Réflexions sur Roch Hachanah Yechayahou Leibovitz Traduction provisoire de cours donnés chez le pr. Leibovitz ? et rapportés dans Sih’ot al H’aguei- Israël ou Mo’adav. Cette semaine, qui comprend deux jours de fête, n’est pas couronnée d’une paracha de la semaine au sens habituel, comme pour tous des autres chabbatot de l’année, mais elle est couronnée par la « paracha de Roch Hachanah », qui en fait est composée de deux parachiot. On procède habituellement à deux lectures différentes qui n’en font qu’une : le passage qui relate la naissance d’Itsh’aq est lu le premier jour, le passage de la ligature est lu le second jour de fête. Au cours de notre entretien, cette fois-ci, nous examinerons les différentes significations de Roch Hachanah, tant dans la conscience la plus répandue dans le public religieux que dans la pensée religieuse. Indiquons en introduction que selon l’approche aggadique, la signification de Roch Hachanah est que cette date est un jour de jugement ; c’est-à-dire un jour où l’homme se tient devant Dieu, pendant lequel il est jugé et où son jugement est même arrêté dans la fixation du sort qui l’attend pour l’année à venir. Alors que selon l’autre approche, la signification de Roch Hachanah tient dans le fait qu’il est « le jour du souvenir » au cours duquel il est rappelé à l’être humain qu’il se tient devant Dieu, dans l’intention de l’éveiller à ce statut-là. * La lecture de la Torah des deux jours de fête Il conviendrait que nous réfléchissions au fait que nous lisons dans la Torah ces deux parachiot particulières pendant les deux jours de Roch Hachanah. Nous pouvons nous permettre d’émettre des hypothèses à ce sujet. Dans son essence, Roch Hachanah ce n’est qu’un seul jour. Du point de vue de sa signification aussi il ne peut être qu’un seul jour. Pourtant, au fil de l’évolution historique du monde de la halakh’a telle que nous l’acceptons et en considération du calendrier hébraïque rattaché au cycle lunaire, le jour du nouvel an s’est dédoublé, il est fêté deux jours durant et il est devenu nécessaire de fixer une lecture pour chacun des deux jours. C’est pourquoi le passage qui a été retenu dans la halakh’a et accepté par les générations suivantes en tant que lecture de la Torah du jour de Roch Hachanah est le passage qui relate la naissance d’Itsh’aq, le renvoi d’Hagar et d’Ichma-el qui suit la naissance d’Itsh’aq, bien qu’on ne puisse trouver dans ces récits un lien direct avec la signification de cette fête, si ce n’est dans l’idée que « tout acte à venir naît d’une pensée » ( Sof maassé bémah’chava téh’ilah ). La lecture du deuxième jour est celle du passage de la ligature et il ne fait pas de doute que c’est lui qui avait été à priori désigné comme « passage lu à Roch Hachanah ». Nous pouvons dire cela à partir de notre propre estimation, même si nous n’en trouvons pas de preuve parmi les sources [traditionnelles], étant donné que la ligature exprime de la façon la plus éclatante et profonde la signification de Roch Hachanah. Un jour d’examen de conscience, au cours duquel l’être humain prend sur lui la charge d’un pouvoir qui le dépasse1, pas seulement dans le fait de faire régner Dieu en tant que Roi de l’ensemble du monde, mais également dans le fait de faire régner Dieu sur l’être humain lui-même. Sur ses expériences de vie, ses désirs, ses aspirations, ses espérances, ses intérêts, ses besoins et ses valeurs. Les écarter tous devant la grandeur de Dieu et la splendeur de sa majesté, comme notre patriarche Avraham lors de la ligature. * La naissance d’Itsh’aq puis le renvoi d’Hagar et d’Ichma-el Nous avons déjà dit que le passage qui relate la naissance d’Its’haq ainsi que le récit du renvoi d’Hagar et D’Ichma-el de la maison d’Avraham n’ont pas de lien direct avec Roch Hachanah. Il ont été choisis pour être lus en public le premier jour de fête simplement parce cette fête se célèbre en deux jours, et ils servent de préparatifs au passage de la ligature. Dans ce passage, les deux fils de notre premier patriarche, Its’haq et Ichma-el, se font face alors qu’à notre époque, on trouve en face à face, nous-même, tenus pour être les fils d’Its’haq et ceux qui sont tenus pour être les fils d’Ichma-el. Il y eu parmi les grandes personnalités de la tradition juive, avec en tout premier lieu le Ramban, pour qui le retour d’Israël sur sa terre, et la restitution du pouvoir sur la Terre d’Israël au peuple d’Israël comptaient parmi les idées centrales. Pourtant, en même temps, le même Ramban, dans son commentaire sur la Torah, prononce des paroles des plus pénétrantes au sujet de l’affaire des relations entre Sarah et Hagar, quand il souligne que « Notre mère Sarah a commis une faute » dans son comportement vis-à-vis d’Hagar et de son fils Ichma-el, fils de notre patriarche Avraham, et que c’est à cause de cette faute que le pouvoir sur la Terre d’Israël a été donné aux fils d’ Ichma-el. Pourtant, nous apprenons explicitement de ce qui nous est raconté dans la Torah, qu’après la mort de notre matriarche Sarah, Ichma-el revient à la maison de son père et, semble-t-il, fasse la paix avec son jeune frère Itsh’aq. Après la mort d’Avraham, les deux frères réconciliés participent ensemble à l’enterrement de leur père, comme il est dit : « Et ses fils, Itsh’aq et Ichma-el, l’enterrèrent. » (Gen. 25, 9 ) Et si nos ancêtres eurent l’intelligence de nous enseigner que « les actes des pères sont un signe pour les enfants », ceci pourrait être pour nous la source d’une grande consolation. * 1 ‘Ol malkhout chamaïm : le joug du Royaume des cieux. ndt Les passages des prophètes lus pendant les deux jours de fête D’après le même raisonnement, il nous est également permis d’avancer une hypothèse pour les textes des prophètes qui suivent les deux lectures de la Torah pendant les deux jours de fête et dans lesquels il n’y a pas non plus, à priori, de rapport avec Roch Hachanah. La haftarah du premier jour de Roch Hachanah a été choisie pour sa correspondance avec le passage relatant la naissance d’Itsh’aq. Il s’agit du passage dans lequel le prophète Schmouel naît à Elqana et H’annah de Ramataïm Tsofim ( Schmouel 1,1). Par contre se pose la question de l’enjeu de la haftara du deuxième jour de fête extraite du chapitre 31 du livre de Jérémie, l’un des plus merveilleux chapitre de consolation qui soit dans les prophètes, ce qui n’a à priori rien à voir avec Roch Hachanah et ne correspond ou n’est imbriqué à aucune réalité historique, ni dans le présent ni dans un futur quelconque. Ce chapitre commence par les mots : « Ainsi parle hachem : « Il a obtenu grâce dans le désert , ce peuple échappé au glaive ; va [ prophète,] rassurer Israël » (Jér. 31, 1) et évoque la réalité historique de l’exil des dix tribus. La vision de leur retour est incluse dans ce chapitre et il me semble qu’ici encore il nous est permis de deviner que dans le passage de la ligature, au delà de sa fantastique signification en terme de conviction religieuse, nous était présenté le lien personnel et profond qui existait entre Avraham et son fils unique, l’obligeant à surmonter l’amour qui le liait à son fils. Et c’est pour la ressemblance qu’elle porte avec la tendresse d’un père que cette a été choisie puisqu’on y parle de Rachel qui est veuve, pleure amèrement ses fils exilés, de la tendresse de Dieu pour Ephraïm son fils chéri qu’il fera revenir et délivrera à la fin des temps, comme il est dit : « Ephraïm est-il donc pour moi un fils chéri, un enfant choyé, puisque, plus j’en parle, plus je veux me souvenir de lui ? Oh ! oui, mes entrailles se sont émues en sa faveur, il faut que je le prenne en pitié, dit l’Eternel. » (Jér. 31, 20) * Roch-Hachanah dans la Torah Dans la Torah, il n’est pas fait allusion à l’essence particulière du jour de Roch-Hachanah et cette fête est mentionnée dans le verset qui énonce : « Le septième mois, le premier jour du mois vous aurez un chabbat souvenir de sonnerie, appel à la sainteté » (Vayiqra 23, 24), et aussi dans un autre verset : « « Yom térouah », « Zikhron’ térouah yihié lakhem » Le Rambam sur la sonnerie du chofar Deux directions pour concevoir l’essence de Roch-Hachanah Ezra et Néh’émia dans le contexte de Roch-Hachanah Roch-Hachanah en tant que « jour du jugement » La michna du traité Roch-Hachanah Le Rambam sur la michna sus-citée Roch-Hachanah, « Son sens secret, son enjeu » Rabbi Yossi et Rav Nathan dans la Tosseftah Deux points de vue sur le jugement et la téchouvah Roch-Hachanah et le chofar dans le Guide des égarés du Rambam Deux points de vue sur la prière de Roch-Hachanah Prière pour le Royaume des cieux et pour l’élimination des fausses divinités Spécificité d’Israël Le Netsiv sur les prières de Roch-Hachanah Trois sortes de prières Les termes du Netsiv La « prière de celui qui n’a rien, crie et sait prier » face à la prière du grand nombre.