A. Combattre.
Les soldats de la 1
ère
Guerre mondiale se battent à partir de tranchées dans lesquelles les armées
s’enterrent sur 700 km sur le front ouest : il prend la forme d'un réseau de tranchées et de boyaux de
communication d'une largeur de quelques km. Une tranchée est le plus souvent un ensemble de sillons de
2 mètres de profondeur, protégés par un parapet et des barbelés, et dont le tracé serpente. Entre les
tranchées adversaires s'étend le no man's land, plus ou moins large.
La guerre de tranchée consiste en attaques sur les lignes adverses afin de percer le front. Les
assauts sont excessivement meurtriers et révèlent la supériorité de la défense. La mort de masse est
provoquée par le développement d’un armement industriel. L’artillerie, dont la puissance ne cesse
d’augmenter, est l’arme la plus meurtrière : le bruit du canon est omniprésent sur le champ de bataille. La
mitrailleuse est également une arme redoutable qui fauche les soldats lors des assauts. Les gaz sont pour
la première fois employés par les Allemands en 1915, ce sont des armes très meurtrières mais les
combattants s’en protégeaient avec des maques à gaz. Les tanks font leur apparition en 1916 mais ne
deviennent efficaces qu’à partir de 1918. Les bombardements aériens se développent à la fin de la guerre.
Face à cette guerre industrielle les combattants se sentent impuissants et nus : ils ont souvent le
sentiment de n’être que de la « chair à canon ». L’historien spécialiste de la Grande Guerre S. Audoin-
Rouzeau affirme qu’avec la 1
ère
guerre mondiale « on atteint un degré de brutalité jusque là inconnu », il
s'agit d'un « franchissement d'un seuil dans la violence de guerre ».
B. Vivre.
Les combattants vivent dans les tranchées pendant plusieurs jours en attendant la relève ; la
première ligne de front est séparée de l’arrière par plusieurs kilomètres que l’on rejoint par des boyaux
étroits. Les soldats font ainsi l’expérience de conditions de vie très précaires : ils doivent dormir, manger,
s’occuper dans des espaces très restreints (à même la tranchée ou dans des abris plus ou moins bien
construits) dans l’angoisse d’une offensive.
La boue fait partie du quotidien des combattants et leur environnement proche n’est constitué que
de cette matière qui rend les conditions de vie difficiles. Les combattants ne peuvent se laver et vivent
avec la vermine (poux, rats, …). Les repas qui viennent de l’arrière n’arrivent que difficilement et les
soldats doivent souvent se contenter d’une nourriture de mauvaise qualité et en petite quantité. Dormir est
également difficile car nul lit dans les tranchées : les soldats doivent s’allonger à même le sol et
s’envelopper dans leur capote ou dans des abris sommaires.
Les combattants attendent avec impatience la relève et le retour vers l’arrière est un soulagement
et une véritable source d’espérance : les combattants redeviennent alors des hommes qui se lavent,
mangent et dorment.
C. Survivre.
La violence inouïe des combats donne aux combattants un sentiment de déshumanisation et plutôt
que de vivre les soldats pensent à survivre dans un monde où la mort est omniprésente.
Les combattants vivent tout d’abord dans la peur et l’angoisse de mourir. En première ligne la mort
peut arriver à tout moment lors d’assauts ou de canonnades. Si les soldats meurent ils font également
l’expérience de tuer : souvent à distance avec des armes à feu mais aussi parfois de leur propres mains
lors de combats au corps à corps dans les tranchées. Les combattants tuent pour ne pas être tués.
Mais pour les survivants c’est surtout la proximité de la mort qui a marqué les combattants : les
soldats voient leurs compagnons mourir sous leurs yeux lors des combats mais ils vivent également au
milieu des morts dont les corps en décomposition demeurent sur le champ de bataille faute de pouvoir les
enterrer. Les blessés gémissent parfois pendant des heures sans pouvoir être secourus et ceux qui le sont
sont parfois horriblement mutilés. Cette expérience fut traumatisante pour tous les soldats.
L’expérience des tranchées a entraîné un véritable sentiment de camaraderie entre les combattants
qui s’entraident et nouent de forts liens d’amitié entre eux. Le développement d’une culture combattante
au contact de l’expérience des tranchées entraîne le creusement d’un fossé d’incompréhension entre
soldats et civils et les combats nourrissent souvent de puissants ressentiments contre l’ « arrière ».
→ Projection d’une sélection de photographies illustrant l’expérience combattante.
(http://gallica.bnf.fr/html/und/images/la-premiere-guerre-mondiale-1914-1918.)
→ Présentation d’œuvres littéraires : E. M. Remarque
, A l’Ouest rien de nouveau
, 1929 et H.
Barbusse,
Le Feu
, 1916.