DANS LES FILMS DE TIM BURTON.
1er visionnage : les 10 premières minutes de Sleepy Hollow : Art de la subversion.
Influence de l’Europe dans la musique hollywoodienne : les percussions renvoient bien sûr à
l’Afrique, mais elle est très influencée par l’Europe, Vienne, la tradition musicale Européenne. Steve
Bartek aide Elfman dans la mise en œuvre technique des idées de ce dernier. C’est l’homme de
l’ombre. Un peu comme Chaplin qui avait des orchestrateurs pour le choix des instruments, et qui
faisait preuve d’une grande rigueur. La difficulté est de maîtriser un flux, un rythme sur un long
métrage.
Dans ces dix premières minutes, la musique est en quête d’identité. Elfman travaille sur le fondu
enchaîné : monde sonore cousu et enfermé dès le début. Le commencement avec la harpe amorce le
film et porte le spectateur du côté de l’intuition, du mystère : c’est l’instrument qui relie le ciel et la
terre, instrument du voyage dans l’au-delà, mais qui manipule. Ensuite, on assiste à un mélange des
familles d’instrument, mais avec un esprit de subversion : Elfman va transformer un instrument à
corde en un instrument à percussion. Mélange vague, fantomatique qui donne un aspect nébuleux,
liquide ; nappe de violons ; compte à rebours imposé par le tempo, qui annonce la guerre. Reprise
des violons qui montrent que la mort rôde. Importance masquée du religieux : son dur de l’acier des
cloches (communion / funérailles). La voix douce d’un garçon, aigüe (ambiguïté avec le féminin qui
fait référence à la relation mère / fils). La voix mâle va rentrer en collision. Après, démembrement
des instruments. L’opéra est au cœur et ouvre le drame. La musique est vraiment mise en scène, il y
aura des cycles.
Les musiques de générique : C’est l’entrée en matière, donne tout à comprendre. Comme par
exemple, dans la Planète des singes.
La musique est aussi utilisée pour l’arrivée dans un autre monde : Dracula, Dead Man, Western
(notamment Sergio Leone et Morricone)… c’est un rituel, on fait entrer le spectateur dans l’étrange.
La musique est un texte avec des mots, une syntaxe, qui annonce les thèmes (raison / surnaturel ;
Peur / apaisement….). Pour exemple, le pianiste Lang Lang qui joue sur les morceaux de Chopin en
jouant sur le rapport au temps : accélération / ralentissement.
Les moments de silence donnent du poids aussi : par exemple, au moment où l’inspecteur réfléchit
dans le film, pendant les deux minutes de silence, le spectateur réfléchit avec lui. C’est d’ailleurs le
compositeur Claudio Abbado qui demande au public 3 secondes de silence après chaque morceau,
avant les applaudissements : le silence qui suit les dernières notes donne tout son sens aux dernières
notes : « Où va la musique ? ».
Danny Elfman a composé l’essentiel des musiques des films de Tim Burton, apportant une
réelle « valeur ajoutée ». Chaque instrument a une existence physique, il valorise un
instrument plutôt qu’un orchestre. S’est beaucoup inspiré du compositeur des films
d’Hitchcock : Bernard Herrmann, qu’il considère comme son mentor. La musique colle,
surligne, souligne l’image, elle doit transpercer, transcender l’image, montrer ce que
l’image ne montre pas, montrer l’invisible, travailler sur l’inconscient. A tel point que pour
le film « L’étrange noël de Mr Jack » Burton et Elfman s’en sont disputés la paternité.