Theories d`apprentissages - Entre Aide des Enseignants Djiboutiens

2016/2017
PEDAGOGIE GENERALE | Module 1
M. NASSER
FORMATION DES ENSEIGNANTS
PREMIERE FORMATION
Pédagogie générale M. Nasser Ahmed Aden
eaed
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Les théories d’apprentissage
Ce cours est dispensé gratuitement via le site internet de l’association. Les auteurs
autorisent l'utilisation à but non lucratif sous l’acceptation et la transmission d’une demande
écrite.
Objectifs d’apprentissage :
Distinguer les principales théories d'apprentissage.
Introduction :
Apprendre fut une des préoccupations majeure de l’homme qui essaie non seulement
d’apprendre mais de comprendre et d’apprendre comment apprendre, d’où la naissance des
théories d’apprentissage. Ce terme « théorie d’apprentissage » désigne habituellement un
ensemble de lois ou de principes qui décrivent et expliquent la manière dont l'apprentissage
se déroule. Au début du XXème siècle le béhaviorisme ou comportementalisme fut la pensée
dominante de l’époque. Issu des travaux des chercheurs américains Watson et Thorndike et
du chercheur soviétique Pavlov, ce courant se développe au néo-béhaviorisme sous
l’impulsion de Skinner.
En même temps, à peu près et en s'opposant à quelques-uns des principes de base du
béhaviorisme, est le gestaltisme en se basant sur les travaux des chercheurs allemands
(Wertheimer, Kohler, Kofka). Ce courant va également poser les premiers jalons des modèles
cognitiviste et constructiviste qui se développeront à partir de la fin des années 60 avec les
études de Piaget et autres auteurs.
On s'appuyant sur le modèle constructiviste et quelques principes de Skinner (influence de
l’environnement sur l’apprentissage de l’homme), d’autres auteurs comme Vygotski ont crée
la théorie du socioconstructivisme. La connaissance de ces théories d'apprentissage ne nous
aide pas seulement à comprendre comment se déroule l'apprentissage à l’intérieur de la
boite noire mais elle nous permet également de concevoir des cours, des ressources
pédagogiques et des modules de formation plus cohérents et plus efficaces.
I. Le béhaviorisme et néo-béhaviorisme
Le béhaviorisme est une théorie de l'apprentissage qui a fortement marqué les domaines de
l'enseignement, de l'éducation et de la formation. Le terme « béhaviorisme » vient du mot
anglais « behavior » qui signifie « comportement ». Ce comportement est marqué par une
manifestation observable de la maîtrise d'une connaissance qui permet de s'assurer
l'atteinte des objectifs visés. Le béhaviorisme (ou comportementalisme) définit
l'apprentissage comme un processus de modification du comportement par l’établissement
et le renforcement de nouvelles associations entre des stimuli et des réponses (apprendre à
répondre de telle ou telle manière en présence de tels facteurs déclenchant) ou l’extinction
d’associations existantes (apprendre à ne plus réagir de telle ou telle manière en présence
de tels stimuli). Il est donc individualisé par stimulation, entraînement, renforcement des
réponses positives, motivation, pratiques répétées pour augmenter la performance,
renforcement des réponses positives…
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La finalité du behaviorisme est d'orienter, de modifier le comportement des hommes pour
qu'ils puissent réorganiser leur existence et surtout l'éducation de leurs enfants. Pour
réaliser cet ambitieux projet, les psychologues behavioristes doivent parvenir à prédire et
contrôler les comportements. En d'autres termes, ils doivent établir les lois des
comportements.
Plus précisément, cela signifie que pour pouvoir contrôler ou produire une réponse (R)
souhaitée, les behavioristes doivent connaître ce qui a déclenché cette réponse, c'est à dire
le stimulus (S) déclencheur. Schématiquement: S? ---->R souhaitée
Et inversement: en connaissant le stimulus, les psychologues behavioristes doivent pouvoir
prédire la réponse. Schématiquement: S connu ----> R?
Pour ce faire, les behavioristes vont étendre la méthode appliquée en psychologie animale à
l'étude des comportements humains.
John Watson, Ivan Pavlov, Edward Thorndike, Burrhus F. Skinner, Clark Hull, Carroll et
Edward Tolman, sont les principaux fondateurs de ce courant, chacun a contribué à
l’enrichissement de ce courant et leurs études ont constitué le soubassement de la vision
actuelle de la pédagogie active.
1. John Watson
Le behaviorisme est aux Etats-Unis et a dominé les recherches en psychologie durant la
première moitié du XXème siècle. C'est J. B. Watson qui incarne le premier ce courant, avec
un texte fondateur qu'il publie en 1913 et dans lequel il signifie que d'un point de vue
behavioriste, la psychologie est une branche expérimentale purement objective des sciences
naturelles. Il ajoute que le but théorique du behaviorisme est la prédiction et le contrôle du
comportement.
La psychologie introspective, désormais considérée comme non objective, est alors rejetée
par le behaviorisme. En effet, Watson considère que pour être objectifs, les psychologues
doivent étudier des faits observables que l'on puisse mesurer et quantifier, c'est à dire les
comportements. Cette conception l’entraîna à formuler la théorie psychologique du
stimulus-réponse (ou conditionnement classique). Comme Pavlov, il a d’abord travaillé avec
des animaux, mais plus tard s’est intéressé au comportement humain. Il croit que les
humains naissent avec des réflexes ainsi qu’avec les réactions émotionnelles de l’amour et
de la rage. Pour lui, tout autre comportement est le résultat des associations stimulus-
réponse créées par le conditionnement.
2. Ebbinghaus: la mémorisation et l’association
Ebbinghaus s’est intéressé à l’étude de la mémorisation et l’oubli des syllabes sans
signification. Pour interpréter ses résultats, il fait appel à la notion d’association. Le
réapprentissage des syllabes est plus facile quand elles sont dans un même ordre. Le temps
consacré au réapprentissage est moins que le temps consacré à l’apprentissage initial (sans
ordre).
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En 1885, grâce aux premiers résultats fournis Ebbinghaus dans son ouvrage fondateur de la
psychologie expérimentale de la mémoire, on a pu construire la courbe d’oubli (rappelons
que l'on ne trouve pas dans l'ouvrage d’Ebbinghaus une telle courbe.). Ebbinghaus a
mémorisé des séries de syllabes sans signification et a expérimenté sa mémoire à différents
intervalles de temps (de quelques minutes à 1 mois) en calculant l'économie du
réapprentissage. L’oubli est d'abord rapide puis ralenti.
3. Thorndike : L’apprentissage par essai et erreur
Quant à Thorndike et à partir de ses expériences sur les animaux, il formule ces deux
principales lois et sa théorie sur l’apprentissage.
La loi de l’exercice : Les connexions entre la situation et la réponse sont renforcées par
l'exercice et affaiblies lorsque l'exercice est arrêté
La loi de l’effet : Une connexion est renforcée ou affaiblie par l'effet de ses conséquences. Et
selon lui l’apprentissage se fait par l’essai et l’erreur (des essais infructueux pour aboutir à la
solution).
Thorndike pense que l'exercice est inefficace s'il ne s'accompagne pas d'une sanction. Il
formule la célèbre loi de l'effet, selon laquelle, pour que la liaison entre une situation et un
comportement soit renforcée (c'est-à-dire pour que ce comportement ait plus de chances de
se produire dans cette situation), il faut que l'émission de ce comportement dans cette
situation s'accompagne d'un état plus satisfaisant pour l'organisme. Cette conception qui lie
l'apprentissage à la motivation a influé considérablement sur la manière d'envisager
l'apprentissage.
C'est ainsi que les travaux sur
l'apprentissage chez l'animal vont entrer
en scène dans l'étude des comportements
humains. Dans un premier temps, ce sont
les travaux de E.L. Thordinke qui vont
retenir l'attention des behavioristes.
En effet, ce chercheur en psychologie
animale a observé au cours de ses
nombreuses expériences deux
phénomènes principaux: d'une part,
l'apprentissage s'effectue par essais-
erreurs et d'autre part, la réduction progressive des comportements inappropriés s'effectue
de façon similaire chez toutes les espèces animales. En effet, Thorndike retrouve à chaque
fois la même courbe d'apprentissage (voir la figure ci-dessus), quelque soit l'animal étudié.
4. Pavlov : Le conditionnement répondant
En travaillant sur les animaux et la réaction stimulus-réponse, Pavlov fonde son approche à
la fois sur le modèle associationniste et sur l'étude des réflexes. Par la procédure stimulus-
réponse, l’animal acquiert une nouvelle conduite, ou plus exactement il manifeste un
comportement, un réflexe, en présence du stimulus. C’est ainsi que La loi du
conditionnement répondant a été découverte au cours d’une étude expérimentale sur le
chien. Chaque fois que l’on présente au chien un morceau de viande, il salive. On va associer
à la nourriture un son ou un signal lumineux et ce à plusieurs reprises. Au bout d’un certain
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temps, le son ou le signal lumineux suffira seul à provoquer la salivation. A noter ici que Le
sujet n’est pas actif dans son apprentissage.
5. Skinner et le néo-béhaviorisme
Skinner n'a pas été d'accord avec les théories de Watson et Pavlov qui prétendent que toute
réponse dépend d'un stimulus, même si ce dernier n'est pas identifiable. Burrhus .F. Skinner
a développé alors le concept de « conditionnement opérant ». Sa thèse est que « le
comportement peut être structuré par l'utilisation appropriée des conditionnements
appropriés » d’où l’apparition du néo-béhaviorisme (développé par Skinner, Hull, Tolman, ...)
Skinner définit l'apprentissage comme une modification du comportement provoquée par
les stimuli venant de l'environnement et influencée par le vécu. Il affirme que
l'apprentissage peut être obtenu par l'utilisation de récompenses appelées « renforcements
positifs » et de punitions appelées « renforcements négatifs ». Ainsi, l'individu adopte un
comportement lui permettant d'éviter les renforcements négatifs et d'augmenter la chance
d'obtenir les renforcements positifs. Pour développer sa théorie, Skinner utilise les rats et le
lien stimulus-réponse en ajoutant l’agent de renforcement (cage de Skinner); et il constate
qu’une nouvelle conduite s’acquiert vite en présence d’un agent de renforcement. C’est le
conditionnement opérant.
En 1971, il a critiqué sérieusement l'enseignement traditionnel fondé essentiellement sur
des renforcements négatifs et a proposé de remplacer ceux-ci par des renforcements
positifs. Il recommande également d'organiser l'enseignement en vue de minimiser
l'apparition des erreurs dans le cadre d'une méthode qu'il appelle l'apprentissage sans
erreur. Pour lui, tout comportement, qu'il soit psychomoteur ou cognitif, peut être acquis de
manière efficace en évitant à l'élève de commettre des erreurs. Les travaux de Skinner sont
adaptés aux situations d'apprentissage et le modèle qui en résulte est celui de
l'enseignement programmé. D’autres auteurs comme Hull et Guthrie ont essayé de
promouvoir ce béhaviorisme en introduisant d’autres variables intermédiaires liés à
l’individu et à ses motivations internes d’apprentissage. Contrairement au béhaviorisme qui
se base sur l’idée que le comportement est placé sous le contrôle exclusif des stimuli
extérieurs.
6. Le modèle de Carroll
Carroll entreprend, au début des années 1960, de produire « un modèle conceptuel des
facteurs affectant la réussite dans l’apprentissage scolaire et de la manière dont ils
interagissent » (Carroll, 1963, p. 723). La particularité de son modèle tient à sa formulation
en termes de temps. Selon le psychologue, un « apprenant réussira son apprentissage d’une
tâche donnée dans la mesure il passe la quantité de temps dont il a besoin pour
apprendre la tâche » (Carroll, 1963, p. 724). Carroll appuie ainsi son modèle sur deux
notions :
le temps nécessaire à l’apprentissage (basé sur la qualité de l’instruction, la
capacité de l’élève à comprendre l’instruction et l’aptitude de l’élève) ;
le temps passé à l’apprentissage (défini par le temps alloué par le professeur
pour l’enseignement et la persévérance de l’élève).
Le modèle de Carroll est ainsi présenté par « une formule exprimant le degré
d’apprentissage pour un individu i et une tâche t, sous la forme d’une fonction du rapport de
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