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Acta semiótica et lingvistica, v 20, nº 1 (2015)
l’espace […] La proxémique cherche à déterminer comment nous
établissons les distances.
Nous avons donc la notion «proximité-distance» sous-jacente à la réflexion de la
proxémique anthropologie, au sein de laquelle la comparaison entre les différentes
cultures joue un rôle fondamental.
2. Proxémique: point de vue sémiotique
Le caractère comparatif de la proxémique en tant que discipline anthropologique
implique une comparaison de signifiés et de valeurs de la composante sémiotique
compte tenu du contexte culturel médiatisé par des signes.
La manière dont les humains établissent des distances, entre eux, l’architecture
de l’utilisation de l’espace (physique, personnel, social, etc.) se manifestent soit par
l’expression non verbale, avec ses multiples supports matériels, soit par l’expression
verbale et para-verbale, elle aussi complexe.
L’optique de comparaison des cultures, par l’observation des différentes
médiations sémiotiques et leurs valeurs, permet non seulement de saisir des spécificités,
mais aussi des zones d’interpénétration et des aspects universels. En effet, la
proxémique s’occupe de quelque chose d’Universel, commun à toutes les cultures – les
humains établissent des distances entre eux – mais cherche à étudier le comment. Il est
donc indispensable de tenir compte des filtres culturels qui sont nécessairement relatifs
et différentiels. Cependant, cette approche, centrée sur les différences culturelles,
trouvera un complément important dans la dynamique des changements interculturels,
centrée sur l’individu qui utilise des traits culturels de sa/ses culture(s). Martine
Abdallah-Pretceille (2009:24) souligne:
À une approche élaborée à partir des différences culturelles (approche
ethnographique), à partir de catégories, la compétence interculturelle
privilégie la dynamique des changements, des métissages et des
stratégies utilisées par les uns et par les autres pour agir, s’affirmer et
donc communiquer. La compétence interculturelle s’attarde en somme
non pas sur la culture comme déterminant du comportement langagier
mais sur la manière dont l’individu utilise la culture, ou plus
précisément des traits culturels, pour dire et se dire en fonction d’une
série d’enjeux, symboliques ou non d’ailleurs.
Nous pouvons ainsi mettre en perspective l’optique sémiotique (quel que soit le
système de signes et leur matérialité signifiante) à différents niveaux, du culturel – avec
ses filtres différenciateurs de l’Universel – à l’interculturel, centré sur la dynamique
individuelle de métissage et de changement.