L’
ortie porte plus d’un nom :
grande et petite ortie, ortie
brûlante, ortie piquante,
ortie gringe, ortie grièche.
Sa mauvaise réputation est totalement
injustifiée. L’ortie est une des rares
plantes que l’on peut reconnaître les
yeux fermés. Une fois touchée, son
contact irritant est à jamais imprimé
dans notre mémoire.
Cette plante très envahissante est
une plante herbacée (aspect de
l’herbe) qui possède des feuilles
pétiolées, avec un limbe allongé et
pointu. Ses feuilles de forme dente-
lée possèdent sur le dessus des
petits poils ou aiguilles, aux extrémi-
tés effilées. Au moindre contact, la
pointe se brise en s’enfonçant dans la
peau, elle laisse échapper un liquide
urticant qui est injecté directement.
Histoire
Porteurs d’acide formique, les nom-
breux poils qui tapissent la tige de
la plante sont en effet très urticants
au contact. Ses feuilles, elle, en
revanche, sont si riches qu’elles
peuvent être considérées comme
l’ancêtre de nos compléments ali-
mentaires. La pharmacopée popu-
laire la considère comme un bon
dépuratif, mais aussi pour réveiller
les appétits amoureux.
Utilisée de tout temps dans l’ali-
mentation du bétail, elle avait la
réputation, mélangée à leur nourri-
ture, de faire pondre davantage les
poules et de rendre plus brillant le
poil des chevaux. Ses tiges, comme
le chanvre, sont même utilisées en
Asie comme fil de pêche. L’Anti-
quité tient les semences d’ortie
pour aphrodisiaques. Galien ne
disait-il pas que “l’ortie excite au jeu
de l’amour ”? Ce n’est pas tout, à
Venise, lorsque les libertins étaient
épuisés, pour réveiller leurs appétits
amoureux, ils se frottaient en effet
les organes sexuels avec des orties
fraîches !... Le Moyen Âge la tient
pour un excellent dépuratif, un par-
fait stimulant, une préparation stop-
pant les hémorragies. Au point de
lui consacrer deux vers dans un
sérieux traité médical : “l’ortie aux
yeux du peuple, herbe si mépri-
sable, tient dans la médecine une
place plus qu’honorable”.
Que faut il penser de toutes ces
louanges ? de ses propriétés ? L’ortie
est censée même arrêter les saigne-
ments comme le pipi au lit...
Quelques vérités “vraies”
Toutes ces qualités sont pour la plu-
part avérées et confirmées : l’ortie
est un excellent dépuratif, tonifiant,
stoppe les hémorragies nasales et
utérines. Ainsi, le suc d’ortie mis sur
un coton, arrête immédiatement un
saignement de nez, commode
n’est-ce pas lors d’un pique-nique
trop longtemps prolongé en plein
soleil. Les feuilles sont également
efficaces en infusion contre les
hémorroïdes. Sous forme de
gâteaux où le miel est mélangé à
une pâte obtenue à partir de 16 g
de semences d’ortie pilées, 60 g de
farine de seigle et un peu d’eau
chaude, l’ortie combat l’énurésie.
Un gâteau pris tous les soirs au
coucher interrompt l’inondation
nocturne. Les feuilles peuvent être
aussi consommées cuites comme
les épinards, ou fraîches en salades.
Reminéralisante, l’ortie lutte aussi
contre les calculs rénaux. Son extrait
a une efficacité démontrée dans
l’hypertrophie bénigne de la pros-
tate. En usage externe, les frictions
d’articulations douloureuses par
des feuilles d’ortie sont d’une grand
efficacité.
JB
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005
Soins Libéraux 45
Phytothérapie
Des histoires de plantes : l’ortie
Originaire d’Asie, l’ortie prolifère au voisinage des habita-
tions, emplissant les décombres et les fossés. Se déve-
loppant par un rhizome, elle se révèle une colonisatrice
redoutablement efficace. Sa mauvaise réputation pro-
vient des nombreux poils qui la tapissent.
Infos ...
L’ortie est une plante
dioïque, ce qui veut
dire que les fleurs
mâles et femelles
sont portées par des
pieds ou plants
différents.
La reconnaissance
des sexes est donc
facile, puisqu’un pied
d’ortie ne possède
que des fleurs mâles
ou femelles, et que
les deux sexes ont
une forme et une
couleur différentes :
les fleurs femelles
sont pendantes, de
couleurs verdâtres
avec quelques reflets
de violet, tandis que
les fleurs mâles sont
étalées et jaunâtres.
La reproduction se
fait par les insectes
et le vent.
Conseils du mois :
deux conseils beauté
Pour ceux ou celles qui souhaitent
conserver longtemps des mains
blanches : les laver tous les soirs
avec une décoction de racines
dans du vin blanc (50 g/litre) à
laquelle on a ajouté un verre de
vinaigre de vin.
Une deuxième recette : un
masque capillaire. Il faut mettre
après les avoir hachées, quelques
feuilles d’ortie ou à défaut de la
poudre, dans de l’huile d’olive un
peu tiède et appliquer avant le
shampoing en massant le cuir
chevelu. Les cheveux trouveront
une ampleur et un éclat remar-
quables.
Toutes les préparations d’ortie
sont vendues en pharmacie.
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