L’histoire de l’opéra
Don Giovanni a été créé par Mozart, le 29 octobre 1789 au Théâtre national
de Prague. Le succès a été immédiat.
Commandé par l'Opéra de Prague, Les Noces de Figaro avaient été re-
présentées avec un succès dépassant de beaucoup celui de la première viennoise,
Don Giovanni est le deuxième des trois opéras que Mozart composa sur un livret de
Lorenzo da Ponte. Il reprend le mythe du séducteur puni.
L'histoire se déroule à Séville, au XVIIe siècle. C'est la nuit. Dans le jardin du
commandeur, Leporello monte la garde devant la maison dans laquelle Don Gio-
vanni s'est introduit afin de séduire Donna Anna, la fiancée d'Ottavio.
Soudain, Don Giovanni apparaît, se dissimulant le visage, poursuivi par Donna
Anna. Elle veut savoir qui il est et appelle à l'aide. Réveillé par le bruit, son père, le
commandeur survient. Il provoque l'agresseur en duel. Il est frappé à mort par Don
Giovanni qui prend la fuite sans avoir éreconnu. Donna Anna est choquée, et
Don Ottavio jure vengeance.
Sur le plan musical, Mozart y récapitule les formules de l'opéra du passé et
invente celles du drame musical moderne. C'est la raison pour laquelle, à la diffé-
rence d'autres œuvres du compositeur, Don Giovanni n'a jamais quitté la scène
depuis sa création. Jouissant d'une grande popularité auprès du public, cette
œuvre, que l'on a souvent considérée comme « l'opéra des opéras », est incontes-
tablement une des figures majeures du répertoire.
Un dramma giocoso
Ce terme peut se traduire par l’expression « drame joyeux ». Ce genre le à
la fois frivolité et tragédie. Mozart a parfois employé pour son opéra le terme
d’opera buffa ce qui montre que la terminologie n’est pas strictement définie. Le
livret est écrit à Vienne en italien par Lorenzo Da Ponte, exilé par la République de
Venise en raison d’un comportement jugé excessivement libertin. Il s’agit de la se-
conde œuvre commune du librettiste et de Mozart après Les Noces de Figaro
créées en 1786. Une troisième collaboration aura lieu avec Cosi fan Tutte (dramma
giocoso créé en 1790).
Le mythe de Don Juan
Il existe une multitude de versions et de genres utilisant le mythe de Don Juan.
Tirso de Molina est célèbre pour avoir écrit la première pièce de théâtre sur ce per-
sonnage dans El Burlador de Sevilla y el Convidado de piedra (l’abuseur de Séville
et le convive de pierre).
Connaître l’origine d’un mythe de façon aussi précise est si rare que cette
dénomination de « mythe » en est presque discutable pour Don Juan. La pièce de
Tirso de Molina est publiée en 1630. La plupart des spécialistes situe son écriture vers
1616. L’action se déroule à Séville, sous le règne du roi Alphonse XI, au XIVe siècle
donc ; mais il semble évident que les scènes dépeignent l’Espagne du XVIIe siècle.
Il est difficile de savoir si Molière a connu cette œuvre originelle, cependant il ap-
paraît comme certain qu’il s’est inspiré des tragi-comédies intitulées Le Festin de
pierre ou le Fils criminel.
Il en existe deux versions. La première est de Dorimon, publiée en 1659, la se-
conde de Villiers publiée à Paris l’année suivante. Mozart et Da Ponte, quant à eux,
ont puisé leurs sources principalement dans l’œuvre de Molière et dans Don Gio-
vanni Tenorio o sia il dissoluto (Don Juan Tenorio ou le Dissolu) de Goldoni joué à
Venise en 1736. L’influence la plus marquante reste toutefois celle de Bertati et Gaz-
zaniga. En effet, le 5 février 1787, moins d’un an avant la création du Don Giovanni
de Mozart, a lieu à Venise, au cours du carnaval, la première représentation d’un
Don Giovanni ou Le Convive de Pierre, de Gazzaniga sur un livret de Giovanni Ber-
tati. Da Ponte connaît cette version et s’en inspire fortement de même que Mozart
qui magnifie parfois certains clichés de Gazzaniga.
Commentaire de tableau :
Le visuel choisi pour illustrer le spectacle dans le programme est une peinture
d’Alexandre Evariste Fragonard (le fils de Jean-Honoré Fragonard 1732-1806) dont
le titre est le suivant : Don Juan, Zerlina et Donna Elvira, il est conservé au musée
d'art Roger-Quilliot à Clermont-Ferrand. Ce tableau représente une scène bien
précise de l’opéra : la scène 10 de l’acte I.
Alexandre-Evariste a été l’élève de son père et a aussi fréquenté l'atelier de
Jacques-Louis David (1748-1825). Cette peinture à l’huile date probablement
de 1830 et appartient au style
troubadour.
Voici la note rédigée par
Christelle Meyer :
« Amateur de théâtre et d'opéra, il
illustre ici une scène de Don Giovanni,
le célèbre opéra de Wolfgang
Amadeus Mozart (1756-1791) joué pour
la première fois à Prague en 1787 et à
Paris en 1805 (Acte I, Scène 10).
Le peintre choisit de représenter le
moment Donna Elvira, jeune femme
délaissée par Don Juan, empêche la
paysanne Zerlina de céder aux
avances du libertin. Si la tension est suggérée par les lignes des jambes et des bras,
c'est avant tout le jeu des mains qui traduit efficacement la complexité des
sentiments des protagonistes. L'artiste place les trois personnages sur le même plan
: les deux femmes de face et l'homme qu'elles aiment de dos, décentré, comme
pour signifier son embarras. Donna Elvira, pleine de colère esquisse un mouvement
de recul en se penchant vers la droite. Zerlina, au centre, mène le jeu. Ses bras
écartés forment un cercle et essaient de joindre les bras des deux époux qui, eux,
forment un triangle inversé. C'est que Fragonard concentre toute la dynamique
de ses acteurs : la tentative de réconciliation de l'une et le refus des deux autres. »
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