Lycée Madeleine Michelis - ECE1 Mathématiques - 2016/2017 Chapitre 12 : Continuité des fonctions réelles d'une variable réelle Dans ce chapitre, nous présentons le concept de continuité pour les fonction réelles d'une variable réelles : f : Df ⊂ R → R. Table des matières 1 Continuité 1.1 1.2 1.3 Continuité en un point a ∈ R . . . . . . . . . . . . Fonctions continues sur un intervalle . . . . . . . . 1.2.1 Fonction continue par morceaux . . . . . . Les grands théorèmes de continuité . . . . . . . . . 1.3.1 Lien avec la dérivabilité . . . . . . . . . . . 1.3.2 Le théorème des valeurs intermédiaires . . . 1.3.3 Image d'un intervalle par une fonction continue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.3.4 Image d'un segment par une fonction continue 2 Théorème de la bijection 2.1 2.2 2.3 Rappels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le théorème de la bijection . . . . . . . . . . . . . Représentation graphique de la bijection réciproque 2 2 4 6 7 7 8 9 9 10 10 10 11 7 décembre 2016 - Pierre-Yves Madec - [email protected] 1 Lycée Madeleine Michelis - ECE1 Mathématiques - 2016/2017 Dans ce chapitre, sauf mention explicite du contraire, f : Df −→ R, avec Df ⊂ R. 1 Continuité 1.1 Continuité en un point a∈R Dénition (Continuité) Soit f une fonction dénie au voisinage de a avec a ∈ Df . On dit que : f est continue en a ssi lim f (x) = f (a). x→a Remarque(s) Dans la dénition précédente, on demande à ce que la limite en a soit égale à la valeur de la fonction en ce point : f (a). Par exemple si lim f (x) = ` 6= f (a) : la limite existe mais la x→a fonction n'est pas continue . . . L'existence d'une limite ne garantie donc pas la continuité ! Illusatration : Si f n'est pas dénie en a (autrement dit si f (a) n'a pas de sens), alors f ne peut pas être 1 continue en a. Par exemple f (x) = n'est pas continue en 0. x La dénition de la continuité peut être écrite autrement : f est continue en a ssi ∀ε > 0, ∃α > 0, ∀x ∈ Df , |x − a| < α =⇒ |f (x) − f (a)| < ε. Exemple(s) Étudier la continuité des fonctions suivantes en a : 2 x − 4 si x 6= 1 x−2 a = 1 et f (x) = 3 si x = 1. e− x12 a = 0 et f (x) = 1 si x 6= 0 si x = 0. 2 Lycée Madeleine Michelis - ECE1 a = −1 et f (x) = Mathématiques - 2016/2017 ln |x| si x 6= −1 5 si x = −1. Dénition (Continuité à droite / à gauche) Soit f dénie au voisinage de a avec a • continue à gauche en a ssi lim f (x) = f (a). ∈ Df . On dit que f est x→a < • continue à droite en a ssi lim f (x) = f (a). x→a > Exemple(s) La fonction f (x) = bxc est-elle continue à gauche en 2 ? à droite ? Plus généralement est-elle continue à gauche en k ∈ Z ? à droite ? Propriété 1 (Continuité à droite + continuité à gauche = continuité) Soit f une fonction dénie en a, alors f est continue en a ssi f est continue à gauche et à droite en a. Illustration : Figure 1 Exemple de fonction continue Figure 2 Exemple de fonction discontinue 3 Lycée Madeleine Michelis - ECE1 Mathématiques - 2016/2017 Exemple(s) 1 e− |x| Soit f (x) = 0 e− x1 Soit f (x) = 0 si x 6= 0, f est-elle continue en x = 0 ? si x = 0. si x 6= 0, si x = 0. f est-elle continue en x = 0 ? Dénition (Prolongement par continuité) Soit I un intervalle et f une fonction dénie sur I \ {a}. Si lim f (x) = ` ∈ R, alors on peut dénir une fonction dont l'ensemble de dénition est I : x→a g: I −→ x 7−→ R f (x) si x 6= a ` si x = a. Cette fonction g est par construction continue en a. Elle est appelée prolongement par continuité de f en a. Exemple(s) f: R∗ x 1.2 −→ R 7−→ ex −1 x Fonctions continues sur un intervalle Dans cette partie, I et J sont des intervalles. 4 Lycée Madeleine Michelis - ECE1 Mathématiques - 2016/2017 Dénition (Continuité sur un intervalle) Soit I un intervalle de R et f : I → R. On dit que : f est continue sur I ssi f est continue en tout point a de I . Propriété 2 (Continuité des fonctions usuelles) 1. Les fonctions polynômiales P (x) (en particulier les constantes), les fonctions rationnelles P (x)/Q(x), la fonction valeur absolue |x|, la fonction logarithme ln x, la fonction exponentielle ex , les fonctions puissances xα (en particulier x1/2 = √ x), sont continues sur leurs ensembles de dénition. 2. La fonction partie entière est continue sur tout intervalle [n ; n + 1[ avec n ∈ Z, car elle constante et égale à n sur cet intervalle. Exemple(s) Calculer les limites suivantes : lim x→2 √ x = ... lim ex = . . . x→3 lim ln(x) = . . . x→1 Propriété 3 (Opérations sur les fonctions continues) Si f : I → R et g : I → R deux fonctions continues. Alors, ∀λ ∈ R, . Multiplication par un scalaire λ : λf est continue sur I . Somme : f +g est continue sur I . Produit : est continue sur I . Quotient, (si g ne s'annule pas) : fg f g est continue sur I 5 Lycée Madeleine Michelis - ECE1 Mathématiques - 2016/2017 Propriété 4 (Composition) f continue en a g continue en f (a) f continue sur g continue sur f (I) ⊂ J ) =⇒ g ◦ f continue en a. I =⇒ g ◦ f continue sur I. J Exemple(s) Montrer que les fonctions suivantes sont continues sur R : √ f (x) = ln( ex + e−x ) ln |x| x e g(x) = √ x2 + 1 Calculer la limite suivante : 2 2x + 1 = lim ln x→1 x2 + 3 1.2.1 Fonction continue par morceaux Dénition (Segment) Un segment est un intervalle de la forme [a ; b] avec a, b ∈ R. Par exemple, [−4 ; 3] est un segment, mais ]1 ; 3] n'est pas un segment (en revanche c'est un intervalle !). 6 Lycée Madeleine Michelis - ECE1 Mathématiques - 2016/2017 Dénition (Fonction continue par morceaux) Une fonction f est dite continue par morceaux sur le segment [a ; b] s'il existe une subdivision a = a0 < a1 < · · · < an = b telle que, ∀i ∈ J0; n − 1K, f est continue sur ]ai ; ai+1 [, lim f (x) et x→ai lim f (x) existent et sont nies. x→ai+1 < > Remarque(s) Cela revient à dire que les restrictions de f à chaque intervalle ouvert ]ai ; ai+1 [ admettent un prolongement par continuité sur l'intervalle fermé [ai ; ai+1 ]. Illustration : Exemple(s) Dessiner la courbe représentative de : f : ]−2 ; 1] x 1.3 1.3.1 −→ 7−→ R |x| si x < 0 si x > 0 1 2 x2 + 1 si x = 0 Les grands théorèmes de continuité Lien avec la dérivabilité Théorème 5 (Dérivable =⇒ Continue) Si f est une fonction dérivable en a, alors f est continue en a. Si f est une fonction dérivable sur I alors f est continue sur I . 7 Lycée Madeleine Michelis - ECE1 Mathématiques - 2016/2017 Remarque(s) La réciproque est fausse : la fonction valeur absolue est continue sur R mais non dérivable en 0. 1.3.2 Le théorème des valeurs intermédiaires f Théorème 6 (des valeurs intermédiaires - T.V.I.) Soit f une fonction continue sur un intervalle I . Si f prend sur I deux valeurs c et d, elle prend sur I toute valeur intermédiaire entre c et d. d c NB : si f est strictement monotone, alors f ne prend qu'une seule fois chaque valeur. Remarque(s) (Autre formulation du théorème précédent) Soit f une fonction continue sur un intervalle I contenant les réels a et b. Pour tout réel k compris entre f (a) et f (b), il existe un réel c compris entre a et b tel que f (c) = k . NB : si f est strictement monotone, alors c est unique. Corollaire 7 (appelé aussi T.V.I. !) Illustration : Soit f une fonction continue sur intervalle I contenant les réels a et b. On suppose que f (a)f (b) ≤ 0 (resp. < 0). Alors, ∃c ∈ [a ; b] (resp. ∈ ]a ; b[) tel que f (c) = 0. NB : si f est strictement monotone, alors c est unique. Remarque(s) Que signie la condition f (a)f (b) ≤ 0 ? Application à l'existence de solution des équations f (x) = k Soit k ∈ R+ , et soit f (x) = x ln x. Montrer que l'équation f (x) = 1 admet une solution. Cette solution est-elle unique ? 8 Lycée Madeleine Michelis - ECE1 1.3.3 Mathématiques - 2016/2017 Image d'un intervalle par une fonction continue Théorème 8 Illustration : f (x) = ln x sur ]0 ; 1]. L'image d'un intervalle par une fonction continue est un intervalle. Démonstration. Soit I un intervalle et f une fonction continue sur I . Dès que f (I) contient deux éléments c et d, f (I) contient toutes les valeurs intermédiaires par le théorème des valeurs intermédiaires. Par conséquent f (I) est un intervalle. 1.3.4 Image d'un segment par une fonction continue Théorème 9 Illustration : L'image d'un segment par une fonction continue est un segment. Remarque(s) Ce théorème signie qu'il existe m, M ∈ R, f ([a ; b]) = [m ; M ], donc f est bornée sur [a ; b] : m ≤ f (x) ≤ M , f atteint ses bornes : ∃x0 ∈ [a ; b], ∃x1 ∈ [a ; b], f (x0 ) = m f (x1 ) = M , Si on note min f (x) la plus petite valeur atteinte par f sur le segment [a ; b], alors, x∈[a;b] trivialement, m = min f (x). x∈[a;b] 9 Lycée Madeleine Michelis - ECE1 Mathématiques - 2016/2017 Si on note max f (x) la plus grande valeur atteinte par f sur le segment [a ; b], alors, x∈[a;b] trivialement, M = max f (x). x∈[a;b] 2 Théorème de la bijection 2.1 Rappels On considère une bijection f : E → F où E et F sont des ensembles quelconques. Alors, par dénition de la bijection, tout élément y ∈ F admet un unique antécédent x par f . f # xd y f −1 Cela nous permet de construire une fonction, appelée fonction inverse et notée f −1 , qui à tout y ∈ F associe l'unique antécédent x ∈ E de y par f . Autrement dit x est l'unique élément de E vériant y = f (x). Dénition (Application réciproque - Rappel) Soit f : E → F une application BIJECTIVE. On appelle application réciproque de f l'application notée f −1 , dénie par : f −1 : F −→ E y 2.2 7−→ x = f −1 (y) = l'unique antécédent x de y par f . Le théorème de la bijection Théorème 10 (Théorème de la bijection) Soit f une fonction continue et strictement monotone dénie sur un intervalle I de R, alors f réalise une bijection de I sur f (I), f −1 est continue et strictement monotone sur f (I), avec le même sens de variation que f sur I . Démonstration. Montrons que f est bijective de I sur f (I). Montrons tout d'abord que f est injective : soit x, y ∈ I , tels que f (x) = f (y), alors supposons que x < y alors par stricte monotonie de f , soit f (x) < f (x), soit f (x) > f (y), ce qui est impossible 10 Lycée Madeleine Michelis - ECE1 Mathématiques - 2016/2017 car f (x) = f (y), donc x ≥ y . De même en supposant que x > y , on obtient x ≤ y . Finalement x = y. f est trivialement surjective de I sur f (I) car on rappelle que f (I) = {f (x), x ∈ I}, donc pour tout élément y ∈ f (I) il existe x ∈ I tel que y = f (x) (dénition de la surjectivité !). Par conséquent f est bijective de I sur f (I) . On admet que f −1 est continue. Montrons que f −1 a le même sens de variation que f . Supposons par exemple que f est strictement croissante sur I . Soit x, y ∈ f (I), tels que x < y . Supposons que f −1 (x) ≥ f −1 (y) alors en composant par f , on obtient x ≥ y (f est croissante donc conserve l'ordre), ce qui est absurde, donc f −1 (x) < f −1 (y), donc f −1 est strictement croissante. La démonstration est identique si f est strictement décroissante. 2.3 Représentation graphique de la bijection réciproque Théorème 11 Si f est une bijection de l'intervalle I sur l'intervalle J , alors les courbes représentatives de f et f −1 sont symétriques par rapport à la droite d'équation y = x dans un repère orthonormé. 5. 4. 3. 2. 1. f −4. −3. −2. −1. 0 1. 2. 3. 4. 5. 6. −1. −2. h −3. g Figure 3 Courbes de f (x) = ex , g(x) = ln x et h(x) = x 11 Lycée Madeleine Michelis - ECE1 Mathématiques - 2016/2017 Fin du chapitre 12