célèbre la quête effrénée de plaisir en opposition aux contraintes et aux règles sociales, morales et
religieuses. Probablement apocryphe, l’histoire s’inspirerait d’un fait divers rapporté par la Chroni-
que de Séville : au XIVe siècle, Don Juan Tenorio aurait tué le commandeur Ulloa après avoir séduit
sa fille. En représailles, les moines du couvent où fut enterré le commandeur
l'auraient assassiné et fait disparaître son corps, clamant qu'il avait été fou-
droyé par le Ciel et entraîné en enfer, en châtiment de ses fautes et de son refus
de repentance. Sans doute le succès de la pièce qu’en tira Tirso de Molina,
mettant en scène un personnage de jeune débauché porté sur la jouissance est-
il, plus sûrement, à l'origine de la légende.
Maintes fois adapté, le texte fascine. En Italie, il est intégré à la commedia
dell'arte. Lorenzo Da Ponte (1749-1838), poète, librettiste et personnage ro-
manesque s’il en fût, en tire un livret que Mozart (1756-1791) mettra en musi-
que. Ce sera Don Giovanni, opéra en deux actes de type dramma giocoso2, créé à Prague le 29 oc-
tobre 1787. Avec La Flûte enchantée et les Noces de Figaro, cette œuvre exercera une profonde in-
fluence sur les compositeurs romantiques : Wagner ne la quali-
fiera-t-il pas d'opéra des opéras ? Au vrai, la scène du Comman-
deur, revenant du Royaume des Morts pour y entraîner Don
Giovanni, est certainement l’une des plus saisissante que le gen-
re opératique ait produit. Le peintre Fragonard ne nous en lais-
sera-t-il pas une vision fantasmagorique ?
Éric Dujardin nous dévoilera les contours de cette œuvre majeu-
re le mercredi 5 février à 18h30 en l’Auditorium du Séminaire
Épiscopal, à Tournai.
Cette présentation anticipera la projection intégrale de l’opéra,
laquelle aura lieu le mercredi 12 février à 19h30 au cinéma Ima-
gix, à Tournai dans une mise en scène de Kasper Holten et des
décors de Es Devlin. Avec Maiusz Kwiecien (Don Giovanni),
Alex Esposito (Leporello), le Chœur du Royal Opera et l’Orchestre du Royal Opera House (Lon-
dres) placés sous la direction de Nicolas Luisotti.
La Musique Ibérique pour clavecin
ANT au Portugal qu’en Espagne, l’avènement de la Renaissance est
synonyme d’âge d’or. Conséquente à la découverte du Nouveau Mon-
de, l’hégémonie politique des deux royaumes – conjuguée, il est vrai, à leur
prospérité économique –, offre un terreau exceptionnel. Ainsi s’épanouit
une puissante tradition artistique, au demeurant déjà solidement implantée.
Le XVIe siècle inaugure donc une ère fastueuse dans laquelle la musique
occupe une place significative. Tous les genres s’y développent, sous l’im-
pulsion des premiers grands compositeurs. Parmi ceux-ci figure Antonio de
Cabezón (1510-1566). Célèbre claviériste3 espagnol au service de Charles
Quint et de Philippe II, il sera considéré comme Fondateur de l’École d’Or-
gue Espagnole et lointain précurseur des Sweelinck, Byrd ou Frescobaldi.
Deux siècles plus tard, le Padre Soler (1729-1783), religieux dans l’ordre des Hiéronymites et Maî-
tre de Chapelle de l’Escorial, composera de nombreuses sonates destinées, elles aussi, au clavier. À
la même époque, au Portugal, l’italien Domenico Scarlatti (1685-1757) séjourne à Lisbonne comme
2 « Drame joyeux », associant des éléments comiques (buffa) et tragiques (seria).
3 À l’époque, les œuvres pour clavier s’exécutent indistinctement sur l’orgue ou le clavecin.