Les scores de qualité de vie dans les troubles vésico

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Scores de symptômes et de qualité de vie en pathologie pelvi-périnéale chez la femme
Les scores de qualité
de vie dans les troubles
vésico-sphinctériens
du patient neurologique
■ S. Sheikh-Ismael*
L’
impact des troubles vésico-sphinctériens sur la qualité de vie est important
chez le patient neurologique.
En effet, en dehors de ses implications potentielles en termes de retentissement uro-néphrologique, les troubles vésico-sphinctériens neurogènes engagent toujours le pronostic
fonctionnel, majorant le handicap social et/ou
psychologique de la maladie neurologique et
retentissant ainsi sur la qualité de vie. Même si
nombre de décisions sont dictées par des
nécessités purement “médicales” (gestion d’un
résidu chronique, diminution d’hyperpression
intravésicale chronique, suppression des
risques de reflux…), l’aspect qualité de vie est
parfois au premier plan pour décider de l’instauration d’une thérapeutique. C’est par
exemple le cas où est décidée l’association
d’un régime d’autosondage pour palier la
désactivation pharmacologique d’une vessie
par un traitement anticholinergique devant une
hyperactivité rebelle.
LES QUESTIONNAIRES UTILISABLES
* Service de rééducation neurologique
et d’explorations périnéales
hôpital Rothschild, 33, bd de Picpus,
75571 Paris Cedex 12.
e-mail : [email protected]
Aucun questionnaire spécifique n’existe en
dehors de Qualiveen, qui est un questionnaire
destiné à évaluer l’impact des troubles urinaires sur la qualité de vie des blessés médullaires (BM). Il a été développé par un comité
scientifique pluridisciplinaire et validé après
une phase de réduction psychométrique.
Les étapes de la création ont été classiques,
avec identification des concepts à mesurer lors
d’entretiens individuels avec des BM, puis création d’items à partir du discours des patients.
La validité de contenu et la compréhension des
questions ont été testées auprès de BM. Le
questionnaire initial était composé de 84 items
regroupés dans 4 domaines : gêne (33 items),
contraintes (20 items), craintes (18 items), vécu
(13 items). Ce questionnaire spécifique, com-
Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 2, vol. I - avril-mai-juin 2001
plété d’une échelle qualité de vie générale et de
renseignements socio-démographiques et cliniques, a été validé chez 281 BM. Une étude
transversale a permis de réduire le nombre
d’items, de confirmer la validité de construction, de documenter la fiabilité interne des
domaines (alpha de Cronbach) et la validité clinique (pouvoir discriminant). Trente questions
ont été retenues dans le questionnaire final
mesurant la gêne (9), les contraintes (8), les
craintes (8) et le vécu (5). Les critères de validité de construction et de fiabilité interne
étaient satisfaits (alpha de Cronbach › 0,70
pour tous les domaines). La validité clinique a
été démontrée par la détérioration significative
de la qualité de vie des patients présentant plus
de problèmes urinaires, étant non satisfaits de
leur mode mictionnel ou devant passer plus de
temps pour uriner (p ≤ 0,01). Les scores spécifiques étaient plus liés à l’âge de la lésion et au
mode mictionnel qu’au niveau de lésion médullaire. De plus, l’intensité de la gêne spécifique
résultant des troubles urinaires était associée à
une détérioration des scores de performance et
de satisfaction du questionnaire général
(p ‹ 0,001).
Ainsi, ce nouveau questionnaire a démontré ses
capacités à mesurer spécifiquement les retentissements des troubles urinaires sur la qualité
de vie des blessés médullaires.
En dehors du questionnaire Qualiveen, la seule
manière d’évaluer le retentissement des
troubles vésico-sphinctériens, ano-rectaux et
génito-sexuels d’origine neurogène est la passation d’échelles visuelles analogiques expertisant chacun des domaines considérés.
LES ÉTUDES RÉALISÉES CHEZ LE PATIENT
NEUROLOGIQUE
Elles sont rares. Plusieurs travaux ont été réalisés sur l’impact des troubles sphinctériens sur
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d o s s i e r
les patients atteints de sclérose en plaques
(SEP). En effet, atteignant près de 80 % des
patients, les troubles vésico-sphinctériens
engagent toujours le pronostic fonctionnel de
cette maladie, majorant le handicap social
et/ou psychologique de cette affection et retentissant ainsi sur la qualité de vie.
En raison du faible risque de complications uronéphrologiques, la prise en charge thérapeutique des troubles urinaires de la SEP est dictée
par l’amélioration du confort. Une étude prospective a été menée sur 85 patients atteints de
sclérose en plaques, étudiés sur les plans cliniques, urodynamiques et évalués en termes de
qualité de vie (Amarenco, SIFUD 97). Les
troubles urinaires altèrent fortement la qualité
de vie (figure 1). Il existait une forte corrélation
entre l’importance des symptômes et l’altération de la qualité de vie, mais aucun lien entre
la typologie urodynamique (hyperactivité versus hypoactivité), l’état fonctionnel global, le
sexe, l’âge et ces scores spécifiques de qualité
de vie.
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0
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3
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6
Figure 1. Distribution du score qualité de vie (score
IPSS de 0 à 6) chez 85 patients atteints de SEP.
CONCLUSION
L’appréciation de la qualité de vie est un élément
fondamental dans la prise en charge thérapeutique des vessies neurologiques. Elle permet
d’appréhender au mieux la demande du patient,
de hiérarchiser les propositions thérapeutiques
en fonction de la gêne induite et ressentie.
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