03-a-Position-Eslin_Mise en page 1 19/11/13 14:07 Page5 Position Comment François peut-il réformer l’Église ? TROIS mois après son élection, le pape Jean XXIII convoquait un concile. Cinquante ans plus tard, un autre homme, qui lui aussi a séduit immédiatement par un style différent et de plain-pied, un homme qui a quitté les appartements du Vatican parce qu’il ne peut vivre « sans les autres », qui met à distance le style sacral qui perdurait autour de lui, un homme qui a été élu par ses pairs pour entreprendre une réforme de la structure hiérarchique, se trouve devant des questions d’une autre ampleur et ne peut aller aussi vite. L’appréciation positive dont bénéficie le nouveau pape, voire l’enthousiasme qu’il suscite, a fait rapidement oublier que depuis une trentaine d’années l’institution vaticane résistait de toutes ses forces à l’évolution des sociétés occidentales, qui lui paraissait folle, au point de bloquer une honorable gestion de réformes indispensables. Le sentiment dominait que l’Église catholique ne voulait ni ne pouvait se réformer. Le prix à payer semblait trop cher. Les questions à envisager trop angoissantes. Aujourd’hui, est-on parti dans un sens différent ? Beaucoup de catholiques se contenteraient du style du nouveau pape. Car pour le catholicisme tel qu’il est devenu, la figure et le charisme du pape sont un pôle dont on ne peut se passer. Pour certains, il est le seul point de repère dans un océan de doutes, le seul atout dont dispose l’Église. C’est l’héritage de la papauté intransigeante et isolée du XIXe siècle et de Jean-Paul II dans les temps difficiles de l’après-concile. Le charisme est essentiel dans les conditions de l’autorité moderne. Mais derrière l’enthousiasme, une batterie de questions se pose. Plus on les envisage de près, plus elles paraissent complexes. 5 Décembre 2013