DO S S I E R
PANORAMA
3|2008
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Phase de développement ou
signes cliniques pathologiques?
Les conseillers et conseillères en orientati o n p rofessionnelle rencontrent des jeunes qui
traversent les phases de vie où la plupart des troubles psychiques prennent naissance.
Il nest pas facile dopérer la distinction entre une phase dévolution normale et les
symptômes dune maladie. Mais il existe des points de re p è re.
RECONNAÎTRE LES TROUBLES PSYCHIQUES
Axel Guntermann
Une jeune femme indique lors de la troisième séance d’orientation
qu’elle s’entaille régulièrement les bras. Pour Isabelle de Bruin,
conseillère en orientation à Oerlikon, il est alors évident que cette
jeune femme de 18 ans n’a pas seulement besoin de conseil en
orientation scolaire et professionnelLE. Elle parvient à en
convaincre sa cliente et toutes deux conviennent que la jeune fem-
me cherchera un soutien psychologique professionnel. Depuis, cet-
te dernière a entrepris une psychothérapie.
Les services d’orientation professionnelle accueillent régulre-
ment des jeunes dont les probmes appellent des traitements qui
dépassent le cadre du conseil. L’exemple décrit ci-dessus illustre
une démarche aquate iale. La conseillère identifie un pro-
bme, la cliente reconnaît lexistence de ce problème et accepte
de s’en occuper. Mais, pour diverses raisons, une issue aussi favo-
rable n’est pas évidente.
Le processus de choix professionnel correspond à une phase im-
portante de développement en fin de scolarité.
La réflexion menant au choix de la profession fait prendre
conscience du passage à l’âge adulte. Ce processus peut déclen-
cher une crise lorsque le jeune est dépassé par la situation. Cette
action peut s’expliquer par tout un éventail de causes psycholo-
giques et sociales, mais aussi psychiatriques.
Comment les conseillers en orientation peuvent-ils savoir si un
comportement singulier est dû à un processus de développement
normal ou à une maladie? Question difficile. Les troubles psy-
chiques propres aux jeunes sont étroitement liés à leur développe-
ment et correspondent souvent à des étapes normales telles que la
puberté, la séparation ou l’entrée dans la vie professionnelle. Des
comportements particuliers durant ces phases peuvent n’être que
passagers et n’avoir aucune signification pathologique directe.
Pour interpréter les comportements inhabituels, il est important
de considérer leur intensité et leur durée. S’ils sont scialement
intenses et se produisent sur une longue durée, il est alors possible
qu’ils contiennent une composante psychopathologique et quil
s’agisse d’un trouble mental.
CONTRAT DE COLLABORATION ACTIVE
Même si les contacts entre les conseillers en orientation profes-
sionnelle et les jeunes sont en général de courte durée, ils peuvent
générer des reres déterminants. En effet, les entretiens de
conseil touchent la question de l’identité, une tmatique qui de-
vrait en fait inresser les jeunes. «Quelles sont mes compétences,
mes forces et mes faiblesses – et quel type de profession me
convient le mieux?» Ainsi, les jeunes abordent la plupart du temps
les tests d’inrêts et les conseils en orientation avec beaucoup
d’espoir et dintérêt. Ils considèrent que ces démarches aident à
s’orienter et qu’ils sont ts importants, même s’ils doivent parfois
surmonter un certain scepticisme.
Dans la plupart des situations de conseil dispensé dans les règles
de l’art, il est possible d’atteindre l’objectif consistant à offrir un
accompagnement et des moyens auxiliaires pour parvenir à un
choix professionnel. Durant cette démarche de clarification, une
relation peut se développer avec le jeune et ses parents. Les ré-
flexions concernant les compétences, les forces et les faiblesses du
jeune représentent une base qui peut conduire à un contrat de col-
laboration active.
LE DÉROULEMENT DE L’ENTRETIEN RÉVÈLE BIEN DES CHOSES
Si cet accord ne se produit pas, il faut regarder les choses de plus
près. Car le déroulement de l’entretien de conseil peut mener sur
la piste de problèmes psychiques. On peut imaginer plusieurs si-
tuations en entretien:
• Les jeunes abordent un problème par eux-mêmes. Ils mention-
nent un manque de motivation, une diminution des perfor-
mances, une perte d’inrêt, de l’ennui, des variations de l’hu-
meur et un isolement social.
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L’individu s’enferme peu à peu dans son monde.
Les jeunes manifestent de la susceptibilité, une décontraction
exagérée ou une insécurité personnelle marquée.
Le conseiller ne parvient pas à établir un véritable dialogue,
alors qu’il s’est efforcé d’activer les ressources du jeune (motiva-
tion, compétences, prérences personnelles, compétences so-
ciales) et d’éveiller son intérêt.
Quoi qu’il en soit, il est recommandé aux conseillers en orientation
professionnelle d’adopter un comportement empreint d’empathie
et de bienveillance. Une attitude exprimant la compréhension,
l’acceptation et l’authenticité exerce un effet positif sur la relation
au jeune. Il est alors possible d’aborder sa situation personnelle,
sans devoir pour autant approfondir le sujet. Il est important de
savoir où se situe actuellement le jeune et de quoi il a besoin dans
sa situation.
Il s’agit alors de prendre en compte les éléments suivants:
Tout ce qu’exprime le jeune doit être pris au sérieux. Cest pour
cette raison qu’il faut le confronter avec son propre comporte-
ment, lorsqu’il est nécessaire de lui faire prendre précisément
conscience des conséquences que cela entraîne. Cela peut servir
à clarifier sa situation.
• Si le jeune a l’air de ne pas s’inresser à l’entretien, cela ne si-
gnifie pas forcément qu’il n’a pas besoin d’aide et qu’il ne va pas
accepter cette aide. Il est possible qu’il ne veuille pas formuler
ses ints en raison de son besoin d’autonomie. Ce comporte-
ment peut représenter un vrai défi dans le travail avec les
jeunes.
Le fait qu’il soit impossible d’élaborer un contrat de collaboration
basé sur la confiance peut révéler une crise ou même un trouble
psychique. Les conseillers et conseillères en orientation profession-
nelle ont alors le choix entre les possibilités suivantes:
Activer les ressources: Motiver le jeune – peut-être en collabora-
tion avec ses parents – à activer ses propres ressources pour ré-
soudre le problème. La réussite de l’opération dépend d’une part
de l’engagement du conseiller et d’autre part de la motivation et
des ressources du jeune et de ses parents.
Recommander un soutien professionnel: Si la situation est blo-
qe ou que le jeune semble désorienté, le motiver à chercher
un soutien psychologique ou psychiatrique (médecin de famille,
psychiatre, psychologue, service médico-pédagogique).
Attitude résolue: Si les efforts consistant à motiver le jeune et à
l’inviter à se faire aider restent sans succès, il est possible que la
combinaison d’une attitude empathique et d’un comportement
résolu et plus contraignant de la part du conseiller soit néces-
saire. Le cas échéant, il peut être judicieux d’adopter une dé-
marche de soutien actif (par exemple se charger de téléphoner
pour prendre rendez-vous). Cette démarche permet au jeune de
prendre conscience qu’il doit lui-même agir et qu’il peut changer
les choses.
Poursuivre la phase de conseil: Il peut être judicieux de pvoir
une nouvelle séance de conseil en attendant qu’un service psy-
chosocial ou psychiatrique prenne le relais et puisse soutenir le
jeune dans sa situation personnelle.
Se mettre en réseau: Le travail en réseau avec des professionnels
de la psychologie ou de la psychiatrie est extrêmement utile
pour les conseillers en orientation. De cette fon, le contact
avec les services compétents ou la trapie peut se faire rapide-
ment, afin d’obtenir les conseils appropriés et de discuter la
marche à suivre.
Dr Axel Guntermann, médecin psychiatre et psychothérapeute FMH,
ipw Beratungsstelle für Jugendliche (BSJ), Trollstrasse 18, 8400 Winterthour,
Tél. 052 267 68 55, axel.guntermann@ipwin.ch
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