UNIVERSIT´
E DE PROVENCE L2-S3- 2005-2006
TOPOLOGIE
1 Suites de nombres r´eels et complexes. Suites de Cauchy.
Th´eor`eme de Bolzano-Weierstrass.
1.1 Ensemble des nombres r´eels
1.1.1 Structure de corps
On va partir de l’id´ee ”intuitive” des nombres r´eels. (R, +, .) est un corps commutatif. On rap-
pelle que l’ensemble des entiers naturels N, est stable pour les lois d’addition et de multiplication,
que l’ensemble des entiers relatifs Zest un sous-anneau, que l’ensemble des nombres rationnels
Q:= {p
q;pZ, q N}est un sous-corps. On peut ´egalement d´efinir D:= {a
10n;aZ, nN}
ensemble des nombres d´ecimaux; ce sont les nombres r´eels dont la partie d´ecimale ne comporte
que des z´eros `a partir d’un certain rang; c’est aussi un sous-anneau. On peut d´emontrer que Q
est l’ensemble des nombres r´eels dont le d´eveloppement d´ecimal illimit´e est p´eriodique.
1.1.2 Rest ordonn´e
Relation d’ordre On peut d´efinir sur Rune relation ,v´erifiant les axiomes suivants:
O1− ∀xR, x x, (r´eflexivit´e)
O2− ∀x, y R, (xyet yx)x=y, (antisym´etrie)
O3− ∀x, y, z R, (xy, y z)xz, (transitivit´e).
est donc une relation d’ordre. De plus, elle v´erifie
x, y, zR , x yx+zy+z(compatibilit´e par rapport `a l’addition),
x, y R, (0 x, 0y)0x.y,
x, y R, on a soit xysoit yx(tous les ´el´ements de Rsont comparables).
Rest donc un corps totalement ordonn´e.
Intervalles de ROn d´efinit la notion d’intervalle:
Soit a, b Rtels que ab. On pose:
[a, b] = {xR;axb}: intervalle ferm´e, born´e, appel´e aussi segment.
[a, +[= {xR;a < x }: intervalle ferm´e, non born´e,
]− ∞, b] = {xR;xb}: intervalle ferm´e, non born´e,
]a, b[= {xR;a < x < b}: intervalle ouvert,
]a, +[= {xR;a < x }: intervalle ouvert, non born´e,
]− ∞, b[= {xR;x < b }: intervalle ouvert, non born´e,
]a, b] = {xR;a < x b}: intervalle semi ouvert,
[a, b[= {xR;ax < b}: intervalle semi ouvert,
]− ∞,+[= {xR}=R. : intervalle ouvert et ferm´e, non born´e.
On signale quelques notations:
R=R\{0}, R+= [0,+[, R
+=]0,+[.
1.1.3 Majorant, minorant, borne sup et borne inf d’un sous-ensemble de R.
D´efinition 1 Soit ARune partie non vide. Aest dite major´ee s’il existe MRtel que
xA, x M.
Un tel Mest appel´e majorant de A.
1
Soit ARune partie non vide. Aest dite minor´ee s’il existe mRtel que:
xA, x m.
Un tel mest appel´e minorant de A.
Exemples 1 1)-A=]a, b], est major´e et l’ensemble des majorants est [b, +[. A est aussi mi-
nor´e et l’ensemble de ses minorants est ]− ∞, a].
2)- Nest minor´e et l’ensemble de ses minorants est ]− ∞,0].
3)-Par contre, Nest un sous-ensemble non vide Rqui n’est pas major´e: pour tout xR, il
existe nNtel que n > x.
4)-Zn’est ni minor´e ni major´e.
D´efinition 2 Soit Kun corps ordonn´e contenant Q. On dit que Kest archim´edien si pour tout
xK, il existe nNtel que x < n.
Exemple : Rest archim´edien.
Th´eor`eme 1 (Admis) Propri´et´e de la borne sup´erieure
Toute partie Ade Rnon vide et major´ee admet un plus petit majorant. On l’appelle borne
sup´erieure de A, sup A.
Corollaire 1 Toute partie Ade Rnon vide et minor´ee admet un plus grand minorant. On
l’appelle borne inf´erieure de A, inf A.
D´emonstration: Soit AR, A 6=et minor´ee. Soit mun minorant de A. On a x
A, m x. D´efinissons l’ensemble (A):={−xR;xA}.
Cet ensemble est non vide et (m) est un de ses majorants. De mˆeme si Mest un majorant
de A, alors (M) est un minorant de (A).Ainsi
Lemme 1 mminore (A)si et ssi (m)majore A.
Donc (A) admet une borne sup´erieure. Montrons que
inf A=sup(A).
sup(A) est un majorant de (A) et donc, de ce qui pr´ec`ede, on d´eduit que ( sup(A)) est
un minorant de A. Par d´efinition, sup(A) est le plus petit des majorants de (A).Donc, pour
tout ε > 0,(sup(A)ε) n’est plus un majorant de (A) et ainsi il existe aε(A) tel que
sup(A)ε<aε.
Ceci est ´equivalent `a
sup(A) + ε > aε.
Mais aε(A)⇔ −aεA. Ainsi on vient de montrer que pour tout ε > 0,(sup(A) + ε)
n’est plus un minorant de (A).Comme on a d´ej`a v´erifi´e que (sup(A)) est un minorant,
c’est donc le plus grand d’entre eux, c’est-`a-dire la borne inf de A:
inf(A) = sup(A).
Au passage, on a utilis´e une caract´erisation tr`es pratique de la borne sup (ou inf):
2
Th´eor`eme 2 Soit Aune partie non vide, major´ee de R. Soit Mun majorant de A. Les
propositions suivantes sont ´equivalentes:
i)-M= sup A.
ii)-ε > 0,aεA;
Mε<aεM.
iii)-zR,z < M ⇒ ∃aA;z < a M.
Soit Aune partie non vide, minor´ee de R. Soit mun minorant de A. Les propositions
suivantes sont ´equivalentes:
i)-m= inf A.
ii)-ε > 0,aεA;
maε< m +ε.
iii)-zR,z > m ⇒ ∃aA;ma < z.
Ainsi la borne sup´erieure d’une partie Anon vide, major´ee de Rest l’unique majorant de
Aqui pour tout ε > 0peut ˆetre approch´e `a εpr`es par un ´el´ement de A. Idem pour la borne
inf´erieure.
En choisissant ε=1
n, n N,on assure l’existence d’une suite (an)d’´el´ements de Aqui
v´erifie que pour tout nN
sup A1
n< ansup A.
Ainsi il existe une suite (an)d’´el´ements de Aqui converge vers sup A.
Exemples 2 1)-A=]a, b],sup A=b, inf A=a, et an=a+(ba)
n, n Net bn=b(ba)
n, n
2,sont des suites de Aqui convergent respectivement vers inf Aet sup A.
2)-inf N= 0.
On remarquera que inf A /A, par contre sup AAet de mˆeme inf NN.
D´efinition 3 Si sup AA, on le note max A, c’est l’´el´ement maximal de A. De mˆeme si
inf AAon le note min A, c’est l’´el´ement minimal de A. En particulier, si Aadmet un
majorant MA, c’est sa borne sup (et donc son maximum). Idem, si Aadmet un minorant
mA, c’est sa borne inf (et donc son minimum).
Proposition 1 Toute partie non vide major´ee (respectivement minor´ee) de Zadmet un
´el´ement maximal (respectivement un plus petit ´el´ement, ´el´ement minimal).
D´emonstration: Soit AZ,A6=et Amajor´ee. Alors Aadmet une borne sup´erieure,
sup AR. En choisissant ε= 1 dans le Th´eor`eme 2, on assure l’existence d’un ´el´ement a1A
tel que sup A1< a1.Alors pour tout aA, on a aa1,car a>a1entraine aa1+ 1,et
donc a > sup A, ce qui est impossible. Donc a1est un majorant de Aqui appartient `a A. Donc
a1= max A.
Corollaire 2 Toute partie non vide de Nadmet un plus petit ´el´ement (un ´el´ement minimal).
1.1.4 Valeur absolue
D´efinition 4 L’application de Rdans R+efinie par
RR+
x→ |x|:= max{x, x}=(xsi x0
xsi x < 0
,
est appel´ee valeur absolue. Elle v´erifie les trois propri´et´es suivantes: Soit x, y des nombres r´eels
quelconques:
3
P1|x|= 0 x= 0.
P2|x+y| ≤ |x|+|y|.
P3|x.y|=|x|.|y|.
De plus elle v´erifie :
Proposition 2 Pour tout x, y Ret tout aR+,on a:
i)-|x| ≤ a⇔ −axa.
ii)-|x| ≥ aaxou x≤ −a.
iii)-|x|−|y|≤ |xy|. On a de mˆeme |x|−|y|≤ |x+y|.
D´emonstration : en exercice `a partir de la d´efinition de la valeur absolue.
1.1.5 Partie enti`ere d’un nombre r´eel
Th´eor`eme 3 Etant donn´e un nombre r´eel x, il existe nZ,unique tel que
nx < n + 1.
Ce nombre s’appelle partie enti`ere de x. On le note E(x)ou [x].On d´efinit ainsi une application
de Rdans Zappel´ee partie enti`ere. Par construction, elle est croissante.
D´emonstration: L’ensemble ] − ∞, x]Zest non vide (par la propri´et´e d’Archim`ede),
major´e et inclus dans Z. Il admet donc un ´el´ement maximal, n, qui est unique. Donc E(x) =
max{nZ, n x}.
Exercices
1)-Soient x, y R, montrer que:
0E(x+y)E(x)E(y)1.
Correction:
x, y R, on a:
E(x)x, E(y)y.
Donc, en sommant membre `a membre:
E(x) + E(y)x+y.
Comme le fonction Eest croissante, on en d´eduit:
E(E(x) + E(y)) E(x+y).
Mais, pour tout pZ, on a E(p) = p. Donc, E(E(x) + E(y)) = E(x) + E(y).D’o`u l’in´egalit´e
de gauche.
Par ailleurs, on a
x < E(x)+1x+y < E(x) + y+ 1 E(x+y)E(E(x) + y+ 1) E(x) + y+ 1.
D’o`u:
E(x+y)E(x)1y.
Et donc,
E(E(x+y)E(x)1) E(y).
Mais, E(E(x+y)E(x)1) = E(x+y)E(x)1.D’o`u la deuxi`eme in´egalit´e.
2)- Soit xRet soit pN, montrer que:
E(x) + E(x+1
p) + ... +E(x+p1
p) = E(px).
4
Correction:
Pour tout k∈ {0, ..., p 1},on a:
xx+k
px+ 1.
Donc il existe m∈ {0, ..., p 1}tel que:
kmx+k
p< E(x)+1E(x+k
p) = E(x),
k > m x+k
pE(x)+1E(x+k
p) = E(x)+1.
Donc:
E(x) + E(x+1
p) + ... +E(x+p1
p)=(m+ 1)E(x)+(pm1)(E(x) + 1)
=pE(x)+(pm1).
Mais, par la d´efinition de m, on a:
px +m < pE(x) + p,
px +m+ 1 pE(x) + p.
Et donc:
pE(x) + pm1px < pE(x) + pm.
Et donc
E(px) = pE(x)+(pm1).
Et donc:
E(x) + E(x+1
p) + ... +E(x+p1
p) = E(px).
3)-Soit xRet pN, montrer que:
E(E(px)
p) = E(x).
1.1.6 Approximation des nombres r´eels par des nombres rationnels
Densit´e de Qdans R.
Th´eor`eme 4 Tout nombre r´eel peut ˆetre approch´e `a εpr`es par un nombre rationnel.
D´emonstration: Soit xRet ε > 0,quelconques. Soit nN, comme nx R, on a
E(nx)nx < E(nx)+1.
Et donc, en divisant par n:
E(nx)
nx < E(nx)
n+1
n.
Et donc en choisissant ntel 1
nε(donc par exemple n=E(1
ε) + 1), on obtient:
E(nx)
nx < E(nx)
n+ε.
Comme E(nx)Net nN,E(nx)
nQ.
Corollaire 3 Entre deux nombres r´eels distincts existe toujours un nombre rationnel.
5
1 / 15 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !