révolution d’équation f (x, y) = x2 +y 2 : Montrer que f est convexe. Exemple 12 Soit f définie par f (x, y) = ln(x2 ≠ y 2 ). Déterminer le domaine de définition de f , puis étudier la convexité de f sur un domaine convexe de . Figure 5.12 – Exemple 12 L1/S2 - MATH 102 - Fonctions de plusieurs variables J. Stéphan - Université de Cergy-Pontoise - UFR Économie & Gestion 5.4. EXTREMA LIÉS OU AVEC CONTRAINTE(S) 21 Corollaire 1. Soit f une fonction définie et de classe C 2 sur une partie convexe de R2 , et M0 (x0 , y0 ) un point stationnaire de f . Si f est convexe (respectivement concave) au voisinage de M0 , alors f admet un minimum local (resp. un maximum local) en M0 Exemple 13 Soit f définie sur R2 par f (x, y) = ln(x2 + y 2 + 1). Étudiez la nature du (ou des) point(s) stationnaire(s) de f . Figure 5.13 – Exemple 13 5.4 Extrema liés ou avec contrainte(s) Problématique : Soient f et g deux fonctions de deux variables de classe C 1 . On cherche à déterminer les extrema relatifs de f lorsque x et y sont liées par la relation g(x, y) = 0 appelée contrainte. Autrement dit, on cherche à déterminer les extrema de f lorsque le point M (x, y) se déplace sur la courbe de niveau 0 de g. Méthode de détermination des points stationnaires • 1. On se ramène à l’étude d’une fonction d’une variable : Si la contrainte g(x, y) = 0 permet de définir implicitement (et facilement) y en fonction de x, on remplace y par y(x) dans l’expression de f , on est ramené alors à l’étude des extrema de la fonction d’une variable F définie par F (x) = f (x, y(x)). L1/S2 - MATH 102 - Fonctions de plusieurs variables J. Stéphan - Université de Cergy-Pontoise - UFR Économie & Gestion 22 CHAPITRE 5. EXTREMA D’UNE FONCTION DE DEUX VARIABLES - CONVEXITÉ Exemple 14 Soient f et g deux fonctions définies sur R2 par f (x, y) = xy et g(x, y) = y + x2 ≠ 4. Justifiez que la contrainte g(x, y) = 0 permet de définir implicitement y en fonction de x, puis déterminer les extrema relatifs de f sous la contrainte g(x, y) = 0. Exemple 15 Un produit Q est obtenu à partir de deux paramètres : le travail X et le capital Y . La quantité produite q de Q est donnée par : 2 1 q = 3x 3 y 3 où x et y sont les quantités de travail et de capital. On suppose que le coût unitaire du travail est de 3 (unités de compte), le coût unitaire du capital de 1 et que le coût de fabrication est égal à 10. Donner l’expression mathématique de la contrainte, puis déterminer la production optimale. Exemple 16 Extrait du partiel de juin 2012 Les questions 1 et 2 sont indépendantes Soit f la fonction définie sur R2 par f (x, y) = x3 + y 3 + 3xy. 1. Dans cette question, on recherche les extrema libres éventuels de f 1. Calculer les dérivées partielles premières de f , puis montrer que f possède deux points stationnaires. 2. Calculer les dérivées partielles secondes de f , puis déterminer la nature de chacun des points stationnaires de f . Soit f la fonction définie sur R2 par f (x, y) = x3 + y 3 + 3xy. 2. On étudie cette fois les extrema éventuels de f sous la contrainte g(x, y) = x + y ≠ 2 = 0 1. Montrer que la contrainte définit implicitement y en fonction de x. 2. Étudier les variations de la fonction F définie par F (x) = f (x, y(x)). (On rappelle l’identité remarquable : (a ≠ b)3 = a3 ≠ 3a2 b + 3ab2 ≠ b3 ) 3. Conclure. L1/S2 - MATH 102 - Fonctions de plusieurs variables J. Stéphan - Université de Cergy-Pontoise - UFR Économie & Gestion 5.4. EXTREMA LIÉS OU AVEC CONTRAINTE(S) 23 ≠ ≠≠≠ æ ≠≠≠≠æ • 2. On utilise la colinéarité des vecteurs gradients grad g(M0 ) et grad f (M0 ) Théorème 8. Soient f et g deux fonctions de deux variables de classe C 1 sur . On note la courbe d’équation g(x, y) = 0. ≠ ≠≠≠ æ æ ≠ Soit M0 (x0 , y0 ) œ fl tel que grad g(x0 , y0 ) ”= 0 . Si M0 (x0 , y0 ) est un extremum relatif de f sous la contrainte g(x, y) = 0, alors ≠ ≠≠≠ æ ≠≠≠≠æ les vecteurs grad g(M0 ) et grad f (M0 ) sont colinéaires. Théorème 9. Soient f et g deux fonctions de deux variables de classe C 1 sur . Si f admet un extremum relatif en M0 sous la contrainte g(x, y) = 0 alors (x0 , y0 ) est solution du système : Y _ _ _ ] Exemple 17 _ _ _ [ ˆf ˆg ˆf ˆg (x, y). (x, y) ≠ (x, y). (x, y) = 0 ˆx ˆy ˆy ˆx g(x, y) = 0 Déterminer les extrema liés de f définie sur R2 par f (x, y) = x2 .y + 30 sous la contrainte g(x, y) = x2 + y 2 ≠ 12 = 0 • Interprétation géométrique : ≠≠≠≠æ Le vecteur grad f (M0 ) est un vecteur normal à la ligne de niveau Ifc où c = f (x0 , y0 ) ≠ ≠≠≠ æ Le vecteur grad g(M0 ) est un vecteur normal à la tangente en M0 à la courbe d’équation g(x, y) = 0 Selon le théorème, si M0 est un point stationnaire, c’est un point où la courbe et la ligne de niveau Ifc sont tangentes. Sur la figure ci-dessous, on représenté • le graphe de la fonction f : (x, y) ‘æ x2 .y + 30 (le +30 n’est là que pour des raisons de lisibilité) • les courbes de niveau 14 et 46 Ó • et sur le graphe on a aussi représenté laÔcourbe des contraintes, i.e. l’ensemble (x, y, z) / x2 + y 2 ≠ 12 = 0 et z = f (x, y) L1/S2 - MATH 102 - Fonctions de plusieurs variables J. Stéphan - Université de Cergy-Pontoise - UFR Économie & Gestion CHAPITRE 5. EXTREMA D’UNE FONCTION DE DEUX VARIABLES - CONVEXITÉ 24 14 46 200 150 Z -5 100 14 50 -4 -3 0 46 - 50 - 100 -5 -2 -1 -4 0 -3 -2 1 -1 0 Y 2 1 2 3 3 4 4 5 5 Figure 5.14 – Exemple 17 L1/S2 - MATH 102 - Fonctions de plusieurs variables J. Stéphan - Université de Cergy-Pontoise - UFR Économie & Gestion X 5.4. EXTREMA LIÉS OU AVEC CONTRAINTE(S) 25 • Étude de la nature du point stationnaire Exemple 18 Reprenons l’énoncé précédent : étude des extrema liés de f définie par f (x, y) = x2 .y + 30 sous la contrainte g(x, y) = x2 + y 2 ≠ 12 = 0. On a vu qu’il y avait 6 points stationnaires : pour chacun d’entre eux, on calcule la valeur de f Ô Ô Ô Ô f (0; 2 3) = f (0; ≠2 3) = 30, f (≠2 2; 2) = f (2 2; 2) = 46 Ô Ô et f (≠2 2; ≠2) = f (2 2; ≠2) = 14 Compte tenu de ces valeurs, f n’atteint pas un extremum ni en A ni en B. Ô • Étude de la nature de F (2Ô 2; 2) Ô Ô On étudie le signe de (2 2; 2) = f (2 2 + h; 2 + k) ≠ f (2 2; 2) sous la f Ô Ô 2 2 contrainte liée g(2 2 + h; 2 + k) = (2 2 + h) + (2 + k) ≠ 12 = 0 pour (h, k) proche de (0; 0). Ô • Étude Ô de la nature Ô de E(2 2; ≠2) Ô Ô = f (2 2+h; ≠2+k)≠f (2 2; ≠2) sous la contrainte liée g(2 2+ f (2 2; ≠2) Ô h; ≠2 + k) = (2 2 + h)2 + (≠2 + k)2 ≠ 12 = 0 pour (h, k) proche de (0; 0). Exemple 19 extrait du partiel de mai 2012 Soient f et g les fonctions définies sur R2 par f (x, y) = 2xy, et g(x, y) = x2 + y 2 ≠ 2 1. Définir, puis tracer les courbes de niveau ≠2 et 2 de f , notées L≠2 et L2 . 2. Définir puis tracer sur ce même repère la courbe d’équation g(x, y) = 0. 3. Calculer les dérivées partielles premières de f , puis celles de g. 4. On cherche les extrema relatifs de f sous la contrainte g(x, y) = 0. (a) Déterminer les points M (x, y) de la courbe pour lesquels les vecteurs ≠≠≠≠æ ≠≠≠≠æ gradients grad f (x, y) et grad g(x, y) sont colinéaires. (b) On considère le point A(1; 1). Montrer que pour tout (x, y) œ , f (x, y)≠ f (1, 1) = ≠(x ≠ y)2 . Conclure. (c) On considère le point B(≠1, 1). Par une méthode analogue à la précédente, montrer que f admet un minimum relatif sous la contrainte g(x, y) = 0 au point B. L1/S2 - MATH 102 - Fonctions de plusieurs variables J. Stéphan - Université de Cergy-Pontoise - UFR Économie & Gestion