
"Ne nous trompons pas ! Benoît 
XVI est fidèle à lui-même" par Mgr 
d'Ornellas, archevêque de 
Rennes, Dol et Saint-Malo 
   revenir au sommaire 
 
Ne  nous  trompons  pas  !  Benoît  XVI  est  fidèle  à  lui-même.  Ce 
matin,  à  la  fin  de  l'audience  du  mercredi,  il  l'a  montré  très 
clairement  vis-à-vis  de  l'unité  et  du  souvenir  de  la  Shoah. 
 
Tout  d'abord,  il  est  fidèle  envers  la  communauté  juive.  Le  16 
janvier 2006, accueillant le Grand Rabin de Rome, il a pu dire : « 
L'Église catholique est proche de vous et elle est votre amie. Oui, 
nous vous aimons et nous ne pouvons manquer de vous aimer, à 
cause des Pères : selon eux, vous êtes pour nous de très chers et 
bien-aimés frères. Après le Concile Vatican II, cette estime et cette 
confiance réciproque sont allées croissantes. Des contacts toujours 
plus  fraternels  et  cordiaux  se  sont  développés,  qui  se  sont 
intensifiés au cours du pontificat de mon Prédécesseur Jean-Paul II. 
» 
 
Et le 30 octobre 2008, aux membres du Comité Juif International 
pour  les  relations  inter-religieuses,  il  déclarait  :  «  Je  saisis 
volontiers  cette  occasion  pour  réaffirmer  l'engagement  pour  la 
réalisation  des  principes  exposés  dans  la  déclaration  historique 
Nostra  aetate  du  Concile Vatican  II.  Cette  Déclaration,  qui  a 
condamné  avec  fermeté  toutes  les  formes  d'antisémitisme,  a  été 
aussi bien une pierre milliaire significative dans la longue histoire 
des relations entre les catholiques et les juifs, qu'une invitation à 
une  compréhension  théologique  renouvelée  des  relations  entre 
l'Eglise  et  le  peuple  juif.  » 
 
Bien  d'autres  textes  du  Pape  pourraient  être  évoqués.  On  se 
souvient de son « cri » quand il est allé au camp d'extermination 
d'Auschiwtz-Birkenau, le 28 mai 2006 : « Le lieu où nous nous 
trouvons est un lieu de la mémoire, c'est le lieu de la Shoah. Le 
passé n'est jamais uniquement le passé. Il nous concerne et nous 
indique les chemins à ne pas suivre. » Il poursuivait : « L'humanité 
a  traversé  à  d'Auschiwtz-Birkenau  un  «  ravin  de  la  mort  ».  » 
J'invite  tout  le  monde  à  relire  ce  long  texte  du  Pape. 
 
Nul  doute  que  chaque  propos  négationniste,  à  fortiori  ceux d'un 
Évêque, le fasse souffrir, en communion avec tous nos frères juifs 
que ces propos insultent gravement. Avec mes frères Évêques de 
Bretagne  et  des  Pays-de-Loire,  je  ne  peux  que  condamner 
fermement  tout  propos  négationniste  et  accueillir  avec 
bienveillance la demande de pardon de Mgr Fellay. Arrivera-t-il à 
convaincre  Mgr  Williamson  de  faire  une  sincère  rétractation  ? 
 
Nous sommes en communion avec le Pape qui demeure fidèle à 
lui-même  dans  sa  mission  au  service  de  l'unité  de  l'Église.  En 
réponse à la lettre de Mgr Fellay qui reconnaît l'autorité du Pape, il 
a « levé » l'excommunication de 1988. En faisant ce geste, il ne 
contredit pas Jean-Paul II. Il ne dit pas que l'excommunication était 
nulle.  Il en reconnaît la vérité et,  selon  sa  responsabilité propre, 
croit juste de la « lever ». Il va ainsi jusqu'au bout de ce qu'il peut 
faire. 
 
En faisant ce geste qui ne concerne que quatre Évêques, il invite 
ceux-ci à avancer résolument sur l'humble chemin de la foi pour 
qu'ils puissent arriver à reconnaître les enseignements du Concile 
Vatican II qui, dans la suite des précédents Conciles et à la lumière 
de  tous  les  saints,  eux  qui  ont  véritablement  mis  en  œuvre 
l'Évangile,  inspire  la  vie  des  catholiques  aujourd'hui.  Le  Pape, 
fidèle à lui-même, fait un geste de bonté en tendant la main à ces 
quatre  Évêques. 
 
Puisse  la  bonté  les  ouvrir  à  une  remise  en  question  pour  qu'ils 
découvrent les raisons de l'Église quand le Pape invite résolument 
au labeur du dialogue œcuménique fraternel, à l'amitié particulière 
avec  la  communauté  juive  dont  est  issu  Jésus,  le  Messie,  à  la 
rencontre sincère des religions pour être ensemble artisans de paix 
et d'estime mutuelle, et au respect de la liberté religieuse et de toute 
conscience, sanctuaire de l'être humain, créé à l'image de Dieu et 
appelé  à  chercher  la  vérité,  source  de  paix. 
 
Mgr  Pierre  d'Ornellas 
Archevêque  de  Rennes,  Dol  et  Saint-Malo 
 
Le  28  janvier  2009 
 
En  accord  avec  les  évêques  d'Angers,  Laval,  Le  Mans,  Luçon, 
Nantes, Quimper, Saint-Brieuc et Vannes.