Identification des épitopes immunodominants T d’ADAMTS13 chez les patients atteints de purpura thrombotique thrombocytopénique
Proposé par Marc Buffet
Introduction
Le purpura thrombotique thrombocytopénique (PTT) est une maladie autoimmune rare (4 cas/106 habitants/an) et grave, consécutive à la
survenue d’autoanticorps dirigés contre la métalloprotéase "A Disintegrin And Metalloproteinase with ThromboSpondin type 1 repeats, 13th
member" ou ADAMTS13 (A13). A13 clive les multimères de facteur Willebrand (FW), une glycoprotéine intervenant dans la cascade de la
coagulation. L’inhibition d’A13 par les anticorps entraîne une accumulation de multimères hyper-adhésifs de FW provoquant des microthrombi
qui obstruent la lumière des capillaires et des artérioles de la microcirculation et sont responsables d’ischémie et de souffrance viscérale
disséminée. Le PTT est ainsi caractérisé par l’association d’une anémie hémolytique mécanique, d’une thrombopénie périphérique de
consommation et de défaillances d’organes avec une atteinte neurologique prédominante. De survenue brutale, le PTT requiert, dès le
diagnostic suspecté, un traitement lourd, urgent, basé sur l’administration de plasma par l’intermédiaire d’échanges plasmatiques. En l’absence
de soins, cette pathologie est constamment mortelle. Les échanges plasmatiques substituent l’A13 manquante et éliminent les autoanticorps
pathogènes; ils sont associés à l’utilisation d’immunosuppresseurs qui exposent les patients à des complications infectieuses. Sous traitement, le
PTT reste fatal dans environ 15% des cas. De plus, des rechutes surviennent dans 40 à 60% des cas. La morbidité est lourde avec de
fréquentes séquelles rénales ou neurologiques. L’importance des auto-anticorps anti-A13 dans la physiopathologie du PTT a été démontrée
dans des modèles animaux. Il s’agit principalement d’immunoglobulines d’isotype IgG, elles sont polyclonales et dirigées contre différents
domaines d’A13 mais il semble exister un épitope B immunodominant situé au niveau du domaine « spacer » de la protéine. Par ailleurs, trois
études récentes ont décrit une association forte entre la survenue du PTT et l’haplotype HLA-DRB1*11. Ces données suggèrent l’intervention
des lymphocytes T (LT) CD4+ dans l’initiation de la réponse immunitaire anti-A13. Cependant, le rôle des LT dans la pathogenèse du PTT et
leurs propriétés n’ont jamais été étudiés.
Projet
Dans ce projet, nous étudierons en premier lieu les polymorphismes du gène d’A13 et leurs liens avec la survenue du PTT. Nous identifierons
ensuite les épitopes T immunodominants d’A13 chez l’homme en 3 étapes (prédiction in silico, tests HLA binding et tests de prolifération). Puis,
nous développerons les outils pour étudier les populations lymphocytaires T CD4+ spécifiques d’A13 chez les patients atteints de PTT acquis
(complexes tétramères/peptides, hybridomes T) et nous établirons un nouveau modèle murin pour étudier la réponse immunitaire anti-A13
humaine in vivo.
Les résultats obtenus permettront de mieux comprendre la physiopathologie de la réponse anti-A13, de développer des nouveaux outils
diagnostiques et pronostiques permettant d’améliorer la prise en charge des patients, et d’imaginer des approches thérapeutiques ciblant les LT
spécifiques. Enfin, dans le contexte de l’arrivée prochaine sur le marché d’une A13 recombinante thérapeutique, les clones ou hybridomes T
anti-A13 seront un outil incontournable pour évaluer et identifier les causes d’une immunogénicité potentielle de la molécule de substitution,
nous permettant à terme de générer par génie génétique de nouvelles molécules moins immunogènes.
Responsable
Ce projet constitue le travail de thèse de science du Dr Laurent Gilardin. Tout patient atteint de PTT anciennement diagnostiqué et en rechute,
devant ayant une forte suspicion de PTT acquis (plaquettes
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