Soins Libéraux 45 Phytothérapie Des histoires de plantes : l’ortie Originaire d’Asie, l’ortie prolifère au voisinage des habitations, emplissant les décombres et les fossés. Se développant par un rhizome, elle se révèle une colonisatrice redoutablement efficace. Sa mauvaise réputation provient des nombreux poils qui la tapissent. L’ ortie porte plus d’un nom : grande et petite ortie, ortie brûlante, ortie piquante, ortie gringe, ortie grièche. Sa mauvaise réputation est totalement injustifiée. L’ortie est une des rares plantes que l’on peut reconnaître les yeux fermés. Une fois touchée, son contact irritant est à jamais imprimé dans notre mémoire. Cette plante très envahissante est une plante herbacée (aspect de l’herbe) qui possède des feuilles pétiolées, avec un limbe allongé et pointu. Ses feuilles de forme dentelée possèdent sur le dessus des petits poils ou aiguilles, aux extrémités effilées. Au moindre contact, la pointe se brise en s’enfonçant dans la peau, elle laisse échapper un liquide urticant qui est injecté directement. Histoire Porteurs d’acide formique, les nombreux poils qui tapissent la tige de la plante sont en effet très urticants au contact. Ses feuilles, elle, en revanche, sont si riches qu’elles peuvent être considérées comme l’ancêtre de nos compléments alimentaires. La pharmacopée populaire la considère comme un bon dépuratif, mais aussi pour réveiller les appétits amoureux. Utilisée de tout temps dans l’alimentation du bétail, elle avait la réputation, mélangée à leur nourriture, de faire pondre davantage les poules et de rendre plus brillant le poil des chevaux. Ses tiges, comme le chanvre, sont même utilisées en Asie comme fil de pêche. L’Antiquité tient les semences d’ortie pour aphrodisiaques. Galien ne disait-il pas que “l’ortie excite au jeu de l’amour ”? Ce n’est pas tout, à Venise, lorsque les libertins étaient épuisés, pour réveiller leurs appétits amoureux, ils se frottaient en effet les organes sexuels avec des orties fraîches !... Le Moyen Âge la tient pour un excellent dépuratif, un parfait stimulant, une préparation stoppant les hémorragies. Au point de lui consacrer deux vers dans un sérieux traité médical : “l’ortie aux yeux du peuple, herbe si méprisable, tient dans la médecine une place plus qu’honorable”. Que faut il penser de toutes ces louanges ? de ses propriétés ? L’ortie est censée même arrêter les saignements comme le pipi au lit... Quelques vérités “vraies” Toutes ces qualités sont pour la plupart avérées et confirmées : l’ortie est un excellent dépuratif, tonifiant, stoppe les hémorragies nasales et utérines. Ainsi, le suc d’ortie mis sur un coton, arrête immédiatement un saignement de nez, commode n’est-ce pas lors d’un pique-nique trop longtemps prolongé en plein soleil. Les feuilles sont également efficaces en infusion contre les hémorroïdes. Sous forme de gâteaux où le miel est mélangé à une pâte obtenue à partir de 16 g de semences d’ortie pilées, 60 g de farine de seigle et un peu d’eau chaude, l’ortie combat l’énurésie. Un gâteau pris tous les soirs au coucher interrompt l’inondation nocturne. Les feuilles peuvent être aussi consommées cuites comme les épinards, ou fraîches en salades. Reminéralisante, l’ortie lutte aussi contre les calculs rénaux. Son extrait a une efficacité démontrée dans l’hypertrophie bénigne de la prostate. En usage externe, les frictions d’articulations douloureuses par des feuilles d’ortie sont d’une grand efficacité. JB Conseils du mois : deux conseils beauté Pour ceux ou celles qui souhaitent conserver longtemps des mains blanches : les laver tous les soirs avec une décoction de racines dans du vin blanc (50 g/litre) à laquelle on a ajouté un verre de vinaigre de vin. Une deuxième recette : un masque capillaire. Il faut mettre après les avoir hachées, quelques feuilles d’ortie ou à défaut de la poudre, dans de l’huile d’olive un peu tiède et appliquer avant le shampoing en massant le cuir chevelu. Les cheveux trouveront une ampleur et un éclat remarquables. Toutes les préparations d’ortie sont vendues en pharmacie. Infos ... L’ortie est une plante dioïque, ce qui veut dire que les fleurs mâles et femelles sont portées par des pieds ou plants différents. La reconnaissance des sexes est donc facile, puisqu’un pied d’ortie ne possède que des fleurs mâles ou femelles, et que les deux sexes ont une forme et une couleur différentes : les fleurs femelles sont pendantes, de couleurs verdâtres avec quelques reflets de violet, tandis que les fleurs mâles sont étalées et jaunâtres. La reproduction se fait par les insectes et le vent. Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005