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Acta semiótica et lingvistica, v 20, nº 1 (2015)
UN MODELE SEMANTIQUE POUR L’ETUDE DE LA PROXEMIQUE
VERBALE DANS LE CADRE DE LA SEMIOTIQUE DES CULTURES
Maria Helena Araújo Carreira
Université Paris 8
Résumé
Cette étude propose une articulation interdisciplinaire focalisée sur la proxémique , en mettant en relation
des concepts du ressort de l'anthropologie ( E.Hall, 1981/ 1968) , de la sémiotique ( études de A.Greimas ,
F. Rastier , 2010)et de la linguistique( B.Pottier , 1985, 1992,2011) . La construction du sens, envisagée
aussi bien du point de vue énonciatif qu'interprétatif et interactif , devra être saisie de façon à couvrir
l'ensemble communicatif . Un modèle sémantique pluri et intersémiotique pour l'étude de la proxémique
verbale ( Araújo Carreira, 1997), dans le cadre de la sémiotique des cultures , est alors ébauché.
Resumo
Este estudo propõe uma articulação interdisciplinar focalizada na proxêmica, pondo em relação conceitos
do âmbito da antropologia ( E. Hall, 1981/ 1968) , da semtica ( estudos de A. Greimas, F. Rastier, 2010)
e da linguística ( B. Pottier, 1985, 1992, 2011). A construção do sentido, encarada tanto do ponto de vista
enunciativo como do ponto de vista interpretativo e interativo, deverá ser captada de modo a englobar o
conjunto comunicativo. Um modelo semântico pluri e intersemiótico para o estudo da proxêmica verbal (
Araújo Carreira, 1997), no âmbito da semiótica das culturas , é assim esboçado.
Introduction
1. Proxémique: point de vue anthropologique
2. Proxémique : point de vue sémiotique
3. Proxémique : point de vue sémantico-conceptuel
4. Proxémique verbale et sémiotique des cultures : un mole sémantique
Conclusion
Introduction
La sémiotique des cultures, présentée par François Rastier comme «la seule
perspective globale» (Rastier, 2010: 65) par rapport au tournant informatique des
recherches cognitives, est ici envisagée comme l’étude des configurations multiples de
signes de différentes natures (verbale et non verbale), au sein de la configurations
culturelles, elles aussi multiples et complexes. Nous adoptons donc un point de vue dans
la lignée de la théorie sémantique de Bernard Pottier et de la théorie anthropologique de
Edward Hall. Nous ferons appel à la théorie sémiotique de l’école de Greimas.
L’optique interculturelle (voir notamment Martine Abdallah-Preitcelle, 2003) contribue
à éclaircir les relations complexes et dynamiques des entités qui se construisent en
interaction.
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Centrée sur la recherche de construction du sens, la flexion que nous
développerons visera une voie d’accès à la complexité miotique de l’expression
énonciative et interlocutive de la gradation de l’approche et de l’éloignement, au sein de
contextes culturels.
Nous commencerons par limiter le concept de proxémique du point de vue
anthropologique, pour envisager successivement une perspective sémiotique et une
perspective de sémiotisation verbale, tout en soulignant la composante sémantique en
situation d’interlocution. Notre proposition d’un mole mantique tiendra compte du
contexte culturel.
1. Proxémique: point de vue anthropologique
Nous devons à Edward Hall, anthropologue américain, la création, dans les
années 1960, de la discipline qu’il a choisi de désigner «proxémique». Cette discipline a
été créée dans un contexte de flexion interculturelle et de comparaison de cultures, à
la suite de la «kinésique» (créée auparavant, dans les années 50, par Ray L.
Birdwhistell) tout en se différenciant de celle-ci. En effet, alors que la «kinésique» se
centre sur l’observation et la description des gestes et des mouvements corporels
réalisés dans certains contextes, la «proxémique» a comme objet d’étude l’architecture
de la façon dont les humains utilisent l’espace, selon les cultures.
Les études de Hediger en zoologie, sur les espèces animales qui privilégient le
contact et celles qui ne le privilégient pas (espèces «de contact» versus «sans contact»),
ont inspiré Edward Hall dans sa flexion pour la création de la «proxémique» au sein
de l’anthropologie. Les descriptions de Hediger sur la «distance» («personnelle»,
«sociale», «critique») se sont avérées fondamentales pour la flexion de Edward Hall.
Cet exemple vivifiant d’interdisciplinarimérite d’être souligné.
La question fondamentale posée par E. Hall est la suivante: comment
s’établissent les distances par les êtres humains? Le choix du terme «proxémique» pour
la nouvelle discipline élucide le mode de différenciation, explicité par l’anthropologue,
par rapport à d’autres disciplines voisines existantes: la «topologie humaine», de
caractère général, la «chaologie» centrée sur l’étude de l’espace vide, la «chorologie»,
relative à l’étude de l’organisation du vide et du non-vide. Edward Hall (1981: 196)
présente la nouvelle discipline de la façon suivante:
la proxémique se ne préoccupe pas au part de l’observation et de
l’enregistrement des tails gestuels et des mouvements corporels.
Elle traite de l’architecture, de l’ameublement et de l’utilisation de
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l’espace […] La proxémique cherche à déterminer comment nous
établissons les distances.
Nous avons donc la notion «proximité-distance» sous-jacente à la réflexion de la
proxémique anthropologie, au sein de laquelle la comparaison entre les différentes
cultures joue un rôle fondamental.
2. Proxémique: point de vue sémiotique
Le caractère comparatif de la proxémique en tant que discipline anthropologique
implique une comparaison de signifiés et de valeurs de la composante sémiotique
compte tenu du contexte culturel médiatisé par des signes.
La manière dont les humains établissent des distances, entre eux, l’architecture
de l’utilisation de l’espace (physique, personnel, social, etc.) se manifestent soit par
l’expression non verbale, avec ses multiples supports matériels, soit par l’expression
verbale et para-verbale, elle aussi complexe.
L’optique de comparaison des cultures, par l’observation des différentes
diations miotiques et leurs valeurs, permet non seulement de saisir des spécificités,
mais aussi des zones d’interpénétration et des aspects universels. En effet, la
proxémique s’occupe de quelque chose d’Universel, commun à toutes les cultures les
humains établissent des distances entre eux mais cherche à étudier le comment. Il est
donc indispensable de tenir compte des filtres culturels qui sont cessairement relatifs
et différentiels. Cependant, cette approche, centrée sur les différences culturelles,
trouvera un complément important dans la dynamique des changements interculturels,
centrée sur l’individu qui utilise des traits culturels de sa/ses culture(s). Martine
Abdallah-Pretceille (2009:24) souligne:
À une approche élaborée à partir des différences culturelles (approche
ethnographique), à partir de catégories, la compétence interculturelle
privilégie la dynamique des changements, des tissages et des
stratégies utilisées par les uns et par les autres pour agir, s’affirmer et
donc communiquer. La compétence interculturelle s’attarde en somme
non pas sur la culture comme déterminant du comportement langagier
mais sur la manière dont l’individu utilise la culture, ou plus
précisément des traits culturels, pour dire et se dire en fonction d’une
rie d’enjeux, symboliques ou non d’ailleurs.
Nous pouvons ainsi mettre en perspective l’optique sémiotique (quel que soit le
système de signes et leur matérialité signifiante) à différents niveaux, du culturel avec
ses filtres différenciateurs de l’Universel à l’interculturel, centré sur la dynamique
individuelle de métissage et de changement.
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L’étude sémiotique de la proxémique aurait donc comme objectif les différents
systèmes de signes verbaux et non verbaux -, ainsi que leur interpénétration, c’est-à-
dire l’étude intersémiotique (mot, geste, musique, peinture, etc.) de la manière dont les
humains établissent des distances entre eux: de luniversel, filtré par le culturel à
l’interculturel, centré sur l’individuel.
3. Proxémique: point de vue sémantico-conceptuel
La torie mantique du linguiste Bernard Pottier propose un double parcours
général et complémentaire qui nous conduit du monde référentiel à la conceptualisation,
à la sémiotisation et vice-versa (parcours de l’énonciateur: conceptualisation,
sémiotisation, énonciation ; parcours de l’interprétant: indentification, compréhension et
réactions éventuelles). Ces grandes étapes des parcours de l’énonciateur et de
l’interprétant peuvent être transposées à nimporte quel système de signes (verbaux ou
non verbaux). Bernard Pottier appelle sémiologies non verbales (par exemple les gestes,
les illustrations, la musique) qui accompagnent les sémiologies verbales. Selon
l’optique de la miotique des cultures, nous pouvons transposer la réflexion du
linguiste à n’importe quel système de signes qui soit privilégié par le chercheur (par ex.
des signes picturaux, musicaux, etc.).
Nous pourrons alors prêter une attention spéciale à des signes non verbaux et
aborder leur étude sémiotique ou intersémiotique (par ex. musique et image en
simultané). Les signes verbaux pourront y être associés comme une miologie
parallèle. Ce qui convient de souligner c’est que la réflexion linguistique de Bernard
Pottier intègre des signes non verbaux, lorsqu’ils sont associés à des signes verbaux et
que le point de vue mantico-conceptuel permet la transposition vers des médiations
sémiotiques de diverses natures.
Un autre aspect de la théorie sémantique de Bernard Pottier qu’il convient de
mettre en relief, c’est la vision continue (donc non dichotomique) des phénomènes. Il en
résulte des axes sémantiques continus avec des zones polaires et des zones de transition
permettant de situer des phénomènes linguistiques de différentes classes grammaticales.
Le carré sémiotique proposé par Greimas dans la lignée des oppositions binaires
d’Aristote (affirmation- négation, universel- particuler) qui se combinent selon des
relations de contrariété et de contradiction, trouve une solution ternaire et sinusoïdale
dans la théorie de Bernard Pottier de façon à rendre compte de la complexité des
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phénomènes linguistiques, modulés par des solutions de parasynonymie. Bernard Pottier
(1992 : 51) écrit à propos de la négation :
Heureux les logiciens qui décident d’écrire « sans sourciller! En LN, il y a
plusieurs solutions parasynonymiques, donc légèrement différentes :
il y a des choses qui
et un peu plus loin: «[…] on appréciera à la fois l’intérêt de certains modèles et le
danger de vouloir y faire entrer de force des faits linguistiques».
La figuration cyclique proposée par Bernard Pottier intègre un paramètre
fondamental: «temps». C’est ainsi que les notions «état» et «transformations» utilisées
en miotique greimassienne sont remplacées par la notion de «espaces d’événement»,
dont la base nécessaire est le «devenir», c’est-à-dire le processus qui conduit à la
transformation comme sultat. Bernard Pottier (1985: 501-502) écrit dans son étude
«Un mal aimé de la sémiotique: le devenir», en hommage à Greimas:
chaque état (E) contient son immédiatement - avant (- e) et, dans une
certaine mesure, son immédiatement - après (+e) […] Le devenir
serait alors la base nécessaire de tout programme narratif; l’état serait
une réduction artificielle du sémioticien, consciente et provisoire….
Deux états successifs saisissables supposent des «arrêts sur l’image-
mouvement…..
Cette réflexion est transposable à l’étude de la proxémique au sein de la
sémiotique des cultures, nuançant les parcours entre des zones polaires et tenant compte
du «devenir», des transformations sous-jacentes à ce que, à un certain moment, par
choix méthodologique, le chercheur envisage comme étant un «état». Nous pourrons
alors concevoir, d’un point de vue de comparaison des cultures, un «état» identique
mais, différent, si on envisage son devenir, l’avant et l’après de ce nous avons saisi
comme «état».
4. Proxémique verbale et sémiotique des cultures: un modèle sémantique
La transposition vers l’espace verbal du concept anthropologique de proxémique
exposé ci-dessus nous a conduits à nous interroger sur l’architecture verbale de
l’éloignement, de l’approche et du contact dans l’espace interlocutif.
sont non admissibles
sont inadmissibles
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