comment devient -on pédophile? etiologie de la pédophilie

1 l Neurone
N1868F
Comment devient-on
pédophile?
etiologie de la pédophilie
Peu de sujets psychiatriques sont aussi actuels que la pédophilie. L’intérêt
croissant des médias et l’inquiétude croissante de la société engendrent des
études de plus en plus nombreuses sur le sujet. De nombreux points d’interrogation
demeurent toutefois. De nombreux articles ainsi que la recherche tendent à
démontrer que la pédophilie doit être comprise comme une catégorie distincte
d’orientation sexuelle, et non pas comme une caractéristique qui se superpose à
une identité hétérosexuelles ou homosexuelle. Cette théorie suscite d’importantes
questions. Choisit-on d’être pédophile, ou s’agit-il d’une caractéristique innée?
Certains facteurs environnementaux jouent-ils un rôle favorisant? La victime
devient-elle abuseur à son tour?
Dans le passé, de nombreuses théories étiologiques ont été développées à ce
sujet, mettant l’accent sur l’impact de l’environnement. De nos jours, des études
de plus en plus nombreuses semblent souligner le rôle de facteurs neurobiologiques.
Mais malgré l’augmentation récente de la recherche, de nombreuses controverses
demeurent.
Qu’est-ce que la pédophilie?
Selon le DSM-IV, la pédophilie se situe dans la catégorie des «troubles psycho-
sexuels», tout comme d’autres paraphilies telles que le masochisme, le sadisme, le
voyeurisme etc. (1). L’objet sexuel des personnes ayant une préférence pédophile est
l’enfant prépubertaire, généralement âgé de 13 ans, ou moins.
Selon le DSM-IV, 3 critères doivent être remplis (2):
A. pendant une période d’au moins un mois, présence de fantasmes sexuels haute-
ment excitants, pulsions sexuelles ou comportements se rapportant à des actes
sexuels avec un ou plusieurs enfants en pré-puberté;
B. la personne se comporte soit en fonction de ces pulsions, soit les pulsions ou fan-
tasmes occasionnent une souffrance évidente ou des difficultés interpersonnelles;
C. la personne concernée a au moins seize ans et a au moins cinq ans de plus que
l’enfant (ou les enfants) repris sous A.
La pédophilie est un trouble présent fort tôt, presque toujours avant la puberté, et qui
concerne une préférence ou orientation sexuelle déviante. Nombreux sont ceux qui
estiment que la pédophilie finit par se manifester au niveau du comportement. Mais
on ne peut l’affirmer avec certitude, car certains pédophiles se limitent à fantasmer
sans jamais passer à l’acte et ne se dévoilent jamais – pour des raisons évidentes. Le
terme de «pédophilie» ne suppose donc pas nécessairement un acte sexuel réel avec
un enfant. Le comportement pédophile peut varier de l’exhibitionnisme et du voyeu-
risme aux attouchements inappropriés, à la sexualité par voie orale et à la pénétra-
tion. Le «comportement en fonction de ces pulsions» peut désigner également la re-
cherche de situations impliquant des enfants ou le fait de regarder de la pornographie
enfantine.
Sebastiaan Tuyls1, Marc Eneman2,
Dirk Van de Putte3
1. Etudiant, 3e Master Médecine
2. Psychiatre, Médecin-Chef UPC St.-
Kamillus, collaborateur Provincialaat
Broeders van Liefde, Gent
3. Psychiatre, PC Ziekeren, St.-Truiden, UZ
Leuven, CGG Vlaams-Brabant Oost, Leuven
2 l Neurone
Toutefois, il ne faut pas être pédophile
pour avoir un comportement pédo-
sexuel. Chacun peut commettre des
actes pédosexuels, et même, la majeure
partie des actes pédosexuels sont com-
mis par des non-pédophiles. Les auteurs
d’inceste par exemple sont généralement
de simples hétérophiles qui ne sur-
veillent pas leurs limites et dont le sens
moral est souvent peu développé. Sou-
vent, ils présentent également d’autres
problèmes comportementaux, comme la
violence sur des enfants qui ne sont pas
abusés sexuellement, la violence domes-
tique, voire un comportement antisocial
en dehors du milieu familial. Ces com-
portements sexuels ou sentiments for-
tuits d’adultes envers des enfants ne
tombent donc pas sous l’appellation
«pédophilie» et ne sont pas l’expression
d’une «orientation pédophile».
Le terme «hébéphile» est parfois utilisé
pour des personnes ayant une attirance
sexuelle inappropriée pour des adoles-
cents post-pubertaires.
La prévalence et l’incidence sont très
difficiles à estimer, parce que seul 1 cas
sur 20 d’abus sur enfants est signalé et
que de nombreux pédophiles ne
cherchent pas d’aide spontanément (6).
Puisque l’activité sexuelle n’est pas
nécessaire au diagnostic, de nombreux
pédophiles restent dans l’ombre, et on
ne sait pas combien d’individus ont des
fantasmes pédophiles sans jamais passer
à l’acte. En fait, la plupart des
informations à ce sujet proviennent de
dossiers judiciaires, lorsqu’un pédophile
a commis un fait punissable ou est entré
en contact avec la justice pour une autre
cause.
Pédophilie et droit pénal
Il y a lieu de faire la distinction entre les
terminologies médicale et juridique. La
pédophilie est un diagnostic clinique. La
loi sur les mœurs n’utilise pas les termes
de «pédophilie» et de «pédosexualité»,
mais n’évoque que les actes et compor-
tements impliquant certaines tranches
d’âge. Voici quelques exemples de faits
punissables concernant les enfants: toute
forme de pénétration, d’atteinte à la
pudeur, d’exhibitionnisme, de porno-
graphie enfantine et de prostitution en-
fantine. Contrairement à la définition
psychiatrique, le simple fait d’avoir des
fantasmes ou des sentiments ne joue pas
en droit pénal; par contre, un acte isolé
est pertinent. Des termes tels que «abus
sur enfant», «inceste» et «molestation d’un
enfant» ne sont donc pas synonyme de
«pédophilie». Ainsi, toutes les personnes
abusant sexuellement de mineurs ne
sont-elles pas pédophiles, et tous les pé-
dophiles ne se rendent pas coupables
d’abus sur enfants.
Selon la loi belge, tout rapport sexuel
avec un partenaire de moins de 16 ans
est interdit, même si la personne concer-
née marque son accord. Une personne
qui «en a fait une habitude» peut se voir
imposer une peine maximale plus sé-
vère. Un argument important pour l’in-
crimination (majorée) des actes sexuels
sur enfants est la différence de pouvoir
entre l’adulte et l’enfant, comme par
exemple entre un enseignant et son
élève (4).
Prol du pédophile
Il est difficile d’obtenir un modèle unique
de la personnalité du pédophile, à cause
des différents sous-groupes de pédophi-
lie. On distingue ainsi les pédophiles
avec une préférence pour les filles ou
pour les garçons, utilisant ou non un or-
dinateur ou l’internet pour approcher les
enfants, ayant ou non abusé d’un
membre de la famille ou ayant une pré-
férence exclusive pour les enfants (5). La
pédophilie, en tant que groupe hétéro-
gène, est dès lors difficile à résumer en
un profil unique.
Des corrélations ont toutefois été trou-
vées entre certains traits psychologiques
et la pédophilie. Ainsi, les pédophiles
ont une faible estime de soi, ils sont sou-
vent solitaires et ont plus volontiers des
sentiments d’infériorité et d’isolement (6).
De nombreux pédophiles ont également
des traits antisociaux. Ils ont souvent du
mal à gérer leurs sentiments négatifs et
font dès lors plus facilement appel à des
mécanismes de défense comme le déni
(«Quel mal y a-t-il à faire un câlin à un
enfant?»), la minimalisation («Cela ne
Il y a lieu de faire la distinction entre les terminologies médicale
et juridique. Contrairement à la définition psychiatrique, le
simple fait d’avoir des fantasmes ou des sentiments ne joue pas
en droit pénal. Pourtant, toutes les personnes abusant
sexuellement de mineurs ne sont pas pédophiles et tous les
pédophiles ne se rendent pas coupables d’abus sur enfants.
Il est difficile d’obtenir un
modèle unique de la
personnalité du pédophile,
à cause des différents
sous-groupes de pédophilie.
Des corrélations ont toutefois
été trouvées entre certains
traits psychologiques
et la pédophilie.
3 l Neurone
s’est produit qu’une fois») et la rationali-
sation («J’aime les enfants; cela ne fait
pas de moi un pédophile!») (5). A l’aide
de ces distorsions cognitives, ils at-
teignent leur but et justifient les abus
commis. Les pédophiles ont également
des problèmes avec les interactions
interpersonnelles entre adultes, par
exemple l’établissement de relations
normales (bien que pas moins de 50%
soient mariés).
En général, les pédophiles n’exercent
aucune contrainte physique pour impli-
quer des enfants dans leurs activités,
mais ils ont plutôt recours à de la mani-
pulation psychologique (d’où le terme
de «pédophilie»). Le contact se fait sou-
vent progressivement, n’est générale-
ment pas immédiatement de nature
sexuelle et passe par un processus de
séduction et de manipulation psycholo-
gique (grooming) (7).
Très souvent, ces personnes présentent
une panoplie de comorbidités psychia-
triques. Ainsi, 50-60% des pédophiles
ont un trouble anxieux, 60-80% ont un
trouble affectif, et 70-80% ont un trouble
de la personnalité (5). La toxicomanie est
également fréquente.
Les personnes ayant des tendances pé-
dophiles sont majoritairement des
hommes (3). Toutefois, des cas de
femmes pédophiles ont également été
rapportés (5). Jadis on pensait qu’il
s’agissait d’une curiosité, et dès lors les
comportements inadaptés de femmes
envers les enfants étaient décrits comme
des abus d’enfants et non comme de la
pédophilie. Il s’avère toutefois qu’envi-
ron 6% des abuseurs d’enfants dans les
dossiers judiciaires sont des femmes (5).
La plupart de ces femmes abusent
d’enfants très jeunes, en particulier des
enfants qui leur sont confiés. Contraire-
ment à ce que l’on pensait jadis, la
plupart des femmes pédophiles agissent
seules. Les contacts oro-génitaux et digi-
to-génitaux sont les plus fréquents (8).
La part beaucoup plus importante des
hommes par rapport aux femmes dans
ce trouble psychiatrique pourrait s’expli-
quer notamment par un sous-rapportage.
Une possible raison serait que le com-
portement pédophile chez la femme
n’est pas reconnu comme tel parce qu’il
se produit durant les tâches éducatrices
maternelles, comme l’habillage et mettre
l’enfant au bain (5). Très probablement,
on utilise un «double standard» lié au
sexe de l’individu lorsqu’il s’agit de rap-
porter des cas, procéder à des arresta-
tions ou condamner des pédophiles.
Cependant, il est fort douteux que ce
sous-rapportage puisse expliquer la
grande différence entre les sexes.
Etiologie: l’approche
neurobiologique
Des méthodes de test déjà anciennes
tendent à démontrer que, sur le plan
fonctionnel, les hommes pédophiles ont
un QI plus faible, que leurs tests de mé-
moire sont moins performants, qu’ils ont
de moindres capacités cognitives et
qu’ils sont plus souvent gauchers (5). Ces
faits ne procurent cependant pas d’in-
dice quant à un éventuel facteur étiolo-
gique. Depuis longtemps cependant, on
suppose qu’un lien causal pourrait exis-
ter entre certaines lésions du cerveau et
des actes pédophiles. Grâce aux progrès
énormes réalisés sur le plan de l’image-
rie médicale, des recherches ciblées
peuvent désormais être effectuées dans
ce domaine. Ce sont surtout l’IRM (ima-
gerie par résonnance magnétique) et
l’IRM fonctionnelle (IRMf) qui ont large-
ment contribué à établir la cartographie
du cerveau. L’IRM offre une image dé-
taillée des structures du cerveau, l’IRMf
de sa fonction. Grâce à l’imagerie, les
descriptions de constats de liens entre
pédophilie et structure ou fonction dé-
viante du cerveau se font de plus en plus
nombreuses.
Sur le plan biochimique, on a surtout
examiné si, comme dans bon nombre
d’autres troubles psychiatriques, un dys-
fonctionnement de l’action de certains
neurotransmetteurs pourrait jouer un
rôle dans la pédophilie. Surtout la séro-
tonine, un neurotransmetteur, ainsi que
sa fonction, ont été étudiés. On sait à
propos de la sérotonine qu’elle joue un
rôle dans le contrôle des impulsions.
Une étude de Maes et al. a démontré
que les pédophiles ont une réponse plus
forte aux agonistes de la sérotonine, ain-
si que davantage d’effets secondaires,
lorsqu’ils utilisent de tels produits (9).
Certains médicaments agissant au ni-
veau du métabolisme de la sérotonine
sont également utilisés dans le traitement
de la pédophilie. On estime que les
comportements sexuels compulsifs tels
que la pédophilie pourraient être liés au
spectre obsessif-compulsif auquel appar-
tiennent les troubles du contrôle des im-
pulsions comme les paris pathologiques,
la trichotillomanie et la kleptomanie.
Environ 30-50% des pédophiles ont une
En général, les pédophiles
n’exercent aucune contrainte
physique pour impliquer des
enfants dans leurs activités,
mais ils ont plutôt recours à
de la manipulation
psychologique.
Grâce à l’imagerie, les
descriptions de constats de
liens entre pédophilie et
structure ou fonction
déviante du cerveau se font
de plus en plus nombreuses.
4 l Neurone
comorbidité de trouble du contrôle des
impulsions (10). Faits intéressants: les si-
militudes au niveau des comportements
répétitifs et mal contrôlés et l’effet du
traitement pharmacologique à l’aide
d’agonistes de la sérotonine, tant dans la
pédophilie que dans les comportements
compulsifs et impulsifs.
On examine également l’existence ou
l’absence d’une différence au niveau des
activités réelles du cerveau. A cet effet,
on utilise le PET-scan, où un traceur in-
jecté peut être visualisé grâce à ses émis-
sions de rayons X. Plus le traceur est
capté dans une région particulière du
cerveau, plus cette région sera visible à
l’image, et plus l’activité métabolique est
importante (et donc l’activité réelle).
Hinkin et al. ont ainsi pu constater un
important hypométabolisme ou une di-
minution de l’activité au niveau du lobe
temporal droit. On constate donc une
différence gauche/droite dans ce cas
précis. On pense que cette asymétrie in-
terviendrait pour augmenter ou modifier
l’intérêt sexuel et agirait donc indirecte-
ment au niveau de la genèse de la pédo-
philie (11).
Une étude de Schiffer et al. réalisée par
IRMf a examiné s’il existait une diffé-
rence d’activité neuronale durant l’exci-
tation sexuelle. Les chercheurs ont com-
paré la réaction à divers stimuli chez un
groupe d’hommes hétérosexuels et un
groupe d’hommes pédophiles. Une dif-
férence d’activité claire a pu être démon-
trée tant dans les régions sous-corticales
que corticales. Ceci démontre que les
réseaux neuronaux du cerveau fonc-
tionnent différemment chez les hommes
pédophiles (12).
Toutes ces recherches montrent que les
personnes atteintes de pédophilie dif-
fèrent dans leur fonctionnement neuro-
biologique. La question clé est de savoir
à quelles structures ces différences fonc-
tionnelles peuvent être liées. Diverses
hypothèses ont été formulées à ce sujet.
L’hypothèse frontale part d’anomalies
dans la région frontale qui causent une
impossibilité d’inhiber les impulsions.
L’hypothèse temporale-limbique quant à
elle se focalise sur le rôle des structures
profondes du lobe temporal, qui sont
responsables de la régulation du com-
portement sexuel. De nos jours, des
«théories de double dysfonction» sont
de plus en plus souvent avancées. Elles
affirment que les pédophiles souffrent
d’une dysfonction tant au niveau frontal
(entraînant des troubles de l’inhibition
du comportement) que temporal (entraî-
nant des troubles de la libido). Certaines
pistes s’intéressent à la masculinisation,
c’est à dire l’effet de la testostérone du-
rant les phases cruciales du développe-
ment du cerveau. Bien qu’intuitivement
ces théories soient très plausibles, peu
de preuves empiriques tangibles ont été
fournies pour appuyer cette hypothèse.
Structurellement, les zones frontales et
temporales ont été les plus étudiées.
Même si l’on sait peu de choses au sujet
d’éventuelles anomalies du cerveau des
personnes atteintes de pédophilie, les
structures impliquées dans le comporte-
ment sexuel ont été étudiées de façon
très poussée dans d’autres populations.
On a notamment constaté dans des mo-
dèles animaux qu’un réseau dense de
neurones, impliquant l’amygdale, l’hip-
pocampe, la région septale et les noyaux
de l’area innominata voisine, joue un
rôle important dans le comportement
sexuel et les habitudes d’accouplement.
On a également remarqué des modifica-
tions du comportement sexuel chez des
patients atteints de lésions au niveau des
lobes temporal antérieur et frontal. Elles
peuvent varier de petites modifications
subtiles à d’énormes différences, comme
dans le syndrome de Kluver-Bucy, où le
patient présente des symptômes sou-
dains d’hypersexualité liés à la lésion, et
même de changement de préférence
sexuelle (14). On a également trouvé des
associations entre la paraphilie et l’épi-
lepsie du lobe temporal (13).
Diverses études ont démontré des diffé-
rences structurelles du volume de cer-
taines régions du cerveau. Et ce à l’aide
d’IRM et de VBM (voxel-based morpho-
metry) dans laquelle l’ordinateur subdi-
vise le volume du cerveau en tout petits
pixels. On peut ainsi comparer de façon
très précise le volume de certaines ré-
gions des cerveaux de différentes per-
sonnes. Chez les pédophiles, ces ana-
lyses VBM ont montré une diminution de
la matière grise dans les structures du
cerveau impliquées dans le comporte-
ment sexuel, comme la région septale,
l’hippocampe, le striatum ventral, le cor-
tex orbitofrontal et le cervelet (14, 10).
L’étude de Schiltz et al. a constaté un
volume significativement plus petit de
l’amygdale (qui avec e. a. l’hippocampe
forme le système limbique) dans une
population pédophile, avec une diffé-
rence plus marquée du côté droit. Cette
diminution de la taille de l’amygdale
n’était pas liée à l’âge et ne pouvait donc
être attribuée à un processus de vieillis-
sement (14). Les anomalies mises en évi-
dence dans les régions fronto-striatales
sont intéressantes parque que ces régions
appartiennent au système sérotoniner-
gique. Elles sont compatibles avec les
résultats biochimiques susmentionnés.
Les «théories de double
dysfonction» affirment que
les pédophiles souffrent
d’une dysfonction tant au
niveau frontal (entraînant
des troubles de l’inhibition
du comportement) que
temporal (entraînant des
troubles de la libido).
5 l Neurone
Des différences ont été constatées non
seulement au niveau de la substance
grise du cerveau, mais également au ni-
veau de la substance blanche. Il s’est
avéré que les hommes pédophiles possè-
dent certaines régions de substance
blanche de volume significativement
moindre (15). De telles anomalies font
supposer que les pédophiles, outre leur
comportement sexuel déviant, auraient
encore d’autres symptômes addition-
nels. Et effectivement, comme il a déjà
été mentionné, ces hommes font de
moins bons résultats aux tests de QI,
leurs prestations au niveau des tâches
visuelles, spatiales et verbales de la mé-
moire sont plus faibles, et leurs presta-
tions scolaires sont plutôt médiocres.
Plusieurs études intéressantes ont étudié
l’older brother effect, le constat que le
risque de pédophilie augmente avec le
nombre de frères aînés. Ce phénomène a
été remarqué pour la première fois chez
des hommes homosexuels non pédo-
philes, pour lesquels on a constaté qu’ils
avaient significativement plus souvent
plusieurs frères aînés. Le risque d’homo-
philie augmenterait même d’un tiers
pour chaque frère aîné supplémentaire.
On s’est demandé si c’était le cas égale-
ment pour les hommes pédophiles. Une
étude de Blanchard et al. (16) a comparé
260 pédophiles à 260 contrôles. Elle a
constaté une corrélation, les pédophiles
homosexuels (des pédophiles avec une
préférence spécifique pour les garçons)
ayant plus souvent plusieurs frères aînés.
Une explication hypothétique de ce
birth order effect ou effet de la suite des
naissances pointe en direction d’un
trouble de maturation des circuits céré-
braux. Dans certains cas, chez la femme
multipare, du sang embryonnaire passe-
rait dans le réseau sanguin maternel,
provoquant ainsi une réaction immuni-
taire. Des anticorps seraient formés
contre les protéines (l’antigène H-Y étant
un candidat) qui sont le produit de gènes
sur le chromosome Y fœtal masculin, qui
bien entendu sont étrangers au corps de
la mère. Ce processus entraînerait une
perturbation au niveau du développe-
ment neuronal et expliquerait ainsi le
comportement sexuel déviant. Malgré
cette explication très plausible, il existe
des études épidémiologiques qui n’ont
pas constaté cet older brother effect. Des
preuves scientifiques irréfutables, par
exemple sous forme d’anticorps mater-
nels dirigés contre ces protéines, n’ont
jamais été apportées.
Une autre étude de Blanchard et al., qui
examine des problèmes de développe-
ment neurologique comme cause de la
pédophilie, est également intéressante
(17). Ce groupe de chercheurs a examiné
1.206 pédophiles, lesquels rapportaient
remarquablement souvent qu’ils avaient
subi un traumatisme de la tête dans leur
prime enfance (avant l’âge de 13 ans)
avec perte de conscience. En ce qui
concerne les traumatismes chez l’adulte,
contrairement aux traumatismes subis
avant la puberté, il n’y aurait pas d’asso-
ciation avec la pédophilie. Le constat
que de tels traumatismes de la tête à un
jeune âge pourraient constituer un fac-
teur de risque de comportement pédo-
phile, rendent le problème d’autant plus
intéressant, mais également plus com-
plexe. L’hypothèse proposée dans cette
étude est que ces traumatismes de la tête
durant les années de jeunesse – portant
atteinte au développement dans une
phase critique de la maturation du cer-
veau – entraîneraient une perturbation
du développement et aboutiraient à une
attirance sexuelle orientée vers les en-
fants. Cette théorie doit encore être
confirmée.
Concluons que, malgré les liens évidents
entre fonction aberrante de certaines ré-
gions du cerveau d’une part et compor-
tement sexuel aberrant d’autre part, la
littérature n’a toujours pas fait état d’une
quelconque «lésion pédophile» prouvée
au niveau du cerveau (18). Les deux der-
nières études mentionnées de Blanchard
et al. ont essayé de mieux comprendre la
question étiologique en s’intéressant au
problème de la maturation du cerveau
qui entraînerait un trouble précoce du
développement neurologique.
Une recherche plus ciblée pour appuyer
cette théorie est en tout cas nécessaire.
Etiologie: facteurs sociaux et
environnementaux
Certains facteurs environnementaux
peuvent contribuer à poser des actes
pédophiles. Les pédophiles rapportent
souvent que le stress est un facteur qui
aggrave leurs tendances ou désirs (5).
Mais certains facteurs environnemen-
taux seraient-ils également impliqués?
Depuis un certain temps, les abus subis
dans l’enfance et les liens défaillants
Plusieurs études intéressantes
ont étudié «l’older brother
effect», le constat que le
risque de pédophilie
augmente avec le nombre de
frères aînés.
Malgré les liens évidents entre fonction aberrante de certaines
régions du cerveau d’une part et comportement sexuel aberrant
d’autre part, la littérature n’a toujours pas fait état d’une
quelconque «lésion pédophile» prouvée au niveau du cerveau.
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