Les maladies recess1ves liées au chromosome sexe - iPubli

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NOUVELLES
métkcinelsciences 1987 ; 3
:
108-10
Les maladies recess1ves liées au chromosome x
dans le sexe féminin .
,
.
C 'est le sexe masculin qui possède l'X sur un autosome. Dans ces
en principe le monopole des affec­ conditions c'est toujours le chro­
tions récessives liées au sexe. La mosome transloqué qui est actif,
présence d'un deuxième chromo­ et l'autre qui, par conséquent, est
some X suffit à garantir la femme inactivé. Chez une femme hété­
contre un déficit porté par un seul rozygote, si le chromosome por­
X. Un certain nombre de cas ont teur du gène anormal est trans­
cependant été décrits dans le sexe loqué, l'autre chromosome, resté
féminin, et leur genèse n'est pas intact mais inactif, ne pourra
toujours aisée à déterminer. Si exprimer le gène normal. Une
1' on met à part les rares cas variante de ce mécanisme impli­
d 'homozygotie (invoqués par que que le point de rupture au
exemple dans l'hémophilie), il niveau de la translocation disloque
s 'agit toujours de filles hétérozy­ un gène fonctionnel. Le chromo­
gotes pour un déficit dû à une some transloqué aura perdu son
anomalie de l'X, et qui se com­ gène actif, l'autre sera inactivé ..
portent comme si elles ne possé­ Contrairement à ce que l'on pou­
daient qu'un seul X fonctionnel, vait attendre, c'est ce dernier
celui qui est déficient. Un exem­ mécanisme qui a pu être le mieux
ple évident est le caryotype 45 démontré : un exemple frappant
XO, où effectivement n'est présent est fourni par la myopathie de
qu'un seul X ; on peut lui ratta­ Duchenne de Boulogne, qui dans
cher les cas où une délétion sur tous les cas (une dizaine) connus
un X inclut l'allèle normal. Le chez les filles résulte d'une trans­
problème est plus complexe lors­ location d'un X sur un autosome,
que les deux allèles (normal et avec rupture au niveau de Xp2 1 ,
inactif) sont présents . A la suite où se situe le locus de la myopa­
des travaux de Mary Lyon mon­ thie (mis n ° 9, vol. 2, p. 524).
trant que dans chaque cellule 2 . Les anomalies cytogénétiques
féminine un des X est inactivé, du chromosome X, en dehors des
on a élaboré la théorie de la « lyo­ translocations telles qu'isochromo­
nisation extrême », cas limite, sta­ somes, chromosomes en antistiquement probable, où presque . neau [ 1 ] ou délétions, aboutissent
tous les chromosomes inactivés en règle à l'inactivation de l'X
« au
hasard » proviennent du anormal. Il peut arriver qu'une
même parent. Il ne semble pas faible proportion de cet X
que des exemples démonstratifs échappe à l'inactivation, expli­
aient pu en être fournis. On tend quant peut-être une sévérité moin­
actuellement à considérer que dre de la maladie chez certaines
lorsque, chez une femme, un des filles.
deux chromosomes est systémati­
quement inactivé, ce n'est en Récemment décrit aux USA, un
règle pas le fait du hasard mais exemple intéressant est fourni par
celui d'une anomalie cytogénéti­ l'observation d'une hémophilie B
que. L'inactivation élective d'un sévère chez une fille. Elle présen­
X reconnaît plusieurs mécanismes. tait une délétion du bras long
apparue de novo sur le chromo­
1 . Translocation d'une partie de some X d'origine paternelle, dis-
tale par rapport au locus du fac­
teur IX. Une sonde génomique
du gène codant pour le facteur IX
(dont le déficit est responsable de
l'hémophilie B), montrait en effet
que le gène du facteur était pré­
sent ; mais les études cytogénéti­
ques apportaient la preuve que le
chromosome X possédant l'allèle
normal était systématiquement
inactivé du fait de sa délétion. Les
auteurs ont donc conclu que l'X
d'origine maternelle, seul fonc­
tionnel, portait un gène du facteur
IX inactif. Cette interprétation est
corroborée par l'existence d'un
garçon atteint d'hémophilie B, fils
de la sœur jumelle de la mère.
Une observation analogue a été
décrite chez une fille porteuse
d'une maladie de Hunter (mis
n ° 1, vol. 2, p. 53).
Il est probable que des affections
liées au chromosome X chez la
fille s'accompagnent de délétions
trop petites pour être visibles au
microscope . C 'est dire l'intérêt
d'une exploration aussi complète
que possible de ces observations à
l'aide de sondes d'ADN spécifi­
ques du chromosome X, qui sont
aujourd'hui disponibles en grand
nombre .
J.-C. D.
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1 08
1. Camargo M, Cervenka J. DNA replication
and inactivation patterns in structural abnorc
malities of sex chromosomes. X-A transloca­
tions, rings, fragments, isochromosomes, and
pseudoisodicentrics. Hum Genet 1984 ; 67 :
37-47.
2. Nisen P, Stamberg J, Ehrenpreis R, et al.
The molecular basis of severe hemophilia B in
a girl. N Engl J Med 1986 ; 3 1 5 : 1 139-42.
mis n° 2 DO{. J, Jiurirr 87
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