3
10.5
Déficit cognitif léger
Pour le diagnostic précoce, de nom-
breux patients se présentent avec des
atteintes cognitives objectivables, qui
n’ont pas de répercussions négatives
sur le quotidien et ne remplissent
donc pas les critères diagnostiques.
Sur le plan étiologique, ces atteintes
forment un groupe hétérogène (Tab.
2) et elles sont regroupées sous le
terme générique « déficit cognitif
léger » (mild cognitive impairment,
MCI)
7
(ICD-10
1
). 8 à 14 % des patients
atteints de MCI développent une dé-
mence en l’espace d’une année. Un
facteur pronostique défavorable est la
présence d’un génotype ApoE4 positif
et de troubles isolés de la mémoire
MCI présentent des déficits cognitifs
constants, alors que chez d’autres,
les déficits sont réversibles avec un
traitement approprié (p.ex. traite-
ment de la dépression, traitement par
CPAP en cas d’apnée du sommeil).
La réduction des facteurs de risque
vasculaires, métaboliques, toxiques
et psychiques constitue un objectif
thérapeutique majeur. Il n’est pas clai-
rement démontré que les inhibiteurs
de la cholinestérase et la mémantine
sont capables de retarder la conver-
sion en démence3. Par ailleurs, des
études qui ont évalué les effets d’anti-
inflammatoires non stéroïdiens, de la
vitamine E et du ginkgo en cas de MCI
n’ont pas trouvé d’effets significatifs.
Traitement symptomatique de la démence
Des traitements susceptibles de modi-
fier l’évolution de la maladie sont ac-
tuellement évalués dans des études de
phase 3. Pour l’instant, les inhibiteurs
de la cholinestérase (ICE) galantamine
(Reminyl
®
), rivastigmine (Exelon
®
) et
donépézil (Aricept
®
) et l’antagoniste
des récepteurs N-méthyl-D-aspartate
(NMDA) mémantine (Axura
®
, Ebixa
®
)
sont disponibles pour le traitement
symptomatique. Ces substances sont
bien tolérées. Les effets indésirables
les plus fréquents des ICE sont les nau-
sées, la diarrhée, les vomissements et
la bradycardie et ces effets peuvent en
partie être évités avec une augmenta-
tion progressive des doses (intervalle
d’au moins 4 semaines), avec la prise
du médicament au moment des repas
ou avec le passage à un autre produit
ou à une autre forme d’administra-
tion. L’action qui peut être escomptée
est une légère stabilisation cognitive
ainsi qu’un retard de progression de la
maladie, de l’ordre de plusieurs mois
chez un tiers des patients. Il n’existe
encore pas de moyen de prédire chez
qui cette action s’observera.
En Suisse, les ICE sont autorisés pour
le traitement de la démence d’Alzhei-
mer légère à modérée et la rivastig-
mine (liquide ou en gélules) est autori-
sée pour le traitement de la démence
de Parkinson
9
. Le déficit cholinergique
Déficit cognitif en cas de :
Tableau 2 : Exemples de maladies qui
sont souvent associées à un déficit
cognitif léger
est très prononcé en cas de démence
de Parkinson et de démence à corps
de Lewy. Pour cette raison, les ICE sont
également efficaces dans le cadre de
ces affections, avant tout pour trai-
ter les troubles comportementaux et
psychologiques1 0 ,11. En Suisse, tous ne
sont néanmoins pas autorisés pour
toutes les indications. La mémantine
est approuvée pour le traitement de la
démence d’Alzheimer modérée à sé-
vère. La liste des spécialités*prévoit la
restriction que le traitement doit uni-
quement être conduit avec une seule
préparation. Des contrôles de l’évolu-
tion cognitive (p.ex. test du mini-men-
tal status [MMS]) doivent avoir lieu
avant l’initiation du traitement, après
3 mois, puis tous les 6 mois. Le trai-
tement par ICE doit être interrompu
dès que le score MMS est < 10. Dans
le cadre de la maladie d’Alzheimer, la
mémantine est indiquée uniquement
en cas de score MMS compris entre
3 et 19 points. Les résultats du traite-
ment combiné par mémantine et ICE
ne sont pas concluants ; une grande
étude a montré qu’après des résultats
initialement positifs, les effets théra-
peutiques faisaient défaut9.
Avant tout traitement par ICE, tous
les traitements ayant des effets anti-
cholinergiques ou antimuscariniques
devraient être réduits ou arrêtés.
Parmi ces médicaments figurent e.a.
les antidépresseurs tricycliques, les
médicaments anticholinergiques des-
tinés à traiter l’incontinence par impé-
riosité (p.ex. oxybutynine [Ditropan®])
et d’autres anticholinergiques comme
le bipéridène (Akineton®).
Chez les personnes atteintes de dé-
mence, les neuroleptiques devraient
uniquement être instaurés en cas
d’indication claire, à de faibles doses
et sur une durée limitée. Les neurolep-
tiques atypiques sont efficaces chez
les personnes atteintes de démence
souffrant de psychose ou d’agressi-
vité et d’agitation12. La prudence est
particulièrement de mise en cas de
démence de Parkinson et de démence
à corps de Lewy car dans jusqu’à 50 %
des cas, les personnes atteintes de
ces types de démence développent
une sensibilité aux neuroleptiques.
Des méta-analyses montrent éga-
lement qu’en cas de traitement par
neuroleptiques, la progression de la
maladie, la mortalité et les accidents
vasculaires cérébraux augmentent13.
Les inhibiteurs sélectifs de la recapture
de la sérotonine (SSRI, e.a. citalopram,
sertraline, paroxétine) sont souvent
• Syndrome d’apnée du sommeil
• Dépendance alcoolique
• Dépression
• Accident vasculaire cérébral
• Dysthyroïdie
• Chimiothérapie
• Néoplasies
• Maladie de Parkinson
• VIH et autres infections
épisodique (amnestic MCI), aussi
appelés maladie d’Alzheimer prodro-
mique
8
. Certains patients atteints de
* Liste des spécialités: bag.e-mediat.
net/SL2007.Web.External
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