Journal Identification = MTP Article Identification = 0398 Date: September 9, 2011 Time: 6:57 pm
Généralités sur le cytomégalovirus
Le CMV est un virus ADN du groupe Herpes virus. Son
tropisme cellulaire et neurocellulaire explique qu’il peut
entraîner des malformations ou des lésions cérébrales en
fonction du terme de la grossesse. Une infection précoce
peut se compliquer d’anomalies de la migration cellu-
laire de type lissencéphalie avant 16-18 SA, ou de type
polymicrogyrie pour une infection vers 18-24 SA. Une
atteinte plus tardive au cours du 3◦trimestre donne plutôt
des lésions diffuses hétérogènes de la substance blanche
avec une gyration normale. Comme l’infection peut per-
sister pendant plusieurs semaines, différentes anomalies
peuvent coexister dans les cas les plus sévères.
L’infection maternelle
La femme enceinte s’infecte soit par contact sexuel,
soit par contact avec des jeunes enfants, surtout s’ils
fréquentent la collectivité. Elle peut transmettre le virus
au fœtus, par voie hématogène ou transplacentaire. En
France, 43 à 51 % des femmes enceintes sont séronéga-
tives, et 0,6 à 1,4 % d’entre elles font une primo-infection
à CMV pendant la grossesse. Le taux de transmission au
fœtus est de 30 à 40 %, le placenta jouant le rôle de bar-
rière. En cas de récurrence, la transmission fœtale est très
inférieure, en moyenne 2,8 %.
Plus de 90 % des primo-infections à CMV sont asymp-
tomatiques chez la mère. Des recommandations doivent
être données aux futures mères pendant la grossesse pour
diminuer le risque de séroconversion (mesures d’hygiène).
Le CMV est transmis à l’enfant de manière constante au
cours des trois trimestres de la grossesse, mais l’infection
maternelle du premier trimestre entraîne beaucoup plus
de séquelles que les trimestres suivants.
Le diagnostic d’infection maternelle à CMV
Il repose sur la recherche directe du virus par ampli-
fication d’ADN du virus à partir de prélèvement de sang
ou d’urines, c’est la PCR ADN (technique très rapide et la
plus utilisée). La recherche indirecte par les sérologies :
IgG anti-CMV dépiste une éventuelle séroconversion ;
la découverte d’IgM fait suspecter une infection récente,
mais peut se voir dans les infections anciennes ou lors
des réactivations. La mesure de l’avidité de l’IgG pour
l’antigène viral permet de préciser le caractère récent ou
ancien de la primo-infection au virus. Ce test est très utile
chez la femme enceinte, car la détection d’une faible avi-
dité des IgG anti CMV indique que l’infection date de
moins de 3 mois, alors que la détection d’une forte avidité
indique une infection datant de plus de 3 mois.
L’infection congénitale
Le diagnostic d’infection congénitale à CMV se fait par
l’isolement du virus dans les urines, et se confirme par la
PCR CMV dans le sang du nouveau-né. Parmi les enfants
atteints, 5 % présentent la maladie des inclusions cyto-
mégaliques, forme grave pluriviscérale, avec un taux de
mortalité élevé dans les premières semaines de vie, estimé
de5à30%.Ils’yassocie des signes biologiques (élévation
des transaminases, anémie hémolytique, thrombocytopé-
nie, hyperbilirubinémie), des signes cliniques (hépato-
splénomégalie, pétéchies, purpura, ictère), et notamment
des signes témoignant de l’atteinte neurosensorielle
(calcifications périventriculaires, microcéphalie, atrophie
cérébrale, choriorétinite, hypotonie, spasticité). La majo-
rité des nouveau-nés symptomatiques (90 %) présentent
des séquelles neurologiques avec un retard psychomoteur
et un déficit neurosensoriel (surdité).
Cinq pour cent ont une atteinte typique (hypotrophie,
ictère, hépato-splénomégalie, purpura, microcéphalie,
convulsions, hypotonie).
Quatre-vingt-dix pour cent ont une forme latente
asymptomatique, mais 10%à15%d’entre eux présentent
quand même des séquelles neurosensorielles tardives,
principalement une surdité, un déficit visuel, un désordre
intellectuel léger, qui se révèlent dans les deux premières
années et jusqu’à l’âge scolaire.
La gravité de l’infection ne dépend pas de la virulence
de la souche mais du type d’infection maternelle. En cas
de primo-infection maternelle, 50 % des enfants garde-
ront des séquelles. Parmi les enfants asymptomatiques à la
naissance, 10 % présenteront des séquelles plus ou moins
tardives. Mais lors d’une réactivation, moins d’enfants sont
atteints, et moins gravement.
Les anomalies échographiques en particulier céré-
brales sont associées à un mauvais pronostic. La
microcéphalie est un facteur de risque reconnu de retard
mental. Les anomalies de la gyration sont fortement asso-
ciées à l’épilepsie. Le pronostic des lésions isolées des
pôles temporaux est variable et peut s’accompagner d’une
surdité. En revanche, l’hyperéchogénicité isolée des vais-
seaux thalamostriés n’est pas de mauvais pronostic.
Traitement médicamenteux
Généralités sur les traitements antiviraux
Tous les médicaments antiviraux pour le traitement
du CMV inhibent l’ADN polymérase viral, cependant ils
diffèrent par leur pharmacologie. Chez l’adulte, quatre
molécules antivirales sont disponibles pour le traitement
de l’infection à CMV : le ganciclovir, le valganciclovir, le
Foscavir®, et le cidofovir (tableau 1).
Les indications de traitement
Si les indications de traitement curatif ou prophylac-
tique sont bien définies chez l’adulte, il n’existe pas de
recommandation en cas d’infection in utero, périnatales
mt pédiatrie, vol. 14, n◦4, juillet-août 2011 299
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.