Conférence des évêques catholiques du Canada - Assemblée plénière de la CECC : Allocution de S. Exc. Mgr Luigi Ventura, Nonce apostolique au Canada
Dimanche, 15 Octobre 2006 - Mis à jour Vendredi, 05 Mars 2010
et Paul VI; il signale trois cercles de questions qui ont dû être affrontées (relation entre foi et
sciences modernes, rapport entre Église et État moderne, rapport entre foi chrétienne et
religions du monde). «C’est précisément dans cet ensemble de continuité et de discontinuité à
divers niveaux que consiste la nature de la véritable réforme». Le Pape scrute ainsi le Décret
sur la liberté religieuse: «
Le Concile Vatican II, reconnaissant et faisant sien à travers le Décret sur la liberté religieuse
un principe essentiel de l’État moderne, a repris à nouveau le patrimoine plus profond de
l’Église. … L’Église antique a prié pour les Empereurs et pour les responsables politiques; elle a
en revanche refusé de les adorer et, à travers cela, a rejeté clairement la religion d’État. Les
martyrs de l’Église primitive sont morts pour leur foi dans le Dieu qui s’était révélé en
Jésus-Christ et, précisément ainsi, sont morts également pour la liberté de conscience et pour
la liberté de professer sa foi, - une profession qui ne peut être imposée par aucun État, mais
que ne peut en revanche être adoptée que par la grâce de Dieu, dans la liberté de la
conscience
».
6. C’est ce dernier aspect que le Saint-Père a touché dans son discours à Ratisbonne le 12
septembre dernier, dans le
contexte de son voyage en sa région natale. Avec une extraordinaire profondeur de réflexion, il
a annoncé et témoigné la foi en un Dieu en lequel l’homme, sa raison et sa liberté trouvent leur
supérieure et authentique plénitude. Cette allocution a eu un large écho médiatique et a suscité
des réactions passionnées, en particulier dans les différents milieux musulmans ou non. Il est
surprenant et douloureux que quelques expressions de ce discours aient été mal interprétées,
comme une offense à la religion de l’Islam. Le Saint-Père lui-même a tenu à préciser le sens de
ses paroles, pour éviter toute instrumentalisation alimentée par une lecture superficielle et pas
du tout impartiale et libre.
7. Par déformation de certains médias ou par calcul politique, on n’a pas compris ou on n’a
pas voulu comprendre le thème et le message central de sa pensée. Le Pape a en réalité
proposé une réflexion sur les fondements indispensables à une rencontre véritable des
personnes et des cultures, une base sûre pour une coexistence pacifique. Il a voulu affirmer la
valeur de la raison et de la liberté, condamnant l’usage de la violence, sous quelque prétexte
que ce soit, quand elle est pratiquée au nom de Dieu. Cela nous attriste d’assister au procès
médiatique dont le Pape a été l’objet, avec l’intention non dissimulée de le toucher
personnellement ainsi que son ministère. Je suis certain d’interpréter les sentiments des
Évêques canadiens en exprimant au Saint-Père notre proximité et notre solidarité, tandis que
nous faisons monter vers le Seigneur notre prière pour lui, pour l’Église, pour la paix entre
toutes les religions et tous les hommes.
8. Dans ce contexte, il est prometteur et réconfortant de noter qu’à l’ordre du jour, approuvé
le 12 octobre dernier par toutes les forces politiques du Sénat et de la République italienne, on
fait état « d’une interprétation politique absolument inappropriée du discours qui a attribué
au Pape des intentions dénigreuses envers l’Islam, alors que la lecture intégrale du texte
pontifical révèle de manière évidente l’engagement sincère de Benoît XVI pour le dialogue entre
les cultures et les religions ». La Déclaration continue en montrant l’engagement
du Gouvernement à exprimer au Souverain Pontife «
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