Questions pour un champion en anesthésie 81
alors remonter «à contre-sens» dans la voie initialement bloquée, créant une boucle
avec possibilité de déclenchement d’une tachycardie. Il peut s’agir de macroréentrée
ou de microréentrée.
Il convient de mettre à part la torsade de pointes, qui est favorisée par un allongement
de l’intervalle QT acquis ou congénital, mais aussi par la bradycardie, l’hypokaliémie,
l’hypomagnésémie et certains antiarythmiques. Le mécanisme initiateur de l’arythmie
est vraisemblablement l’automatisme déclenché (post-potentiels précoces). Le diagnostic
n’est pas toujours aisé dans la mesure où l’aspect est voisin d’une TV mais il existe un
changement progressif de l’axe de QRS autour de la ligne iso-électrique.
2.2. LES TROUBLES DU RYTHME
Ils sont rappelés dans le tableau II.
3. TROUBLES DU RYTHME ET PÉRIODE PÉRI-OPÉRATOIRE
3.1. INCIDENCE
L’incidence des troubles du rythme rapportée dans la littérature, pendant la phase
périopératoire, dépend de plusieurs facteurs [9-11] :
• Du type de surveillance utilisée, continue ou non [10].
• De l’existence ou non de cardiopathies sous-jacentes
• Enfin du type de chirurgie. Les chirurgies cardiaques, pulmonaires ou même
œsophagiennes (lors du temps thoracique) sont celles qui s’accompagnent le plus
fréquemment de ces complications [12-15].
Haering et al. ont colligé les complications cardiaques péri-opératoires survenant chez
77 patients ayant une cardiomyopathie hypertrophique à prédominance septale, opérés
de chirurgie non cardiaque [16]. Chez un quart des patients, un trouble du rythme, bien
supporté, va survenir. Un seul patient va faire une tachycardie ventriculaire, contemporaine
d’un infarctus péri-opératoire, qui nécessitera une cardioversion en urgence.
Un autre exemple, plus fréquent celui-là, est celui de la prise en charge des patients
ayant un prolapsus de la valve mitrale. Les sujets les plus à risque de troubles du rythme,
notamment ventriculaires, sont les plus âgés, ceux ayant une fuite mitrale signicative, et
ceux ayant une dilatation de l’oreillette et du ventricule gauches [17]. Chez les nombreux
sujets ayant simplement un click télésystolique, avec ou sans anomalies de la repolarisa-
tion sur l’ECG de base, il ne semble pas que la fréquence des troubles du rythme soient
accrue. Par contre, il est recommandé de s’assurer de l’absence de désordres ioniques
associés. Les patients recevant des ß-bloquants au long cours doivent continuer leur
traitement. La digoxine doit être évitée dans le traitement des arythmies chez ces patients
car elle est susceptible d’engendrer des arythmies ventriculaires.
La dysplasie ventriculaire droite arythmogène est une maladie familiale beaucoup
plus rare (de l’ordre de 1 pour 10 000). Elle peut être suspectée en péri-opératoire
devant la survenue de trouble du rythme ventriculaire sévère chez un sujet jusqu’alors
asymptomatique. En cas de maladie connue, la prise en charge fait appel, en prévention,
à l’utilisation de l’amiodarone ou de bêta bloquants.
En ce qui concerne le type de chirurgie, il est fréquent d’observer des TSV après
chirurgie pulmonaire [12]. La survenue d’une telle complication est associée à une
morbidité et une mortalité plus élevées et un allongement de la durée d’hospitali-
sation [12, 14, 15]. En chirurgie cardiaque (et aussi thoracique), de nombreux troubles
du rythme surviennent pendant le geste chirurgical : ils sont volontiers déclenchés par
les manipulations du chirurgien et sont donc souvent brefs et résolutifs sans traitement.
Après chirurgie cardiaque, de nombreux facteurs expliquent la fréquence des arythmies