
fréquentes est d’attribuer à la hanche un handicap qui relève
en fait d’un canal lombaire étroit, d’une arthropathie sacro-
iliaque, d’une sciatique ou d’une cruralgie, voire d’une hernie
crurale. Le risque d’erreur peut être limité par un examen
attentif, le caractère mécanique des troubles (ils disparais-
sent généralement au repos), la douleur à la mise en charge
et bien sûr les signes radiologiques (parfois absents au dé-
but, ou seulement visibles sur des clichés de profil ou un
scanner). Par ailleurs, une coxarthrose débutante à partir d’un
certain âge est bien banale et ne doit pas limiter la recherche
d’une autre étiologie.
Cotation des résultats
Il existe plusieurs exemples de cotations chiffrées. Celle de
Merle D’Aubigné et Postel reste encore largement utilisée
dans le monde à côté de celle de Harris ou de Michel Le-
quesne, cette dernière étant plutôt un indice algo-fonctionnel.
Certains utilisent de plus en plus les indices de qualité de vie
de type Womac ou SF36. Des cotations radiologiques permet-
tent d’anticiper sur des problèmes éventuels en mesurant
différents éléments : usure des pièces, liserés radiologiques,
modifications des angles témoignant de micro mobilité. Des
méthodes fines (RSA : Roentgenostereogrammétrie ; EBRA :
Ein Bilt Roentgen Analysis) permettent de mesurer des mobi-
lités avec des précisions de 0,5 mm. Enfin, les courbes de
survie actuarielle (application des méthodes statistiques de
Kaplan-Meier) permettent de connaître les chances pour une
prothèse donnée et un groupe homogène de patients défini de
rester en place. Cette méthode tient compte des patients
décédés ou perdus de vue. Si leur nombre augmente, l’inter-
valle de confiance s’élargit et la précision diminue. Générale-
ment, la survie à 10 ans est un bon critère de succès même si
des détériorations rapides peuvent survenir au-delà de cette
limite. De plus, la qualité du résultat en termes d’indolence, de
capacité à pratiquer des sports, à reprendre le travail, sont
autant d’éléments importants dans le contexte.
Les suédois ont mis sur un registre toutes les prothèses po-
sées en Suède depuis 1979. C’est un outil très riche qui n’a
pas d’équivalent, même si les Norvégiens, les Anglais et
d’autres ont suivi cet exemple [3]. Il nous apprend que les
résultats de la prothèse de Charnley dite le « gold standard »
sont de 90 % de prothèses en place après 10 ans. Ce chiffre
mérite cependant quelques commentaires. Les résultats
avec cette prothèse sont nettement meilleurs chez les per-
sonnes âgés, les femmes, alors qu’ils se dégradent nette-
ment chez les patients les plus jeunes ; d’autre part même
si la prothèse n’est pas réopérée, il semble qu’avec le temps,
il existe un certain inconfort : quelques douleurs, des images
radiologiques d’usure, de microgéodes, qui font penser à une
détérioration de la tenue de la prothèse due à des réactions
à corps étrangers sans qu’une réintervention ne soit envisa-
gée chez ces personnes fatiguées et souvent âgées.
D’autres prothèses comportant des matériaux résistants à
l’usure comme les couples céramiques ont montré que cette
absence d’usure pouvait expliquer une excellente tenue mé-
canique après 20 ans (notre série trouve 91 % des prothèses
toujours en place après 20 ans avec ce type de prothèse).
D’autre part, cela se confirme même si la prothèse est im-
plantée chez des sujets jeunes et de ce fait soumise à des
efforts importants.
Choix de la prothèse
et intervention type
L’indication étant posée, le patient doit passer une consulta-
tion préopératoire anesthésique. Il n’est généralement plus
nécessaire de pratiquer une autotransfusion puisque les per-
tes sanguines, si l’intervention est conduite par voie posté-
rieure et avec une incision limitée seront de l’ordre de 500 cc
au total, ce qui est compatible avec une substitution par rem-
placement volumique simple surtout si l’hématocrite préo-
pératoire est dans les limites de la normale.
La voie d’abord est le plus souvent postérieure (certaines
équipes préfèrent des voies différentes, transtrochanté-
rienne ou antérieure). L’intervention dure 60 minutes en
moyenne pour un cas standard. Elle est menée sous anes-
thésie locorégionale de type rachianesthésie ou générale
avec des procédures d’antalgies très au point. Une antibio-
thérapie prophylactique est de règle, de même qu’un traite-
ment anticoagulant préventif1. Certains discutent actuelle-
ment de l’efficacité comparable des manœuvres mécaniques
parfois aidées de pompes et de bas de contention.
Le choix de la prothèse dépend de l’opérateur et du patient.
Dans notre équipe, chez un patient âgé dont l’exigence fonc-
tionnelle est limitée, une prothèse cimentée simple comportant
un cotyle en polyéthylène massif et une tige en titane scellée
par du ciment acrylique est mise en place ; chez un patient plus
jeune, actif, qui souhaite continuer sa pratique du sport ou un
métier comportant le port de charges lourdes, avec une espé-
rance de vie plus longue, nous implantons une prothèse
comportant des pièces sans ciment en alliage de titane recou-
vertes d’une surface irrégulière et parfois d’hydroxyapatite (fi-
gures 1 et 2). La coque intra cotyloïdienne et la tige centromé-
dullaire comportent des pièces en oxyde d’aluminium (Al2O3),
matériau inerte biologiquement, extrêmement résistant à
l’usure. Ces prothèses implantées maintenant depuis plus de
10 ans donnent après 10 ans des taux d’échecs mécaniques de
l’ordre de 3 %. Un des risques est la survenue d’une fracture,
dont la fréquence est inférieure à 1/2 000 sur une période de
10 ans. Ces prothèses ont parfois été décrites comme bruyan-
tes, mais ce bruit n’entraînent généralement aucune gêne sé-
rieuse, dans la mesure où il ne résulte pas d’un contact anormal
ou d’un dessin particulier des pièces prothétiques.
Les complications infectieuses sont de l’ordre de moins de
1 %. Une prise en charge adaptée permet généralement d’en
venir à bout au prix d’une ou deux réinterventions.
La mobilisation doit se faire en post-opératoire immédiat, la
mise au fauteuil le lendemain et la mise en charge sous cou-
vert de deux cannes au 2ejour. Une rééducation est indis-
pensable dans les premiers jours pour redonner le plus rapi-
dement possible une fonction, assurer les soins de siège,
1. Son efficacité est démontrée sur la prévention de la maladie post-phlébiti-
que, mais pas sur la prévention des embolies pulmonaires mortelles.
394 MÉDECINE novembre 2011
THÉRAPEUTIQUES
Spécial arthroplasties
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