Livre du professeur

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CHAPITRE
4
La Première Guerre mondiale L’expérience combattante
dans une guerre totale
Manuel, pp. 76-97
I. Les choix du manuel
Le chapitre comprend tout d’abord deux doublespages consacrées aux grands repères chronologiques et spatiaux des années 1914-1918. Ils sont
indispensables à la compréhension de la problématique nouvelle du programme, à l’étude rigoureuse des trois dossiers documentaires et à la
réalisation des exercices proposés. Chaque professeur peut en avoir un usage très libre. « L’expérience combattante » est tout d’abord celle qui
est vécue par les soldats : c’est l’objet du premier
dossier consacré à l’expérience du front et à ses
spécificités, tandis que le premier cours précise
les caractéristiques nouvelles de la guerre. Mais
la guerre, qui devient totale, implique aussi de
plus en plus les civils : le deuxième dossier développe l’exemple du Nord de la France et de la
Belgique occupés, tandis que le deuxième cours
met en perspective cette caractéristique nouvelle
à l’échelle du conflit tout entier et introduit le
premier génocide du xxe siècle. Deux doublespages proposent enfin des pistes pour réviser
le baccalauréat, le plan détaillé d’une première
composition et l’analyse précise d’une affiche
de propagande.
II. Les outils complémentaires
– Frises interactives : « De la guerre de mouvement à la guerre de position », p. 78 ; « De la
lassitude à la victoire des Alliés », p. 80.
– Cartes interactives : Doc. 1, p. 79 ; Doc. 2,
p. 79 ; Doc. 1, p. 81 ; Doc. 2, p. 81.
– Vidéos GPA : « La vie dans les tranchées, le
1er janvier 1915 », p. 82 ; « Les armes nouvelles,
le 1er janvier 1916 », p. 84 ; « Les soins apportés
aux blessés, le 1er janvier 1918 », p. 84.
– Exercices interactifs : « Maîtriser les repères
chronologiques », p. 94 ; « Ne pas confondre »,
p. 94 ; « Mémoriser les notions clés », p. 94.
III. Les réponses aux questions
OUVERTURE
pp. 76-77
La double-page d’entrée reprend deux caractéristiques essentielles de la Première Guerre mondiale
et de « l’expérience combattante » que vivent les
millions de mobilisés : la mort de masse et la souffrance des individus au quotidien. L’ossuaire de
Douaumont est devenu le symbole de cette mort
qui frappe à une échelle jamais atteinte auparavant.
L’architecture rappelle à la fois le glaive planté
dans le sol, duquel ne dépasse que la poignée, et
le phare qui veille sur les morts et doit éclairer
une humanité qui a retrouvé la paix. La bataille de
Verdun est en elle-même particulièrement représentative des nouvelles modalités du conflit et
demeure un lieu de mémoire pour la France et
pour l’Allemagne. Otto Dix a, quant à lui, laissé
un « témoignage » postérieur à la guerre particulièrement saisissant. Ses œuvres sont profondément marquées par « l’expérience combattante »
de l’auteur, et le panneau central du triptyque de
La Guerre en est l’expression la plus marquante.
REPÈRES
pp. 78-79
De la guerre de mouvement à la guerre
de position (1914-1917)
Les repères chronologiques sont très simples
et font référence aux acquis du collège, tandis
que les repères spatiaux sont présentés à deux
échelles différentes : celle de l’Europe et celle
du front occidental. Ils doivent permettre d’inscrire dans le temps et dans l’espace l’ensemble
des réflexions développées à propos de l’expérience combattante et de la guerre totale.
QUESTIONS
1. Les Balkans apparaissent comme une zone particulièrement instable au début du xxe siècle. On
y voit s’affronter les intérêts de pays appartenant
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à deux systèmes d’alliances différents (Doc. 1).
L’attentat de Sarajevo, qui intervient après d’autres
épisodes de fortes tensions internationales, se
produit en Bosnie Herzégovine – annexée par
l’Autriche-Hongrie en 1908 – et met en cause le
nationalisme serbe. Les Serbes sont soutenus par
l’empire russe, qui appartient à la Triple Entente
avec la France, tandis que l’Autriche-Hongrie
peut compter sur son allié allemand dans le cadre
de la Triple Alliance (la position de l’Italie reste
plus ambigüe). Ainsi, les Balkans apparaissentils à la fois comme une « poudrière » et comme
la caisse de résonance des ambitions rivales de
deux systèmes d’alliances opposés.
2. L’échec de la guerre de mouvement s’explique
tout d’abord par celui du plan allemand, qui prévoyait une victoire rapide sur la France avant de se
retourner contre la Russie, plus lente à s’organiser
et supposée ne représenter qu’un danger plus tardif. Mais le ressaisissement de l’état-major français,
après quelques jours de flottement, permet de briser l’offensive allemande. Il faut dès lors « improviser » et aucune victoire décisive n’apparaît sur
le front occidental. L’équilibre des forces se traduit
par un « face à face » et la stabilisation des fronts.
3. À partir de 1915, la guerre devient donc une
guerre de position où il s’agit d’abord d’occuper
le terrain pour empêcher l’adversaire de progresser. Les armées « s’enterrent » et c’est toute l’organisation de la guerre qui s’en trouve modifiée.
Après les échecs des offensives sanglantes fondées prioritairement sur l’utilisation massive de
l’infanterie, on s’oriente vers un usage plus systématique de « préparations » par l’artillerie : la
guerre est devenue industrielle.
REPÈRES
pp. 80-81
De la lassitude à la victoire des Alliés
(1917-1918)
QUESTIONS
1. L’année 1917 marque un double tournant dans
la guerre. L’ensemble des belligérants manifeste
des signes de lassitude, à la fois chez les combattants et « à l’arrière ». Cette situation débouche en
Russie sur deux révolutions et l’arrivée au pouvoir des bolcheviks qui cessent les combats. On
aurait donc pu y voir la fin prochaine des comChapitre 4
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bats. Mais, de leur côté, les autres gouvernements
conservent l’espoir de pouvoir remporter la victoire : l’Allemagne peut profiter du retrait russe,
tandis que la France et l’Angleterre peuvent espérer un renforcement de leur position avec l’entrée en guerre des États-Unis en avril 1917.
2. En 1918, les calculs de l’état-major allemand
s’avèrent inexacts. Si le début de l’année est effectivement marqué par des offensives victorieuses,
ces dernières restent limitées et l’arrivée massive
des combattants américains fait définitivement
pencher le rapport de forces en faveur des Alliés.
Par ailleurs, l’empire d’Autriche-Hongrie donne
des signes d’éclatement de plus en plus évidents,
l’empire ottoman est menacé sur divers fronts tandis qu’en Allemagne le pouvoir de Guillaume II
n’est plus aussi assuré.
3. Les négociations de paix commencent dans
un contexte particulier. Certes, des armistices ont
été signés avec l’ensemble des pays en guerre,
mais les vainqueurs ne sont pas d’accord sur la
manière de construire la paix. Quant aux vaincus,
ils connaissent des difficultés particulières et les
gouvernements qui ont déclaré la guerre en 1914
ne sont plus au pouvoir. La question des « responsabilités », si importante aux yeux de certains
vainqueurs, est difficile à entendre pour les vaincus.
DOSSIER 1
pp. 82-83
Une expérience du front différente
des conflits antérieurs
QUESTIONS
1. L’auteur est l’écrivain Blaise Cendras, combattant de la Première Guerre mondiale comme
engagé volontaire dans la légion étrangère. Gravement blessé et amputé d’un bras, il a laissé plusieurs témoignages de cette expérience. Ici, il est
amené à « nettoyer » une tranchée ennemie et donc
à combattre au corps à corps avec ses adversaires.
2. L’auteur insiste sur certaines réalités anatomiques liées à l’affrontement direct avec un combattant ennemi (« la tête presque décollée »).
Mais il évoque aussi auparavant toutes les peurs
qu’il a dû subir (« la torpille, le camion, Lénine,
le feu, les gaz […] »). Il commence en réalité
son texte par cette « violence abstraite » d’une
La Première Guerre mondiale : l’expérience combattante dans une guerre totale
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guerre qui a totalement bouleversé la société et
les rôles de chacun des membres qui la constituent (les femmes, les ouvriers, les paysans, les
chirurgiens, les financiers, etc.).
3. Ce sont deux photographies d’époque, dont
l’une n’est ni datée ni précisément localisée
(Doc. 2), et l’autre remonte à avril 1918, près
de Béthune. Dans les deux cas, ces documents
concernent des fronts français, vus « côté Allié ».
Le document 3 a longtemps été censuré.
4. Il s’agit de deux moments particulièrement
importants désormais dans le déroulement de la
guerre et dans « l’expérience combattante ». Se
nourrir est une nécessité et la scène représentée
ne montre qu’une partie de la réalité. Il s’agit
d’un repas chaud, dans un abri, entre camarades
de combats, alors que les combattants durent
souvent se contenter d’une alimentation beaucoup plus irrégulière et de mauvaise qualité. Se
faire soigner est aussi une nécessité, notamment
avec le développement d’armes nouvelles (ici les
gaz). Les masques à gaz existent en 1918, mais
leur protection est parfois insuffisante. Sur l’ensemble du conflit, c’est l’artillerie qui inflige les
plus cruelles blessures et le nombre de morts le
plus élevé.
5. Ces informations complètent celles du document 1 dans la mesure où elles montrent les
moments où les combattants ne s’affrontent pas,
et qui deviennent de plus en plus nombreux avec
l’évolution de la guerre. L’attente, la peur, l’ennui, le doute font également partie du quotidien.
6. Ce sont deux documents de nature très différente. Le document 4 est une photographie
d’époque, sans doute officielle, destinée à immortaliser une cérémonie de remise des médailles à
des tirailleurs, tandis que le document 5 est diffusé actuellement par la section de Toulouse de la
Ligue des droits de l’homme. Il rend compte de
recherches sur la répression à l’encontre de responsables de faits de désertion, de refus d’obéissance ou de mutinerie.
7. Au regard du nombre de combattants, et de
l’ampleur des combats pendant quatre ans, les
chiffres établis par le général André Bach peuvent apparaître à la fois faibles et importants.
Contrairement à des idées répandues, 66 % des
exécutions ont lieu en 1914, et non en 1917, date
à laquelle on parle le plus souvent des mutineries.
Ces dernières semblent avoir été alors plus répandues, tout en concernant moins d’unités. Il apparaît aussi que l’attitude des autorités militaires à
ce sujet a changé entre 1914 et 1917, où il apparaît nécessaire de préserver la vie des hommes.
L’héroïsme au front donne effectivement lieu à la
remise de diverses distinctions, mais beaucoup de
combattants héroïques semblent également avoir
souffert de l’oubli après la fin des combats.
8. L’ensemble documentaire du dossier 1 montre
tout d’abord les principaux moments de la vie du
combattant sur le front occidental (les attaques,
l’alimentation, les soins, les différentes attitudes
face aux combats). Il montre également combien la
vie des combattants a évolué depuis le xixe siècle,
sachant qu’il n’aborde pas les autres formes de
combats, notamment maritimes ou aériens.
COURS 1
pp. 84-85
Une guerre d’un type nouveau
DOCUMENT 1
Les chiffres du premier document montrent facilement que l’Allemagne, la Russie, la France et
l’Autriche-Hongrie sont les pays les plus touchés
(tout particulièrement l’Allemagne avec 2 millions
de victimes). Cependant, ils doivent être rapportés à l’effectif de population et c’est la France
qui est proportionnellement la plus touchée. Les
États-Unis, entrés en guerre tardivement, apparaissent « épargnés ».
Le tableau apporte un éclairage intéressant
sur l’intensité des combats, même si toutes les
périodes chronologiques retenues ne permettent
pas de comparaisons faciles. Il montre clairement
combien le début de la guerre a pu être meurtrier
en France, sous le choc de l’invasion allemande
et l’effet d’une certaine improvisation stratégique.
DOCUMENT 2
Ce document évoque bien sûr le cas des mutilés, qui se comptent par centaines de milliers en
1918. Les blessures des membres supérieurs et
des membres inférieurs aboutissant à des amputations sont extrêmement nombreuses, et la médecine accomplit des progrès remarquables pour
« remplacer » ce que la guerre a détruit (c’est
le cas aussi des « gueules cassées »). Le retour
à la vie civile n’en demeure pas moins compli-
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Livre 1.indb 32
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qué, tout particulièrement pour les ouvriers et les
exploitants agricoles, tandis que les traumatisés
restent souvent dans les hôpitaux psychiatriques.
DOCUMENT 3
Cette affiche française est caractéristique d’un
vaste ensemble de productions iconographiques
destinées à dénoncer la « barbarie prussienne ».
Dans le cas présent, c’est le caractère religieux, et
donc résolument non militaire, du bâtiment qui est
souligné. Il s’agit d’un acte délibéré, sans rapport
avec des considérations militaires ou stratégiques.
DOCUMENT 4
La photographie représente la place d’Arras,
chef-d’œuvre architectural, en ruines. C’est là
cependant, non loin du front, qu’un concert est
donné par une fanfare militaire pour des soldats
très probablement en permission.
On y retrouve donc de nombreuses caractéristiques de la guerre : les villes commencent à être
bombardées, les soldats bénéficient enfin de permissions et quelques loisirs sont organisés à leur
intention. La guerre devient bien totale.
DOSSIER 2
pp. 86-87
Militaires et civils en Belgique
et dans le nord de la France
QUESTIONS
1. L’auteur est un historien allemand qui enseigne
actuellement à l’université de Düsseldorf et publie
un article dans un journal français de « vulgarisation » historique. Ses recherches lui permettent de préciser que le déchaînement de violence
à l’encontre des civils s’explique d’abord par le
sentiment de peur éprouvé par les combattants
allemands, pourtant victorieux, mais persuadés
d’être les cibles potentielles de francs-tireurs.
2. Les documents 2 et 3 sont des documents iconographiques, mais très différents l’un de l’autre.
Le document 2 date de la guerre et se trouve
conservé aux archives départementales du Nord,
tandis que le document 3 est une photographie
actuelle du monument aux fusillés de la Première
Guerre mondiale de la ville de Lille.
3. Les documents 2 et 3 montrent une occupation très dure à l’encontre des civils. Il s’agit de
Chapitre 4
Livre 1.indb 33
montrer l’ampleur de la victoire militaire allemande et peut-être son caractère durable. Il s’agit
aussi d’éliminer les groupes de résistants qui se
sont constitués très tôt et regroupent parfois des
membres très jeunes.
4. Les documents 4 et 5 sont de nature différente.
Le document 4 est extrait d’un ouvrage récent réalisé par deux historiens spécialistes de la période et
qui font le point sur l’état actuel de la recherche.
Le document 5 est une photographie d’époque,
également conservée aux archives départementales
du Nord, qui donne des indications très concrètes
sur l’occupation subie par les civils.
5. Du point de vue économique, l’occupation se traduit tout d’abord par la saisie des dépôts bancaires
et par le prélèvement de nombreuses richesses
(monétaires avec les amendes, matérielles avec les
confiscations et les nombreuses réquisitions). Elle
aboutit nécessairement à des situations de pénurie, notamment dans le domaine alimentaire. Elle
se caractérise aussi par les premiers cas de travail
forcé, ainsi que par les premières déportations,
notamment de femmes et d’enfants, à destination
de la frontière et de la Belgique.
6. L’ensemble du dossier montre que la situation
des civils de Belgique et du nord de la France est
singulière sur le front occidental, notamment à
cause de l’occupation. Après les brutalités de l’invasion, ils sont en effet soumis à un régime particulièrement rigoureux fait d’humiliations, de privations et de peur. Ils sont donc regardés comme des
ennemis, voire des combattants potentiels. La frontière entre civils et militaires semble s’être déplacée, et une certaine confusion se manifeste donc
déjà dans ces régions entre les uns et les autres.
COURS 2
pp. 88-89
Des civils de plus en plus impliqués
dans la guerre
DOCUMENT 1
Cette photographie montre clairement le caractère public et organisé des exécutions pratiquées.
Il s’agit bien de montrer le châtiment réservé à ces
individus. Par contre, il n’est pas du tout question
de l’ampleur du génocide, ni d’autres méthodes utilisées pourtant à l’encontre de centaines de milliers
d’Arméniens (cf. notamment le Doc. 2).
La Première Guerre mondiale : l’expérience combattante dans une guerre totale
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DOCUMENT 3
Ces femmes polonaises ont été réquisitionnées
par l’armée allemande pour réaliser des travaux
de terrassement. Les « nécessités de la guerre »
semblent l’avoir emporté sur toute autre considération, et la rudesse des tâches imposées est bien
visible, observée paisiblement depuis le train. Le
statut spécifique de ces civils polonais est nié,
voire méprisé. Celui des femmes l’est encore plus.
DOCUMENT 4
Le rapport du consulat allemand d’Alep indique
la place désormais majoritaire des femmes et
des enfants parmi les victimes retrouvées dans
l’Euphrate. Attachées deux par deux et dos à dos,
elles ne peuvent que se noyer.
Le texte ne fait mention d’aucune trace de balles
et l’on peut penser que la noyade est une méthode
d’extermination. Le document 2 montre cependant aussi des affrontements avec l’armée, des
massacres de masse et des marches épuisantes
pour rejoindre des camps de concentration situés
dans le sud du pays.
DOSSIER 3
pp. 90-91
La SDN, une tentative manquée
pour préserver la paix
3. Dans une large mesure, on peut dire que le pacte
de la SDN concrétise les espoirs américains. On y
reconnaît la volonté d’établir de véritables règles
internationales, et de développer un droit reconnu
par tous. Certains dénoncent également le caractère
utopique de ce pacte et de la vision américaine,
parfois très éloignés des réalités européennes.
4. La SDN est notamment en charge de la question des mandats, principalement situés au MoyenOrient, de celle des régions disputées (dont certaines
sont soumises à plébiscite) ou contestées (couloir
de Dantzig, Sarre). Or elle n’a pas directement participé à l’écriture des traités de paix et, auparavant,
aux décisions territoriales qu’ils contiennent.
5. La SDN a également œuvré au développement
d’organismes spécialisés, dont certains existent
encore aujourd’hui, et à celui de la sécurité collective et du désarmement. Certes, la tâche peut
apparaître lourde – comme le montre la célèbre
caricature anglaise du document 5 : le rameau
d’olivier s’est transformé en une branche difficile à saisir pour la colombe de la paix.
6. La branche peut représenter l’ensemble des
questions à résoudre pour que la paix soit maintenue, et le document 4 en donne plusieurs exemples
avec la mention des zones de tension qui remettent
en cause les traités de paix entre 1920 et 1923 :
la frontière entre la Russie et la Pologne, entre la
Roumanie et la Russie ; la question arménienne ;
la tension entre la Grèce et la Turquie.
QUESTIONS
1. La position des États-Unis est originale dans la
mesure où ce pays est entré en guerre tardivement,
et que son président a exprimé publiquement en
janvier 1918 les bases sur lesquelles il entendait
participer à la guerre et ensuite agir pour la paix.
Ils sont également les seuls à proposer la création
d’une organisation internationale pour garantir la
paix à l’avenir, et faire respecter l’intégrité territoriale de tous les États, grands ou petits.
2. Le pacte de la SDN précise dans son préambule qu’il est nécessaire de développer la coopération entre les nations. Il souligne également la
nécessité d’accepter de ne pas recourir à la guerre,
de pratiquer une diplomatie transparente, de respecter le droit international et les traités de paix.
L’article 16 ajoute quant à lui la nécessité de la
solidarité entre les membres pour condamner ceux
qui ne respectent pas leurs engagements.
CINÉMA & HISTOIRE
pp. 92-93
La mémoire de la Première Guerre mondiale
au cinéma
La Grande Illusion, Jean Renoir, 1937
Sommet de l’art cinématographique et document
historique majeur (lieu de mémoire), le film s’impose par l’accueil enthousiaste qu’il reçoit en France
et dans le monde à la veille de la Seconde Guerre
mondiale, les interprétations divergentes auxquelles
il donna lieu ensuite, notamment à la Libération, la
consécration universelle qu’il connut enfin.
QUESTIONS
1. Cf. Bibliographie et sitographie ci-après.
2. Le prologue dégage la problématique : clivages nationaux ou clivages sociaux ?
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Livre 1.indb 34
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Les 3 parties correspondent à 3 lieux :
- 1. Un camp de prisonniers en Allemagne (solidarité des Français de toutes origines) ;
- 2. Une forteresse disciplinaire (rapprochement
des aristocrates) ;
- 3. Une ferme du Wurtemberg (idylle entre un
prisonnier français et une paysanne allemande).
L’épilogue pose la question du titre.
Les personnages : Boeldieu et Maréchal sont deux
officiers français unis par le combat et les tentatives d’évasion (le premier donnera sa vie pour
l’autre), mais « tout nous sépare » dit le second
(l’appartenance sociale et les codes qui la définissent). Boeldieu et von Rauffenstein, le prisonnier et le geôlier, ont en commun les codes et les
réseaux de l’aristocratie européenne et sa conception de la guerre « en gants blancs » ; tous deux
sont conscients de la fin inéluctable de leur classe :
le Français s’y résigne, l’Allemand la refuse.
La représentation des Anglais, des Allemands et
du Juif a donné lieu à des interprétations différentes. Les Anglais sont des compagnons de lutte ;
c’est un Anglais qui entonne la Marseillaise dans
la scène de music-hall. Mais ces alliés semblent
peu fiables attachés à leurs raquettes de tennis ou
déguisés en femmes. D’ailleurs on ne les comprend pas, et Boeldieu, parfait anglophone, ne fait
rien pour leur indiquer le tunnel d’évasion. Aucun
Allemand n’est antipathique. Les prisonniers sympathisent avec leur gardien Arthur, et surtout le
commandant du camp, Von Rauffenstein, incarne
l’honneur et le panache. Le Juif Rosenthal est fils
de banquier : on pense aux Rothschild. C’est un
compagnon chaleureux, généreux qui partage ses
colis, qui devient l’ami de Maréchal : une image
sympathique du juif, volontairement à l’encontre
des campagnes antisémites virulentes d’avantguerre. Pourtant en 1946, certains virent dans le
jeu de l’acteur Dalio une caricature conforme à
ces mêmes campagnes.
3. Les sens du titre
Illusion du pacifisme (la guerre de 14-18 ne serat-elle pas la « der des der » ?).
Illusion du nationalisme ? (les frontières sont une
invention des hommes).
Illusion de la fraternité (l’union dans le patriotisme efface-t-elle les inégalités sociales ?). Renoir
refuse tout manichéisme.
Les combats de 14-18 et les tranchées ne sont
jamais montrés, mais les indices et les évocaChapitre 4
Livre 1.indb 35
tions (noms des batailles, armes, pays en présence,
détails concrets) permettent au public de se remémorer ces années encore proches (20 ans auparavant). Film réalisé et applaudi par des anciens
combattants, il fixe leur mémoire et exalte leur
patriotisme en même temps que leur volonté
d’éviter toute nouvelle guerre. Les Français de
1937, les Poilus et leurs familles s’y sont reconnus. Cf. la thèse d’Antoine Prost sur les anciens
combattants.
Pour approfondir
Les deux sorties du film
En 1937-1938, le film eut un succès public sans
précédent. La presse de gauche « Front populaire » l’acclama comme un grand film internationaliste prônant l’amitié entre les peuples audelà des clivages de classe, un film pacifiste à la
veille des accords de Munich, un film antiraciste
contrant la propagande anti-juive. Les patriotes y
virent un hommage aux combattants, et la presse
de droite y trouva son compte.
Les antisémites comme Céline le vomirent. Goebbels, très cinéphile, détesta et qualifia le film
« d’ennemi public ». Mussolini l’aima mais le
retira des salles sous la pression allemande. En
Belgique, il fut interdit. Aux États-Unis, il fut
porté aux nues et Roosevelt souhaita « qu’il fut
montré à tous les démocrates du monde ».
En 1946, il provoqua les critiques violentes de
la presse issue de la Résistance qui y vit un film
germanophile, anglophobe, antisémite offrant une
image caricaturale du juif intolérable après Auschwitz, au total un film « pré-vichyste ».
Marc Ferro a travaillé sur ce paradoxe et a
montré que le film, riche de ses ambigüités, a
absorbé comme un buvard les composantes multiples et contradictoires de l’opinion publique, ce
qui en fait un miroir de la société française des
années 1930.
Bibliographie
Ferro, Marc, Cinéma, une vision de l’histoire,
Chêne, 2003.
Ferro, Marc, Cinéma et histoire, Folio, 1997,
chapitre XVI, « Double accueil à la Grande Illusion », pp.184-190.
Garçon, François, De Blum à Pétain, cinéma et
société française (1936-1944), Cerf, 1984, préface du Marc Ferro.
La Première Guerre mondiale : l’expérience combattante dans une guerre totale
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1914-1919, la guerre et la paix, Catalogue du
19e festival international du film d’histoire de
Pessac, 2008.
Riche filmographie. Laurent Véray y distingue
une périodisation de 4 étapes en 90 ans.
Curchod, Olivier, La grande illusion, Nathan,
Synopsis, 1994.
l’expérience combattante en conformité avec le
nouveau programme.
Sitographie
Festival de Pessac : www.cinema-histoire-pessac.com .
Cf. le 19e festival, 2008 : 1914-1919, la guerre
et la paix.
II. Une guerre qui implique aussi largement
les civils
A. L’effort de guerre repose également sur l’arrière.
B. Les régions occupées sont soumises à l’exploitation et à la répression.
C. Le peuple arménien est victime d’un véritable génocide.
VERS LE BAC
p. 95
AUTRE SUJET POSSIBLE
Pourquoi peut-on dire que la Première
Guerre mondiale est une guerre totale ?
Le sujet est assez classique et ne devrait pas poser
trop de difficultés aux élèves. On peut proposer
un plan autour de quelques idées articulées sur
I. Une guerre particulièrement destructrice
A. L’Europe est un continent ravagé, certes inégalement, en 1918.
B. Les Européens payent un lourd tribut au conflit.
C. Le traumatisme est profond chez les combattants.
III. Une guerre qui implique totalement les
sociétés
A. Toute l’économie est mobilisée au service de
la guerre.
B. La guerre est largement « légitimée » par les
États en guerre.
C. La guerre s’accompagne du recul des grandes
valeurs humanistes de l’Europe.
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