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le shofar
ÉDITORIAL
Vous avez dit angoisse?
Par Luc Bourgeois
Palpitations, transpiration, tremblements, 
impression d’étouffement, …: en tout, la 
psychologie recense quinze symptômes dont 
quatre au moins doivent être présents pour 
que l’on puisse parler de crise d’angoisse. 
Quand l’art se fait science, il veut tout définir 
et mesurer, et souvent on y perd la dimension 
humaine.
L’angoisse, cette crainte diffuse, cette peur de 
l’inconnu, du futur, nous l’avons tous connue 
un jour ou l’autre. Quand on perd un conjoint, 
vient l’angoisse de la solitude: au coeur de 
celle-ci, chaque mot échangé, chaque contact 
prend une dimension et un prix inestimable, 
par contre la solitude ne fait que nous plon-
ger dans l’angoisse de ne plus pouvoir vivre 
«comme avant». Tout à l’opposé, dans le 
monde de violence dans lequel nous vivons 
aujourd’hui, la foule nous fait souvent peur; 
tout rassemblement devient le cadre possible 
d'un attentat, d’une explosion de violence et 
de terreur: et quand on y pense, l’angoisse 
pointe le nez. Plus largement, nous sommes 
en droit de nous poser des questions à propos 
de l’environnement dans lequel nous vivons 
et dont la qualité ne fait qu’empirer: pollution 
de l’air, raréfaction des ressources en eau, en 
pétrole, en matières premières: à nouveau 
l’angoisse s’empare de nous, non seulement 
pour notre avenir mais également pour celui 
de nos enfants, de nos petits-enfants, de nos 
arrière-petits-enfants; quel monde leur lais-
serons-nous, dans quoi devront-ils vivre?
Alexandre Ezra Piraux élabore pour nous 
une analyse de ces différents aspects et 
points de vue sur l’angoisse. Sans minimiser 
aucunement le sentiment que nous pouvons 
ressentir, il nous montre comment la pratique 
du judaïsme, dans ses aspects à la fois spiri-
tuels et rituels, l’aide à surmonter l’angoisse 
qui le gagne parfois.
Dans un même esprit, Gilbert Lederman 
aborde ce thème et illustre comment l’an-
goisse a toujours fait partie de la vie, seuls 
les déclencheurs ont évolué: depuis le risque 
toujours présent d’un pogrom dans un shtetl 
de Pologne ou d’Ukraine, jusqu’aux images 
en boucle de FaceBook ou de CNN, seul le 
véhicule de communication et de conscienti-
sation a changé, les résultats sur nos esprits 
n’ont pas changé.
Parce que le judaïsme a toujours besoin 
d'un dialogue pour pouvoir évoluer, Macha 
Herman et Shirel Franssen ont confronté 
leurs opinions, leurs savoirs respectifs et leur 
sensibilité pour nous éclairer également sur 
ce thème de l'angoisse et le replacer dans le 
cadre des grandes fêtes et des événements 
souvent mouvementés qui ont accompagné la 
vie de nos ancêtres, tout en colorant le récit 
biblique avec les enseignements de nos sages.
De sa grande connaissance de notre commu-
nauté et de ce qui se passe dans le yichouv, et 
à l’approche des fêtes austères, notre Rabbin, 
Marc Neiger, (re-)définit le rôle de la syna-
gogue et de ce que chacun vient y chercher, 
y trouve et y apporte. Une occasion de plus 
pour notre Rabbin de positionner le Judaïsme 
Libéral en général et en Belgique en parti-
culier, et de démonter les mécanismes de la